Mon Ange et autres poèmes
traduction Marilyne Bertoncini
Mon Ange #1
Mon ange refuse d'être comme les autres
Il a retiré ses ailes et ne passe pas à la télé
On dit "il" ce que je trouve ironique
Mais bon, être spirituel dans une époque de
fanatisme religieux, c'est être ironique
Mon ange ne dérange pas les toiles d'araignées.
Il dessine des larmes et réclame du sel de la sueur des bâtisseurs de pyramide
Il a un drôle de sens de l'humour – c'est mon ange.
Je me dis souvent que s'il était humain, je l'épouserais.
Mais son immortalité nous sépare. C'est une bien vieille histoire.
Pour le moment, je lui suis reconnaissante d'être habile
à capturer les malédictions avant qu'elles ne parviennent
à mon âme.
My Angel #1
My angel refuses to be like the others
He removed his wings and is not on television
He’s a “he” which I find ironic
But then, to be spiritual in an age of religious
fanaticism is to be ironical
My angel leaves spider webs undisturbed.
He traces tears and claims salt from the sweat of pyramid builders
He has a droll sense of humor—he’s my angel.
I often think that if he were human, I’d marry him.
But his immortality keeps us apart. It’s such an old story.
As for now, I am grateful for his ability
to capture curses before the make their way
towards my soul.
*
Chanson du Matin
Tu te réveilles avec l'expression "pierre à lécher"
Tu réalises que tu ne sais rien de rien sur
Les pierres à lécher – tu connais le sel
Et lécher mais les deux ensemble? Comment
La pierre à lécher lèche-t-elle?
Tu sais que tu te diriges
Vers le monde des jeux de mots
Ou celui des instruments de musique,
Sans cordes, battus – trop de jeu
Chaque jour les glaneurs longent les bas-côtés
En quête de bouteilles. Il mettent à part
Des sacs déjà mis à part pour trouver du précieux
Verre, en fait du plastique. Ils détestent les canettes
Ils connaissent les endroits où la bière
Submerge le soda ; où d'énormes briques
De lait disent que des enfants, beaucoup d'enfants
Vivent là. Ils ne sifflent pas quand ils
Travaillent. Ils ne lèchent pas la sueur
De leurs bras fatigués. Ils vaquent
Aux affaires de la misère avec grâce
Et bruit. Tôt le matin traînant
Le poids des déchets d'autrui.
Morning Song
You wake up to the phrase “salt lick”
You realize you know not one thing
About salt licks—you know salt
And lick but together? How does
The salt lick lick salt?
You know you are moving
To the land of word games
Or musical instruments
Unstrung, battered—too much play
Each day the gleaners walk side walks
In search of bottles. They separate
Already separated bags to find precious
Glass, that is plastic. They hate the cans
They know the places where beer
Overwhelms soda; where huge milk
Cartons say children, many children
Live here. They do not whistle when they
Work. They do not lick sweat
Off tired arms. They go about
The business of poverty with grace
And noise. Early morning dragging
The weight of others waste.
Published in WORD: An Anthology from The Gathering of the Tribes
*
Poème pour les indescriptibles
Chaque homme noir que je connais "répond à la description"
Peau entre jaune vif et noir d'encre "répond à la description"
Dread-locks ou chauve "répond à la description"
Court, trapus, grand échalas "répond à la description"
T-shirt blanc, casquette noire à l'envers "répond à la description"
Costume trois pièces et IPAD "répond à la description"
Musulman ou chrétien "répond à la description"
En fauteuil roulant, avec une canne, comme un ange sur une épingle
"répond à la description"
Qui décrit
Qui transcrit
Qui décide
Qui "répond à la description"?
Poem for the Indescribable
Every Black man I know “fits the description”
High yellow to midnight black skin “fits the description”
Dread-lock or bald “fits the description”
Short, rotund, tall skinny “fits the description”
White t shirt, black turnaround cap “fits the description”
Three piece suits and IPAD “fits the description”
Muslim or Christian “fits the description”
In a wheelchair, walking with a cane, dancing on the angel’s pin
‘fits the description”
Who describes
Who transcribes
Who decides
Who “fits the description?”
Patricia Spears Jones
Copyright August 15, 2014