Mokhtar El Amraoui, Nos morts et autres poèmes

Par |2020-01-06T16:00:01+01:00 5 janvier 2020|Catégories : Mokhtar El Amraoui, Poèmes|

Nos morts aus­si ont leurs caprices,
Quand ils explosent les miroirs
Et cir­cu­lent dans les veines
De nos eaux et feux !
Leur air emprunte sa musique
A la com­po­si­tion d’un ciel porté
Par leurs épaules qui tra­cent encore
Une géométrie d’herbes et de rencontres.
A cer­taines heures calcinées,
La mémoire sait aus­si taire
Ses inutiles clameurs pour leur ouvrir,
En douce dis­cré­tion, d’autres portes.
Et débute, à rebours, le cri des pas
Dansant le feu et les coeurs
De leurs pho­tos offertes à nos soirées !

 

 

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II/ Ailes de fantômes

Com­ment encore la dire, elle,
L’absente  lettre
Ou danse des lèvres
Des mots suspendus
A tes yeux sonores ?
Ils cul­bu­tent ma transe.

Un silex, oui, de déroute,
C’est-à-dire de retrouvailles !
Je n’attendais de toi
Que cette main tendue
Regardée en nos éveils !
Ton hier, quand tu étais vêtue d’étoiles vertes.
Tes yeux me rêvaient, dans mon silence,
Comme des feuilles de citronnier
L’or d’un ciel visage
Te dis­ant sur le rivage d’autres quais.
Cri de précipices !

Tu rends hom­mage à l’hirondelle
Qui t’a poinçon­née le sein en masques d’adieux.

Pren­dre juste un mot
Puis descen­dre, avec, dans le puits
De chaque let­tre et venir
A l’ombre de ses fugues, tes fulgurances !

Les sourires de ton regard,
Quand tu m’aimes, mort bleue !
Comme le rire de cette  impossibilité,
Note dis­tance cal­culée en caresses
Chaussée de souvenirs
Et ailes de fantômes !

 

 

 

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III/  Images sans contes

Le pollen électrique
Charme la musique stel­laire de mon sang.
Il offre ses portées
Aux artères mortes de la ville.
Le cadavre du chat
Et les deux bras de la poupée
Pour­ris­sent dans la canicule du port.
Les plus vieux des pêcheurs
N’ont plus rien à raconter.
Ils regar­dent la télé.

 

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IV/  Sur le par­chemin d’une route 

J’irai, au zénith, 
Redonner mes cen­dres aux mots, 
Lorsque la fleur sautera 
Sur la fos­se aux cris morts. 
J’irai dépli­er le ciel de ma voix, 
Pour la faire trembler
A l’étendard encore glissant 
De la lumière assoiffée, 
Sur le par­chemin d’une route 
S’ouvrant en épines 
Brûlant de questions, 
Entre nais­sances et agonies, 
Entre regards et déroutes. 
J’irai, sur la rive, 
Regarder ma tombée 
Qui t’a effleurée de mes nuits, 
Qui m’a dit en attentes 
Baig­nant dans les yeux d’encres 
De mes rêves déchirés !

 

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V/ Aux mâts des silences

Assour­dis­sants cris de la feuille
comme un aboiement d’errance
dans les veines de l’oubli

Rives d’échos et d’appels vains

Le géomètre a la soif de l’arbre
son sein
et des jours d’attentes trompeuses

Le phare gris rêvera encore
le salut d’un retour
ou le rire d’un éclair suspendu
aux mâts des silences

 

Mokhtar El Amraoui lisant son poème Sur le par­chemin d’une route.

Présentation de l’auteur

Mokhtar El Amraoui

Je m’ap­pelle Mokhtar El Amraoui. Je suis poète d’expression française né à Mateur, en Tunisie, le 19 mai 1955. J’ai enseigné la lit­téra­ture et la civil­i­sa­tion français­es pen­dant plus de trois décen­nies, dans divers­es villes de la Tunisie. Je suis pas­sion­né de Poésie, depuis mon enfance. J’ai pub­lié, en 2010, un pre­mier recueil “Arpèges sur les ailes de mes ans”, un sec­ond, en 2014, “Le souf­fle des ressacs” ; le troisième de 2019, s’intitule « Chante, aube, que dansent tes plumes ! » J’ai aus­si plusieurs poèmes qui ont paru  sur le net et des revues-papier.

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