En ce modeste tercet, Mireille Gansel a tout dit : il faut goûter le temps, accueillir la beauté, qu’elle se tienne dans la rue Saint-Antoine, dans les hautes Alpes, au bord du Rhône ou dans la gare de Karlsruhe. Une lueur vient souvent opérer magiquement une métamorphose
et au soir
quand le soleil
brille à travers les nuages
la maison devient un vitrail
tu disais que c’est la plus belle heure
et c’était déjà au bord d’un fleuve
qui traverse des pays
en amont d’une île
aux grands arbres d’enfance
Ainsi le poème, comme la maison au bord du fleuve, s’illumine et nous invite à entrer.
Il va devenir en nous demeure secrète, familière, dont nous pourrons peut-être posséder pour notre propre vie la chaleur douce, la paix véritable :
il y a des maisons
qui sont un havre
une manière de poser une pomme
sur une assiette avec un couteau
quelques fleurs au bord de la nuit
offrir un verre d’eau
ne pas poser de question
franchir le seuil
ne pas être un étranger
Rares sont les livres de poésie qui permettent cette entrée aussi généreuse et apaisante dans un univers de beauté silencieuse. Celui de Mireille Gansel en fait éminemment partie et nous lui en sommes très reconnaissants.