Nicolas VARGAS, EMOVERE
Je ne connais pas Nicolas Vargas, je ne connais pas le Pascal Castets à qui le livre est dédié : je me sens d’autant plus à l’aise pour dire tout le bien que je pense de cette plaquette. Car c’est une poésie originale, comme j’aime…
Tout d’abord remarquer que le personnage principal (l’émotion) traverse de part en part ce poème-récit. Mais le corps est aussi associé comme si Nicolas Vargas voulait à tout prix insister sur le matérialisme qui entoure la naissance de l’émotion. Les détails réalistes ne manquent pas, et ce, dès la première page : coucher les échelles, nettoyer le matériel, dépoussiérer les bouquins… Peut-être l’origine de ce matérialisme (écrire le corps) se trouve-t-elle dans la rencontre avec Sabine Fournier, chorégraphe et danseuse, qui allie écrire le corps et danser l’image : les détails réalistes évoqués plus haut sont comme un écho de la chorégraphie car l’étymologie nous l’apprend, le mot émotion viendrait de l’ancien français du XIIIe motion (c’est-à-dire mouvement), le cercle est ainsi bouclé… Mais le Littré affirme que le terme viendrait du latin emovere : d’où le titre du poème… Nicolas Vargas cherche la meilleure définition entre le poème et la chorégraphie. Les moyens de cette recherche sont multiples. L’humour n’est pas absent : « on a pensé à du toutou dans le canapé / de la coccinelle sur la vitre / une carte postale de la région / un chat qui bisou… » La construction du poème est syncopée pour mieux rendre compte de la chorégraphie…
Nicolas Vargas, Emovere, La Boucherie littéraire éditions, collection « Sur le Billot ». Non paginé, 10 euros. En librairie