Nous parlons la démesure
nous parlons l’appartenance à un sourire et le dédale de ses secrets
nous parlons l’attente tournée vers l’horizon
sans possession dissimulée dans la voix
sans usage d’un lieu de la parole
nous parlons entre le réel inquiet et le mystère de son appel
nous parlons depuis les veilles rauques des délaissés
nous parlons la mélancolie de l’étendue portant d’escale en demeure l’épreuve de chacun
nous parlons l’éclair élucidé du dire vrai
quand n’apparaît plus que l’attention de l’horizon au jour
nous ouvrons la volière des plaintes
la frondaison des voies de l’épuisé
nous croyons l’heure venue d’atteindre la parole les gestes de tout ce qui fut aveugle et sourd quand nous n’entendions plus quand nous ne voyions plus tant nos sens étaient captifs
Une faim insoumise au banquet des mots se dresse
sans autre richesse à offrir que le mystère de sa danse
cette danse est le véritable complot de la pensée en sa plus grande contradiction lorsqu’elle s’accueille enfin étrangère à elle-même.
Elle s’appelle l’idée poétique et nous permet d’espérer en réapprenant le métier d’innocence.