Marie Tavera, Le temps vient
quelque chose dure
quelque chose comme une aile
une plaine
je traverse les pas les chiffres qui avancent
l'allure de la forêt
vers le corps
au milieu des hectares il y a un sentiment
ou la durée du champ
jusqu'au bord
*
depuis la langue
le pas depuis la langue ailleurs est autre chose
comme une solitude
une flaque de verre
ce qui quand se construit
autre chose autre part
une durée longue
dans l'espace dépassé d'une demeure la lumière dépassée
atteint le jour
atteint le ciel blotti de nos bras
l'orée du bleu
les accords tangibles
on marche dedans c'est la neige
touchant le temps de se le dire
cette nue solitude
a pénétré l'espace au plus clair de nos doigts
*
quitter le jour
quitter le jour qui vient
nous quittons nos mains de velours pour partir nous n'avons
pas de place
pour partir
l'espace trop grand au bord vient le temps de le dire
l'une après l'autre chaque chose
disparaît
chaque chose égarée
la place des arbres ou le bruit des fenêtres
il n'y a rien à dire
de cela dans le silence
mais tout s'écoule
la neige est forte comme les graines
du silence passe
on met la main autour du silence passe
dans les ajours des doigts
la neige lourde recouvre d'un bruit de passereau
ou de source
*
le temps dévoré
distinctement
une plaie ouverte au sol
on recouvre sans arrêt le lieu ouvert de soi