Il y a des mots meurtris
der­rière la porte

n’ouvre pas

ils sont amon­celés ils tomberaient en désordre
cer­tains mon­tent encore l’escalier

ils cherchent
peut-être
le silence. Leur silence.
Si tu ouvrais la porte
ils entr­eraient dans nos dictionnaires

ils occu­peraient ces calmes logis
d’ordre alphabé­tique, où rien ne prouve
que l’horreur existe vraiment ,

mais le sang
coulerait d’eux
chaque fois que nous arrive­ri­ons au mot Sang.

 

 

 

 

 

 

Et toi, douleur
pourquoi ne puis-je te louer
comme firent tant de pieux malades ?

Tu es « sans pourquoi »
comme la rose, mon amie,

mais tu répands une odeur de vengeance .

Vengeance de qui , vengeance pourquoi ? 

…Voici que dans la rose même, se meurt pénible­ment un puceron …

 

 

L’arche et l’axe :
ces har­monies dédiées au cosmos
nous devri­ons les retrou­ver en nous

très sim­ple­ment

parce que toute exis­tence crie et pense.

Arche, notre com­mune habi­ta­tion  sonore.
Poly­phonie des bêtes
enfer­mées deux à deux,
bruissantes , 
même le papil­lon et la patiente bête à bon Dieu.

Ain­si  résonne notre cœur

et nos vertèbres
d’une archi­tec­ture très fragile
sont l’axe de notre si pas­sagère haute pensée
qu’on retrou­ve en esquisse
chez le  pois­son des profondeurs.

 

 

 

 

Qu’est-ce qui fait naître le parcours
vers le silence, à tra­vers toutes choses bruissantes ,
halète­ments, craquèle­ments, cas­cades et tambours
du sang qui bat ?

Au grand départ de la musique
succèdent
la  douceur du son, la caresse.

Main légère sur le finale
vie revécue à petit souffle

et le silence enfin s’étend dans tout le corps.

 

 

 

 

 

 

 

 

Toi mon corps, tu sais
guider en douce
ma vie
qui s’élance sans moi.

Donne-moi
une main où me regarder, un autre corps à caresser

fais-moi mordre
la tar­tine de vie qui me reste
et penser aux grandes imag­i­na­tions des métamorphoses
qui
naguère
trans­fig­u­raient la vie des hommes.

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