Paroles en archipel
Présentation de la poésie de Michael S. Harper et traductions
par
Alice-Catherine Carls
Né en 1938, Michael S. Harper est aujourd’hui le doyen des poètes afro-américains. Professeur de littérature à Brown University de 1970 jusqu’en 2014, Michael S. Harper fut le premier Poète-lauréat de l’État de Rhode Island (1988 — 1993). Il s’est vu décerner de nombreux prix de poésie dont le Prix de Poésie Robert Hayden (1990) et le Prix Clayborne Pell Award pour les Arts (1997). Il a publié seize recueils de poésie, édité plusieurs volumes de poésie afro-américaine et gravé plusieurs CDs accompagnant la lecture de ses oeuvres de commentaires. On doit citer ici son premier recueil, Dear John, Dear Coltrane (1970), puis History is Your Own Heartbeat (1971) qui reçut le Prix de poésie de l’Académie Noire des Arts et Lettres, Images of Kin (1977), qui reçut le Prix Melville-Cane de la Société Américaine de Poésie, puis son dernier recueil Use Trouble (2009).
Son érudition est immense, son humour féroce. Il parle haut et il dérange conventions et préjugés. Son voyage au centre de lui-même est vieux de deux cents ans : esclavagisme, lynchages, pendaisons, pauvreté des ghettos qui flambent, cycles de migrations sud-nord-sud, racisme, et exclusion. La création naît de l’adversité et de la douleur, le vivace triomphe et les dépasse. L’oeuvre de Michael S. Harper est un lieu de rassemblement et de célébration de l’ héritage noir. Elle transmet tous les savoirs reçus en fusionnant tradition et innovation, en donnant un récit autobiographique esthétique et organique inséparable de son support culturel et en constant devenir. Le poème est ainsi la sur-végétation du visible.
La musique militante de Michael Harper, rythmée par une souffrance et une ténacité ancestrales, se complète de la parole tellurienne des poètes, peintres, et artistes noirs du monde entier. Ainsi, dans les poèmes ci-dessous, parle-t-il de la chanteuse sud-africaine Miriam Makeba, du “roi du swing” Benny Goodman, de “Pres,” le saxophoniste Lester Young, et de “Lady,” la chanteuse Billie Holliday. “Strange fruit” est une chanson qui parle de la pendaison publique des Noirs aux arbres, pratique qui commença après la Guerre Civile et continua jusque dans les années 1960, pendant la lutte des Noirs pour les Droits Civils. Les “Projets” font référence aux HLM, quartiers noirs urbains construits dans les années 1960, et qui devinrent de véritables ghettos. Yaddo est une retraite pour artistes près de Saratoga Springs dans l’État de New York. Le réseau littéraire de Michael Harper a sa matrice dans l’ “Athènes du Midwest,” l’université d’Iowa où depuis 75 ans des séminaires d’écriture rassemblent poètes et écrivains.
Le poème “Arpèges,” provient du volume Healing Song for the Inner Ear (1985), p. 68. Le poème “Dans les Projets” qui fait partie de la série “Débridement” a paru en ligne sur le site The Poetry Foundation le 10 novembre 2013 http://www.poetryfoundation.org/poem/171559 (p. 3). Les autres poèmes sont inédits.
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