De vague en lame
où s’est perdue la mer
et quel bras l’a bercée
de vague – en vague – rouler
chaque flux m’est mi-sphère
et dans quels bras amers as-tu rêvé rouler
chaque reflux mystère
et – dans les creux – lavée
la vague à ravaler
comme on noie solitaire
cherchons dans tes yeux clairs la mer évaporée
c’est l’onde !
c’est l’eau perdue !
c’est là qu’il faut couler !
errant
je rêve
encore
l’écho
de tes
fracas
La voyelle esseulée
Ô
que j’aime à m’y plaire
« sois mon eau – sois mon île »
et
la
mer
s’est
ouverte
l’égarée
retrouvée
Langagement
longtemps les mots ricochent
souvent les mots s’étirent
et
attardent
à
mûrir
combien les mots sont proches
quand les mots
filent
défilent
et défient les fêlures
les mots échos sons purs
se répondent
immobiles
mots fragiles ou secousses
cascades
étreintes
épieux
mots sons
images
temps
lieux
verbe attire et repousse
interjecte ou écoute
de la phrase au phonème
les mots qu’on sait qu’on aime
mots
tombés
goutte à goutte
Fragments
Dans le silence craquelé des corps
qui se pressent, engourdis
dans la fêlure d’une nuit plus claire que le jour
au drap qui retombe lentement
le moment paraît et s’installe
plein de ce murmure délicat qui déchire la chair
d’un vent muet qui s’entête
perdu
le blanc devient absence
surdité, mutisme de l’hiver, replié sur lui-même
le cri même a givré dans les gorges rougies
sans percer
c’est l’instant plein d’incomplet
d’à‑peu-près, de retard et d’oubli
juste la seconde
qui saute un temps
puis qui se fige
sans raison sans parole – inachevée.
Mots croisés
les mots craquèlent à ma portée phrase hésitée les mots s’emmêlent
à demi né le verbe frêle ni son ni sel toujours parler
les mots s’enterrent demi rêvé prêts à crever les mots dans l’air
vers bégayé le verbe espère ni sang ni fer recommencer