Demain quand je serai vieux
des jeunes réfugiés d’un pays lointain me rendront visite
leurs paupières la liberté
leurs yeux des étoiles
leurs bras des mots
que j’ai oubliés sur les herbes de mon pays depuis de longues années
je distinguerai sur leurs traits mes yeux que je ne vois plus désormais
et je verrai
le réfugié n’est enterré que dans sa langue
il l’a enterrée comme une graine dans son coeur quand il est devenu réfugié
elle s’épanouira quand son corps s’anéantira
et grandira…grandira au point de devenir une tombe
j’ignore cela maintenant
mais je le saurai quand ils m’interrogeront sur mon pays
je leur répondrai avec des feuilles de citronnier enfouies dans un vieux cahier
Traduction Lionel Donnadieu