Danielle Bassez, Contre-chant

« Il y a des livres qui fabriquent leur propre forme. Proses poétiques, fragments, récits auto-fictifs, explorations imaginaires ou essais non académiques : la collection Grands fonds récolte ces textes uniques en leur genre, qui ont en commun la puissance de la langue, la liberté de leur voix. »

(Quatrième de couverture)

 J’ai posé la main sur toi 
(...)
Je lis en toi à livre ouvert 

Tu t’appelles Elvire, ton nom (un prénom de théâtre) n’est prononcé qu’une fois, dans une réplique de A., ton amant, à celui qui fut ton mari, le père de tes enfants : « J’ai couché avec Elvire ». Sinon, tu es « tu ».

Ta vie ? Inachevée, sans œuvre, et pourtant accomplie. Et voici que A., Alex, l’Amant, le fidèle et le dévoué, l’enfant grâce à qui tu as osé « trahir » ta famille (et pourtant, l’ersatz, le succédané, l’Infidèle - c’est qu’il a 22 ans de moins que toi, « J’ai vingt-six ans, tu en as quarante-huit. » (P.21)), lit tes carnets après ta mort. Il croyait te connaître et te découvre autre, se découvre tout autre dans ton regard. Et voici qu’il fait de cette souffrance une œuvre, un récit qui chante, - mieux que toi-même ?... contre-chante plutôt, celle que tu fus, lumière et ombre.

Danielle Bassez, Contre-chant, Cheyne éditeur, 2022, 192 pages, 23 €.

Car tu es un personnage tragique, comme Phèdre, t’étant mariée par dépit avec un homme que tu n’aimais pas, après avoir vécu une passion impossible, être tombée enceinte de cet homme de l’Est que le rideau de fer t’empêcha de rejoindre. Tu te laisses enfermer dans cette vie familiale : « Dans cette affaire, tu es l’acolyte. Indispensable. Secondaire. Encensée. Accessoire. A côté (…) Tu regardes devant, très loin, quelque chose en toi. » Tu cherches ailleurs. Enfermée dans ta solitude, tes souffrances, tes passions, tes amours impossibles, la mort de tes enfants. Ces douleurs, tu ne peux les partager avec personne. Même pas avec A. Surtout pas avec A. Avec toi-même, seule, dans tes carnets. Pourtant, A. c’est ton Hippolyte « Charmant, jeune, traînant tous les cœurs après [soi] » (P.27) Tu l’aimes ainsi, d’abord, avant de déchanter.

« Et toi-même (comme) tu t’es perçue, équivoque, contradictoire, comme cette Pasajera, qui a envie de tous les hommes, de toutes les femmes qui croisent son chemin. Femme-delta. Mais après tout, as-tu conclu, les gens qui m’aiment, c’est cela qu’ils aiment. » (P.113)

Tu es bien une « Femme delta », une femme du Sud, tu viens d’Algérie, tu es cette étrangère qui portes « sur toutes les questions débattues un regard inhabituel. » (P.21) Pour A, tu es la mer et, aussi, la mère.

Récit à la fois simple, sobre, rempli de révélations et plein d’ellipses, où se côtoient prosaïsme et mystère. La si simple complexité d’une vie, les ambivalences si naturelles d’une âme. Le récit de détails et d’anecdotes qui complexifient. Comment la vie se mêle à la mort. Vous vivez avec A. une relation amoureuse non sans trahisons ni ambivalences, non sans mauvaise conscience ni intermittences du cœur.

Je t’aime, cela me suffit, te dis-je.
Je t’aime, cela ne me suffit pas, répliques-tu. 

Ce déséquilibre presque métaphysique entre « tu » et « je », leurs deux façons de vivre leur relation, nourrit l’ensemble du récit. Vérité et mensonges de la tendresse, cruauté, intensité de la passion, des rencontres, infidélités, absolues mais éphémères, poésie des souvenirs, parfois délicieux, parfois terribles. Et A., ce témoin avide de tout comprendre de l’Incompréhensible qui se déroule sous son regard. Cet amoureux sans condition qui t’aura accompagnée jusqu’à la fin. Qui t’aura observée, entendue plus qu’aucun(e) autre. Pourtant, chacun dans vos solitudes. T’a-t-il comprise, t’a-t-il trahie ? Pourquoi cherche-t-il tant à te comprendre ? À te cerner ? Phrases sèches et incisives, comme des lames de rasoir.

Tes amants sont des amants de rêve, de nuages, et dans les faits, ils sont peu nombreux. Dès qu’ils prennent chair et os, ils te déçoivent. En quelque sorte, tu mènes une double vie, dont les niveaux se superposent : celui de l’imaginaire, où poussent les fleurs de l’amour idéal, et l’autre que tu nommeras, sachant de quoi tu parles, la réalité rugueuse. (P.27)

Un récit naît de la douleur, un poème d’évidence et de mystère celui d’une vie qui n’est pas arrivée à se dire, ni à s’écrire. Qui finit par se dire et s’écrire, pourtant, grâce à un(e) autre. Un poème comme une tragédie est un poème. Toi, tu resteras pour toujours silencieuse, désormais. Tragique de ce qui se dit, de ce qui ne peut se dire, de comment on le dit ou ne le dit pas.

Tu élabores des plans, cherche (sic) un ordre. Classes des brouillons qui s’empilent. Y reviens, les transformes. Tu n’arrives pas à coudre ensemble toutes les pièces de ce roman. Tu te fatigues. Tu traînes derrière toi cette œuvre inaccomplie, comme un remords. (P. 136-137)

Il faut attendre ta mort

Tes carnets, il m’était interdit de les lire (…). Tu te méfiais de moi, à juste titre. J’étais curieux de ta vie, je voulais tout savoir (…), je les lis.

J’encaisse les coups. J’apprends d’abord que tu écris la nuit (…) Ainsi, je dors, et je n’ai rien senti. Je n’ai pas senti que tu ne dormais pas, que tu te levais, que tu t’installais à la table de la cuisine, à trois heures du matin, pour t’y délivrer de choses que tu ne pouvais dire en plein jour. (P.13-14)

Mais A. accomplit-il cette œuvre que ta vie porta sans pouvoir la réaliser, ou la trahit-il avec Contre-chant ? Qu’il ait lu ces carnets intimes et qu’il en ait révélé le contenu, qu’il en ait « compris » la portée, est-ce un accomplissement ? Il écrit moins pour toi que pour lui. Post mortem, il a dû se déshabiller de celui qu’il avait cru être, accepter cette douleur que tu lui avais cachée : qu’il ait pu te décevoir, que tu aies pu regretter d’avoir tout aban-donné de ta vie pour lui. « Je lis. Il me faut des jours pour m’en remettre. J’écris pour donner forme au torrent qui m’étouffe » (P.14)

Néanmoins, A. fait ton éloge, conte dans ses nombreux méandres ton histoire, qui est aussi celle, tragique, de l’Europe, une histoire pleine de bruit et de fureur, de rideau de fer et de liberté. Tu as vécu la guerre et la Résistance au Nazisme, les débuts des purges tchèques du communisme naissant, ton premier fils vient de là. Et tu deviens, avec ce Contre-chant, grâce à l’amour de A., un personnage, un symbole, un emblème, un mythe moderne ?

Un récit brûlant, haletant, puissant et sans complaisance, d’amour adulte.

Présentation de l’auteur

Danielle Bassez

Danielle Bassez est née à Châteauroux  en 1946. Après des études à l'École normale supérieure de Fontenay-aux-Roses et à la Sorbonne, elle fait la rencontre du professeur Yvon Belaval qui lui prodigue conseils et encouragements pour ses premiers essais littéraires. Agrégée de philosophie, elle enseigne actuellement dans la région de Grenoble.

© Crédits photos (supprimer si inutile)

Bibliographie

En 1992, Cheyne éditeur publie un premier texte, Tombeau, dans sa collection de proses inclassables : Grands fonds. Cette parution permet à l'auteur de recevoir une bourse d'aide à l'écriture de l'Agence Rhône-Alpes pour le livre et la documentation.
En 1995, publication par Cheyne éditeur de Vieilles, et bourse d'encouragement du Centre national du livre. Cette publication est bientôt suivie de la parution d'un court texte hors-commerce : La Jeune Fille qui dansait devant sa fenêtre.
Les Contes et légendes du Berry paraissent en 1997 chez Nathan.
Puis en 1998, toujours dans la collection Grands fonds de Cheyne éditeur, publication de L'Égarée.
Depuis, Danielle Bassez a publié Ecrits dans les marges en 2006 et Meurs encore en 2007 chez Cheyne éditeur ainsi que Le Chant du Klefte chez Castells éditions, et Contre-chant, chez Cheyne éditeur..

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Coralie Poch, Tailler sa flèche

La force de l’image-titre…

Et dès les premiers textes, l'émotion de reconnaître ce moment où la poésie agit.

 Je suis entrée par là
par le silence du cheval
par le verre à moitié vide
et j’ai reconnu le poisson
sur ton dos
 son œil ouvert
sur ma plus grande nuit. 
(…)
j’ai soulevé – c’était facile- la montagne
sa présence de mère
et j’ai pleuré. 

Coralie Poch, Tailler sa flèche, éditions La tête à l’envers, 2022.

Le lecteur est invité dans un univers qui semble chiffré, peuplé de signes récurrents - le poisson, le cheval, le sel, la montagne, la robe-. L’initiation à ce monde se fait par les images, alliances du concret et de l’abstrait, de l’onirique et du réel, du trivial et de l’étrange, marquées par  la tradition poétique qui a nourri l’écriture.

 J’irai dans l’écriture
entre deux oiseaux nus
tombant à pic
toujours sauve 
(…)

Ces rapprochements fulgurants ne relèvent pas du  procédé, mais caractérisent cette écriture qui nous fait accéder à son propre agencement du monde et à son ressenti charnel, dans la justesse d’une vision.

Tu mélangeras
les pluies et les mots sans savoir
on plantera notre infini ici
sur cette herbe sèche qui appelle tous les vents
(…)

Grâce au choix d’écarter la poésie narrative, ce n’est pas la perte d’un être essentiel, ce n’est pas le temps interminable d’un amour qui se défait, d’êtres qui se disjoignent, qui sont évoqués dans un discours, mais la souffrance crue, le tourment, qui sont donnés à éprouver par les flèches des mots. Vivre, c’est être un corps, qui endure, exulte, s’apaise, se fondant  dans les éléments du monde où il évolue jusqu’à se confondre avec eux. 

Mon corps s’est replié
coquille
tu ne sais plus me défaire
je fais l’équilibre sur les mains ne cherche plus
à te plaire mais je regarde quand même si
en bas de l’escalier
je m’entends dire :
la lumière qui reste
emporte-la. 

« Tailler sa flèche », n’est-ce pas le travail même du poète ? Affûter les mots, pour toucher le lecteur au plus juste, donner à éprouver son propre ressenti, plutôt que de raconter ou de discourir ?

L’arrondi du matin m’attendait
c’était le visage de ma mère
je me suis couchée dedans
toute nue 
(…)

-------------

Tailler sa flèche
au bord du lit
et n’avoir plus rien
à défendre
au bord du lit
jeter le mur par la fenêtre
(…)
tout ce qui vient de l’élan
nous suffira

Les phrases sont comme émises dans un souffle, portées par les vers courts, qui les déroulent jusqu’au bout de la strophe, dans le rythme d’une parole spontanée. Ce qu’il y a de vivant dans l’écriture - la voix, l’oralité-  est perceptible sur la page.

J ’écoute
ce qui en moi n’écoute pas les autres
et réclame
l’inverse d’une maison

un espace où passe le ciel

un cercle qui parle avec les vents. 

Les encres de Jean-Marc Barrier scandent les phases du recueil ; taches, traits et points inscrivent sur la page le jaillissement, et accompagnent  les trajectoires. En exergue, une citation de René Char, extraite des « Feuillets d’Hypnos », journal intime du temps de résistance, gardé longtemps secret, où sont tirées au jour le jour les leçons du vécu. « Dans nos ténèbres il n’y a pas une place pour la beauté. / Toute la place est pour la beauté. » Lui aussi porteur d’une « Leçon de ténèbres », le recueil  se place sous l’égide de cette formule. « Les mots sont des flèches qui nous aident à traverser le vivant, à être vivant » dit Coralie Poch. C’est dans cette violence, avec rapidité et précision, que sa poésie nous atteint. En plein cœur.

Présentation de l’auteur

Coralie Poch

Coralie Poch enseigne le français à Lodève. Elle enseigne le français à Lodève et coanime depuis plusieurs années l’émission de poésie les arpenteurs poétiques sur RPH et anime des ateliers d’écriture.

Elle a publié Le bruit des cailloux aux éditions La voix du poème en 2015, et Tailler sa flèche aux éditions La tête à l’envers en 2022 qui a obtenu en décembre 2022 la mention spéciale du Prix Rimbaud décerné par la Maison de Poésie/ Fondation Emile Blémont

© Crédits photos éditions La Tête à l'envers.

Bibliographie 

Le Bruit des cailloux, avec des encres de Laurence Bourgeois, éditions La Voix du Poème, 2014.

Tailler sa flèche, encres de Jean-Marc Barrier, Editions La Tête à l’envers, 2022.

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Liza Kerivel, Nos

Nos vies pressées

Trois lettres pour un titre de livre de poésie. Ce « Nos » un peu énigmatique nous renvoie au quotidien de nos existences. Liza Kerivel a pris le parti de la « jouer collectif ». En parlant d’elle, elle parle de nous tous (mais sans doute un peu plus des femmes), truffant son texte d’expressions bien connues de la conversation courante. On y entre, en tout cas,  de plain-pied.

Si l’on convient que « la forme dit le fond », alors on peut l’affirmer sans conteste pour ce livre. Les 65 poèmes présentés ici sont comme des blocs compacts, composés chacun de 8 lignes et demi très précisément. Pas de ponctuation, pas de blanc pour retrouver sa respiration. Manière sans doute pour Liza Kerivel (elle vit dans la région nantaise) de souligner la façon dont la vie nous happe et de pointer du doigt « le vertige de nos existences » comme le dit si justement Albane Gellé dans la préface de ce livre. Voici donc « nos semaines par-dessus la tête plus vite plus vite » ou « nos instants volés nos actes manqués ». Dans les mini-tableaux poétiques de Liza Kerivel (« précipités de réel », note encore Albane Gellé)  il y a toujours une forme d’urgence et cette conscience aiguë du parcours chaotique de nos vies : « Nos dédales de tournants décisifs pas encore décidés nos situations de plus en plus complexes à force de bifurquer nos labyrinthes de mini-torts… »

Ce qui fait profondément l’originalité de ce livre, c’est le recours par l’autrice à des formules bien connues de nos bavardages quotidiens. Indiquées en italique au cœur du poème, elles en sont en quelque sorte le pivot. Leur surgissement dans le texte donne finalement cette respiration et ce recul qui permettent de prendre une forme de distance (parfois matinée d’humour) avec nos existences pressées. 

Liza Kerivel, Nos, éditions Diabase, 80 pages, 12 euros.

« Nos entorses à la règle nos lésions faute de mieux nos corps meurtris mais peut mieux faire nos services de grands brûlés elle prend tout au premier degré de toutes façons nos vexations nos fractures ouvertes ». Ou encore ceci, filant la métaphore apicole : « Nos tailles de guêpes nos bourdonnements d’oreilles  elle a été piquée au vif nos reines d’un soir nos ouvrières en trois-huit… »

On pourrait ainsi faire un « inventaire à la Prévert » de  toutes ces phrases qui ponctuent nos vies et qui en disent long : « C’était une simple visite de routine », « vous cherchez un modèle en particulier », « mais ils se prennent pour qui ? », « j’ai coupé court à la conversation », « C’est moi ou il fait froid », « le pauvre avait totalement perdu le nord », « enchanté de faire votre connaissance », « tu vas me parler autrement »… Avec parfois, en toile de fond, une critique acerbe de nos « sociétés de l’indécence » et de nos « réseaux antisociaux ».

Cet inventaire des bruits de fond de la vie (après un Inventaire des silences publié en 2010 aux éditions MLD) n’est pas sans rappeler certaines intonations des poèmes de François de Cornière, ponctuant lui aussi d’expressions courantes certains poèmes de son recueil ça tient à quoi (Le Castor astral,2019). « Cette nuit tu as parlé en dormant », « J’ai pas été trop longue », « Il y a combien d’années déjà ? »… Mais la tonalité n’est pas la même chez les deux poètes. Il y a chez Liza Kerivel une forme de désenchantement. Beaucoup de « bagages trop lourds » de « trop pleins » de « fortes tensions ». Mais elle nous dit aussi, au passage, « Y a pas de quoi en faire tout un foin ».

                                                                      

Présentation de l’auteur

Liza Kerivel

Liza Kerivel vit près de Saint-Nazaire où elle exerce la profession de sociologue. 

© Crédits photos Presse Océan/M.C. © Archives.

Bibliographie

Depuis 2009, elle a publié trois ouvrages. Un recueil de nouvelles, Des équilibres, paru aux Editions L'Harmattan, puis aux Editions MLD,  deux romans courts,
Inventaire des silences et Métamorphose de la fuite et des saisons, Remonter les rivières.

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Florence Saint-Roch, Au bout du fil, encres de Maud Thiria

Pour présenter le sens de cette démarche d’une création à quatre mains tentant de conjurer l’oubli, la maladie et la mort, rien à ajouter à la précision délicate de la quatrième de couverture de cet ouvrage condensé à l’essentiel, resserré, sur un fil, ce fil d’humanité si fragile : « Ce livre est une composition à deux voix, une écriture au cœur de la maladie d’Alzheimer.

Au bout du fil, la mémoire d’une mère s’effiloche jour après jour. Pourtant, malgré l’éloignement des corps, le lien est encore là – vivant – cheminant peu à peu vers l’inutilité des mots. » La première, Florence Saint-Roch nous invite donc au plus intime de cette relation, puis, la seconde, Maud Thiria en explore tous les aspects avec profondeur, la poésie touchant ainsi à « l’expression nue de notre rapport à l’inéluctable oubli ».

Cette écriture en dialogue voit le passage d’une voix à l’autre, dont l’effacement de la première devient l’écho de la seconde, des textes de Florence Saint-Roch des pages 11 à 21 aux textes de Maud Thiara des pages 25 à 35, dont le poème liminaire de la page 11 donne l’enjeu crucial : « au bout du fil, une heure par jour et plus encore, ma tête occupée par l’oubli qui évide la tienne, je ne sais pas exactement à qui je parle quand je t’appelle, tu t’effiloches, t’embrouilles, confonds tout, vite, je redéfinis les paramètres, pour toi je refais le monde avant qu’il ne s’effondre pour de bon », ainsi le rendez-vous quotidien de l’appel téléphonique sonne comme un double appel, appel à la lutte contre la mémoire défaillante et appel au secours dans un monde qui vacille…

Florence Saint-Roch, Au bout du fil, encres de Maud Thiara, collection Poésie, Éditions Musimot, 38 pages, 12 euros.

Les textes suivants se tissent, se mêlent les uns les autres dans ce combat au jour le jour dont le contexte du confinement exacerbe le tragique : « confinement et maladie t’assignent à résidence, te ferment les portes à double tour, tu marches à pas comptés dans ton deux pièces, un rien te désoriente, t’enlève tes repères, pour te sortir de ton errance, en ce moment, je n’ai qu’une seule solution, composer ton numéro tous les jours ». La bienveillance de l’attention dans cet exercice de la lenteur fait de la toile de fond des habitudes, la trame où se rejoignent l’infime et l’intime pour mieux dire l’éphémère de l’existence : « depuis des lustres, grâce à toi, j’ai appris l’attente et la patience, pendant si longtemps je t’ai regardée de loin, jumelles ferventes ou lunettes d’approche, quand désormais tu me racontes ta vie en ses détails infimes, bouts de vaisselle, menues lessives, là, changement de focale, je t’observe au microscope »…

Du macroscopique au microscopique, ce « changement de focale » indique combien la vie est ténue, ne tient qu’à un fil, celui minuscule, à l’unisson de ces deux voix dont l’une cherche l’autre, dont l’une a pour mission de faire tendre l’autre à l’éveil, de venir la réveiller, de maintenir dans la conscience lucide, les noms et les choses, le savoir du mot juste qui fait que chacun, chacune se trouve à sa place adéquate, en vain, à peine avant que les termes perdent leur sens et que le silence de connivence s’impose : « sept jours sur sept, opiniâtre, fidèle au rendez-vous, je t’épelle, implacablement je te force à toi-même, je te redonne les noms et les choses, sachant que bientôt, il n’en sera plus question, tout sera oublié, nous serons dans la relation à l’état pur, nous n’aurons plus besoin de mots »…

Enfin, c’est sous la plume de Maud Thiara, l’image du cordon ombilical, symbole du lien de mère en fille comme de fille en mère dont l’écrivaine file la métaphore du rapport à la matrice au bout du fil téléphonique, en passant par les chemins, le labyrinthe ou le cordon littoral, vases communicants où la fille qui reposait jadis contre l’épaule de la mère, voit cette dernière reposer désormais contre son épaule, tant que dure la relation, et même au-delà des limites spatio-temporelles, dans ce lien indéfectible jusqu’à l’ultime murmure : « tu tiens la corde lourde / du temps et de l’espace / où les murs et les heures / infinis se rejoignent / sur vos cadrans lignés / méridiens de vos pôles / tu es / piste terre géomètre / aimant au cœur rougi / animant animal éperdu en sa course / d’un bout à l’autre du fil / votre cordon de chair / route de veines en tendons / vos vibrations de voix / échos désaccordés / jusqu’à ce qu’il n’y ait / plus mots / que / soupirs sources souffles / nus crus absolus »

Présentation de l’auteur




Matthieu Lorin, Souvenirs et grillages suivi de Proses géométriques et Arabesques arithmétiques

Il n'est pas si aisé de rendre compte d'un ouvrage singulier, car assurément le livre de Matthieu Lorin l'est. C'est à dire étonnant, remarquable. Le titre en est un premier témoignage.

Je salue donc tout d'abord la concision et la grande justesse de la préface de Claude Vercey : « Matthieu Lorin [...] a mesuré combien l'entravaient les œuvres anciennes, comme autant de grillages [...] devenus barbelés dans le poèmes final, et qu'il faut couper avec une pince, et écarter pour se faufiler. ».

Pour ce qui est de la forme, ce sont des poèmes en prose et en effet, ils font la part belle à des souvenirs de lecture, des auteurs évoqués dans le titre, dont on suppose qu'ils ont fait impression sur l'auteur (Thierry Metz, Jean Giono, William Burroughs, Malcolm Lowry...). Je dirais qu'il y a plus clin d’œil ou image rémanente que réel hommage ou influence. Ainsi, dans le texte se référant à Hervé Bazin (nous avons tous en souvenir le terrible Vipère au poing) :

L'enfance fait voler en éclats fenêtres, bouches humides et collection de timbres-poste. Seules les déceptions ne peuvent se briser. Bien qu'en forçant un peu, en tapant dessus avec un marteau, il doive tout de même être possible de les réintégrer dans leur logement.

Matthieu Lorin, Souvenirs et grillages suivi de Proses géométriques et Arabesques arithmétiques, éditions Sous le Sceau du Tabellion, 2022, 106 pages 18 €

Une teneur, sinon sombre, du moins très désabusée, jalonne le recueil :

Autrefois, je rayais des journées entières de la carte du temps. Je frottais mes paumes l'une contre l'autre et tombaient au sol des miettes de ma jeunesse.
Tout se fane, même la fleur de l'âge.

  […]

Tout s'écroule, même l'espoir.

On ne saurait laisser de côté le goût certain pour les mots, avec, en premier lieu la présence de mots rares : syrphe, psoque, ou encore pyrrhocores, qui ne nuisent cependant en rien à la lecture. Ensuite, comment ne pas situer des pans entiers aux frontières du surréalisme, attention, je dis bien aux frontières :

Assis à regarder les enfants se jeter dans le vide, je m'accoude paresseusement à ma folie. J'aspire les rires comme autant d'élastiques rappelant à ma raison qu'elle est tenue en laisse.

Cela est surtout vrai pour la deuxième partie du recueil : Aujourd'hui, il pleut des segments et des diagonales venteuses, non sans humour : Il pleut des cordes et je n'ai pas d'arc, seulement deux mains incapables de me hisser, deux pentagones flasques proposés sur un étal d'algèbre.

Cette deuxième partie (son titre annonce la couleur) jouera de la chose mathématique : Malgré la pluie, tracez à la craie un cercle dont le rayon reprendra la distance qui vous sépare de vous-même.

Avec toujours cet humour désespéré :

Le polygone n'avait pas prévu que la faiblesse viendrait de ses droites. Il s'est effondré et ses angles se sont abattus. Devenu aussi écrasé par l'existence qu'un étendoir qui se casse la gueule, il a néanmoins fini par se relever.
(Image du fantassin après une salve ennemie)

On retrouve dans cette deuxième partie des souvenirs de lecture (encore Bazin et Brautigan, mais aussi Deleuze) :

Sous l'éclatant soleil, je me suis aperçu que j'avais dans ma mémoire – que l'on peut comparer à un atelier d'origami en désordre – des plis vertigineux comme des falaises, ainsi qu'une mappemonde usée, perdue dans un silo désaffecté.

Matthieu Lorin semble beaucoup douter de la qualité de ses poèmes (il a tort) et de leur capacité à trouver un éditeur (doublement tort) :`

Me restent aujourd'hui deux recueils sans éditeur, un crayon à l'encre au trois-quarts consommé // et ce poème. (page 20) Sans même savoir si cela fera un bon poème... (page 32) Et, au bout de cette année, mes poèmes ne sont toujours pas publiés... (page37) Je me croyais capable de déposer un obus entre chaque mot. Mais j'ai mal géré la mise à feu et tout à explosé à la relecture. (page55)

C'est le seul petit reproche que je lui ferai : cette dévaluation inutile, encore que dans le dernier exemple que je relève, l'humour et la formulation poétique absolvent l'auteur.

Tu ne veux pas comprendre que tu fais partie de ceux qui vivent à l'ombre des murs des grands domaines. J'habite, moi, un jardin étriqué où je coupe les fleurs du lilas et mes rêves paisibles. Je les prends à la main, les arrache à leur origine.
Je bousille tout en un sens.

Mais non, mais non, rassurez-vous, Matthieu Lorin, vous avez trouvé au moins un lecteur qui trouve que vous avez, étrangement certes, mais bellement construit.

Présentation de l’auteur

Matthieu Lorin

Né au début des années 1980 en Normandie, Matthieu Lorin vit actuellement à Chartres où il enseigne.

D’abord nouvelliste (prix de la nouvelle Crous de la région Centre-Val de Loire, prix de la ville de Rouen), il écrit aujourd’hui à la poésie. Ses premiers textes ont été publiés en revues : Lichen, Décharge et surtout La page blanche dont il est devenu l’éditeur associé. 

Son premier recueil, Le tour du moi en 31 insomnies, est publié aux éditions du Port d’Attache. Proses géométriques et Arabesques arithmétiques a d’abord été publié en 2021 par les éditions du Nain qui tousse, accompagné par des aquarelles de Marc Giai-Miniet. Puis il publie  Souvenirs et Grillages.

Bibliographie

  • Le tour du moi en 31 insomnies éditions du Port d’Attache.

  • Proses géométriques et arabesques arithmétiques éditions du Nain qui tousse.

  • Souvenirs et grillages, éditions Sous le Sceau du Tabellion.

Poèmes choisis

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Un corps qu’on dépeuple : l’arroi du désarroi Matthieu Lorin survit à lui-même comme aux faux-semblants, une face rieuse tournée vers un monde dévasté, l’autre, tragique, greffée à ses ruines d’enfance. Entre les deux [...]

Matthieu Lorin, Souvenirs et Grillages

C’est un recueil qu’il faut ouvrir en deux pour y déambuler librement. Après avoir « coupé le grillage des mots », on « pénètre les textes ». Le seuil est franchi. L’auteur nous invite à le suivre [...]




Richard Rognet, Le Porteur de nuages

Les amateurs et défenseurs de vraie poésie, au nombre desquels je m’efforce de figurer, ne manqueront pas de se convaincre de la nécessité de lire le dernier recueil de Richard Rognet, dont il est question ici. 

Je me souviens en d’autres temps avoir relevé quelque part dans une revue de poésie contemporaine pilotée par un poète ami, que trop de recueils sont inutiles. Dont acte. L’auteur du présent ouvrage, rompu depuis des décennies à l’exercice de l’intime et de l’authenticité, fait encore une fois la démonstration du contraire, tant son propos sonne juste et clair. Les habitués de son œuvre seront sans doute quelque peu déroutés, davantage par la forme que par le fond. Quatrains et tercets en vers libres s’enlacent pour tisser un maillage de lignes de forces qui convergent vers le ciel, comme une évidence qui nous dépasse. Une grandeur qui procède à la fois de l’écriture et s’en absout, ne serait-ce que par la beauté heureuse des fleurs. Nous ne sommes pas très loin du vers fulgurant d’Arthur Rimbaud : La main d’un maître anime le clavecin des prés et de ses résonnances qui traversent toute la poésie moderne. De page en page, nous suivons Richard Rognet dans sa pérégrination intérieure, où son verbe exprime sa pleine maturité. Porté par un temps qui fait et défait le monde, le poète se fait messager / des étreintes amères sans renier pour autant les enchantements clairs / de l’enfance. Et c’est cette oscillation permanente entre le clair et l’obscur, cette lucidité précise, aussi nette que l’acier, qui convainc sans peine le lecteur qu’il a affaire à du grand art. Nul propos qui ne soit pesé à l’aune de ce qui fait l’essentiel de notre existence, que les frôlements indicibles du silence rendent habitable. Richard Rognet sait à quel point la disparition et l’absence sont à l’œuvre au sein de la vie elle-même, et combien elles en délivrent toute la saveur.

Richard Rognet, Le Porteur de nuages, éditions de Corlevour, 2022, 80 p, 15€.

Il demeure d’ailleurs sans illusion sur la vanité de l’écriture et l’impuissance des mots, leur préférant une sorte de détachement apaisé. Alors oui, lire un poète comme Richard Rognet est nécessaire. Non pour passer le temps ou consommer des mots, mais pour se confronter, par la grâce d’une écriture des plus raffinées, à la réalité de la vie et au mystère d’être au monde.

 

Présentation de l’auteur

Richard Rognet

Richard Rognet est un poète français né en 1942 au Val-d'Ajol, dans les Vosges. Il vit actuellement à Dommartin-lès-Remiremont. Il étudie ensuite les Lettres à l’Université de Nancy. Il publie son premier recueil en 1966. En 1969, il devient enseignant à l’École Normale de Mirecourt puis à Épinal, où il prépare également une thèse sur Buffon, avant d’intégrer le Collège Jules-Ferry comme professeur de Lettres. En 1994, il devient Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres. Il obtient en 2002 le Grand prix de Poésie de la Société des gens de lettres pour l'ensemble de son œuvre, déjà récompensée par de nombreux prix et traduite en de nombreuses langues.

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Poèmes choisis

Autres lectures

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Richard Rognet, Dans un nid de flammes

 Rognet emprunte son titre à un vers de Rimbaud dans son poème Nuit de l'Enfer : Extase, cauchemar, sommeil dans un nid de flammes. D'ailleurs, il le signale dans une note en fin [...]




Lea Nagy, Le chaos en spectacle

Quel est ce chaos offert au regard qui donne son titre au recueil mais aussi à un poème énigmatique dans lequel Lea Nagy « caresse l’incaressable » ? On ne le saura pas vraiment, mais on le vivra assurément.

La caresse est geste de surface. Lea Nagy effleure (par petites touches quasi impressionnistes) pour laisser le lecteur pénétrer par lui-même dans ce qu’elle nomme « l’incaressable ». Dès le premier texte, elle l’immerge dans une atmosphère prégnante faite d’absence, de vide, de silence et de mélancolie. Un monde dans lequel les vivants restent dans l’ombre, le non identifiable, l’anonymat. L’angle de vue évacue les descriptions de contacts physiques et privilégie l’évocation de situations. On a devant les yeux des images qui font penser aux toiles d’Eward Hoppler.

Mais Lea Nagy surprend à chaque poème, et si le questionnement et la nostalgie s'insinuent dans de nombreux vers, si les hésitations nous envahissent car Nous bégayons tous, chacun à notre façon1, des images furtives laissent affleurer une émotion maîtrisée et discrète (les plus grandes émotions ne rendent-elles pas la parole muette ? ). Le rêve entre dans le poème Comme cela, comme ceci : /c’est ça le rêve. / Dans cette cavité douce, / où le réel n’a pas de signe et soudain, au détour d’une page, une lumière fulgurante vient éclairer le chaos : Dieu m'a embrassée en silence et de manière inattendue.

Il y a dans ce livre une succession de rencontres qui n’en sont pas ou qui ont pris fin, au cours desquelles les êtres sont  « ensemble séparément », la seule rencontre possible s’effectuant avec l’invisible et le divin. Lea Nagy dialogue avec l’au-delà, invite musiciens et poètes défunts comme Bartok, Pilinszky ou Géza Szocs à partager ses instants de vie.  Le présent se veut un hors-temps où se mêlent passé et futur, instant et éternité.

Lea Nagy, Le chaos en spectacle, préface de Patrice Kanozsai, traduction du hongrois par Yann Caspar, Éditions du Cygne 2022, 68 pages, 10 €.

Si le chaos domine le recueil, il n’en est rien au niveau de la forme qui vient en contrepoint de la juxtaposition de faits intimes où la violence côtoie la douceur, la perversité la candeur et l’innommable le dérisoire : aux images inattendues et hétéroclites s’oppose une écriture rigoureuse, structurée, précise, mesurée, lapidaire et sibylline dans une mise à distance qui à elle-seule justifierait le terme de spectacle. Car il y a construction, scénographie élaborée faite de répétitions, de jeux de lumière, de mises en abîme du poème dans le poème :

tout cela devient de plus en plus intense
ici et maintenant. Je devrais écrire un poème,
moi Pilinszki et Bartók,
dans cette chambre.

Ainsi le chaos s’organise à travers l’écriture poétique, devient un spectacle qui attire le regard pour le précipiter dans un surgissement de non-dits, de figures connues et inconnues, parfois terrifiantes et fantasmatiques, parfois nostalgiques et désenchantées mais toujours surprenantes (les cheveux de Bartok pourrissent dans le brouillard, une amante apparaît comme un grand violon déprimé…)

N’oublions pas ces quelques moments de grâce au cours desquels Lea Nagy entre en communion totale avec une nature rendue à sa virginité, d’où l’humain est écarté, où seul règne le silence. Le silence est roi. Le silence est moi.

La poésie est chemin de connaissance. Lea Nagy a entrepris de mieux se connaître à travers l’écriture. Mais le rendez-vous n’a pas eu lieu et le livre se termine dans l’inachèvement.

Je suis horrifiée.
Par çà.
Que mes phrases
ne sont pas finies,
que j'en ai pas su plus
sur moi-même

Pourtant l’inachevé est
sans fin
et ce qui est sans fin est éternel.

Mais à quoi bon l’éternité ? se demande-t-elle. Aurait-elle la possibilité d’en apprendre davantage sur elle-même ? Rien n’est sûr, et le doute renvoie à l’un de ses aphorismes des toutes premières pages du livre : Plus l’homme sait, plus il a tendance à interroger ce qu’il dit.

Saluons la belle traduction de Yann Caspar qui nous permet d’entrer dans ce chaos d’ombres habité d’étincelles apocalyptiques.

Parlant de sujets dont on ne peut parler, enterrant votre âme à chaque instant, Lea Nagy inquiète tout autant qu’elle séduit. Dans la préface plus qu’élogieuse de Patrice Kanozsai (l’éditeur), ce dernier qualifie le livre de merveille poétique. « Je vous le dis, il faut avoir encore du chaos en soi pour donner le jour à une étoile qui danse.2 »

Notes

[1] Épigraphe de Lea Nagy en début de recueil.

[2] Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra.

Présentation de l’auteur

Lea Nagy

Lea Nagy est née à Szolnok en Hongrie le 2 juin 2000. Poète et écrivain, elle est lauréate des prix « Debüt » et « Khelidón ».

Lea Nagy est déjà très impliquée et reconnue auprès de l’exigeante scène littéraire hongroise malgré son jeune âge, avec notamment de multiples recensions dans les magazines littéraires hongrois les plus influents. Elle est membre de l’Association des écrivains hongrois.

Après sa première publication en langue étrangère, deux autres suivront prochainement aux Éditions du Cygne traduites par Daniel Baric, spécialiste des littératures d'Europe centrale à la « Sorbonne Université » de Paris.

À l’international, la poésie de Lea Nagy a déjà été saluée notamment 

– en France (en langue française) par les sites « Le pan poétique des muses », « Le Manoir des poètes » et « Francopolis ».

http://www.pandesmuses.fr/ns2022/mdc-leanagy

https://www.lemanoirdespoetes.fr/poemes-lea-nagy.php

http://www.francopolis.net/langue2/LeaNagy-JanFev2022.html

– en Belgique (en langue française) par les sites « Les belles phrases » et « Le Grenier Jane Tony ».

http://www.grenierjanetony.be/?mailpoet_router&endpoint=view_in_browser&action=view&data=WzU3LCJjMjhmZjNiZDJkZDQiLDAsMCwwLDFd

– en Colombie (en langue espagnole) au Festival international de poésie de Medellín.

https://www.festivaldepoesiademedellin.org/es/Festival/31/NagyLea/

– au Brésil (en langue portugaise) dans la revue « Acrobata ».

– Des publications sont en cours de publication en Italie (en langue italienne) dans les revues « Quaderni di Arenaria » et « Noria ».

– Une publication est en cours aux Ėtats-Unis (en langue anglaise) dans la prestigieuse revue « World Literature Today ».

Lea Nagy a aussi été invitée le 16 août 2022 pour une lecture de ses textes par Zoom, en compagnie de la traductrice Hélène Cardona, au PEN America de New York.

Bibliographie

En 2018, son premier recueil de poèmes a été publié par la maison d’édition Napkút sous le titre Légörvény. En 2019, l’Association des écrivains hongrois lui a décerné le prix « Debüt » pour le meilleur livre de jeune poète paru en 2018.

En 2020, son deuxième recueil de poésie, Kőhullás, est publié par la maison d’édition Napkút. En 2021, elle remporte le prix « Khelidón » pour ce recueil.

En 2021, elle a été lauréate de la bourse littéraire Zsigmond Móricz.

En 2022, elle publie son premier recueil en langue étrangère (en français) : "Le chaos en spectacle" (préface de Patrice Kanozsai, traduction du hongrois par Yann Caspar), Editions du Cygne, 2022.

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Cypris Kophidès, La nuit traversière

On connaît la flûte traversière. Voici que l’on découvre la « nuit traversière ». C’est celle qu’évoque Cypris Kophidès dans un court recueil de 20 poèmes en édition bilingue (français-grec). Comment, la lisant, ne pas penser à L’Hymne à la nuit de Jean-Philippe Rameau - dont il existe des partitions pour flûte traversière - même si l’autrice nous propose plutôt une vision onirique de la nuit, peuplée de songes mais aussi de cauchemars. Avant que la lumière ne vienne tisser un « espace de lumière et d’ardeur ».

« La nuit ne parle que du jour », affirmait Maurice Blanchot. On le ressent profondément à la lecture de cette nuit traversière qui là est pour sonder, au sein du cosmos, le mystère de l’être humain, capable à la fois de sauvagerie foncière comme d’humanité rayonnante. « L’ombre chuchote que seule la cruauté est salutaire », écrit Cypris Kophidès. « Le regard des grands fauves s’allume du désir des proies ». Oui, la nuit traversière peut être cette « nuit de fuite où les poignards parlent » et où « la lune noire perd son sang/entre les jambes des femmes ».  La poétesse nous dit, sur l’espace/temps d’une nuit, ce qui agite à la fois le cosmos et l’humanité. Place, en effet, aux frayeurs, aux rêves, aux cauchemars. « Tout tourbillonne dans les labyrinthes de ténèbres palpables qui se nichent au cœur de l’âme des choses », notent Katina Vlachou et Vassilis Pandis , dans la préface de ce petit livre. Mais il existe, ajoutent-ils, « une lumière qui émane des ténèbres ».

Voici, en effet, « la lumière des regards » ou « l’amour qui fait persévérer les étoiles ». Voici l’aube avec « la plénitude aiguë d’un chant d’oiseaux ». Arrive le moment où « le jour se déploie »,« les petits enfants clignent des sourires embués ». Il a fallu, pour cela, traverser une nuit peuplée de rêves avec tout son cortège de mystères. L’écriture de Cypris Kophidès témoigne elle-même, par une forme d’opacité, de l’énigme profonde contenue dans la nuit.




  Cypris Kophidès, La nuit traversière, Diabase, 57 pages, 10, euros.

Le poète iranien Sorab Sepehri parlait de « la nuit de bonne solitude » et des « pulsations humides de l’aube ». Cypris Kophidès le rejoint souvent dans sa propre évocation de la « nuit immobile » ou de « l’opacité du silence ». La même ardeur, chez les deux auteurs, pour associer la nature tout entière à l’évocation de la  nuit et pour témoigner de « ce temps immobile/que traverse une musique/errante ».

Présentation de l’auteur

Cypris Kophidès

Cypris Kophidès est une auteure et poète franco-grecque qui vit en Touraine et en Grèce. Éditrice chez Diabase depuis 1995 aux côtés d’Yves Bescond, elle a également mené plusieurs entretiens avec Jocelyne Ollivier-Henry, Charles Juliet, Georges Bahgory et Yvon Le Men.

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Bibliographie

  • Vingt deux petits soleils (Diabase Éditions, 2019)
  • L’enfant de Trébizonde (Diabase, 2015)
  • La langue fraternelle, entretien avec Yvon Le Men (Diabase, 2013)
  • Le regard amoureux, entretien avec Georges Baghory, (Diabase, 2012)
  • Avec les Inuit du Nord Groenland, entretien avec Jocelyne Ollivier-Henry (Diabase, 2007)
  • D’une Rive à l’autre, entretien avec Charles Juliet (Diabase, 2006)
  • Philippe Gouret, L’éternité Végétale avec Yannick Pelletier et Serge Hutin (la Tempérance 1993)
  • La Nuit traversière (Éditions Chambelland, Le Pont de l’Epée, 1983)
  • A Echos Multiples (Éditions Chambelland, La coïncidence, 1979)

Poèmes choisis

Autres lectures

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Claude Luezior, Sur les franges de l’essentiel suivi de Écritures

Infatigable poète et penseur, Claude Luezior réfléchit sans cesse à l’Histoire décevante de l’humanité, à ses défaillances et injustices qui persistent au fil des siècles, mais aussi à la poésie et aux poètes qui s’érigent contre le mal de toute sorte dans leur appel au bonheur de la vie.

Son nouveau recueil Sur les franges de l’essentiel suivi de Écritures est conçu d’une manière particulière, le poète y met ses réflexions en poèmes, effluves de pensées et de sentiments, et en prose poétique. Ainsi la voix du poète renforce-t-elle celle du penseur, la poésie et la métapoésie se donnent la main pour nous faire réfléchir à l’évolution de l’Histoire  toujours tragique et au langage de la poésie au fil du temps.

Son livre s’ouvre avec le « Liminaire », un discours sur le besoin de l’homme de graver son empreinte sur la Terre, de la préhistoire à nos jours, avec les moyens de chaque époque : peintures sur les parois des cavernes, parole inscrite sur les tablettes d’argile ou de cire, sur le papyrus ou imprimée sur papier depuis la découverte de Gutenberg, absorbée par le nouveau langage des médias, globalisé, « sans foi et loi ».

Le poète dessine le visage d’une Histoire qui s’avère « une chanson de sourds » où les poètes, « une érigie de fous », se heurtent aux politiciens véreux, « aveugles », indifférents au langage secret de l’art, une histoire à laquelle il refuse de se plier, dénonçant ses défaillances, ses combats de la mort. 

Claude Luezior, Sur les franges de l’essentiel suivi de Écritures, éditions Traversées, 2022, 128 pages, 25 Euros.

La poésie devient alors une sorte d’aube qui sème de la lumière dans les ténèbres du temps historique malheureux. Et le poète s’ouvre tel un coquillage où « luisent tous les désirs ».

Claude Luezior aimerait nous rendre conscients de l’essentiel de la vie, ce don merveilleux que les gens ne cessent de dégrader par leurs envies destructives, par leur orgueil maléfique du pouvoir qui conduit vers l’absurdité des guerres fratricides et abominables.

Sa plume dénonce et interroge une Histoire tragique, de « batailles, traîtrises et massacres », « les affres et les tragédies », « la schizophrénie ambiante » de coloniser, l’avenir en danger, asservi à l’intelligence artificielle qui prend le dessus sur « l’intelligence du cœur ».

Engagé, le poète se fait le porte-parole de la souffrance humaine : il veut avertir sur le danger d’un avenir asservi aux technologies, sur une « agonie que secrètent des siècles d’indolence ». Il ne cesse de questionner l’homme et sa « folie inventive » qui va contre l’homme. Il parle au nom de l’art, de la parole poétique, lave d’un volcan et empreinte de l’existence sur la Terre.

Face à la mort qui guette de partout, car la finitude biologique de l’homme est une vérité

incontestable, face aux horreurs et à la folie humaine, le poète se demande pourquoi il n’aurait pas le droit de régner dans l’Empire de la poésie, de faire de la vie un acte de courage, de dignité, de joie, de se livrer à l’espoir de « délivrer la vie de son tombeau le plus obscur » :

goûter ce brin de vie

et sa goutte éphémère

 juste à l’instant sacré

me nourrir d’enluminures

prendre la pause d’un émerveillement

quand la fraîcheur

d’un bocage

féconde nos mains

de frémissements

Le poète s’engage à dire la vérité si douloureuse qu’elle puisse être, mais aussi l’espoir à la vie, sa foi en l’art authentique qu’il oppose au virtuel qui mêle tout, déforme le réel y compris le langage, règne en maître absolu sur un présent asservi. Il le fait à sa manière, avec ardeur, révolte, ironie et sarcasme, incessant combattant sur les barricades du Verbe.

Si dans la première partie du recueil, Franges de l’essentiel, Claude Luezior réunit délibérément poèmes et prose, dans la deuxième partie, Écritures, il nous parle en petites proses poétiques, s’ouvrant parfois à la confession de l’écriture, au tourbillon des mots qui assaillent le cerveau du poète jusqu’à leur mise sur la page sous l’éclairage des phrases qui construisent un sens, car l’artiste « tourmente ses phalanges ». Il réfléchit à l’écriture, « une meute de mots, une émeute à l’intérieur de soi », « un acte dangereux », « une mise à nu avant l’immolation »,  un « acte irréversible où l’écrivant avoue sa condition humaine au bord de sa mise en cendres ».

Dans l’écriture « se tordent les âmes dans l’espoir d’un salut », car le poète joue avec « ses rêves d’éternité », sa plume fiévreuse fait danser les ombres de tout ce qu’il a vécu, ainsi se fait–il acteur et témoin de l’Histoire. C’est pareil dans la peinture à laquelle Claude Luezior fait souvent référence dans son recueil, mais aussi dans ses essais et dans ses livres d’artiste. Le choix du poète nous semble très inspiré pour la couverture de son livre :  la peinture de Jean-Pierre Moulin illustre à merveille la tourmente intérieure d’où jaillit la création.

Présentation de l’auteur

Claude Luezior

Claude Luezior, auteur suisse d’expression française, naît à Berne en 1953. Il y passe son enfance puis étudie à Fribourg, Philadelphie, Genève, Lausanne, Rochester (Minnesota) et Boston. Médecin, spécialiste en neurologie (son nom civil est Claude-André Dessibourg), il devient chef de clinique au CHUV puis professeur titulaire à l’Université de Fribourg. Parallèlement à ses activités scientifiques, il ne cesse d’écrire depuis son jeune âge et commence à publier depuis 1995. 

Sortent dès lors une quarantaine d’ouvrages, pour la plupart à Paris : romans, nouvelles, recueils de poésie, haïkus, ouvrages d’art. Tout comme en médecine, il encourage la collaboration multidisciplinaire, donne des conférences, participe à des expositions et à des anthologies, écrit des articles dans des revues littéraires ainsi que des préfaces.

Les éditions Librairie-Galerie Racine à Paris ont publié en 2018 et 2020 trois livres de Claude Luezior : Jusqu'à la cendre (recueil de poèmes), Golgotha (poème lyrique et dessins) ainsi qu' Un Ancien Testament déluge de violence (critique humoristique et pacifiste).

Certains de ses livres sont traduits en langues étrangères et en braille.  Luezior reçoit de nombreuses distinctions dont le Prix européen ADELF-Ville de Paris au Sénat en 1995 ainsi qu’un Prix de poésie de l’Académie française en 2001. Il est nommé Chevalier de l’Ordre national des Arts et des Lettres par le Ministère français de la Culture en 2002. En 2013, le 50e prix Marie Noël, dont un ancien lauréat est Léopold Sédar Senghor, lui est remis par l’acteur Michel Galabru de la Comédie française.

www.claudeluezior.weebly.com

 

Autres lectures

Claude Luezior, Ces Douleurs mises à Feu

Lorsque CLAUDE LUEZIOR, l’un des premiers stylistes contemporains, comme le souligne le poète Jean-Louis Bernard, laboure les broussailles  de l’aube aux reflets de lignite, les mots/ tels des loups se lancent à sa poursuite. Somptueux hallali [...]

Claude Luezior, Epître au silence

A l’origine le mot épître, issu du grec, repris en latin, désigne une simple lettre. Au fil du temps, le terme va qualifier un mode d’expression utilisé pour rédiger des traités courts, des [...]

Claude Luezior, Émeutes, vol au-dessus d’un nid de pavés

Esprit humaniste par excellence, Claude Luezior (poète, romancier, essayiste, critique littéraire, amateur d’art) ne cesse d’explorer le quotidien pour dévoiler ses multiples visages avec la même ironie et l’humour si particuliers que l'on [...]

Claude Luezior, Au démêloir des heures

Infatigable poète, amoureux du Verbe porteur de sens et de vie, Claude Luezior ne cesse de questionner le réel, ses ténèbres, angoisses, captivités, tyrannies, mais aussi les rêves, leurs étranges visions, pour transgresser [...]

Claude Luezior, Au démêloir des heures

Claude Luezior maîtrise l’art de donner à ses livres des titres qui étonnent. En quelle boutique improbable a-t-il bien pu dénicher son peigne temporel ? Dans un bref liminaire en prose il en donne [...]




Marilyne Bertoncini et Florence Daudé, Aub’ombre, Alb’ombra

Quelle belle idée que cette rencontre, dans la pénombre, des vers de Marilyne Bertoncini avec les photographies de Florence Daudé, pour une réconciliation de l'ombre et de la lumière, leurs épousailles engendrant une lueur tout en nuances et en force dans le même temps.

Dans sa préface, Giancarlo Baroni souligne combien « Il est difficile d'associer images et mots, de les faire dialoguer », que les uns ne l'emportent pas sur les autres et réciproquement. Pari réussi pour ce livre. C'est l'intérieur empreint de mystère de l'église St Michel de Nantua que Florence Daudé a photographié. Plus que les éléments constitutifs de cette abbatiale d'influence clunisienne, c'est bien, selon ses propres mots « la promesse d'une lumière au fond des gouffres les plus noirs, la certitude que sur la nuit s'ourle toujours le début d'un nouveau jour. », ce qu'énonce Marilyne Bertoncini dès les vers initiaux :

Au début l'ombre
avant le premier balbutiement de l'aube

All'inizio, l'ombra
prima del primo balbettio dell alba

 

Marilyne Bertoncini et Florence Daudé, Aub'ombre / Alb'ombra, éditions pourquoi viens-tu si tard ?, Nice, 2022, 100 pages, 15 €.

Car il s'agit d'un livre bilingue français-italien, cette dernière langue, ajoutant par sa musicalité intrinsèque, un supplément de chant.

Les poèmes sont brefs (de deux à huit vers), concentrant l'essence des sensations.

Au début, l'ombre
et la main qui tâtonne où la pensée trébuche

Le livre est construit en trois parties : Première, deuxième et troisième leçon des ténèbres, référence aux Leçons de ténèbres pour le Mercredi saint écrites par le musicien François Couperin pour les liturgies de la semaine sainte de 1714. Marilyne Bertoncini explique à propos de son travail : « la musique de François Couperin s'est immédiatement greffée sur mon imaginaire – sans doute parce qu'entre-temps, j'avais moi aussi éprouvé le mystère de cette église, dépouillée et sonore, dans laquelle j'avais ressenti ce que l'orgue ou le chant pouvaient y produire. »

Une musique propre à l'église, en correspondance avec les teintes de la pierre, la lumière filtrée par les vitraux, dans les grands pans d'ombre, une musique intérieure aussi sans doute, est exprimée dans les vers de Marilyne Bertoncini :

Du bleu obscur émerge puis s'éteint
poignante une lueur
qui sourd à peine dans le silence

Puis :

non, sourd ne convient pas -
l'abbatiale est sonore
et toutes les formes bruissent dans l'absence de voix

Comme la lumière et l'ombre indissociables – d'où le néologisme AUB'OMBRE créé par l'auteure et qui sert de titre à l'ouvrage – le silence propre aux églises, ce silence habité pour qui se laisse pénétrer  par le mystère trouve son écho dans un chant, un murmure assourdi que l'on ressent au dedans de soi.

Si les photographies de Florence Daudé montrent les colonnes, les vitraux, les voûtes, la statue d'un ange, ainsi que peuvent le faire les mots de Marilyne Bertoncini, les images comme les vers transcendent la simple réalité objective :

Et les fûts fantômes de forêts debout
obscurs simulacres de formes

Ou encore :

Immatérielle la lumière flotte derrière les vitraux
le verre la porte et la transmue

C'est bien cette alchimie de l'art poétique ou photographique qui transforme l'objet simple et vulgaire en quelque chose de hautement noble.

la couleur lève comme une pâte
et la lumière est son levain

Toutes ces promesses de beauté des éléments architecturaux, de leurs symboles, des jeux subtils de la lumière sont ici tenues, dans ce livre de grande élégance.

Présentation de l’auteur

Marilyne Bertoncini

Marilyne Bertoncini : poète, traductrice (anglais-italien), revuiste et critique littéraire, membre du comité de rédaction de la revue Phoenix, elle s'occupe de la rubrique Musarder sur la revue italienne Le Ortique, consacrée aux femmes invisibilisées de la littérature, et mène, avec Carole Mesrobian, la revue numérique Recours au Poème, à laquelle elle collabore depuis 2013 et qu'elle dirige depuis 2016. 

Autrice d'une thèse, La Ruse d'Isis, de la Femme dans l'oeuvre de Jean Giono, et titulaire d'un doctorat, elle a été vice-présidente de l’association I Fioretti, pour la promotion des manifestations culturelles au Monastère de Saorge (06) et membre du comité de rédaction de la Revue des Sciences Humaines, RSH (Lille III). Ses articles, essais et poèmes sont publiés dans diverses revues littéraires ou universitaires, françaises et étrangères. Parallèlement à l'écriture, elle anime des rencontres littéraires, Les Jeudis des Mots, à Nice, ou les Rencontres au Patio, avec les éditions PVST?, dans la périphérie du festival Voix Vives de Sète. Elle pratique la photographie et collabore avec des artistes, musiciens et plasticiens.

Ses poèmes sont traduits en anglais, italien, espagnol, allemand, hébreu, bengali, et chinois.

 

bibliographie

Recueils de poèmes

La Noyée d'Onagawa, éd. Jacques André, février 2020

Sable, photos et gravures de Wanda Mihuleac, éd. Bilingue français-allemand par Eva-Maria Berg, éd. Transignum, mars 2019

Memoria viva delle pieghe, ed. bilingue, trad. de l'autrice, ed. PVST. Mars 2019

Mémoire vive des replis, texte et photos de l’auteure, éd. Pourquoi viens-tu si tard – à paraître, novembre 2018

L’Anneau de Chillida, Atelier du Grand Tétras, mars 2018 (manuscrit lauréat du Prix Littéraire Naji Naaman 2017)

Le Silence tinte comme l’angélus d’un village englouti, éd. Imprévues, mars 2017

La Dernière Oeuvre de Phidias, suivi de L'Invention de l'absence, Jacques André éditeur, mars 2017.

Aeonde, éd. La Porte, mars 2017

La dernière œuvre de Phidias – 453ème Encres vives, avril 2016

Labyrinthe des Nuits, suite poétique – Recours au Poème éditeurs, mars 2015

 

Ouvrages collectifs

- Le Courage des vivants, anthologie, Jacques André éditeur, mars 2020

- Sidérer le silence, anthologie sur l’exil – éditions Henry, 5 novembre 2018

- L’Esprit des arbres, éditions « Pourquoi viens-tu si tard » - à paraître, novembre 2018

- L’eau entre nos doigts, Anthologie sur l’eau, éditions Henry, mai 2018

- Trans-Tzara-Dada – L’Homme Approximatif , 2016

- Anthologie du haiku en France, sous la direction de Jean Antonini, éditions Aleas, Lyon, 2003

Traductions de recueils de poésie

-Soleil hésitant, de Gili Haimovich, éd. Jacques André (à paraître 2021)

-Un Instant d'éternité, bilingue (traduit en italien) d'Anne-Marie Zucchelli, éd. PVST, 2020

- Labirinto delle Notti (inedito) nominé au Concorso Nazionale Luciano Serra, Italie, septembre 2019

- Tony's blues, de Barry Wallenstein, avec des gravures d'Hélène Bauttista, éd. Pourquoi viens-tu si tard ? , mars 2020

- Instantanés, d‘Eva-Maria Berg, traduit avec l’auteure, éditions Imprévues, 2018

- Ennuage-moi, a bilingual collection , de Carol Jenkins, traduction Marilyne Bertoncini, River road Poetry Series, 2016

- Early in the Morning, Tôt le matin, de Peter Boyle, Marilyne Bertoncini & alii. Recours au Poème éditions, 2015

- Livre des sept vies , Ming Di, Recours au Poème éditions, 2015

- Histoire de Famille, Ming Di, éditions Transignum, avec des illustrations de Wanda Mihuleac, juin 2015

- Rainbow Snake, Serpent Arc-en-ciel, de Martin Harrison Recours au Poème éditions, 2015

- Secanje Svile, Mémoire de Soie, de Tanja Kragujevic, édition trilingue, Beograd 2015

- Tony’s Blues de Barry Wallenstein, Recours au Poème éditions, 2014

Livres d'artistes (extraits)

Aeonde, livre unique de Marino Rossetti, 2018

Æncre de Chine, in collection Livres Ardoises de Wanda Mihuleac, 2016

Pensées d'Eurydice, avec  les dessins de Pierre Rosin :  http://www.cequireste.fr/marilyne-bertoncini-pierre-rosin/

Île, livre pauvre avec un collage de Ghislaine Lejard (2016)

Paesine, poème , sur un collage de Ghislaine Lejard (2016)

Villes en chantier, Livre unique par Anne Poupard (2015)

A Fleur d'étang, livre-objet avec Brigitte Marcerou (2015)

Genèse du langage, livre unique, avec Brigitte Marcerou (2015)

Daemon Failure delivery, Livre d’artiste, avec les burins de Dominique Crognier, artiste graveuse d’Amiens – 2013.

Collaborations artistiques visuelles ou sonores (extraits)

- Damnation Memoriae, la Damnation de l'oubli, lecture-performance mise en musique par Damien Charron, présentée le 6 mars 2020 avec le saxophoniste David di Betta, à l'ambassade de Roumanie, à Paris.

- Sable, performance, avec Wanda Mihuleac, 2019 Galerie

- L'Envers de la Riviera  mis en musique par le compositeur  Mansoor Mani Hosseini, pour FESTRAD, festival Franco-anglais de poésie juin 2016 : « The Far Side of the River »

- Performance chantée et dansée « Sodade » au printemps des poètes  Villa 111 à Ivry : sur un poème de Marilyne Bertoncini, « L’homme approximatif » , décor voile peint et dessiné,  6 x3 m par Emily Walcker  :

l’Envers de la Riviera  mis en image par la vidéaste Clémence Pogu – Festrad juin 2016 sous le titre « Proche Banlieue»

Là où tremblent encore des ombres d’un vert tendre » – Toile sonore de Sophie Brassard : http://www.toilesonore.com/#!marilyne-bertoncini/uknyf

La Rouille du temps, poèmes et tableaux textiles de Bérénice Mollet(2015) – en partie publiés sur la revue Ce qui reste : http://www.cequireste.fr/marilyne-bertoncini-berenice-mollet/

Préfaces

Appel du large par Rome Deguergue, chez Alcyone – 2016

Erratiques, d’ Angèle Casanova, éd. Pourquoi viens-tu si tard, septembre 2018

L’esprit des arbres, anthologie, éd. Pourquoi viens-tu si tard, novembre 2018

Chant de plein ciel, anthologie de poésie québécoise, PVST et Recours au Poème, 2019

Une brèche dans l'eau, d'Eva-Maria Berg, éd. PVST, 2020

 

(Site : Minotaur/A, http://minotaura.unblog.fr),

(fiche biographique complète sur le site de la MEL : http://www.m-e-l.fr/marilyne-bertoncini,ec,1301 )

Autres lectures

Marilyne Bertoncini, Aeonde

Petit livret, grand livre. Encore une fois, après La dernière œuvre de Phidias, Marilyne Bertoncini fait appel à la dimension mythique pour dire la condition humaine.

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Une épopée des rencontres heureuses des arts Artiste inventive, Wanda Mihuleac s’est proposé de produire des livres-objets, livres d’artiste, livres-surprise, de manières diverses et inédites où la poésie, le visuel, le dessin [...]

Marilyne Bertoncini, Mémoire vive des replis

Un joli format qui tient dans la poche pour ce livre précieux dans lequel Marilyne Bertoncini fait dialoguer poèmes et photographies (les siennes) pour accueillir les fragments du passé qui affleurent dans les [...]

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Marilyne BERTONCINI, Mémoire vive des replis, Sable

Marilyne BERTONCINI – Mémoire vive des replis La poésie de Marilyne Bertoncini est singulière, en ce qu’elle s’appuie fréquemment sur des choses matérielles, pour prendre essor, à la façon [...]

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