La poésie, une liberté à arracher à la langue : Rencontre avec Émilie Turmel

Par |2024-09-06T12:43:30+02:00 6 septembre 2024|Catégories : Émilie Turmel, Rencontres|

En avril dernier, Mon­tréal hési­tait encore entre pluie et neige. Je me pré­parais à dîn­er avec quelques écrivaines et poét­esses. Une jeune femme à la fois dis­crète et atten­tive a pris place à côté de moi. Nous ne nous étions pas encore par­lé et les ren­con­tres lit­téraires qui nous réu­nis­saient com­mençaient seule­ment. Mais il existe des per­son­nes dont la seule présence est déjà le début d’un échange.

Est-ce leur atti­tude, leur façon d’écouter ou de choisir des mots vrais, sans con­ces­sion à ce qui ne serait qu’un échange super­fi­ciel et con­venu ? J’ai tout de suite sen­ti la qual­ité de son regard sur le monde, sans savoir que, par­mi les nom­breuses activ­ités de son par­cours déjà très riche, la poète Émi­lie Turmel avait étudié et enseigné la philoso­phie. Lorsque la con­ver­sa­tion s’est engagée, j’ai été rapi­de­ment pas­sion­née par ce qu’elle me racon­tait. Elle me par­lait de Monc­ton, du Nou­veau-Brunswick où elle vit depuis 2018. Elle répondait à mes ques­tions sur cette loin­taine terre aca­di­enne qui me fasci­nait. Je l’entends encore m’expliquer que, con­traire­ment à ce que l’on peut imag­in­er, l’eau de l’Atlantique y est assez chaude pour que l’on puisse s’y baign­er. Puis elle a évo­qué les dif­férentes langues util­isées à Monc­ton, m’offrant presque les sonorités de ce qui est son paysage. La vie d’Émilie Turmel est toute dédiée à la poésie et aux arts, puisqu’elle est à la fois poète et éditrice aux édi­tions Perce-Neige, dont elle est la direc­trice lit­téraire à Monc­ton. J’ai été très touchée par ce ques­tion­nement du monde qu’elle pour­suit avec authen­tic­ité et exi­gence, soucieuse à la fois d’écrire mais aus­si d’explorer d’autres formes d’expression artis­tique, comme la séri­gra­phie. La poésie d’Émilie Turmel m’a émue et je la remer­cie chaleureuse­ment d’avoir accep­té de répon­dre à mes ques­tions pour Recours au poème.

Émi­lie Turmel, com­ment êtes-vous venue à la poésie ?
J’ai com­mencé à écrire des poèmes lorsque j’ai décou­vert la poésie québé­coise con­tem­po­raine, vers la fin de l’adolescence. Jusque-là, on ne nous avait enseigné que quelques clas­siques français dont la forme, lourde de règles et de con­traintes, me sem­blait rébar­ba­tive. Puis, au Cégep1, un pro­fesseur de lit­téra­ture nous a fait lire Moments frag­iles de Jacques Brault (Noroît, 1984). Il nous a demandé de tenir un jour­nal de lec­ture et d’y not­er nos impres­sions, les pas­sages qui nous avaient émus ou ceux demeurés her­mé­tiques, notam­ment. C’était la pre­mière fois que je lisais un texte en vers libres. C’était la pre­mière fois que j’écrivais libre­ment sur la poésie. Et tout naturelle­ment, dans mon jour­nal, je me suis mise à répon­dre aux poèmes de Brault, à les pour­suiv­re, à les pas­tich­er, à les réécrire. Gradu­elle­ment, j’ai com­pris que l’écriture de la poésie était une per­mis­sion à se don­ner, une lib­erté à arracher à la langue et à ses normes, une manière de résis­ter à l’ordre établi. Et la poésie ne m’a plus jamais quittée.
Le féminin est un de vos thèmes récur­rents. Pourquoi ?
Dans Chas­se à l’homme (La Peu­plade, 2020), Sophie Létourneau écrit : « Comme tout le monde, je ne me suis jamais intéressée aux femmes jusqu’à ce qu’à vingt-six ans, je décou­vre que j’en étais une. Comme tout le monde, moi aus­si, je voulais être un grand homme. » Je me recon­nais dans cet aveu. Jusqu’à la fin de mon par­cours uni­ver­si­taire en philoso­phie et en lit­téra­ture, je n’avais étudié presque exclu­sive­ment que des œuvres d’hommes. Je voulais être un grand écrivain. Quand j’ai réal­isé que mon cur­sus m’avait privée de toutes ces grandes penseuses et artistes qui auraient pu devenir pour moi des mod­èles, j’ai éprou­vé à la fois une grande colère et une ter­ri­ble honte. Com­ment se fai­sait-il que la moitié de l’humanité n’ait pas voix au chapitre, soit réduite au silence ? Et surtout, com­ment avais-je pu con­tribuer à cette invis­i­bil­i­sa­tion, même incon­sciem­ment, même involontairement ? 

Émi­lie Turmel, L’Avenir à qui, lu par l’auteure.

Je me suis alors promis de lire les femmes et de relay­er leur parole ; et j’ai com­mencé à combler les cas­es vides de mon arbre généalogique intel­lectuel, à retrac­er ma lignée artis­tique matri­ar­cale. Ce faisant, j’ai buté sur cer­taines influ­ences moins heureuses que d’autres ; des mod­èles que j’avais imités en pen­sant cor­re­spon­dre à une cer­taine idée du féminin, pour entr­er dans le moule de la bonne élève, de la femme fatale, de l’épouse, de la mère, etc. La poésie s’est alors avérée une arme de choix pour sor­tir de ces cadres étouf­fants, pour ques­tion­ner et décon­stru­ire les rôles tra­di­tion­nelle­ment attribués aux femmes dans nos sociétés patriarcales.
Dans Van­ités, il y a du feu et de la colère ren­trée. Pou­vez-vous nous en dire plus sur ce recueil ?
Van­ités est mon sec­ond livre de poésie. Il abor­de la notion de trans­mis­sion entre une mère et sa fille, ce qu’on lègue à la généra­tion suiv­ante, par­fois mal­gré soi. Si cer­tains pas­sages relèvent de l’autobiographie, la fig­ure de la mère doit aus­si être prise au sens large de tous ces mod­èles (privés ou publics) qui for­gent notre idéal de la féminité et des rôles que doivent endoss­er les femmes pour y cor­re­spon­dre. Dans Van­ités, je m’intéresse à l’image, à la réflex­ion que nous ren­voie la société de notre pro­pre corps. Le livre abor­de notam­ment le besoin de plaire et les con­tra­dic­tions qui habitent une femme souhai­tant tout à la fois être con­voitée comme objet de désir et s’émanciper comme sujet agis­sant. En cher­chant des « coupables » à la honte que j’éprouve de m’être moi-même retrou­vée prise au piège par cer­tains dik­tats de beauté, j’ai pris con­science que le proces­sus de répa­ra­tion ne passe pas unique­ment par une révo­lu­tion du monde extérieur et le change­ment de men­tal­ité d’autrui, mais aus­si par une sorte de dés­in­tox­i­ca­tion per­son­nelle. Il s’agit en fait d’expurger la misog­y­nie inter­nal­isée pour se réc­on­cili­er avec la Mère, toutes les mères. Le souhait du recueil est donc que la colère se trans­forme éventuelle­ment en une sol­i­dar­ité et une bien­veil­lance envers toutes les femmes.
Berceuses, comme le titre le sug­gère, évoque beau­coup la mater­nité. Est-ce que vous la ressen­tez comme l’espace d’un retourne­ment pos­si­ble dans ce qui nous est trans­mis de généra­tion en génération ?
Mon troisième recueil, Berceuses, est le pre­mier où le « je » (par­fois cam­ou­flé sous l’adresse à un « tu » imper­son­nel ou plus uni­versel) se retrou­ve dans le rôle de la mère. Lorsque j’ai eu mon pre­mier enfant, en 2021, mon rap­port à la mater­nité s’est appro­fon­di. J’ai entamé une longue réflex­ion sur l’être et le devenir mère. J’étais notam­ment habitée d’une peur vis­cérale de trans­met­tre à mon enfant des trau­ma­tismes famil­i­aux dont j’avais hérité et dont je n’avais pas encore entière­ment su me débar­rass­er ; et d’une peur de ne pas réus­sir à le nour­rir adéquate­ment – d’abord au sens lit­téral, mais surtout au sens spir­ituel et intel­lectuel –, une peur d’élever un garçon qui per­pétuerait les cycles de la vio­lence patri­ar­cale plutôt que de s’en émanciper grâce au fémin­isme. Ce sen­ti­ment mon­tre que quelque chose de cru­cial se joue au moment de pass­er le flam­beau à la généra­tion suiv­ante ; que la mater­nité, voire la parental­ité en général, est bel et bien un espace de retourne­ment pos­si­ble, un espace de répa­ra­tion, de guéri­son. Et tout ceci passe selon moi par le lan­gage, par le fait de nom­mer, de racon­ter… pour que le vécu des femmes entre dans la grande his­toire, dans la grande mémoire.

Émi­lie Turmel, Journée du poème à porter.

Vous évo­quez aus­si le chêne, ce bois dont on fait le berceau. Quelle impor­tance don­nez-vous aux arbres en général ? Appar­ti­en­nent-ils seule­ment au mythe et à notre imag­i­naire ou sont-ils aus­si pour vous une préoc­cu­pa­tion particulière ?
Dans Berceuses, le chêne est évo­qué comme sym­bole de la trans­for­ma­tion du vivant et comme témoin du pas­sage du temps. L’arbre devient chaise, devient planch­er, devient mai­son. Ain­si, même « mort », le bois con­tin­ue de nous bercer, de nous soutenir, de nous pro­téger ; tout comme nos ancêtres. Le chêne – ses branch­es, ses veines, ses racines – nous rap­pelle que nous faisons par­tie d’un cycle immuable, que nous faisons par­tie de la nature, que nous sommes soumis à ses lois au même titre que ce les êtres qui pour­raient nous sem­bler « inan­imés ». Le chêne nous rap­pelle aus­si de porter atten­tion à la trace lais­sée par celles et ceux qui nous ont précédés : de ne pas voir la chaise comme sim­ple meu­ble inerte et anodin, mais comme le résul­tat d’un tra­vail, d’un soin apporté. Le chêne nous dit cet amour trop sou­vent invis­i­bil­isé. 
Quelle place a la séri­gra­phie dans votre chemin de poétesse ?
J’ai décou­vert la séri­gra­phie dans le cadre d’un pro­gramme uni­ver­si­taire de deux­ième cycle en créa­tion de livres d’artistes auquel je me suis inscrite après avoir ter­miné ma maîtrise en lit­téra­ture française. J’avais alors pris la déci­sion de ne pas pour­suiv­re mon par­cours académique au doc­tor­at parce que la pra­tique artis­tique m’interpellait davan­tage que la recherche, et je me suis offert ce cadeau pour entr­er pleine­ment dans cette nou­velle étape de ma vie pro­fes­sion­nelle. Quelques années plus tard, j’ai obtenu une bourse de per­fec­tion­nement pro­fes­sion­nel du Con­seil des arts du Cana­da afin d’ap­pro­fondir mes con­nais­sances et ain­si être en mesure de réalis­er des pro­jets d’e­stampe-poésie. J’en­vis­age la séri­gra­phie comme une pra­tique me per­me­t­tant de pouss­er plus loin ma réflex­ion sur la répéti­tion et sur la trace, déjà entamée en poésie, en plus d’ex­plor­er de nou­velles con­traintes formelles, tant du côté du texte que de l’im­age. En effet, le poème ne se déploie pas de la même manière sur un écran d’or­di­na­teur ou sur la page d’un cahi­er que sur une estampe. Cela m’amène à réfléchir à l’aspect visuel et matériel des mots (geste de l’écri­t­ure man­u­scrite, let­trage et cal­ligra­phie, typogra­phie et police d’écri­t­ure, encre, couleur, taille, espace­ment, blancs, etc.). Ces con­sid­éra­tions d’or­dre esthé­tique entraî­nent égale­ment des réflex­ions d’or­dre séman­tique et sémi­o­tique. Autrement dit, je me demande tou­jours com­ment le signe est relié au son ou au sens. En estampe-poésie, je priv­ilégie l’e­space négatif plutôt que l’en­cre pour met­tre le texte en valeur, ce qui me per­met d’ex­plor­er le « con-texte », c’est-à-dire ce qui vient avec le texte, voire car­ré­ment ce qui lui per­met d’ex­is­ter dans un espace donné. 
Quelles poét­esses et quels poètes ont nour­ri votre œuvre ?
Je suis une lec­trice avide. Et j’aime créer des espaces d’intertextualité où me lover. Je nomme donc quelques influ­ences en rafale (des poètes, mais aus­si des roman­cières et des essay­istes) comme autant de clés de lec­ture pour mes recueils : Car­ole David, Sylvia Plath, Mar­tine Del­vaux, Nel­ly Arcan, Geneviève Desrosiers, Cather­ine Lalonde, Josée Yvon, Denis Vanier, Daria Colon­na, Denise Desau­tels, Geor­gette LeBlanc, Jacques Brault, Hec­tor de Saint-Denys Gar­neau, Louise Dupré, Anne-Marie Desmeules…

Nutri, Vidéopoème. Poème / Voix : Émi­lie Turmel. Vidéo / Per­for­mance : Annie France Noël. Ce film fut réal­isé lors d’une micro-rési­dence à Cara­quet (NB) dans le cadre du Fes­ti­val aca­di­en de poésie. © Annie France Noël & Émi­lie Turmel — Tous droits réservés — 2022

Com­ment nais­sent vos recueils ? Écrivez-vous au jour le jour pour con­stru­ire ensuite ? Ou suiv­ez-vous des chemins déjà esquis­sés au préalable ?
Mes recueils nais­sent dans les marges des livres de ma bib­lio­thèque. Depuis ce fameux exer­ci­ce de jour­nal de lec­ture qui remonte à mes dix-sept ans, j’ai pris l’habitude de lire avec un cray­on à la main. Je n’ai pas de rou­tine d’écriture au quo­ti­di­en. Cela vient par vagues, par bouil­lon­nements, après une lec­ture ou un événe­ment auquel je réagis. C’est très impul­sif. C’est pourquoi j’écris d’abord directe­ment dans mes livres, au dos d’une fac­ture, sur un dépli­ant pro­mo­tion­nel, dans mon télé­phone, etc. Puis, quand je sens qu’un pro­jet demande à naître, qu’un fil doit être tiré, je com­mence à tran­scrire les mar­gin­a­lias et les anno­ta­tions dans des car­nets. J’accumule ain­si beau­coup de matériel brut que je retra­vaille d’abord à la main. Lorsque les brouil­lons com­men­cent à dia­loguer entre eux, j’en fait un tapuscrit. Puis, quand le fruit me sem­ble mûr, j’imprime l’ensemble des poèmes et je les dis­pose sur une très grande sur­face plane (un planch­er, un mur) afin d’avoir une vue d’ensemble. À par­tir de là, je par­fais l’architecture du livre : je peaufine les symétries, boucle les boucles, comble les vides, etc. C’est un proces­sus assez instinc­tif et très visuel.
Vous habitez à Monc­ton, au Nou­veau-Brunswick. Vivre en Acadie donne-t-il une dimen­sion par­ti­c­ulière à votre quo­ti­di­en de poétesse ?
Je suis née à Mon­tréal et j’ai gran­di à Hull, Laval et Cap-Rouge avant de quit­ter les maisons famil­iales et de démé­nag­er dans le quarti­er Saint-Jean-Bap­tiste, puis à Don­na­cona, et ensuite dans le Vieux-Québec… pour enfin atter­rir à Monc­ton, au Nou­veau-Brunswick. Après avoir passé trente ans au Québec, ce change­ment de province a été une étape déci­sive de ma vie pro­fes­sion­nelle et per­son­nelle. Il faut savoir que le Nou­veau-Brunswick est la seule province offi­cielle­ment bilingue du Cana­da. La ville de Monc­ton, dont la pop­u­la­tion compte env­i­ron un tiers de fran­coph­o­nes, est l’épicentre de la cul­ture aca­di­enne. J’ai donc la chance de vivre au cœur d’une com­mu­nauté artis­tique vibrante et tis­sée ser­rée. En rai­son de l’histoire du peu­ple aca­di­en, qui a été mar­quée par le Grand dérange­ment2, la ques­tion iden­ti­taire y est omniprésente et passe inévitable­ment par la défense de la langue française dans toute sa plu­ral­ité et sa com­plex­ité. En Acadie, les auteurs et les autri­ces utilisent plusieurs vari­antes régionales du français dans leur écri­t­ure : le chi­ac dans le Sud-Est du Nou­veau-Brunswick, le bray­on dans le Nord-Est, l’acadjonne à la Baie Sainte-Marie (Nou­velle-Écosse), le cadi­en en Louisiane, etc. La lit­téra­ture est donc abor­dée de manière beau­coup plus décom­plexée et libre qu’ailleurs. La prox­im­ité avec l’oralité ain­si que la décou­verte de nou­velles gra­phies m’ouvrent des per­spec­tives fort stim­u­lantes du côté de la poésie, tant comme autrice que comme éditrice. La prox­im­ité avec l’océan Atlan­tique et le rythme de vie des Mar­itimes influ­en­cent aus­si mon écri­t­ure ; le paysage qui m’habite et m’inspire n’est plus le fleuve St-Lau­rent, mais plutôt la baie de Fundy, là où se pro­duisent les plus hautes marées du monde…

Vous êtes aus­si éditrice. Pourquoi avoir choisi de s’engager aus­si dans cette voie ? Pou­vez-vous nous par­ler un peu de votre mai­son d’édition ?
J’ai com­mencé à tra­vailler pour les Édi­tions Perce-Neige en sep­tem­bre 2022 et j’en assume la direc­tion lit­téraire depuis mars 2023. Fondée en 1980, il s’agit de la plus anci­enne mai­son d’édition aca­di­enne tou­jours en activ­ité. Il faut savoir que la lit­téra­ture aca­di­enne a une his­toire rel­a­tive­ment récente ; la pre­mière mai­son d’édition aca­di­enne, les Édi­tions d’Acadie, a ouvert ses portes au début des années 70 en pub­liant coup sur coup trois recueils de poésie fon­da­teurs : Cri de terre de Ray­mond Guy LeBlanc (1972), Acadie Rock de Guy Arse­nault (1973) et Mourir à Scoudouc d’Herménégilde Chi­as­son (1974). Cette mai­son a fer­mé ses portes au début des années 2000, ne lais­sant dans le paysage lit­téraire que les Édi­tions Perce-Neige, basées à Monc­ton, les Édi­tions La Grande Marée, basées dans la Pénin­sule aca­di­enne, et Bou­ton d’or Acadie (jeunesse). Chez Perce-Neige, je suc­cède aux poètes Gérald Leblanc et Serge Patrice Thi­bodeau, qui ont respec­tive­ment tenu la barre de l’organisme de 1991 à 2005 et de 2005 à 2023.
C’est un grand priv­ilège de pren­dre le relais pour con­tin­uer à dévelop­per la lit­téra­ture aca­di­enne et la faire ray­on­ner dans toute la fran­coph­o­nie. Mon rôle d’éditrice me per­met d’être con­tin­uelle­ment en con­tact avec les artistes, immergée avec elles et eux dans une démarche créa­tive. Je les aide à don­ner corps à leurs idées, à don­ner vie à leurs émo­tions. C’est un rôle qui se rap­proche de celui de la sage-femme, de la maïeu­tique socra­tique. Je donne tout autant que je reçois ; c’est un tra­vail très grat­i­fi­ant, mais aus­si très nourrissant.
Quels sont vos pro­jets en tant que poétesse et en tant qu’éditrice ?
En tant que poète, je tra­vaille actuelle­ment sur une expo­si­tion per­me­t­tant à mon recueil Berceuses d’aller à la ren­con­tre d’un nou­veau lec­torat par l’entremise de l’estampe et de l’installation audio. J’ai aus­si entamé la phase de recherch­es et de lec­tures qui mèn­era à l’écriture de mon qua­trième livre de poésie.
Du côté de la mai­son d’édition, avec mes col­lègues, je tra­vaille notam­ment sur la pub­li­ca­tion d’une impor­tante antholo­gie thé­ma­tique pour soulign­er le 45e anniver­saire des Édi­tions Perce-Neige, que nous célébrerons en 2025. Nous souhaitons égale­ment dévelop­per notre réseau à l’international en par­tic­i­pant à des foires comme celles de Lon­dres et de Franc­fort et à des événe­ments comme le Marché de la poésie de Paris et le Poet­ik Bazar de Brux­elles. Bref, nous avons l’ambition de faire con­naître la richesse de la lit­téra­ture aca­di­enne par-delà les fron­tières parce que nous croyons qu’elle est résol­u­ment sin­gulière et inimitable.

Présentation de l’auteur

Émilie Turmel

Émi­lie Turmel est née à Mon­tréal en 1988 et a gran­di à Québec. Elle a obtenu une maîtrise en lit­téra­ture et un diplôme en créa­tion de livres-objets de l’Université Lavalet a été enseignante de philoso­phie.

Elle a tra­vail­lé en tant qu’adjointe à la pro­gram­ma­tion à la Mai­son de la lit­téra­ture de Québec. À par­tir de , elle est direc­trice générale du Fes­ti­val Frye, le plus grand fes­ti­val lit­téraire du Cana­da atlan­tique. Basé à Monc­ton, ce fes­ti­val bilingue, nom­mé en l’honneur du cri­tique lit­téraire Northrop Frye, se déroule depuis l’an 2000 et a accueil­li plus de 800 auteurs provenant de la région et de l’étranger4. En mars 2023, les Édi­tions Perce-Neige annon­cent sa nom­i­na­tion au poste de direc­trice lit­téraire de l’organisme.

Bibliographie 

  • Casse-gueules, Mon­tréal, Poètes de brousse, 2018.
  • Van­ités, Mon­tréal, Poètes de brousse, 2020.
  • Berceuses, Mon­tréal, Poètes de brousse, 2023.

Distinctions

  • 2019 — Final­iste du prix Émile-Nel­li­­gan, Casse-gueules.
  • 2019 — Récip­i­endaire du prix René-Ley­­naud, Casse-gueules.
  • 2020 — Lau­réate du prix Louise-Labé pour Van­ités.
  • 2024 — Final­iste du prix Émile-Nel­li­­gan, Berceuses.

Poèmes choi­sis

Autres lec­tures

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Cécile Oumhani

Poète et roman­cière, Cécile Oumhani a été enseignant-chercheur à l’Université de Paris-Est Créteil. Elle est l’auteur de plusieurs recueils dont Passeurs de rives, Mémoires incon­nues et La ronde des nuages, paru chez La Tête à l’Envers en 2022. Elle a pub­lié plusieurs romans dont L’atelier des Stre­sor, Les racines du man­darinier, ou encore Tunisian Yan­kee chez Elyzad. Elle a reçu le Prix européen fran­coph­o­ne Vir­gile 2014 pour l’ensemble de son œuvre.

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