Après le 13 novem­bre, dans les remous de l’ac­tu­al­ité, Recours au Poème-revue de poésie, est tou­jours vivante, et plus que jamais vivante, comme le souhaitaient les fon­da­teurs de la revue, Gwen Gar­nier-Duguy et Matthieu Bau­mi­er, comme le souhaite l’actuelle équipe, oeu­vrant dans l’e­sprit qui est celui de la revue depuis ses débuts.
Recours au Poème est un espace de lib­erté et d’échange, où des sen­si­bil­ités poé­tiques dif­férentes peu­vent s’ex­primer, con­fron­ter leur lec­ture du réel. Les événe­ments qui nous boule­versent ont des racines loin­taines, ce que nous vivons sem­ble explos­er aujour­d’hui – quand il s’ag­it, au fond, d’une explo­sion anci­enne, comme celle d’une étoile dont nous parvient encore la lumière fos­sile. Le monde que nous croyons con­naître, le réel que nous pen­sons touch­er, ont déjà dis­paru quand nous nous en inquié­tons – c’est à la lucid­ité du poète qu’il nous faut recourir pour nous par­ler du monde, imag­in­er son futur.
Espace de créa­tion, la revue souhaite tiss­er des liens entre poètes con­tem­po­rains de tout pays, de toute cul­ture, de toute reli­gion, sans dis­crim­i­na­tion, car elle est depuis tou­jours un espace de résis­tance, que l’époque trou­blée que nous tra­ver­sons rend plus que jamais nécessaire.
Il nous fau­dra des penseurs, des philosophes, des poètes-“lutteurs”- capa­bles d’op­pos­er la force de leur langue aux dis­cours néfastes, à la méfi­ance, au décourage­ment. Recours au Poème aura plus que jamais un rôle à jouer. Non pas tri­bune, nous ne sommes pas une revue poli­tique dans le sens où on l’en­tend couram­ment, mais Ago­ra. Grâce à la flex­i­bil­ité que per­met son exis­tence en ligne, grâce à la puis­sance de la parole poé­tique, nous souhaitons que s’échangent dans ses pages les pen­sées, que s’y for­gent des con­vic­tions, que s’y éla­borent les out­ils de lutte con­tre les forces néga­tives qui sapent notre pen­sée, notre cul­ture, notre civilisation.
Il fau­dra à notre époque des “hus­sards de la lib­erté”, pour gag­n­er la guerre idéologique qu’on nous mène, et con­tre laque­lle nous n’op­posons qu’un hédon­isme benêt. Nos valeurs sont fortes, mais la société est dev­enue bien frag­ile pour les défendre. La poésie, ain­si que l’en­tend Recours au Poème, ain­si que nous la défendons, est une force ten­due vers l’avenir, une dynamique, qu’ensem­ble, poètes et lecteurs, nous entretenons – à tra­vers la force des mots, pour la lib­erté de penser, pour la lib­erté de créer, pour la lib­erté de vivre.
 
 
Mar­i­lyne Bertoncini/Eric Pistouley/Vincent Motard-Avargues
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