1

Tes mots se lèvent la nuit
comme les grandes verdures
à l’aube d’une mémoire intouchable
et tu te sens éternel
sem­blable à la caresse du feuillage.

Ter­ri­ble envie de con­serv­er sous ta peau
ce monde — rameur en filigrane
au plus souter­rain de la chair !

Un Mage de verre respire en toi
blot­ti dans l’encrier de ton souffle :
il arbore ton vis­age futur
et se pro­longe par tes syllabes. 

 

2

Tu demeures l’orphelin royal
qui cha­parde les romances
dans les jardins de tristesse.

A l’aide d’une canne d’aveugle
tu sec­oues l’arbre de l’Origine
refuge priv­ilégié de l’ermite céleste
puis à l’angle de la nuit
tu dis­simules ta manne voluptueuse
comme la plus Belle de ton pays.

3

Pour celles qui rêvent sur ton épaule
et ramassent en leur filet d’or
les larmes de tes yeux
tu quêtes le souf­fle d’un dieu
por­teur d’espace
sous un regard d’azur :
qu’il lui soit donné
d’une danse unique
de sus­pendre l’érosion de la terre !

 

4

Con­tre ton front ouvert
à l’épaisseur de l’Augure
tu accueilles celle qui arrive d’ailleurs
chargée de ses ros­es d’outre-jardin
et la mois­son de ses récits.

Que reste-t-il au creux de sa paume d’amante
sinon ce jeu de cartes labyrinthiques
sur lesquelles se pose le papil­lon de la Prémonition ?

Je par­le de la Voleuse de tes sourires
qui se tient sur ton seuil
pareille à un paysage extatique
afin de dis­siper le désor­dre tapageur
des oiseaux de ténèbres.

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