Depuis sa créa­tion en 1965, la revue Mod­ern Poet­ry in Trans­la­tion (MPT) s’est imposée comme une référence incon­tourn­able pour la poésie traduite à l’échelle inter­na­tionale. Fondée par deux fig­ures majeures de la lit­téra­ture anglaise, le poète Ted Hugh­es et le tra­duc­teur et édi­teur Daniel Weiss­bort, cette revue a pour voca­tion de ren­dre acces­si­bles des voix poé­tiques du monde entier, en met­tant en avant la richesse et la diver­sité des langues et des cultures.

La fon­da­tion de Mod­ern Poet­ry in Trans­la­tion répondait à une néces­sité pres­sante : créer un espace pour accueil­lir des poèmes venus d’autres hori­zons lin­guis­tiques, sou­vent mar­gin­al­isés dans le canon poé­tique anglo­phone. Ted Hugh­es, pro­fondé­ment inspiré par la poésie mon­di­ale, voy­ait la tra­duc­tion comme une manière d’élargir les per­spec­tives lit­téraires, tan­dis que Daniel Weiss­bort appor­tait une exper­tise cri­tique dans l’art com­plexe de la traduction.

Depuis ses débuts, la revue a pub­lié des tra­duc­tions de poèmes provenant de plus de 100 langues, des clas­siques mod­ernistes à des voix con­tem­po­raines émer­gentes. Par­mi ses pre­miers numéros, MPT a intro­duit des poètes comme Pablo Neru­da, Czesław Miłosz, et Anna Akhma­to­va à un pub­lic anglo­phone, tout en explo­rant des ter­ri­toires moins con­nus, comme les tra­di­tions poé­tiques de l’Europe de l’Est et de l’Asie.

Chaque numéro de Mod­ern Poet­ry in Trans­la­tion est organ­isé autour d’un thème cen­tral, per­me­t­tant aux tra­duc­teurs et aux poètes de dia­loguer à tra­vers les langues et les épo­ques. Voici quelques exem­ples mar­quants de numéros récents :

  • “Clean Hands: Focus on Cat­alo­nia” (2022) : Ce numéro explore la poésie cata­lane con­tem­po­raine, met­tant en avant des fig­ures comme Maria-Mer­cè Marçal et Jaume Subi­rana, tout en exam­i­nant les défis de la tra­duc­tion dans un con­texte mar­qué par les ten­sions lin­guis­tiques et poli­tiques en Espagne.
  • “War of the Words” (2020) : Une édi­tion poignante con­sacrée à la poésie née des con­flits, avec des poèmes traduits d’ukrainien, de far­si et de swahili, explo­rant la résis­tance, la mémoire et la survie.
  • “The Dialects Issue” (2019) : Un hom­mage à la richesse des dialectes régionaux, inclu­ant des poèmes en gal­lois, en napoli­tain et en créole haï­tien, traduits en anglais tout en con­ser­vant leurs spé­ci­ficités sonores et rythmiques.

Chaque numéro est accom­pa­g­né de com­men­taires des tra­duc­teurs, offrant un aperçu des défis ren­con­trés dans le pas­sage d’une langue à une autre. Ces réflex­ions enrichissent l’expérience du lecteur et illus­trent l’art sub­til de préserv­er l’essence d’un poème à tra­vers la traduction.

Au fil des années, MPT a intro­duit à ses lecteurs des poètes qui sont devenus des fig­ures essen­tielles de la lit­téra­ture mon­di­ale. On peut citer :

  • Paul Celan, dont les tra­duc­tions anglais­es de poèmes comme “Todesfuge” ont révélé l’intensité et la pro­fondeur de son écriture.
  • For­ough Far­rokhzad, poétesse irani­enne, dont les œuvres traduites dans MPT ont per­mis de décou­vrir une voix fémi­nine puis­sante et révolutionnaire.
  • Ngũgĩ wa Thiong’o, avec des poèmes en kikuyu explo­rant les thèmes de l’identité post-colo­niale et de la résistance.

Plus récem­ment, MPT a mis en lumière des poètes con­tem­po­rains tels que Kim Hye­soon (Corée), Natal­ka Bilot­serkivets (Ukraine), ou Ilya Kamin­sky (Russie/É­tats-Unis), démon­trant son engage­ment con­tinu envers la décou­verte de voix poé­tiques fortes et actuelles.

Mod­ern Poet­ry in Trans­la­tion ne se con­tente pas de pub­li­er des poèmes traduits. La revue s’engage active­ment dans la pro­mo­tion de la tra­duc­tion comme un art vivant. Elle organ­ise régulière­ment des ate­liers de tra­duc­tion en ligne et en présen­tiel, per­me­t­tant à des tra­duc­teurs débu­tants et con­fir­més de col­la­bor­er avec des poètes et des experts. Ces événe­ments ren­for­cent l’idée que la tra­duc­tion est un acte col­lec­tif, nour­ri par l’échange et l’écoute.

En out­re, le site web de MPT offre un accès gra­tu­it à de nom­breux poèmes traduits, accom­pa­g­nés d’enregistrements audio et de réflex­ions des tra­duc­teurs. Ce for­mat inter­ac­t­if per­met aux lecteurs d’explorer la poésie mon­di­ale de manière immer­sive, tout en com­prenant les nuances du proces­sus de traduction.

Aujourd’hui, sous la direc­tion de la rédac­trice en chef Clare Pol­lard, Mod­ern Poet­ry in Trans­la­tion con­tin­ue de se renou­vel­er en explo­rant des thèmes con­tem­po­rains et en don­nant une voix à des poètes issus de com­mu­nautés mar­gin­al­isées. Avec son for­mat hybride, mêlant impres­sions papi­er et édi­tions numériques, la revue reste fidèle à sa mis­sion d’élargir les hori­zons lit­téraires et de célébr­er la diver­sité cul­turelle à tra­vers la poésie.

Pour les ama­teurs de poésie et de tra­duc­tion, Mod­ern Poet­ry in Trans­la­tion est plus qu’une revue : c’est une invi­ta­tion à voy­ager à tra­vers les langues, les cul­tures et les émo­tions humaines. C’est un pont lit­téraire qui ne cesse de con­necter les voix du monde entier, prou­vant que, même à tra­vers les bar­rières lin­guis­tiques, la poésie reste un lan­gage universel.

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Carole Mesrobian

Car­ole Car­cil­lo Mes­ro­bian est poète, cri­tique lit­téraire, revuiste, per­formeuse, éditrice et réal­isatrice. Elle pub­lie en 2012 Foulées désul­toires aux Edi­tions du Cygne, puis, en 2013, A Con­tre murailles aux Edi­tions du Lit­téraire, où a paru, au mois de juin 2017, Le Sur­sis en con­séquence. En 2016, La Chou­croute alsa­ci­enne paraît aux Edi­tions L’âne qui butine, et Qomme ques­tions, de et à Jean-Jacques Tachd­jian par Van­i­na Pin­ter, Car­ole Car­ci­lo Mes­ro­bian, Céline Delavaux, Jean-Pierre Duplan, Flo­rence Laly, Chris­tine Tara­nov,  aux Edi­tions La chi­enne Edith. Elle est égale­ment l’au­teure d’Aper­ture du silence (2018) et Onto­genèse des bris (2019), chez PhB Edi­tions. Cette même année 2019 paraît A part l’élan, avec Jean-Jacques Tachd­jian, aux Edi­tions La Chi­enne, et Fem mal avec Wan­da Mihuleac, aux édi­tions Tran­signum ; en 2020 dans la col­lec­tion La Diag­o­nale de l’écrivain, Agence­ment du désert, paru chez Z4 édi­tions, et Octo­bre, un recueil écrit avec Alain Bris­si­aud paru chez PhB édi­tions. nihIL, est pub­lié chez Unic­ité en 2021, et De nihi­lo nihil en jan­vi­er 2022 chez tar­mac. A paraître aux édi­tions Unic­ité, L’Ourlet des murs, en mars 2022. Elle par­ticipe aux antholo­gies Dehors (2016,Editions Janus), Appa­raître (2018, Terre à ciel) De l’hu­main pour les migrants (2018, Edi­tions Jacques Fla­mand) Esprit d’ar­bre, (2018, Edi­tions pourquoi viens-tu si tard), Le Chant du cygne, (2020, Edi­tions du cygne), Le Courage des vivants (2020, Jacques André édi­teur), Antholo­gie Dire oui (2020, Terre à ciel), Voix de femmes, antholo­gie de poésie fémi­nine con­tem­po­raine, (2020, Pli­may). Par­al­lèle­ment parais­sent des textes inédits ain­si que des cri­tiques ou entre­tiens sur les sites Recours au Poème, Le Cap­i­tal des mots, Poe­siemuz­icetc., Le Lit­téraire, le Salon Lit­téraire, Décharge, Tex­ture, Sitaud­is, De l’art helvé­tique con­tem­po­rain, Libelle, L’Atelier de l’ag­neau, Décharge, Pas­sage d’en­cres, Test n°17, Créa­tures , For­mules, Cahi­er de la rue Ven­tu­ra, Libr-cri­tique, Sitaud­is, Créa­tures, Gare Mar­itime, Chroniques du ça et là, La vie man­i­feste, Fran­copo­lis, Poésie pre­mière, L’Intranquille., le Ven­tre et l’or­eille, Point con­tem­po­rain. Elle est l’auteure de la qua­trième de cou­ver­ture des Jusqu’au cœur d’Alain Bris­si­aud, et des pré­faces de Mémoire vive des replis de Mar­i­lyne Bertonci­ni et de Femme con­serve de Bluma Finkel­stein. Auprès de Mar­i­lyne bertonci­ni elle co-dirige la revue de poésie en ligne Recours au poème depuis 2016. Elle est secré­taire générale des édi­tions Tran­signum, dirige les édi­tions Oxy­bia crées par régis Daubin, et est con­cep­trice, réal­isatrice et ani­ma­trice de l’émis­sion et pod­cast L’ire Du Dire dif­fusée sur radio Fréquence Paris Plurielle, 106.3 FM.