Marie-Josée Christien, Constante de l’arbre
L’arbre est dans le vent. On l’enlace, c’est bon pour la santé. On fait une marche en forêt et tout va pour le mieux. Mais le poète - et pas seulement les thérapeutes - a aussi son mot à dire ainsi que le photographe.
Le livre à quatre mains de Marie-Josée Christien et de Yann Champeau élargit en effet le champ des possibles.
« Constante de l’arbre », titrent les deux auteurs. Mais qu’est-ce-à dire ? Un détour par le dictionnaire n’est pas superflu. « Constante, n.f. Tendance, orientation générale. Donnée dont la nature et la valeur sont déterminés. Caractéristique physique qui assure la cohésion des atomes et des molécules ». Passé cette définition un tantinet scientifique, on entre de plain-pied dans le regard des deux créateurs. Pour la page de droite, le photographe. Pour la page de gauche, le poète.
Marie-Josée Christien, Constante de
l’arbre, Les éditions Sauvages, 76
pages, 23,50 euros
On reste ébahi devant tant de beauté saisie avec bonheur par l’artiste : l’arbre et ses frondaisons d’automne, l’arbre sous la neige, l’arbre séculaire, l’arbre illuminé par un soleil couchant, l’arbre dans le chaos des rochers, l’arbre enraciné, l’arbre et l’arc-en-ciel, l’arbre et la pomme… Et, au bout du compte, un arbre qui semble bien être un compagnon de route. Les saisons de l’arbre sont aussi nos saisons du cœur et de nos états d’âme, partagés entre ombre et lumière, semblent nous dire ces photographies.
Pour « faire route » avec ces arbres-là, on ne pouvait concevoir que des mots à la frontière de la poésie et de l’aphorisme. Des mots marqués, forcément, du sceau de la méditation voire de l’interrogation métaphysique. « A quel moment un arbre/quelconque/devient-il/dans nos pensées/l’arbre ? ». Marie-Josée Christien sait manier avec bonheur cette forme d’expression poétique. « Passager immobile/l’arbre n’a que le vent/pour envisager/ses destinées lointaines ».
La poète rassemble ici des textes sur l’arbre disséminés dans des recueils qu’elle a publiés entre 1982 et 2011 (Les extraits du temps, Aspects du canal, Conversation de l’arbre et du vent…). Elle y ajoute un « bonus inédit » marqué, comme ses autres courts poèmes, par une sobriété de bel aloi. « Dans le givre du matin/l’arbre somnolent/revient à la léthargie/du lierre//Il rend visible/la patience du monde/des racines ». Un très beau livre.