Nohad Salameh, Quatre poèmes inédits

1

Tes mots se lèvent la nuit
comme les grandes verdures
à l’aube d’une mémoire intouchable
et tu te sens éternel
semblable à la caresse du feuillage.

Terrible envie de conserver sous ta peau
ce monde - rameur en filigrane
au plus souterrain de la chair !

Un Mage de verre respire en toi
blotti dans l’encrier de ton souffle :
il arbore ton visage futur
et se prolonge par tes syllabes. 

 

2

Tu demeures l’orphelin royal
qui chaparde les romances
dans les jardins de tristesse.

A l’aide d’une canne d’aveugle
tu secoues l’arbre de l’Origine
refuge privilégié de l’ermite céleste
puis à l’angle de la nuit
tu dissimules ta manne voluptueuse
comme la plus Belle de ton pays.

3

Pour celles qui rêvent sur ton épaule
et ramassent en leur filet d’or
les larmes de tes yeux
tu quêtes le souffle d’un dieu
porteur d’espace
sous un regard d’azur :
qu’il lui soit donné
d’une danse unique
de suspendre l’érosion de la terre !

 

4

Contre ton front ouvert
à l’épaisseur de l’Augure
tu accueilles celle qui arrive d’ailleurs
chargée de ses roses d’outre-jardin
et la moisson de ses récits.

Que reste-t-il au creux de sa paume d’amante
sinon ce jeu de cartes labyrinthiques
sur lesquelles se pose le papillon de la Prémonition ?

Je parle de la Voleuse de tes sourires
qui se tient sur ton seuil
pareille à un paysage extatique
afin de dissiper le désordre tapageur
des oiseaux de ténèbres.