Notre songe 1 à 4
En hommage au devenir, parce que passé et présent de la langue sont là en chaque ici et maintenant et demain, ces poèmes sont faits – principalement – de mots ayant trouvé – beau – domicile dans l’ouvrage suivant :
Francesco Colonna, Le Songe de Poliphile [traduction de Hypnerotomachia Poliphili], présenté par Albert-Marie Schmidt, Paris, Club des libraires de France, Les libraires associés, 1963 (reproduction en fac-similé de l'édition de Paris, J. Kerver, 1546, parue sous le titre Hypnerotomachie ou Discours du songe de Poliphile).
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notre Songe
1
Le poème le plus frêle
Devient une coque de marbre
Pour protéger un oiseau vivant
un silence :
plaine spacieuse
semée de fleurs
et de verdure
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un arbre aimé
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notre Songe
2
je trouvay
une veine d'eau fraiche
sourdant en une belle fontaine
qui couloit par un petit ruysseau
lequel devenoit une rivière bruyante
à travers les pierres
*
une fontaine
sans fin
le ruisseau
qui sortoit de ceste fontaine
couroit
entre deux haies de rosiers
assez basses
et enrosoit un beau champ
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notre Songe
3
je trouvay
une veine d’eau vive
claire et bouillonnante
à plaisir
qui se départait
en deux petitz ruysseaux
coulans l’un à dextre
l’autre à senestre
*
gouster
de ceste eau doulce
je mey les deux genoux
en terre
sur le bord
de la fontaine
et du creux de mes deux mains
je fey un vaisseau
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notre Songe
4
je me jectay
dessus l’herbe
au pied d’un chesne
fort antique
mes souvenirs :
entre ces fragmens
estaient sortis
plusieurs plantes sauvages
herbes et arbrisseaux
de maintes sortes
*
le cheval d’infelicité
dédié aux dieux ambiguz
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