Refrain, de Bernard Grasset

 

 

Aux « rives de l’ailleurs » 

Cet ouvrage rassemble des poèmes composés entre 2003 et 2005, inspirés pour les premiers par la peinture, pour les suivants par la musique ; il prolonge la démarche entreprise dans de précédents livres. Chacune des deux sections compte 18 poèmes de quatorze vers libres, segments de phrases ou syntagmes nominaux brefs, comptant le plus souvent 4 à 7 syllabes. On devine que le poète veut, par ce laconisme quasi asyntaxique, construire le poème comme un collage d’éléments décontextualisés, ramenés à l’essentiel. En témoignent l’usage fréquent du zeugme (« La soif et l’amitié », p. 14 ; « colonnes de présence », p. 31), de l’article défini de notoriété (« le geste de la liberté », p. 14 ; je souligne), les hypallages (« Arcades patientes », p. 32 ; « Colline indicible », p. 37), les éléments descriptifs souvent en apposition, les constructions duales (un grand nombre de vers sont formés de deux termes coordonnés par « et »).

Refrain, de Bernard Grasset, Lyon, Jacques André éditeur, coll. Poésie XXI, 2017, 56 p., 11€

Refrain, de Bernard Grasset, Lyon, Jacques André éditeur, coll. Poésie XXI, 2017, 56 p., 11€

Chaque poème de la première section est coiffé du nom du peintre dont les toiles l’ont inspiré. Cette association fait surgir dans l’esprit du lecteur, au cours de sa lecture, l’image d’une chimère composée des œuvres du peintre qui lui sont familières. Ainsi, le lecteur se fait un Chagall imaginaire des Chagall fondus dans le poème de la p. 23, et s’il n’a pas précisément en tête « The Ludwigskirche In Munich », il voit en son for intérieur une toile de Kandinsky, le poème lui fournissant juste assez d’éléments évocateurs pour que cette toile intérieure représente une église comme la toile originale. En consultant un fonds d’images numérisées, on devine que le poème de la p. 26 fait se rencontrer des toiles appartenant à différentes séries (rurale, circassienne et inspirée de l’iconographie orthodoxe) de Rouault, comme le poème suivant condense les estampes que ce peintre a réunies dans son ouvrage spirituel Miserere.

Je crois reconnaître en « An Die See Und An Die Sonne » (« Vers la mer et le soleil ») la toile de Kandinsky qui a inspiré le poème de la p. 24. J’y vois ce que B. Grasset a traduit par « l’angle du matin ». Mais le poème m’avait évoqué une tout autre image. Faut-il y voir un échec du poème ? Non, s’il avait vocation à autre chose qu’à produire dans mon esprit une représentation mimétique de la toile. Le poème de la p. 14, inspiré, à ce que je devine, par une « Cène » du Tintoret, montre comment le poète, à l’instar du peintre, amalgame l’ensemble des épisodes formant un récit (en l’occurrence, tentation au désert, dernier repas, trahison, calvaire) en peu de lignes, épurées autour de quelques suggestions. B. Grasset ne cherche pas à traduire la toile en poésie verbale, il la filtre, en recueille des parcelles dont il fait une chose autre. La représentation picturale est pré-texte et prétexte, les toiles se fondent dans les « paysages intérieurs » (« Avant-propos », p. 8) du poète, paysages entraînés dans le mouvement d’une quête à caractère mystique, « la recherche, à travers un autre langage, d’un lointain qui murmure le sacre de l’aurore » (Ibid.).

Ce murmure sacré, le croyant croit l’entendre bruisser dans les représentations de l’histoire sainte comme dans des toiles qui me semblent être profanes. Le poème de la p. 24 mentionne un « sablier [qui] murmure ». Ce sablier, je ne le retrouve pas dans la toile de Kandinsky précitée qui, comme je l’ai avancé, a sans doute inspiré le poème. On retrouve un « horizon [qui] murmure » p. 28, dans un poème qui me paraît inspiré de « Paysage avec barque sur l’eau » de Rouault, où je ne saurais dire si l’horizon murmure. Dans le « Paysage aux deux chênes » de Van Goyen, le poète voit que « Dans les feuillages / Souffle le vent. Un poème s’élève. » (p. 16) ; je ne vois rien de cela. Même remarque concernant le poème de la p. 17, issu de la fusion de toiles de Van Goyen, où intervient un « Je » qui « écoute le vent » (un message, sans doute), jusqu’à ce que la fin du poème évoque des mots qui résonnent comme une « alliance » de la terre et du ciel. Il est convenu de dire que le poète voit ce que le non poète ne sait pas déceler ; appliquée à une poésie religieuse, cette tradition relègue l’athée dans l’erreur et l’aveuglement, ce avec quoi je ne saurais m’accorder. Renseignements pris, il s’avère que Chagall, Kandinsky, Rouault (pas Van Goyen) ont peint des épisodes bibliques, mais pas nécessairement dans les toiles précédemment citées. Je ne sais donc dans quelle mesure B. Grasset extrapole, je ne sais s’il y reconnaît l’expression des convictions religieuses des peintres, ou s’il y ajoute des souffles, des murmures, donc des messages (peut-être les « signes » qui sont régulièrement mentionnés au fil du recueil) pour tirer les toiles, avec ses poèmes, dans une direction mystique. Si, parmi les toiles inspiratrices, il en est de profanes, le lecteur athée pourra être froissé par la liberté qu’aura prise l’auteur de leur attribuer une dimension qui n’était pas dans les intentions du peintre ; reste que chacun est absolument libre d’entretenir avec une œuvre d’art une relation qui lui est personnelle, qu’il se choisit, sans considération des intentions de son créateur, car les intentions des artistes ne peuvent prétendre circonscrire les effets de la culture qu’elles ont produite. Le poème de la p. 11, inspiré de Fra Angelico, est sans doute issu de la contemplation d’une Nativité ou d’une Annonciation ; dans le second cas, je dirais qu’il s’agit plutôt de celle du Musée de la Basilique Santa Maria delle Grazie que de celle du couvent San Marco car, s’inspirant de celle de San Marco, comment ne pas se saisir des couleurs délicieuses et surprenantes des ailes de l’ange ? Si je digresse ainsi pour parler de mon Fra Angelico, c’est pour amener l’idée que nous ne voyons pas tous la même chose lorsque nous contemplons une même toile, et que nos voyages parmi les œuvres suivent des logiques variées. B. Grasset y voit les signes et le sens que sa foi lui fait rechercher, et que l’athée que je suis n’y cherche pas, concentrée sur d’autres aspects, où le mysticisme n’intervient que comme clé de lecture historico-sociologique de compréhension des conditions de conception et de réception des œuvres.

B. Grasset semble vouloir que sa poésie participe au murmure mystique auquel il croit, ce qui explique peut-être le titre de Refrain. Littré nous apprend que le refrain, étant étymologiquement lié au latin refringere (« briser », d'où « se réfracter »), est aussi ce qui se réfléchit, se répète. Plusieurs poèmes sont encadrés de deux vers qui se font écho : « Un homme s’éloigne […] Un poème s’élève » (p. 16), « L’eau et le ciel, […] La terre et le ciel » (p. 17), « Arcades de présence, […] Arcades de sérénité. » (p. 25). Ces échos aux frontières des poèmes sont structurants, analogiques ; ils disent un ordre du monde révélé (selon le croyant) ou inventé (selon l’athée) par le poète. Dans le poème inspiré de J. Van Ruisdael se superposent diverses mesures du temps : « Les arches du temps », « le pas des hommes », le début des moissons et l’attente de l’aurore ; c’est en cette conjonction de temporalités que le poète veut « Guetter les signes », entendre « L’appel du secret » (p. 18). B. Grasset fait se réfléchir les toiles les unes dans les autres ; ainsi de « Paysage avec pont de pierre » et de « Philosophe en méditation », deux toiles de Rembrandt que son poème articule autour d’une virgule, créant un mouvement circulaire depuis le « paysage » vers le cabinet de travail du philosophe, lui-même assis de façon à observer ce qu’il y a – un paysage peut-être – au-delà d’une large fenêtre.

Autre forme de refrain : la répétition de mots porteurs d’une charge symbolique spéciale dans le cadre de la référence chrétienne ; on peut voir dans cette espèce de litanie la traduction d’un exercice spirituel de l’auteur. L’écriture des poèmes aurait donc valeur d’ascèse pour celui-ci. Mais il ne peut s’agir d’une démarche uniquement personnelle, puisqu’il propose ces textes à la publication. Le poète est martyr au sens grec du mot, il est « témoin », comme en écho aux martyrs de l’histoire chrétienne qui peuplent le recueil (p. 13 et 20). « J’écoute, je marche / Témoin bouleversé / Attendant l’aurore. » (p. 36). Ainsi, le poète convie le lecteur à suivre son chemin de croyant depuis les « rives de l’ailleurs » (p. 20) ; libre au lecteur de prendre le large à ses côtés, ou de demeurer sur le littoral, en retrait, pour observer à distance son cheminement.

La quatrième de couverture de Recueillement exprime le projet de ce précédent ouvrage de B. Grasset ((Éditions du Petit Pavé, 2005.)), par l’emploi figuré des termes habituel dans le discours spirituel : « Recueillement demeurera mon chant des profondeurs. Qu’il puisse rejoindre ceux qui cherchent dans les méandres du monde, incliner le regard du côté du mystère et laisser la trace, dans la neige du silence, du pas de l’Ami. » La quatrième de couverture de Refrain annonce que B. Grasset est l’auteur « d’une vingtaine de recueils inspirés librement de l’Écriture », mais il n’est nulle part signifié que le livre est intégralement orienté par la recherche spirituelle de l’auteur. Ainsi, le poème de la p. 40 renvoie à « Bruckner, Symphonie no 9 en ré mineur », sans dire qu’elle fut dédiée à Dieu par le compositeur. Celui de la p. 46 renvoie à « O. Messiaen, Quatuor, V », pour référer au Quatuor pour la fin du temps, partie « V. Louange à l’Éternité de Jésus ». B. Grasset parle de la « Poignante lenteur, / Violon et piano » qui accompagne le retour de l’« Ami », Jésus, ce qui correspond bien à ce « mouvement très lent [qui] réunit le violoncelle et le piano ». J’ignorai les convictions ou les sources d’inspiration des peintres et compositeurs choisis par l’auteur (selon des critères spirituels et non pas seulement esthétiques, apparemment), et c’est l’Internet qui m’a renseignée à ce sujet ; j’aurais préféré qu’une mention explicite sur l’ouvrage m’apprenne d’emblée son orientation religieuse, afin d’entrer dans la lecture en connaissance de cause.

Peu de lecteurs auront en tête tout, ou seulement partie, du répertoire pictural et musical qui a inspiré le recueil. Je suis partie presque sans bagage, mais je suis revenue souvent sur mes pas, l’Internet à mes côtés, pour repasser devant ce que j’avais vu à mon premier passage, afin d’élargir ma compréhension de la démarche de B. Grasset. D’autres lecteurs, qui n’ont ni culture religieuse, ni article à écrire, ne feront pas ces allers-retours. La proposition de B. Grasset, s’adressant de façon privilégiée à une communauté nourrie de culture religieuse, a des chances de rencontrer son public malgré cette difficulté. Par le lectorat le plus large, l’ouvrage sera peut-être perçu comme élitiste car, considéré comme une invitation à découvrir des œuvres, il demande au lecteur de faire un effort, de passer à l’action de la découverte pour co-construire une culture artistique commune avec l’auteur.

La seconde section, où l’auteur fait référence à des compositeurs, non plus à des peintres, associe de façon récurrente les trois termes : souffle, jardin, souvenir. Cette importance du souvenir est peut-être à relier au fait que les poèmes de cette section semblent avoir un point d’ancrage autobiographique. Il me semble qu’ils réfèrent au moment vécu par l’auteur, alors qu’il écoutait la musique, plutôt qu’ils n’évoquent la musique elle-même (on pourrait en effet interchanger les noms des compositeurs sans que cela modifie la réception du poème, ce qui n’était pas le cas dans la section I). Le lien du texte avec l’œuvre musicale à laquelle il est associé est nettement plus lâche que lorsqu’il s’agissait de peinture, les caractéristiques qui spécifient les œuvres sont quasi inexploitées. Pour cette raison, ces poèmes pourraient être moins dépendants de la culture du lecteur que ceux qui étaient liés à la peinture, et donc plus généralement accessibles.




Claudine Bertrand : Deux poèmes sur l’Afrique

On ne sait quand commence le voyage peut-être était-il déjà amorcé avant de fouler la terre Afrique mais on sait qu’il est contenu dans chaque seconde comme une attente.

 

 

Le tissu de nos vies
file sans reprise
ouvre un espace
où s’y glisser
comme les mots
qui défilent à la queue leu leu
en débâcle en orage
ou flambée de sons

...

Publié dans l'anthologie Chant de plein ciel - Voix du Québec

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Présentation de l’auteur




Nouvelles de la poésie au Québec : Claudine Bertrand

Rencontrer Claudine Bertrand est une expérience unique : poète, déjà publiée sur nos pages, plusieurs fois récompensée pour son œuvre ((On citera  les prix Tristan Tzara, Saint-Denys Garneau, ses poèmes traduits en bulgare, et le doctorat « honoris causa » de l’Université de Plovdiv (Bulgarie) qui lui est décerné pour souligner ses trente ans d’écriture. Nous mentionnerons ses derniers titres : Emoi Afrique(S), Fleurs d’orage, Au large du Sénégal, Ailleurs en soi, Pierres sauvages, Tomber du Jour.)), couronnée aussi en juin 2017 par Le Prix européen "Virgile 2017"...   elle est encore essayiste, éditrice, revuiste... : il semble que nul domaine lié à la littérature, à la poésie et à sa diffusion ne lui ait échappé.

Claudine Bertrand est une femme engagée, féministe sans demi-mesure : pionnière, elle a fondé la revue Arcade consacréeà l’écriture des femmes et l’a dirigée durant 25 ans, œuvrant ainsi à faire connaître la littérature, à la diffuser et à la rendre visible – mais  son engagement va bien au-delà, il engage toute sa vie, entraînant les choses autour d'elle dans un mouvement d'irrésistible avancée, et on ne s'étonne pas de lire en exergue de son site cette citation du poète espagnol Gabriel Celaya :

La poésie est une arme chargée de futur

Voici une devise qui caractérise parfaitement cette personne chaleureuse, riche de projets ((En projet,  une anthologie de 150 poètes de la francophonie, qui sera publiée en juin aux éditions Henry.)) menés avec toute l'énergie du monde - à tel point que l'image qu'on garde d'elle, comme un éblouissement sur la rétine, est celle d'une force en action, colorée de rouge comme la couverture de l' anthologie de ses textes ((Rouge assoiffée, Éditions L’Hexagone, collection Typo, 2011)), qu'elle nous a dédicacée en guise de carte de visite et dont les textes marquent les étapes de sa vie mais témoignent aussi des moments et des interrogations de l'histoire universelle.

Considérée au Québec comme l'ambassadrice de la littérature québécoise, elle ne pouvait être que la première invitée de notre rubrique sur la poésie d'outre-atlantique, dont on souhaite qu'elle nous aide à la développer.

Présentation de l’auteur




Du Dialogue amoureux

Présentation et traduction de Jean Migrenne ((cet article a fait l'objet d'une première publication sur la défunte revue Frisson Esthétique, dont certains exemplaires sont encore disponibles.))

Si tout le monde connaît l’expression « la réponse du berger à la bergère », peu s’interrogent sur le glissement de son sens par rapport à celui qu’elle avait outre-Manche vers 1600. 

Dans la pastorale, que le monde grec nous a léguée par poètes latins interposés, le berger ouvre la voie. Il joue de sa flûte en gardant le troupeau. Shakespeare, ce grand paillard, ne se prive pas de jouer avec, et sur le mot, et le flûtiau que le cliché donne pour tendre n’est pas mou pour autant. Les freudiens y voient pratique masturbatoire. On prête parfois au pâtre des tendances zoophiles, expliquées par sa solitude et corroborées par le tabou biblique (Lévitique 18:23). Et s’il est de tradition d’attribuer à l’adjectif « grec » une connotation pédéraste, le mythe que nous allons illustrer concerne la relation homme-femme, au moins dans son environnement pastoral.

Soit le cas d’Acis et de Galatée : Acis, fils de Faunus, esprit des eaux douces, n’est berger que pour certains ; Galatée, néréide, nymphe marine, n’est point bergère. L’iconographie les montre en situation de conversation amoureuse en bord de mer : Claude Gellée (Le Lorrain), 1657 ; ou dans un paysage pas particulièrement bucolique : Nicolas Poussin, 1629. Acis a un terrible rival : le Cyclope Polyphème. La tempête menace ou laisse des traces. La musique s’y met : Lully, 1686, Haendel 1708-1718.

Galatée dans les bras du berger Acis. Auguste Ottin. 1866. Jardin du Luxembourg

 

L’Australienne Diane Fahey (Voir Frisson Esthétique N°14), sous le titre Galatea And Acis, décape le thème dans ses Métamorphoses, Dangaroo Press, Sydney, 1986 :

Galatée et Acis

Nymphe de la mer, elle délaisse ses rêves de sirène pour l’amour
de lui, elle s’enferme avec lui dans des grottes ensoleillées
ou sous le baldaquin d’un saule. Un jour, le creux
où ils se baignent s’assombrit : les amants réunis frémissent
et leurs corps se séparent. Maintes fois, le cauchemar
force leur étreinte de sa lame ; il prend vie un jour
et offre à Galatée joyaux et troupeaux de brebis,
jusqu’aux herbages où elles paissent. Et, lui-même.

Éconduit, le Cyclope écrase son rival sous un rocher.
Du sang d’Acis jaillit une source claire, coule une rivière.
Polyphème, qui prend son œil unique pour le soleil,
braque son regard sur ce clair cristal qu’il ne peut détruire.
Galatée se fond dans le courant qui soulage son poids,
la lisse, l’argente, la métamorphose en sirène,

qui respire et plonge dans les eaux de nacre.

La nature s’attendrit, le couple berger/bergère-nymphe, change de nom, inspire Paris Bordone, et son maître, le Titien, vers 1574 : Daphnis et Chloé s’aiment et ont beaucoup de clones.

Les poèmes présentés ici entament et poursuivent le dialogue à partir de la demande du berger désirant séduire. Ils n’introduisent aucun rival, aucun tonnerre. Nul faune ithyphallique n’y exerce de cuissage à la Zeus. Les préciosités, qui veulent cacher ce sexe que l’on ne saurait voir, ne font que le voiler, le parer. La tradition populaire le chante et Christopher Marlowe (1564-1593), le premier, semble-t-il, écrit :

Come live with me and be my love.

Le thème n’est pas nouveau : Catulle (84-54 av JC) écrit (Élégies, 5) :

Vivamus, mea Lesbia, atque amemus.

Il place l’aimée dans l’axe d’une riche symétrie syllabique et sonore : vivamus/amemus, qu’en 1931, Horace Gregory, en traducteur consciencieux, rend en anglais par :

Come, Lesbia, let us live and love.

En 1601, Thomas Campion, reprenant le flambeau, avait proposé une adaptation du poème de Catulle commençant ainsi :

My sweetest Lesbia, let us live and love.

Le jeu allitératif et consonantique (s/l), typique des situations d’amour, est parfaitement mené. Revenons à Marlowe et voyons, traduits, quelques spécimens de sa nombreuse descendance, en ligne directe ou déviante. Il est matériellement impossible de garder l’octosyllabe original (et monosyllabique) en français. Aucun traducteur notoire ne l’a fait, semble-t-il. Cet original rime.

Dans le cas de la pastorale, produire une traduction rimée conduit, la plupart du temps, à recomposer un texte et en triturer le corps, alors que ces manipulations conviennent et s’adaptent parfaitement au ton satirique. Nous rendons les originaux (à l’exception du poème de Kate Benedict qui est en dodécasyllabes) en vers de onze syllabes, au plus près de leur sens et de leur tonalité. L’anglais rime en distique (aa, bb). Impossible en français.

En effet, le jeu live/love n’a pas d’équivalent immédiat. « Vivre » et « aimer » n’ont aucun son, aucun aspect visuel commun. Ils illustrent à merveille les incompatibilités qui séparent l’anglais du français. Notre impératif « vis », dans un contexte amoureux, porte le son d’un cor paillard au fond des bois de lit. « Vivre avec moi » est vulgaire. L’allitération (viens vivre avec) fait un bruit bien peu évocateur d’une idylle. Il faut s’en remettre à Édith Piaf pour s’approcher de l’effet original : Il est entré dans mon cœur/une part de bonheur… où « entrer » laisse, en outre, porte ouverte au faune. Le traducteur doit donc prendre ses responsabilités et les assumer, sous le feu éventuel de critiques diverses.

Traduire littéralement donnerait ceci :

Viens vivre avec moi, sois mon amour,/Et nous goûterons à toutes les délices/Que vallées, bois, ou collines, ou champs,/Ou forêts et montagnes abruptes fournissent.

On tombe sur une rime utilisable en bb. Les longueurs sont par trop inégales, la ponctuation ne convient plus. Rime et la syntaxe originales ne passent plus.

Christopher Marlowe (1564-1593), The Passionate Shepherd To His Love, publié en 1599 :

Le berger amoureux à sa belle

Entre dans mon cœur, sois ma part de bonheur.
Alors nous irons goûter à ces délices
Que bosquets ou vallées, collines ou champs,
Forêts ou falaises escarpées nous fournissent.

Assis sur le rocher nous regarderons
Les bergers mener à paître leurs ouailles,
Près des cascades, au son des madrigaux
Que l’eau vive inspire aux chorales d’oiseaux.

Pour toi, je tapisserai des lits de roses,
Je cueillerai mille bouquets odorants,
Je te coifferai de fleurs, je broderai
Ton jupon d’un motif de feuilles de myrte ;

Ta robe sera de la plus fine laine
Tirée des toisons de nos jolis agneaux ;
Des souliers de vair te chaufferont le pied,
Et de l’or le plus fin ils seront bouclés :

Une tresse de chaume et jets de lierre,
Clous d’ambre et fermoir de corail, te ceindra :
Et si ces plaisirs peuvent t’y inciter,
Entre dans mon cœur, sois ma part de bonheur.

Les vaisseaux d’argent qui présentent tes viandes
Aussi précieuses qu’au banquet des dieux,
Sur table d’ivoire seront préparés
Jour après jour pour ton service et le mien. ((Strophes apocryphes pour certains))

Les pastoureaux danseront et chanteront
À ravir, pour toi, chaque matin de mai :
Si ces délices peuvent te décider,
Entre dans mon cœur, sois ma part de bonheur.

Dans Madeleine, Jacques Brel s’inspire du John Donne de À sa maîtresse allant au lit (voir pages consacrées à Donne) :

Tu es mon nouveau monde. Ô toi mon Amérique…
Où mon amour est roi et mon royaume unique…

Mais ne lui offre que cinéma et frites chez Eugène.

Le second vers se retrouve dans Ne me quitte pas qui s’inspire aussi de Marlowe (et du Titien, pour Danaë) à travers l’avalanche de présents qu’il dit vouloir faire à sa belle. Chez lui, il ne s’agit pas de conquérir, mais de conserver l’aimée :

Moi je t´offrirai/Des perles de pluie/Venues de pays/Où il ne pleut pas.
Je creuserai la terre/Jusqu´après ma mort/Pour couvrir ton corps/ D´or et de lumière.

Je ferai un domaine/Où l'amour sera roi/Où l'amour sera loi/Où tu seras reine…

Le condottiere et courtisan élisabéthain Sir Walter Ralegh (1552-1618) entre bientôt en lice et publie, vers 1600, The Nymph’s Reply :

Réponse de la nymphe au berger

Si le monde entier, si l’amour étaient jeunes,
Si de chaque berger la langue était vraie,
À l’idée de ces délices je dirais
Entre dans son cœur, sois sa part de bonheur.

La saison ramène au bercail les troupeaux,
Quand montent les eaux et refroidit le roc,
Philomèle alors a cessé de chanter ;
Le monde se plaint que les temps seront durs.

Les fleurs se fanent, la terre à l’abandon
Au fol hiver est maintenant redevable ;
Miel sur la langue, amertume au fond du cœur
Font printemps aux pensées, automne aux tourments.

Tes robes, tes souliers et tes lits de roses,
Ta coiffure, ta tunique et tes bouquets
Seront bien vite usés, flétris, oubliés :
Fleurs de déraison meurent dans la raison.

Ta tresse de chaume, tes jets de lierre,
Tes fermoirs de corail, tes cabochons d’ambre,
Ne m’appâteront pas : je ne dirais pas
Entre dans son cœur, sois sa part de bonheur.

Pourquoi alors parler de plats raffinés,
De viandes plus dignes d’un festin céleste ?
Vanité que cela. Il n’est bonne chère
Que ce que Dieu bénit, met sur notre table. ((Strophes apocryphes pour certains))

Si jeunesse durait, amour ne mourait,
Joies ne cessaient, vieillesse ne mendiait,
Par ces délices appâtée, je dirais
Entre dans son cœur, sois sa part de bonheur.

John Donne (1572-1631), le plus grand de tous, se fait roi pêcheur, saisit l’appât et nous offre The Bait, publié seulement après sa mort, comme tous ses poèmes, mais datable de l’époque de ses amours (1601) et dont on peut, à tort, croire qu’il inaugure la série présentée ici :

Le vif

Entre dans mon cœur, sois ma part de bonheur :
À des plaisirs nouveaux nous irons goûter,
Nos grèves seront d’or, nos rus de cristal,
Nos crins seront soie, nos hameçons argent.

Là, nous entendrons le babil de l’eau vive,
Que plus réchauffent tes yeux que le soleil.
Les poissons y seront d’amour si transis,
Qu’ils nous supplieront de pouvoir se livrer.

Lorsque tu nageras dans ce bain de vie,
Chaque poisson, libre d’aller à sa guise,
D’amour ravi, viendra vers toi, plus heureux
Par toi d’être pris que toi de le ferrer.

Si tu n’as par lune ou soleil nulle envie
D’être vue, tu occultes l’un, ombres l’autre,
Et si permission de voir m’est donnée,
C’est à ta lumière : d’eux je n’ai besoin.

Les autres peuvent bien geler à leur ligne,
Jambes écorchées par les joncs, les coquilles,
Ou bien, sournois, forcer les pauvres poissons,
Leur tendre collets ou les prendre à la nasse ;

Des mains hardies et grossières peuvent bien
Les dénicher sous la vase de la berge,
Des mouches de soies traîtreusement montées,
Ensorceler l’œil de malheureux errants ;

Mais toi, peu te chaut appât de telle espèce,
Car tu es pour toi-même ton propre vif :
Et tel poisson qui ne s’y laisserait prendre
Serait, pour mon malheur, bien plus fin que moi.

Omettons nombre d’autres, contemporains ou non, et passons à quatre parodies des XXe et XXIe siècles (sur une trentaine). Dans ce cas, la rime apporte la dose de sel nécessaire et indispensable.

Franklin Pierce Adams, poète américain (1881-1960) publie en 1912, (libre de droits) : The Passionate Householder To His Love.

Le maître de maison amoureux en mal de cuisinière

Venez sous notre toit faire la cuisine,
Régalez-nous de toutes les fantaisies
Que produisent les fourneaux des Bécassine,
De Berlin, Dublin, Stockholm ou Varsovie.

Vous pourrez sur le perron, assise là
Lorsque nous ferons la soupe à notre tour :
Au son de mélodieux pianolas
Vous ravir l’ouïe de nuit comme de jour.

Les lits resteront notre affaire bien sûr.
Une dame vous frisera la perruque,
Vous conduirez un cheval et deux voitures,
De Madame vous partagerez les frusques.

Vos robes seront de dentelle et satin,
Vous vous ferez des ablutions lactées.
Pour votre santé viendront deux médecins.
Lundi, mercredi et vendredi, congé.

Pour éplucher des patates irlandaises,
Vous porterez de superbes tabliers,
Et s’il se faisait que notre offre vous plaise
Venez en cuisine dans notre foyer.

Notre porte n’est interdite à personne,
Nous l’ouvrons au glacier, à la police,
Jamais de tic-tac, point de réveil qui sonne
Pour vous réveiller à la demie de six.

Ô Gretchen, Bridget, Hulda ou bien Marine,
Venez, vous serez le génie du foyer.
Venez sous notre toit faire la cuisine
Si notre proposition vous agrée.

-

Puis la grande crise passe par là.

Cecil Day-Lewis, anglais (1904-1972), publie en 1935 (?), sans titre :

Entre dans mon cœur, sois ma part de bonheur,
En paix, abondance, sur table et au lit,
Tout plaisir alors nous pourrons approcher,
Que nous permettra le boulot décroché.

Je déchargerai des douceurs sur les quais,
Tu regarderas la mode de l’été :
Le soir au bord de l’eau rancie du canal,
Peut-être entendrons-nous quelque madrigal.

Ton beau front de vierge sera couronné
De rides et soucis ; chaussure à ton pied
Sera de douleur ; nulle robe de soie,
Mais rude labeur ta beauté vêtira.

Tu te mettras l’humble ceinture de faim
Qui privera la mort de ton embonpoint :
Si, demain, ces délices te font envie,
Entre dans mon cœur, sois ma part de bonheur.

Avec l’aimable autorisation des curateurs : Estate of C. Day-Lewis.

 

* * *

 

Deux contemporains : une Américaine et un Américain.

Kate Bernadette Benedict, contemporaine. Adapté de l’original Atlantic City Idyll 2003. (Avec l’autorisation de l’auteur.)

Idylle à Deauville

Viens jouer avec moi, viens me porter bonheur,
et du gin-citron vert m’offrir l’aigre saveur.
Nous irons dénicher la poule aux œufs d’argent,
nous lancerons les dés, ferons la nique au temps.

Nous jetterons un jus, tout couverts de paillettes,
nous aurons du néon jusqu’au fond des mirettes.
Nous jouerons en crâneurs chics, rupins dans l’ambiance,
nous pousserons le brame de la jouissance,

nous flamberons jusqu’à notre dernier jeton,
notre dernière carte et dernier biffeton.
Nous boirons jusqu’à l’aube et entendrons l’effroi
Du barde suave qui a perdu sa voix.

Muse, avec moi, sur les planches, viens et m’inspire
vanité de l’espoir et folie du désir.
Nous y verrons à l’œuvre la belle de nuit
et le bandit manchot tourner l’orgue de barbarie.

 

* * *

Michael Silverstein, satiriste politico-économique, romancier.

Adapté de l’original A Passionate Congressman To His Constituents, 2008, avec l’autorisation de l’auteur.

Le député en mal d’électeurs

Soutenez mon programme et votez pour moi,
Si je passe aux prochaines élections,
Agir avec courage sera ma loi,
De vos intérêts je serai champion.

Le déficit public sera enrayé,
Le moindre dérapage sera exclu ;
Vos impôts seront strictement verrouillés,
Même en cas de progrès de vos revenus.

J’abolirai le ticket modérateur,
L’accès de tous aux soins sera garanti ;
Vous aurez beau être le pire emmerdeur,
Je serai aux petits soins pour vos phobies.

Si les terroristes font des attentats
Je les traquerai, je riverai leur clou ;
Les PDG mettront leurs comptes à plat,
Ou devront payer le prix de mon courroux.

Je serai attentif aux besoins de tous,
De la mère au foyer au vétérinaire ;
Malheur à qui trafique des drogues douces,
Mais pour vous, bien sûr, ce n’est pas mon affaire.

Mon adversaire ne vend que du pipeau,
Il n’a jamais tenu la moindre promesse.
Ne faites pas confiance à ce barjot,
Votez pour moi, votre entregent m’intéresse.

 

* * *

Et, pour finir, retour aux sources. En 1671 une publication anonyme, Westminster Drollery/ies, avait donné The Wooing Rogue, peut-être la première parodie goliardique de notre thème, et qui se chante sur l’air de My Freedom is all my Joy ou I am a Poor and Harmless Maid (1660). Partition non détectée. 

Le pendard paillard

Ouvre-moi ton cœur, aie la cuisse légère,
Viens avec moi dans la rue crier misère,
Nous aurons une haie pour nous épouiller,
La botte des bedeaux pour nous réveiller.
Et s’ils nous prenaient notre part de bonheur,

Tu deviendras putain, je serai voleur,
Tu deviendras putain, je serai voleur.

Si tu sais dérober, moi j’irai voler,
De rôts bien gras nous aurons riche tablée,
De pain blanc garni chaque jour que Dieu fait,
Jamais rassis, jamais moisi, toujours frais ;
Le midi et le soir nous prendrons belle cuite.

Vienne la nuit et que l’amour nous habite,
Vienne la nuit et que l’amour nous habite.

Un jour toi et moi nous aurons la jetouille
Et il nous faudra bien changer de dépouille,
C’est presque de peau qu’il faudra que l’on change
Si l’un et l’autre la vérole démange ;
Linge blanc nous volerons à l’étendage,

Et nos vieilles hardes laisserons en gage,
Et nos vieilles hardes laisserons en gage.

Du temps que j’étais jeune et ignare en amour, les gamins que nous étions avaient le billet doux anonyme et se fendaient, dans l’enveloppe non timbrée adressée à la belle, d’un laconique : Si ton cœur aime mon cœur comme mon cœur aime ton cœur, donne cent sous au facteur. C’était jeune et ça ne savait pas.

Tous les originaux se trouvent en ligne. Bonne pêche !

Extrait de ce qui se voudrait une étude exhaustive du thème qui recense, à ce jour, une cinquantaine d’avatars.

 




Les cahiers du sens, 2017, n° 27

Chercher du sens à Les cahiers du sens n’est pas la moindre entreprise, d’autant que le mot sens en a d’évidence plusieurs. Nul n’y peut rien. Ce foutu mot-là, slalome entre la direction (d’Ouagadougou à Ostende) et la signification (de l’insignifiant au supersignifiant du surdoué mental). 

Ces cahiers du sens – et non les cahiers des sens – traitent d’un thème capital,  L’inaccessible, avec une quasi certitude que personne n’y accèdera puisque, de toute façon, ce n’est pas le but. Au demeurant, cette non-accessibilité singulière a pour gonfalon la citation de Brel « partir où personne ne part » (et non d’où personne ne part). Alors pourquoi et comment partir pour un voyage résumant l’année 2017 qui ne part ni ne va nulle part ?

Les cahiers du sens, 2017, n° 27, Edition Le nouvel Athanor, 248 p., 20 €

Les cahiers du sens, 2017, n° 27, Édition Le nouvel Athanor, 248 p., 20 €

Une tâche redoutable. Au total 106 auteurs – total approximatif non garanti vu les doublons - répartis dans les rubriques « anthologie, lecture, voyage » et dont 22 par ordre alphabétique se situent hors rubrique (ce qui signale sûrement quelque chose comme le vrac, le hasard, le résidu, l’inclassable). Il est vrai que l’éditeur Le nouveau Athanor ((Athanor, four de l"alchimie.)) revendique la publication de la « culture marginale » en divers domaines (philosophie, poésie, astrologie, etc.). C’est donc cette « recherche » dans les marges, au sens où elle n’accède généralement pas à aux « circuits sociaux et économiques traditionnels » (dont probablement la publication) que nous explorerons volontiers.

Faute de pistes tangibles, errons d’abord en lecture, avant de choisir des escales arbitraires tous les 20 kms (autrement dit toutes les pages multiples de 20, à commencer par 20). Des bornes éventuelles sur la route de cette promenade dans l’utopie.

Escale 1, page 20, chez Eric Désordre, Il est parti, je vais venir. Son inaccessible est un chemin vécu à travers la mort du père par « protocole » (euphémisme pour ne pas dire euthanasie) et dans une version Roberto Benigni (sans doute La vie est belle). Le fils récupère ce qui reste du mort-fantôme (sacs plastique et fauteuil roulant). Or un mort est mort et il repose « de l’autre côté » du monde. Le fils n’ira pas jusqu’à la chambre froide.

Escale 2, page 40, L’inaccessible étoile. Alain Noël poursuit un chemin mystique qui va d’un Jean à l’autre (de l’Evangéliste à Saint Jean de la Croix) en s’arrêtant à Saint Matthieu. Il cherche à « être en état d’apesanteur », autrement dit à être « rien de rien » (dixit Montée du Carmel) car dans le Rien se cache le Tout.

Escale 3, page 60 (commencée page 59), L’icône pour appeler et veiller l’inaccessible, Anne de Commines cherche « le rythme spectral » de cette l’image  particulière qui facilite « l’accès au divin ». Nous « habitons le Mystère », enveloppés de silence. Là advient la poésie.

Escale 4, page 80, Un début d’éternité est un poème d’amour filial d’Anouk Berthier. La fillette se réchauffe « au bois des bras » de son père. Tous ses souvenirs ont été protégés par celui-ci, auquel elle tend la main « pour prendre désormais sa place ».

Escale 5, page 100, Ségeste. Annie Coll s’interroge sur ce temple dorique dont « l’épure géométrique »… « distille les veines des collines » siciliennes. Quel inconnu en a conçu la forme ?

Escale 6 page 120, Le temps qui passe de Dominique Fabre. Le temps porte justement « les habits du temps qui passe ». Exception sociale notable dans un poème, un « ouvrier » sans âge ni prénom y paraît « le dimanche ».

Escale 7 page 140, D’entières larmes. Martine-Gabrielle Konorski ressent des « douleurs » imprécisées. Elle se laisse hanter par ce « vide muet, sans couleur et sans nom » qui lui est un « compagnon d’impatience ».

Escale 8, page 160, La crèche suburbaine. Pascal Mora évoque la naissance dans un « monde ancien »  de toute forme de vie : enfant, jardin, violettes, rosée, arbres, souffle, rumeur, beauté. A l’image de ces créations, « nous sommes des âmes dans ces corps ».

Escale 9, page 180, Villes de Michel Politzer. L’auteur entame un périple dans des villes que la destruction a mué en mythe (Troie, Carthage, Guernica, Oradour, Hiroshima, Alep) Il en appelle aux « tribuns » « aux mots acérés » afin de « brocarder les puissants ». Il ne veut pas laisser « sombrer l’avenir des hommes sous les ruines d’Alep »

Escale 10, page 200, Dialogue volé à Stéphan Sweig. Maïté Villacampa évoque la rencontre d’un homme et d’une femme en attente de dialogue. La femme, extraite d’un roman de Sweig invite l’homme à lire le roman. Une situation à la Handke !

Escale 11, page 220, Nicole Sauvage, ancienne élève de Marie-Claire Bancquart, a lu son Qui vient de loin ? (Castor astral, 2016). En cette poétesse si « humaine » règne la « sagesse et l’humilité ».

Escale 12, page 240, Là-bas. Monique Leroux-Serres voyage dans l’île de la Réunion. Elle croise, sur ce lieu envoûtant, la célèbre citation de Baudelaire et des haïkus de Chiyo-ni.

Escale.., page 260. Enfin. Elle est la page qui n’existe pas. Elle est donc parfaitement, totalement, définitivement Inaccessible. Ouf. Elle est finalement le vrai lieu de cette revue thématique, peut-être même sa raison d’être. Voila qui évite de faire la synthèse entre les inaccessibles si diversifiés des écrivain.es présent.es dans ce laboratoire d’édition! Ont-ils trouvé le « langage universel » rêvé par la franc-maçonnerie ? Ils semblent au moins progresser – ou cherchent à le faire - sur leur chemin initiatique.




Le Journal des poètes 2, 2017, 86e année

Entamer la lecture de ce Journal des poètes déjà consulté par une autre amatrice de poésie ((Marilyne Bertoncini)) est une expérience insolite. Impossible d’ignorer les traces manuscrites de cette première lecture. Elles font comprendre à quel point chacun porte un regard singulier sur cet univers éminemment subjectif. De ces traces émerge un attrait puissant pour le poème, cette « émotion que vous ne pouvez trouver que là » (Pierre Reverdy) et qui nous plonge « au cœur de la rencontre » (Philippe Mathy). Un poème qui « transperce en nous/les murs, les os, la pierre et la chair/et nous change » (Yorgos Thèmelis). Merci de cette porte d’entrée, Mme Marilyne.

Le Journal des poètes, 2, 2017, 86e année, 10€

Le Journal des poètes, 2, 2017, 86e année, 10€

S’abandonner à la quête thématique du « dossier » invite à pénétrer à mots feutrés dans l’ordre d’une «  lumière » poétique à la grecque ((Rappelons la sortie de trois ouvrages liés à cette terre qui suscita tant de pensées philosophiques que poétiques : Poètes grecs du 21e siècle (vol 5) ) choisis, traduits et présentés par Michel Volkovitch, Le miel des anges; La Grèce de l'ombre (2), Chansons rebètika, traduits du grec par John Taylor & Michel Volkovitch, Le miel des anges; et Costas Karyotàkis, Je veux partir (poèmes et proses), traduit du grec par Michel Volkovitch, Le miel des anges .)). Comment se réfracte-t-elle dans l’esprit des trois poètes.ses sélectionnés, présentés et traduits par Bernard Grasset ? Sont-ils tentés par une harmonie réconciliant nature et culture ? par une alliance entre culture grecque « ancienne et moderne » ? par… Il y a d’abord l’évidence des photographies en noir et blanc (Y. Verniers) qui rythment le dossier. La lumière diffuse pénètre d’abord les failles de l’ombre en des collines chutant dans la mer, puis sur des barques essaimant au hasard des vagues, et enfin entre les colonnes d’un temple au crépuscule (je crois reconnaître celui de Poséidon dans la magie du cap Sounion). Il y a ensuite les luminescences et les brasillements inhérents aux poètes.ses qui les inscrivent dans l’Hadès ou sur le Pnyx, et dans la foulée de Tirésias ou d’Eukrate. Ceux d’Olga Votsi qui, en plein effroi devant un cétacé, perçoit « un Ange de Lumière », tandis qu’elle porte seule « le poids » de cette lumière recueillie en « flocon ». Elle qui, dans les « incandescences  de la vertu » a des «entrailles » prêtes à « s’embraser » et porte dans le cœur des « traits de lumière » semblables aux ailes d’hirondelles. Ses poèmes sont souvent hantés par des ailes d’aigles qui se déploient sur les pages. Pour Yorgos Thèmelis, c’est la  Poésie qui est lumière, une lumière «d’une autre clarté, puissance d’un autre soleil ». Elle « n’est pas lumière », mais est un « poignard brillant » qui « sépare la chair de l’âme ». Son irruption « transfigure » le poète : « Je flamboie ». Même les aveugles « aux yeux qui ne voient pas » se muent en guides – dont Tirésias - « à l’origine de la lumière ». La poétesse Jeanne Tsatsos  cherche, elle, une vérité. Le soleil « mélancolique » « peine à sillonner l’univers », « avant de céder la place au silence de la nuit ». Sa lumière est en « notre sang » : elle est politique. Sur la colline du Pnyx, elle la regarde « briller, se voiler, disparaître dans le calme de la nuit ». Sur la stèle d’Eukrate, la foule (dont elle fait partie) écrira un seul mot « démocratie ». Généreuse, Jeanne dit enfin de « l’amour » qu’il est lumière qui « a transpercé la nuit».

Ainsi la lumière en ce XXème siècle hellénique secrète d’autres forces, personnifiées en ange protecteur, ou symbolisant la poésie ou la politique (démocratie). Loin d’être un transport pur d’énergie sans matière, elle est ainsi transfigurée. Elle devient une vision mentale du poète ou de la poétesse, l’expression de l’idéal dont il/elle est porteur.se. Ainsi diffractée, elle se réfracte en nous avec une clarté convaincante, dans toute l’émotion de la beauté.




Laurent Albarracin, Cela

Enfin un recueil paru chez Rougerie imprimé au plomb : j'adore le foulage ! Ce recueil de Laurent Albarracin est composé de petits pavés de prose qui traquent le réel, qui essaient de le dire le plus précisément possible. Car le défi lancé à la poésie est là : comment dire cette réalité ? Et ce n'est pas un hasard si je rapproche le côté technique et le côté écriture poétique… C'est la même matérialité qui est en jeu.

Cela se situe dans le prolongement du Grand chosier qui évoquait Le Parti pris des choses de Francis Ponge, le chosier était un recueil de choses identifiées par le poème car Albarracin essayait de capter les choses par les moyens de la poésie c'est-à-dire par les moyens de cet objet fait de mots assemblés singulièrement qu'on nomme poème. Laurent Albarracin s'intéresse aussi bien à des notions plus ou moins abstraites qu'à des objets, encore que les deux soient des choses concrètes. Et le mot cela court d'un texte à l'autre, ce n'est pas rien car Laurent Albarracin veut capturer l'essence de ces notions ou de ces choses réduites à elles-mêmes. Cette évidence débouche sur ce que remarque Albarracin : "…si ce que cela désigne et montre est cela, n'est que cela, cela est autant caché  par cela que révélé" (p 11) : le poète peut philosopher ! Cela ne va pas sans jeu avec les mots (p 15), ou tautologie :

Laurent Albarracin, Cela, Editions Rougerie

Laurent Albarracin, Cela, Editions Rougerie

Ce qui se passe avec ce qui se passe, c'est  que ça tombe parfaitement, ça vient à propos, ça vient avec le constat que c'est bien ça… (p 13)

C'est que Laurent Albarracin est à la recherche de la coïncidence entre la description et l'objet décrit ; d'où le choix de la prose et la forme du poème.  Le son devient visuel :

ces cris de craie noire dans le soir du ciel (p 19)

Le réel est infranchissable, serait-il un obstacle au sens ? La fonction du poète est alors de  "se tenir sur le promontoire démoli, dans la frange mangée, dans l'entrave détruite de cela" (p 27) : de quoi trouver le réel, de le faire apparaître par les mots. Vers le milieu du livre, deux poèmes se contentent de décrire (la neige et les fleurs dans la cuisine) : ils dévoilent que Laurent Albarracin abandonne son approche linguistique (les mots cela et ça sont étrangement absents). Même s'il s'intéresse aux choses en elles-mêmes :

La lampe est cela, bien sûr. Elle est cela parce qu'elle est cela doublement. En effet elle est la lampe et elle est la lampe est (p 57)

Retour à la tautologie ? Pas si sûr car Albarracin se préoccupe de la réalité du réel…

Qu'on le veuille ou non, qu'on apprécie ou pas sa démarche, Laurent Albarracin se livre à une entreprise salutaire…




Un américain à Séville : Annexe 1

BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE illustrée
et abréviations 

 

Contrairement à ce que peuvent laisser croire diverses notices, l’œuvre littéraire de David George reste quasi virtuelle une décennie après son décès. Outre The Flamenco Guitar (DGfg), ci-dessous mentionné, seul un recueil de poésie a été publié, à titre posthume et à compte d’auteur par Lisa Larrabee : Things of the Sea Belong to the Sea, iUniverse, Inc, Lincoln, Nebraska, 2007 (80 poèmes). La moisson est maigre en comparaison avec les titres annoncés, notamment et avec force détails, dans DGfg, p. 135 :

The Gypsy with the Green Guitar - A Flamenco Study, annoncé comme publié dès 1969, avec nom d’éditeur et immatriculation à la Library of Congress (([1]Il existe deux exemplaires d’épreuves de cet ouvrage dans les documents retrouvés. L’un incluant les originaux de 13 illustrations (dessins) par John Fulton. L’un relié, l’autre non. Que s’est-il passé ? Voir Le Gitan à la guitare vertePréface.Nous n’avons pas réussi à en avoir communication. Le titre, enregistré à la BN espagnole sous le numéro 432110970, y est attribué par erreur à David J. George, autre auteur, spécialisé dans le théâtre espagnol.) ; (DGgg )

The Andalucian Gypsy - An Intimate Study : « Livre consacré aux Gitans » ;
Flamenco and Gypsy Flamenco : « Origine, évolution et signification du flamenco… » ;
From the Caves of the Gypsy Flamencos: « Recueil de nouvelles » ;
The Dark Eclipse: « Roman dont l’intrigue se situe à Almería » ;
The Red Earth : « 90 poèmes andalous » ;
One by One the Oranges Fall: « Poèmes » (([1]Voir sonnet 106.))
Selected Andalucian Poems…. : « Édition bilingue espagnol/anglais ».

 

*

 

The Poet’s Eye… (67 titres, 125 sonnets), prévu chez Pigmy Forest Press et annoncé dans JAM dès 1998 (([1]JAM: An Anthology, Cedar Hill Publications, Mena, Arkansas, 1998, où figurent 27 sonnets autour du thème ‘Van Gogh In Arles’. Une notice passe-partout nous dit : « …Widely published in Europe and America…(David George) divides his time between Sacramento, Madrid and Zaragoza. »)),ne dépasse pas le stade de la dactylographie pendant près de quatorze ans avant qu’un projet de publication ne refasse éphémèrement surface en 2012 grâce aux efforts de Margaret Foster Anderson qui se proposait de le publier à compte d’auteur, ainsi qu’une autre série de sonnets intitulés Day of Wrath, Day of Mourning: The Art of War.On lit, dans sa préface aux poèmes flamencos traduits dans ce recueil : « (David) George has written several novels recently : Van Gogh,My Father,Murder at the Crocker, » ainsi que The Buffalo Doctordont la parution était annoncée pour 2003. Rien n’a paru. Et bien des préfaces, préfaciers ou éditeurs cités semblent ne plus faire partie du décor. On trouve aussi mentionnés, tout aussi fantomatiques : The Death of Dolores Molinos, illustré par John Fulton et The Flamenco Dancer, The Gypsy Singer, Blood and Sand. Derrière ces titres se cache peut-être le contenu de certains des poèmes traduits ici ou qui auraient dû paraître dans The Gypsy with the Green Guitar ((Voir Le Gitan à la guitare verte —Préface. Et aussi sonnets 192, 193, 221.)). 
Si ces ouvrages en prose ont disparu ou n’ont jamais dépassé le stade du projet, il y a quelque 6000 poèmes en attente, à ce jour.

 

*

 

On apprend aussi qu’« à la demande de la famille de Manolito », David George aurait écrit « en trois jours et trois nuits sans discontinuer » et fait tirer à « 400 exemplaires » une Lamentation for Emmanuel  An Elegy on the Death of The Gypsy Flamenco Singer Manolito María (([1]Ils n’entrevoient le jour que 22 ans après la mort de Manolito. Nous disposons d’un exemplaire, 40 pages, linotypé sur papier archives, cousu main, Sacramento, Californie, Wooden Angel Press, 1987. 200 vers environ. Introduction de Kathryn Holwein. Préface et notes de David George. 3 illustrations plutôt naïves (D. Woodard ?). Numéro ISBN mentionné, non enregistré. Livre présenté lors d’une conférence de David George, le 25 avril 1987, à Sacramento, sur le thème du flamenco, avec enregistrements et diapositives. Traduit ici sous le titre : Lamento.Cetteélégie à Manolito, est annoncée dans le catalogue de l’exposition photographique montée en 2008 à partir de clichés retrouvés (voir ci-dessous). Son fils écrivait alors : « Publier et distribuer Lamentation for Emmanuelsera notre tâche dans les mois qui viennent, grâce aux fonds recueillis lors de cette exposition. Si le projet vousintéresse, contactez nous : www.portraitofandalusia.com .» Si Manolito a laissé au moins une fille et un petit-fils (([1]Sonnets 86, 116, 177, 179 et 191. Lamentation for Emmanuelest toujours dans les limbes.

 

*

 

À CONSULTER

En anglais, ouvrages disponibles sur le marché de l’occasion en ligne, originaux ou rééditions. Prix prohibitifs pour les éditions originales.

Donn E. Pohren : The Art of Flamenco, Madrid, Society of Spanish Studies, 1962/ Westport, Connecticut, The Bold Strummer, 1990. Nombreuses rééditions augmentées. (DPaf)
David George : The Flamenco Guitar, Madrid, Society of Spanish Studies, 1969/ Westport, Connecticut, The Bold Strummer, 2004 (([1]La page ‘Diego del Gastor’ du site El Arte de Vivir El Flamencoindique que pour le centenaire de la naissance de Diego (2008) fut présenté, lors d’une exposition à Morón « …Diego del Gastor, ouvrage de David George Vogenitz… ». Nous n’avons trace d’aucun ouvrage portant ce titre. (DGfg)

Les analogies de structure entre ces deux ouvrages sont troublantes. Leur contenu technique fait même double emploi. Nous n’avons pas fouillé cet aspect des choses et ne pouvons proposer d’explication probante. Hypothèse chronologique : dans une édition ultérieure (il y en a eu cinq en tout) de DPaf,Pohren a pu reprendre et remanier le traité de George sur la guitare, lui-même fortement inspiré par le Pohren de 1962. Le contraire manquerait de logique et poserait un sérieux problème, dont on ne trouve pas trace. Le débat reste ouvert. Il ne semble pas qu’il y ait jamais eu le moindre conflit entre DG et DP à ce sujet.

Donn E. Pohren :A Way of Life, Madrid, Society of Spanish Studies, 1979/ Westport, Connecticut, The Bold Strummer, 1999. (Histoire(s) de La Finca Espartero.) (DPwl)

Donn E. Pohren :Paco de Lucía and Family: the master plan, Madrid, Society of Spanish Studies, 1992. Page 64: Manolito et Diego del Gastor chez Pohren à Madrid, avant Morón(([1]Il y a un écho de ce passage, corroboré par quelques photographies, dans les sonnets 184-188.))

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En ligne uniquement :

www.dreamagic.com/poetry/pelta.html: ‘Elegy for David George Vogenitz’.

En espagnol

Mauror#17, 1° semestre 2006, Deux communications, pages 127-133 et 148-149.

En ligne :

 La Nueva Alboreá.

http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=la%20nueva%20alborea&source=web&cd=3&sqi=2&ved=0CDoQFjAC&url=http%3A%2F%2Fwww.juntadeandaluci
a.es%2Fcultura%2Fweb%2Fareas%2Fflamenco%2Fsites%2Fconsejeria%2Fareas%2Fflamenco%2Fcontenidos%2FDestacados%2FLa_nueva_Alboreax_revista_d
e_la_Agencia_Andaluza_p_29760&ei=yVgqT9WCGYXChAeP-5HKCg&usg=
AFQjCNEb73j-1F1VYN0AWVQXtLj-grL7og&sig2=xvZDaJzshfI2Roa9vZodDw

 

El Arte de Vivir El Flamenco.

http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=el%20arte%20de%20vivir%20el%20flamenco&source=web&cd
=1&ved=0CCMQFjAA&url=http%3A%2F%2Fwww.elartedevivirelflamenco.com%2F&ei=H7IrT7qOGYehOp-23JoO&usg=AF
QjCNENWJkg-YtXiKJHJXGFDP2O_ZeqkA&sig2=fi3W3xxqREjHP_XUvl2AJA

Quelques communications à l’occasion du centenaire de la naissance de Diego del Gastor (2008) ; diverses notices sur des sites de flamenco ; un entretien avec la fille de Joaquín el de la Paula: Rey de la soleá, par Manuel Martín Martín (1983).

 

En français 

David George : poèmes traduits, dans Europe#966, octobre 2009 ; Le Frisson Esthétique#8, novembre 2009, #12, janvier 2012, #13, été 2012 ; Temporel 12, octobre 2011 (en ligne) ; Peut-être, #3, 2012 ; Europe#1005-1006, janvier-février 2013 ; Temporel 15, avril 2013 ; Le Frisson Esthétique#12, 13, 14 2012-2013. Traduction Jean Migrenne.

J.P. Clébert :Les Tziganes,Paris, Arthaud, 1961.

 

En anglais-espagnol

The Flamenco Project, Una ventana a la visión extranjera, 1960-1985. Ouvrage collectif sous la direction de Steve Kahn : Séville, Cajasol, 2010. (SKfp)

 

Installation Photos – Flamenco Project – SEVILLA.

 Flamenco Project Images and Photos (Gallery).

L’ensemble de l’exposition est maintenant déposé à Morόn de la Frontera, à la Fondation Fernando Villalón. Une partie a été présentée à Nîmes à l’occasion du festival 2014.

En complément au texte du livre :

https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=2&cad=rja&ved=0CDkQFjAB&url=http%3A%2F%2Fwww.flamencopr
oject.com%2Farticles_e.html&ei=5GXOUoWsFcnG0QWgkYDwCQ&usg=AFQjCNFbA6QZl_PB22UCbTk5KFsFo1rIug

 

Aux U.S.A.

A Portrait of Andalusia : Exposition de clichés de David George, San Francisco, 2008.

 

*

 

LE CADRE ET L’AMBIANCE

Washington Irving: Tales of the Alhambra, 1832. Ainsi que le livre-guide édité en français (et autres langues) par la Junta de Andalucía : La Route de Washington Irving – Itinéraire culturel Européen, 2000.

George Borrow (1803-1881) : The Bible in Spain, 1843. (en particulier les chapitres 9, 10, 12, 15, 16, 17) ; et, éventuellement : The Zincali, 1841, Romany Rye, 1857.

José María Gutiérrez de Alba : La Tapada,Novela tradicional, Séville, 1846.

Federico García Lorca: Romancero Gitano, 1928.

–––––––––––––––––– : Poema del Cante Jondo, 1931.

––––––––––––––––––: Llanto por Ignacio Sánchez Mejias, 1935.

Manuel Álvarez López : Romances de Andalucia, Servicio Municipal de Publicaciones de Alcalá de Guadaíra, 1973-1983.

Juan Fernández Lacomba : La Escuela de Alcalá de Guadaíra 1800-1936 y el paisajismo sevillano, Alcalá de Guadaíra, 2002-2005.

Manuel Ríos Vargas : Festivales Flamencos « Joaquín el de la Paula », Alcalá de Guadaíra, 2003. (MRVff)

Francis Wollf : L’appel de Séville, Vauvert, Au diable Vauvert, 2011.

 David Fauquemberg : Manuel El Negro, Fayard, Paris, 2013.

 

*

 

VOIR

 Francisco Rovira Beleta : Los Tarantos, (1963). Chant du cygne de Carmen Amaya. Début d’Antonio Gades.

 Carlos Saura: Flamenco, (1995). Tourné dans l’ancienne gare de Cordoue à Séville. El Farruco y fait son numéro en compagnie de son petit-fils, Farruquito. D’autres grands noms se produisent, dont Chocolate, Paco de Lucía, Tomatito et la Fernanda de Utrera.

––––––––––– :Flamenco Flamenco, (2010) reprend le flambeau et témoigne de l’évolution du genre. Farruquito et Paco de Lucía y figurent.

Tony Gatlif : Vengo, (2000).

 

*

 

ÉCOUTER

 Outre les YouTube ® et autres bandes son ou vidéos en ligne, signalées ici ou non, et à défaut du contenu des bandes non exploitées actuellement en possession des ayants droit de David George et de Donn Pohren ou aux mains d’autres anciens de Morón :

Alcalá de Guadaíra en la Historia del Flamenco. 2 CD : MARITA 10 A114, disponibles en Espagne. Collection d’enregistrements avec textes, à partir d’archives privées inédites. Indispensable. Nous avons introduit dans cet ouvrage quelques-unes des pièces chantées ou récitées qui y figurent.

Canal Sur Flamenco Radio.

 

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LE BLOG

http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=casa%20pepe%20moron&source=web&cd=14&ved=0CD
UQFjADOAo&url=http%3A%2F%2Fpinchosdelciego.blogspot.com%2F2009%2F06%2Fpersonal-journey-
2.html&ei=FAHfTu_nA8GXhQfDrMSBBQ&usg=AFQjCNGCaacovdE3iXFPkXxXaCgjLVAUJQ&sig2=BWHnWLPYQGlHrLyKh6iVFQ

 

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WHO IS WHO SÉLECTIF

Les « El Gordo-La Paula », des Alcores :

El Gordo, (José Fernández Torres), à l’origine du genre dit Soleá de Alcalá, époux de La Paula (Paula Franco) qui aurait figuré aux côtés de Carmen Amaya. Huit enfants. Oncle de La Roezna. Grand-oncle de Juan Barcelona, (1906 – 1974)cantaor, fils de La Roezna.

 

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Ont marqué l’histoire du cante jondo d’Alcalá : Leur troisième fils : Joaquín el de la Paula(Joaquín Fernández Franco), El Rey de la Soleá, 12 02 1875 – 10 06 1933, oncle de Manolito et de Juan Talega, d’Alcalá de Guadaíra. Il n’y a pas, à ma connaissance d’enregistrement de sa voix actuellement disponible. Un de ses fils, Enrique, a créé la saeta d’Alcalá (([1]Le courant ne devait pas bien passer entre cousins et voisins : voir sonnet 29. Voir aussi, pour l’appréciation artistique le dernier alinéa du quatrième lien.))

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http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=38glASxrdk4

http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=_d_dtvYda0M

http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=RgVPmBCrhvw

http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=la%20roezna&source=web&cd=6&ved=0CFEQFjAF&url=http%3A%
2F%2Fwww.elartedevivirelflamen
co.com%2Fhistorias21.html&ei=ISNwT6e9LKeu0QWtvLiNAg&usg=AFQjC
NGYxzybb139s8mSw57rPkjZ6_UJ2A&sig2=XLq-gdTcHX7F1qIrTzwhlg

Leur petit-fils (fils d’Agustín, l’aîné) :Juan Talega(Juan Agustín Fernández Vargas) 1891–1971, de Dos Hermanas.

http://www.google.fr/url?sa=t&source=web&cd=1&sqi=2&ved=0CCgQFjAA&url=http%3A
%2F%2Fwww.juantalega.com%2F&ei=brxhTtuIFYaa-wbw4tybCg&usg=AFQjCNFkNFg7mN5HlWax11iPxqkS6zo1Yw

Leur petit-fils (fils de José, époux de Maria Cruz ‘La Fragua’, sœur du père d’Antonio Mairena) :Manolito el de María (Manuel Fernández Cruz), 14 07 1904 – 25 10 1966.

http://www.google.fr/url?sa=t&source=web&cd=6&ved=0CEoQFjAF&u
rl=http%3A%2F%2Fwww.elartedevivirelflamenco.com%2Fcantaores130.html&ei=BAflTZDHLIOz
hAe0x5jzBw&usg=AFQjCNFAUNz1v74xn-bP26iK_VKYYjMUdA

http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=Jy6ID_ZHox4

Le cousin Antonio Mairena (Antonio Cruz García), 07 09 1909 – 05 09 1983, de Mairena del Alcor. Seigneur et maître de tous les genres. Clef d’Or en 1965. Grand théoricien autant que praticien et vulgarisateur, a donné au flamenco puro (([1]Voir Soleáet Festivals.)) ses lettres de noblesse nationales et internationales. Le seul à avoir réellement écrit et enregistré.

http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=reKYUMC4rMg

 

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Les « cousins » Flores, Amaya et Montoya Diego del Gastor (Diego Flores Amaya) 15 03 1908 – 07 07 1973.  Le guitariste de Morón. Génie hors commerce à l’état pur. Son art et son nom survivent dans ses neveux et petits-neveux.

http://www.flamencoweb.fr/spip/spip.php?article94

http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=marita%20mtcd%2010%20a%20114&source=web&cd=2&ved=0CCcQ
FjAB&url=http%3A%2F%2Fwww.flamencoweb.fr%2Fspip%2Fspip.php%3Farticle117&ei=87WiTqCtNJDasgawg9mJAw&usg=
AFQjCNGQGfmDv7dqqOQ_in1rajX3K2YdHw&sig2=WbKz04Mw9imx_UReoFH54A

http://www.google.fr/url?sa=t&source=web&cd=16&ved=0CEUQFjAFOAo&url=http%
3A%2F%2Fwww.gypsyflamenco.com%2Fdiego.html&ei=hMcVTpDVHcnOswa4ruivDw&usg=AFQjCNH
tHi9U-CGSUp1gNwaWLWCGC8vxtQ

http://www.youtube.com/watch?v=Ti0AvRnVIms&feature=player_detailpage

 

Lola Flores(María Dolores Flores Ruiz) 21 01 1923 – 16 05 1995. La faraónade Jerez. Un grand-père Gitan. Homonyme.

http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=lola%20flores&source=web&cd=1&ved=0CDgQtwIwAA&url=http%3A%2F%2F
www.youtube.com%2Fwatch%3Fv%3D6dCJDk_e1iw&ei=L0IuTC6FMml0QWnv_CsCA&usg=AFQjCNGLFFkv5D
xA9AlpZuQvGh_WtxzFmg&sig2=Da-snSVKk-ciGdjHGs5Khg

http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=Lto14yDe5XA

https://www.youtube.com/watch?v=MQxcIwi4Pvg

El Farruco (Antonio Montoya Flores) 1935 – 1997. De Madrid. Phénomène de la danse. Ses descendants et sa famille perpétuent son nom et son art au plus haut niveau.

http://www.google.fr/url?sa=t&source=web&cd=12&sqi=2&ved=0CEsQFjAL&url=http%3A%2F
%2Fwww.andalucia.com%2Fflamenco%2Fdancers%2Ffarruco.htm&ei=a-72TYOYM4mmhAeu0NS
nDA&usg=AFQjCNEIwxxQetQwxuUim_L4BzrL6hEssg

 

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La danse hier

Carmen Amaya 02 111913 – 19 11 1963. Inégalable. Avec ou sans castagnettes.

http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=GP3Gho5qe4Y

http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=EwVODokMJYo

 

La danse aujourd’hui

Cristina Hoyos (Cristina Hoyos Panadero) 13 06 1946. Créatrice du Museo del Baile Flamencoà Séville. Voir notamment  Bodas de Sangre(1981) et Carmen (1983) de Carlos Saura.

 

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Les extranjeros d’hier

 John Fulton, 1933 – 1998. Américain, peintre et matador.

http://www.google.fr/url?sa=t&source=web&cd=1&sqi=2&ved=0CCEQFjAA&url=http%3A%2F%2Ffr.w
ikipedia.org%2Fwiki%2FJohn_Fulton_(torero)&ei=tO_2TabKKISChQev2aWFDA&usg=AFQjCNFDrdup4X5iSjh-227H_CzhHwJvTg

Donn Pohren, 1929 – 2007. Américain, guitariste, mécène du tablao Los Gabrieles, à Madrid (1964), puis de la Finca Esparteroà Morón (1965/6 – 1973/6).

http://antonicuevas.blogspot.com/2011/09/el-efecto-pohren-por-estela-zatania.html

Steve Kahn   1943 – 2018. Guitariste et photographe américain.

https://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&cad=rja&uact=8&ved=0ahUKEwiToc244NnWAh
XFCsAKHQ0BBnYQFggpMAA&url=http%3A%2F%2Fwww.flamencoproject.com%2F&usg=AOvVaw3oRpsyb0b03M7GRhxME41Q

http://www.foroflamenco.com/fb.asp?m=310894

George Krause. Photographe américain.

https://georgekrause.com/

 

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et d’aujourd’hui

Jean Migrenne. Traducteur

 

 

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Le monument d’Alcalá

Joachim de la Paula

Bernardo de los Lobitos

Antonio Mairena

Juan Talega