Fan­tôme  ‑mais de qui ?-
D’un poète ? D’un fou ?
D’un dou­ble placentaire
dont on ne peut faire son deuil

ou d’un autre fantôme,
feu-fol­let faux-fuyant,
sim­u­lacre de vie,
qui se demande si c’est lui
ou le monde qui prend le large,

frère invis­i­ble & insolent,
déam­bu­lant dans nos migraines
‑con­va­in­cu que ce sont les siennes‑,
s’endormant dans nos insomnies
tra­ver­sant nos visions sans cesse,
avec notre Afrique fictive
ou l’exode insensé
d’un peu­ple de nuages,

jubi­lant de nous retourner
cette ques­tion qu’on lui pose
quand il redescend dans ses limbes,
sourd à l’appel de la lumière,
peu pressé de ressusciter,
impa­tient d’épouser l’oubli,
d’aller jouer du violon
pour les tau­pes et les rhizomes,

esquisse à jamais esquissée
par un dieu lassé de créer
ou  –qui sait?-  créature
que le dia­ble a crachée.

 

 

                     *
                   

Que dire à ceux qui aimeraient
‑enviant son irréalité-
vivre dans sa peau invisible,
jour après jour vivre la vie
qu’un être flou joue et rejoue
avec tant de prédi­cats vagues?

Que leur dire sinon
qu’ils se trompent de scénario,
qu’ici la nuit étouffe,
hantée
par les traces
d’angoisses félines
que n’effacent pas les soleils,

qu’ici on rêve
de chang­er de rêve,
de pass­er la frontière
sur la douce réminiscence
des nuages d’avant
‑pressés d’aller faire
leurs orages
et leur calligraphie
d’éclairs‑,

de bêtes emblématiques,
cha­cals dont se sou­vient la pierre,
mys­tiques éperviers
ciselés dans le bleu,
chats dormant
leur som­meil divin

-la faune rassurante
d’une calme Egypte mentale-
 

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