La poésie ne raconte pas d’histoire. Elle emprunte
le souffle qui ravage la nuit et crée la blancheur
jusqu’à l’aube. Allumeuse de pépites au point de
les engloutir dans les marais et les faire renaître
dans des mains étrangères à l’autre bout du récif.
Brève et muette sauf à l’épaisseur d’une lèvre qui
saigne le mot. Elle tourne à l’envers imaginant et
reculant des précipices. Algue de l’Asie charnelle.
Éthiopienne qui naît à l’amour. Traineau en
Laponie qui soulève le bruissement de forêt.
Épopée elle déroule ses lames fracassantes. Elle
n’imite pas le passé bouleverse la donne. Telle une
horde de cloîtrés qui découvrirait la perte d’espace
et la force de tout se jouer dans la poussière et le
vent. Insuffler le conte d’aujourd’hui dans le
remue-ménage et les courts-circuits.
Hors de son creuset la pensée se débat flotte ou
meurt. Un grand livre à moitié visible trace le
sillon l’éparpille dans le désert surpeuplé de rêves.
La poésie précède le parcours sous-jacent des pas.
Elle crie soudain son refus de figer la beauté !
Carnet du Chili
tout carnet inaugure un tremblement
imperceptible au décor fuite en avant
l’ordre du papillon en froisse le parcours
comment agit la pulsion si au moins la feuille
incarnait le souffle
les doigts engourdis par la frappe canonique
agrippent le stylo de secours
survivre au robot savamment infiltré science chue
au rang de bluff
où allons-nous murmure le bruissement de l’encre
la graphologie perçoit la levée du sens à travers la
main libre devient-elle privilège
relevons la gueule étrange préhistoire à l’affût du
temps