Un demi- siècle après l’émergence d’une nouvelle poésie insulaire, inscrite dans le mouvement dit du Riacquistu, il était nécessaire de faire un point d’étape et de mettre à la disposition du public un large choix de textes en version bilingue. De nombreux ouvrages avaient disparu des étals des libraires et, parfois, certaines maisons d’édition avaient fermé leurs portes, il était donc temps de sauvegarder un patrimoine en péril.
L’idée de base était d’ouvrir large : il ne fallait pas répertorier seulement la poignée de poètes connus du grand public au risque de faire une anthologie en tout point semblable à celles qui l’ont précédée. Mais alors quel critère choisir ? Nous avons opté, avec l’éditeur, sur les principes suivants : que les poètes soient en vie (ceci justifie la notion de contemporanéité) et qu’ils aient publié au moins un ouvrage (afin d’évacuer les paroliers qui, bien souvent proposent de véritables textes poétiques). Tout critère discriminant est injuste et nous en avions conscience mais notre but était d’être clairs dans nos intentions et de ne pas publier un ouvrage élaboré « au gré du vent » dans lequel les liens de complaisance auraient joué un rôle surdéterminant.
Par le nombre de poètes retenus (26 hommes et 26 femmes) l’ouvrage est la plus importante anthologie consacrée à la poésie corse contemporaine. Certains (très peu) n’ont pas souhaité y être associés ou n’ont pas répondu à temps et nous le regrettons comme nous regrettons le procès de partialité qui nous a été fait mais quelle entreprise de ce type ne suscite pas de critiques ?
Norbert Paganelli, Musa di un populu — Florilège de la poésie corse contemporaine, Le bord de l’eau, 584 pages, 33€.
Devenu un ouvrage de référence par l’importance de son corpus, son importante bibliographie et la mise en évidence, par les auteurs eux-mêmes de leur art poétique, ce florilège demeure un témoignage de l’état de la production poétique dans la Corse d’aujourd’hui. C’est certainement l’une des raisons de son succès et nous en sommes fiers.
Voici donc un petit aperçu de son contenu.
∗∗∗
Anne Albertini
Infirmière psychiatre à l’hôpital de la Timone à Marseille, Ane-Xavier Albertini se perfectionne en gériatrie à Genève. Pigiste pour le quotidien Le provençal à Marseille, elle est engagée au Centre Méditerranéen se Presse de la même ville et devient rédactrice, puis journaliste.
Très présente au sein des manifestations culturelles insulaires, elle conserve un franc parler qui est bien présent dans ses écrits.
A musica
Passu in carrughju
Cum’è s’è fussi inde mè
Cum’è s’è fussi cunnusciutu
Cum’è s’è mi duvianu fà mottu
Cum’è s’è andessi inde mamma.
Passu in carrughju
Cum’è s’è andessi à a scola
Cum’è s’è era biancu
Cum’è s’è era biondu
Cum’è s’è era francese,
Passu in carrughju
Ingumbrati di sogni interdetti
Passu in carrughju capighjembu
Cum’è s’è fussi culpevule
Cum’è s’è fussi un ladru,
Cum’è s’è duvessi sparisce
Cum’è s’è fussi in eccessu.
Ùn passu più sin’à a scola
Ogni ghjornu e sedie sò viote
S’anu purtatu à Moussa, Karim, Viddi.
Chì hè a vita, Maestra ?
Chì hè a ghjustizia è i diritti di l’omi ?
È quellu di i zitelli ?
Ella hà dettu « ùn sò più, ma eiu vi tengu cari »
È hà pientu.
Tandu l’avemu basgiata
Di tuttu u nostru core
Di tutte e nostre paure,
È l’avemu lasciatu i nostri quaterni.
Passu silenziosu
À pena se osu rispirà
U mio core batte à scimesca
À un ritimu barbaru :
Senza ducumenti, senza ducumenti, senza ducumenti.
U sentite ?
Pezzu di jazz ? Solò di batteria ?
Nò, goffa musica, false note,
Ùn ai à bastanza amparatu, nè ripetutu,
Eppuru, nant’à u pianó aghju vistu i tasti bianchi è neri
È a musica era cusì bella, cusì bella
Chì l’aghju pussuta rispirà.
La musique
Je marche dans la rue
Comme si jétais chez moi
Comme si jétais connu
Comme si on allait me saluer
Comme si j’allais chez ma mère.
Je marche dans la rue
Comme si j’allais à l’école
Comme si j’étais blanc
Comme si j’étais blond
Comme si j’étais français,
Je marche dans la rue
Embarrassés de rêves interdits
Je marche dans la rue tête basse
Comme si j’étais coupable
Comme si j’étais un voleur,
Comme si je devais disparaître
Comme si j’étais de trop.
Je ne marche plus jusqu’à l’école
Chaque jour des chaises sont vides
Ils ont emporté Moussa, Karim, Viddi.
C’est quoi la vie maîtresse ?
C’est quoi la justice et les droits des hommes ?
Et celui des enfants ?
Elle a dit « je sais plus, mais moi je vous aime »
Et elle a pleuré.
Alors nous l’avons embrassée
De tout notre cœur
De toutes nos peurs,
Et nous lui avons laissé nos cahiers.
Je marche silencieux
A peine si j’ose respirer
Mon cœur bat à grands coups
Sur un rythme barbare :
Sans papiers, sans papiers, sans papiers.
Est-ce que vous l’entendez ?
Morceau de jazz ? Solo de batterie ?
Non, mauvaise musique, fausses notes,
Tu n’as pas assez appris, ni répété.
Pourtant, sur le piano j’ai vu des touches blanches et noires
Et la musique était si belle, si belle
Que j’ai pu la respirer.
∗∗∗
Marie-Ange Antonetti-Orsoni
Née à Paris en 1946, Marie-Ange Antonetti-Orsoni est aujourd’hui retraitée de l’Education Nationale. Originaire de Moltifao, elle vit à Bastia où elle a effectué la majeure partie de sa carrière d’enseignante.
Elle a publié deux recueils de poésies en langue corse, dans la collection Veranu di i pueta du C.C.U. (Centre Culturel Universitaire de Corti) : Sfoghi (Albiana, Ajaccio, 2009) et Sogni di culori (Albiana, Ajaccio, 2012).
Puesia
A parolla.
A pigliu.
A cappiu.
A ripigliu.
Ghjè à u capu di l’asta.
S’azzinga à l’amu,
Murseca, pò cappia tuttu.
Purtantu u versu ùn hè compiu.
Fughje, ma a ripigliu.
Sfrugne in a mo manu.
A fiumara a si ne porta.
Striscia nant’à u biancore
Di a carta di u scularu.
I filari negri l’anu inchjustrata.
Nimu ùn si ne scurderà.
Hè nata a puesia.
Poème
Le mot.
Je le saisis.
Je le lâche.
Je le reprends.
Il est au bout de ma canne.
Il s’accroche à l’hameçon,
Mord, puis lâche tout.
Pourtant le vers n’est pas fini.
Il est fuyant mais je le rattrape.
Il glisse dans ma main.
Le courant l’emporte.
Trace sur la candeur
Du papier d’écolier.
Les lignes noires l’ont enserré.
Personne ne l’oubliera.
Le poème est né.
∗∗∗
Carine Adolfini Bianconi
Carine Adolfini Bianconi, est diplômée de Lettres modernes. Elle anime des ateliers poésie pour enfants à Bastia, sa ville natale, au sein d’Arzilla, une association culturelle qui a pour objet la promotion d’artistes insulaires et la création littéraire.
Passionnée de musique, de chant lyrique, mais aussi de linguistique, de préhistoire et d’histoire des religions, elle s’adonne à ses heures perdues à l’observation et à l’analyse des systèmes symboliques.
Sò assai dilusa di u biancore di l’albore
u so sentore d’assenza
u so sapore di vita falza,
ind’u fiatu sbiaditu di u celu
tuttu hè senza voce o sussurra, svanisce pianu pianu
l’asgiatezza soffia nant’u velu biancu è sudachjosu
s’infucia per a finestra cume un sguardu lacrimosu
i chjassi è a luce s’uniscenu
ind’u spisciume torbidu
di sbagli è di cutone
un zirlu di ragiu sbiecu zucchitta a mo tristezza
a fidanza si svapora in un dubbitu nibbiosu
solu a casa di petra chì sente a matina
pare Essere in stu sonniu mutu.
Je suis déçue par la pâleur de l’aube
son odeur d’absence
son goût de vie feinte,
dans l’haleine pâle du ciel
tout se tait ou murmure, disparaît lentement
la paresse souffle sur le voile moite et blanc
elle entre par la fenêtre comme un regard humide
la lumière et les sentes se mêlent
dans un flou ruissellement
d’erreurs et de cotons
la giclée imprévue d’un rayon oblique taillade ma mélancolie
la confiance s’évapore dans un soupçon de brume
seule la maison de pierres aux odeurs de matin
semble de l’Être dans ce songe muet.
∗∗∗
Alain Di Meglio
Originaire de Bonifacio, Alain Di Meglio est né en 1959 à Marseille et est professeur des Universités, Directeur du Centre Culturel Universitaire à l’Université de Corse. Il est par ailleurs élu à Bonifacio, délégué à la culture. Poète et parolier, il écrit pour de nombreux groupes et chanteurs corses.
Frisgi mediterranii
Mi piaci l’affaccà di a sponda l’altra
mentri chì daretu à mè
si stinza l’alma dulci è tagliuta
di u me ritornu
Di u filu tesu di l’orizonti
a musica
Di issa puntetta di sciuma chì sfrisgia a custera
u filà
D’un silenziu à impastà
u levitu
Di i fiati aduniti
u ventu
Di issu bughju
l’inchjostru
Lignes méditerranéennes
J’aime voir venir l’autre rive
pendant que derrière moi
se tend l’âme douce et abrasive
de mon retour
Du fil tendu de l’horizon
la musique
De la dentelle d’écume le long des côtes
la couture
D’un silence à pétrir
le levain
Des souffles réunis
le vent
De cette obscurité
l’encre
∗∗∗
Jacques Fusina
Professeur émérite des Universités, Jacques Fusina est à la retraite depuis plusieurs années. Il est l’une des figures les plus marquantes et les plus connues du mouvement de réappropriation culturelle des années 70.
Son travail d’écrivain, si l’on excepte les nombreuses publications scientifiques universitaires, a utilisé aussi bien la langue corse que la langue française qu’il considère comme ses deux langues maternelles et avec lesquelles il n’hésite pas à utiliser les correspondances.
Alzà di memoria
Grisgiu u celu sopra
Ch’o vecu da casa mea
Rimore ribombu
Tanfu di storia
È parulla caghjata
Grisgiu u core sottu
Ch’o sentu palpità
Rimore notte
Tanfu di memoria
È parulla cutrata
Grisgiu u mondu attornu
Ch’o sentu à u postu
Rimore noia
Puzza di guerra
È parulla accampata
Lever de mémoire
Gris le ciel noir par-dessus
Que je vois de chez moi
Reflet de bruits
Relents d’histoire
Et mon dire figé
Gris le cœur par-dessous
Que je sens battre en moi
Reflet de nuits
Relents de mémoire
Et mon dire gelé
Gris le monde alentour
Que la radio renvoie
Rumeurs d’ennui
Relents de guerre
Et mon dire assiégé
∗∗∗
Patrizia Gattaceca — Patrivia Gattaceca
Auteur-compositeur, interprète, comédienne, Patrizia Gattaceca enseigne également la langue et la culture corses à l’Université de Corse. C’est peut-être Jacques Thiers qui a défini le mieux l’expression de Patrizia « Dans les accents d’une voix où la Corse d’hier et d’aujourd’hui se mêlent et se confondent, on se souvient du temps où la poésie ne faisait qu’un avec le chant. »
Elle est l’auteur cinq recueils poétiques parus entre 1998 et 2012 ainsi que de nombreux poèmes édités dans différentes anthologies et ouvrages collectifs (France, Italie, Portugal, Hollande, Canada, Belgique, Italie, Etats Unis).
Un filu di filetta
E voce ghjunte di fora ribombanu
È pocu à pocu falanu
È si calanu
I penseri stanu bassi
È a mente ingutuppata
Trema fritulosa
U rinchjusu sparghje
U so prufume paestosu
È ballanu senza ballà
Duie idee cuntrarie chì si cercanu
Una dice schjavitù
È si para di spinzoni fiuriti
Colti à fior di sangue
È chì facenu ride
L’altra mughja libertà
È stemu impauriti
Drittu l’omu ùn hè più
E dinochje indebulite cedenu
I bracci pendenu
U mentu tocca u pettu
U pede hà scruchjatu
A persona si strughje,
A fronte s’hè schjacciata
È a petra hà sunatu
Quandu sòghjunti pè purtallu
A chjocca era spalancata,
D’issa chjocca spalancata
Escianu e cerbelle pallide
È nantu sempre inturchjatu,
Verde è tenneru sbucciava
Un filu di filetta !
Une branche de fougère
Les voix venues d’ailleurs résonnent
Descendent
Et baissent peu à peu
Les pensées se taisent
Et l’esprit emmitouflé
Tremble frileusement
Le renfermé répand
Son parfum majestueux
Et deux idées contraires
Se cherchent et dansent sans danser
L’une dit « esclavage »
Se pare d’épine en fleur
Cueillies à fleur de sang
Qui provoquent les rires :
L’autre crie « liberté »
Et l’effroi nous assaillit
L’homme ne se tient plus droit.
Affaiblis, ses genoux se dérobent,
Ses bras pendent
Son menton touche sa poitrine
Son pied s’est effacé
Son corps se dissout
Son front s’est écrasé
Sur la pierre sonore
Quand on est venu le prendre
Son crâne était béant
Et de cette béance
Sortait une cervelle pâle
D’où sans cesse enroulée
Verte et tendre
Naissait une branche de fougère !
Trad F.M. Durazzo
∗∗∗
Sonia Moretti
Née en 1976 à Ajaccio, Sonia Moretti est professeur de corse, originaire des villages de Lentu et d’Ortale d’Alisgiani. Elle travaille actuellement au centre de documentation pédagogique de Haute-Corse, à Bastia.
Son premier recueil Discrittura, dédié, en grande partie, au jeu formel sur la langue a été publié aux éditions Albiana en 2003.
Il fut suivi de Puesie di a curtalina, plus personnel et plus abouti, enraciné dans le monde d’une enfance passée au tamis du poème (éd Albiana-CCU, 2009). Cet ouvrage a obtenu le prix du livre corse de la collectivité territoriale la même année.
Duv’ella hè l’umana logica
Nunda resiste, nunda.
A sò chì quand’elli anu da cummincià i lavori
Culà
Anu da spiantà dui arburi.
Sò giganti sapete.
Chì sà chì forze chjuccute l’anu mantenuti arritti
Superbii à mezu à e macagne citatine è i veleni soii.
Fattu si stà.
Sin’ora u so suchju hà sappiutu innacquà è mantene
E so carcazze altiere
Preghera longa
Tenendu alta a catedrale
È frà i vitraglii fini di dentella à fronde fatta
Ci scupriate u celu ancu più bellu
Dio sà chì ombre aghjumpate ci sò venute sottu quand’era piossa zeppa…
Siccati da una sentenza :
Eccu cum’elli falanu i giganti un ghjornu
È cun elli u miraculu astutu chì i tenia arritti.
Où la logique des hommes ordonne
Rien ne résiste, rien.
Je le sais, ils vont commencer les travaux
Et couper deux arbres.
Ce sont deux géants vous savez.
Des forces mystérieuses les ont maintenus debout
Superbes au beau milieu des scories de la ville et leur poison.
Le fait est.
Leur sève a su les faire grandir
Maintenir leurs carcasses imposantes
Comme une longue prière
Qui garde debout la cathédrale.
Entre les fins vitraux de dentelle des feuilles
Vous pouviez lire un ciel encore plus beau
Et Dieu sait quelles ombres courbées sont venues sous eux
Quand la pluie était lourde…
Condamnés par la sentence
Voilà comment meurent les géants, un jour
Et avec eux le miracle qui les tenait debout.
∗∗∗
Lucie Santucci
Corse de Paris, Lucie Santucci est rentrée au pays dans les années 60. Elle retourne alors à cette expression ancestrale qu’elle a renouvelée avec sa sensibilité d’éducatrice et une vigilance engagée dans les combats pour l’émancipation de la femme. Conseiller pédagogique puis Inspecteur de l’Education Nationale, elle a toujours associé l’éducation avec l’illustration de la langue corse.
Curata
Infilà l’acu
Ùn lu sò infilà
Chi sai fà ?
Ùn sò chè cantà*
Da la manu à lu core
Si stinza u filu
Un bracciu
Sticchitu
Misura l’esse
Una o doppia
Secondu l’ore
Misura l’opera
À vene
Curata
Anudata
Principia
A cusgera
Chì
Di duii
Face unu
Curata
*filastrocca zitellina
Aiguille
Enfile l’aiguille
Je ne sais l’enfiler
Que sais-tu faire ?
Je ne sais que chanter.*
Depuis la main
Jusqu’au cœur
Se tend le fil
Une longue coudée
Mesure de l’être
Une ou double selon l’heure
Mesure l’œuvre
À venir :
Fils ennoués
Commence
La couture
Qui de deux
Fait un
Aiguillée du cœur.
*formulette /comptine traditionnelle
∗∗∗
Ghjacumu Thiers — Jacques Thiers
Né à Bastia en 1945. Agrégé de l’Université, aujourd’hui Professeur émérite. Chargé de mission “Créativité” à l’Université de Corse. depuis les années 1970, il travaille à l’élaboration d’outils destinés à l’apprentissage du Corse et a présidé le CAPES de langue corse.
Sguardi
Andarete à sapè
perchè chì stanu chjosi
daretu à e persiane
issi sguardi di finestre
spente à fior di mare
mentre chì un altru viaghju
s’appronta à la calata
L’anima ùn si disceta
per qualsiasi ochjata
i sgiò portanu sempre
u segnu di l’onore
l’alba si deve tene
ch’ella ùn sbatti à libecciu
è sbrisgiulà di un colpu
anni di galateiu
chì ci custonu tantu
di rivolte inghjuttite
Regards
Mais allez donc savoir
pourquoi restent enfermés
derrière leurs persiennes
ces regards de fenêtres
éteintes au fil de l’eau
pendant que se prépare
une autre traversée
L’âme ne s’éveille pas
pour le moindre clin d’œil
les riches arborent toujours
la marque du respect
retenir le volet
le libecciu peut frapper
et d’un seul coup rabattre
des années d’élégance
qui nous coûtèrent tant
de révoltes ravalées
Trad.Claude Tristani
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