Pascal Boulanger – la poésie comme méditation et combat

Par |2024-01-06T13:48:28+01:00 6 janvier 2024|Catégories : Essais & Chroniques, Pascal Boulanger|

L’acte de lire la poésie néces­site retrait et silence, afin d’atteindre la source unis­sant notre intéri­or­ité à celle du poète que nous lisons. Il con­vient dès lors de se laiss­er envelop­per par la mélodie, le rythme, la « vision » ain­si que l’indiquait Mar­cel Proust dans son immor­tel Temps retrou­vé. Y baign­er nous per­me­t­tra d’expérimenter avec pas­sion l’univers du créateur.

Nous avons ten­té une approche de celui de Pas­cal Boulanger à tra­vers trois recueils1, car tous trois nous sem­blaient refléter ce qu’il y a d’intemporel dans l’œuvre de ce poète, tou­jours se renou­ve­lant, et appro­fondis­sant sans cesse ce que cet univers a de plus lumineux.

Nous pour­rions à ce titre par­ler, dans l’esprit d’André Rol­land de Renéville, d’expérience poé­tique pour Pas­cal Boulanger. En effet, l’expérience poé­tique est celle de la mise à jour – donc en mots – de l’énigme qui sourd en nous, presque incon­sciem­ment, ce que Hei­deg­ger nom­mait si juste­ment « bruit de source ». Il y a ce que l’on ressent – et ce quelque chose qui tran­scende ce « il y a ».

Ce quelque chose nous atteint, mais il nous faut longtemps écouter pour en recueil­lir la par­celle d’énigme saisissable.

Cette patience et cette écoute font par­tie inté­grante de l’expérience poé­tique et elles éclairent les poèmes de Pas­cal Boulanger, lui qui s’adressait à ses filles par ces mots mag­nifiques : « Je recueille vos silences »2 ou « J’attends l’inattendu et pour­tant le déjà-là »3.

Un ciel ouvert en toute sai­son nous intro­duit dans cette expéri­ence authen­tique de l’œuvre poé­tique comme recueille­ment et com­bat, les deux s’enchâssant tel l’écrin unis­sant les dif­férentes par­ties du diamant.

Pas­cal Boulanger, Tacite, Flam­mar­i­on, 2001, 120 pages, 13 € 80.

En effet, Pas­cal Boulanger y rejoint la puis­sance des grandes œuvres lyriques, tout autant mys­tiques que trag­iques, en plongeant dans les pro­fondeurs de l’âme, là où le fleuve uni­versel tra­verse ce que Mon­taigne définis­sait « la forme entière de l’humaine con­di­tion ». Le plat lyrisme, ce fade nar­cis­sisme sans intérêt, n’est qu’un épanche­ment sans hori­zon, et dieu mer­ci, bien vite oublié. Nous n’y pour­rions jamais sen­tir cette parole « d’âme à âme » qu’évoquait Rimbaud.

Le lyrisme de Pas­cal Boulanger est, lui, uni­versel. De même que le Vic­tor Hugo des Con­tem­pla­tions met­tait en garde ses lecteurs en les prévenant que, « quand je vous par­le de moi, je vous par­le de vous. Com­ment ne le sen­tez-vous pas ? », nous pour­rions faire le même rap­pel au lecteur d’Un ciel ouvert en toute sai­son. Ce recueil est en effet, à pre­mière vue, le plus per­son­nel pub­lié par Pas­cal Boulanger. Celui-ci s’y adresse à ses deux filles et nous donne à lire une immense let­tre d’amour, sub­lime de beauté et de sim­plic­ité. Nous sen­tons dans les nom­breux chi­asmes le désir de reli­er d’un même élan ses deux filles, leur mère et lui-même dans un univers qui, nous le ver­rons, est chan­té sans cesse avec ivresse. « Dix-huit mois vous sépar­ent mais rien ne me sépare de vous » (p. 12), ou encore : « Si, il y a longtemps, les grottes abri­taient la mémoire du monde en dessi­nant les pre­miers gestes des hommes sur la terre, moi, c’est mon cœur qui vous abrite » (p. 19).

Pas­cal Boulanger, Un ciel en toute sai­son, Le Cor­ri­dor bleu, 2013, 34 pages, 10 €. 

On le voit, l’écriture chante l’amour pater­nel. Mais nous sommes bien vite emportés par l’élan poé­tique qui se révèle en même temps une arme con­tre le défaitisme spir­ituel, pour l’amour de la vie réelle, vécue, expéri­men­tée. En oppo­si­tion à toute forme de ressen­ti­ment, ses poèmes ont une force qui fait front au nihilisme – pour le dissoudre.

Le com­bat et la volon­té sont liés dans des vers tels : « Un jour, lorsque vous serez plus grandes, je vous par­lerai de l’acquiescement, de l’un et l’autre dis­sem­blable et de ce qui se donne en se retran­chant » (p. 25) ; « L’existence n’est pas une faute, toutes les chances s’offrent à vous » (p. 26) et enfin ce OUI trag­ique à la vie : « Je m’exerce à per­dre ce que j’aime, je dois aimer ce qui m’échappe. »

Dès lors, lire Un ciel ouvert en toute sai­son est une belle adresse à ses filles en même temps que des muni­tions pour le lecteur. Nous le lisons en inté­grant le « je » comme le fai­sait les grands mys­tiques, ou encore le Descartes des Médi­ta­tions méta­physiques nous amenant à faire l’expérience ontologique en même temps que lui. Dans le même temps que nous lisons Un ciel ouvert en toute sai­son s’opère une méta­mor­phose dans laque­lle les filles, des­ti­na­tri­ces, devi­en­nent des allé­gories de la vie, chez qui la joie, l’affirmation, l’exaltation s’opposent telle une rage d’amour à toute forme de regret, de ressen­ti­ment, de haine.

L’émotion l’émeute, recueil plus ancien que le précé­dent, amorçait déjà cette vision com­bat­ive vis-à-vis de tout nihilisme perçu comme néga­tion de tout sens et de toute valeur de l’existence. La puis­sance du verbe de Pas­cal Boulanger est telle que – dépas­sant les fades oppo­si­tions aus­si futiles que fauss­es – nous y sen­tons une par­en­té spir­ituelle avec l’exaltation de la vie et de la beauté d’un William Blake, d’un Hölder­lin, et (le para­doxe n’existera que pour les penseurs de sur­face) d’un Christ et d’un Dionysos ! « Ne rien dire / dire oui » (p. 23) !

Comme nous allons le voir, le remords, l’obsession de la mort, toute cette pen­sée du ressen­ti­ment est détru­ite dans un acqui­esce­ment volon­tariste, dans des « vagues de feu / sur lesquelles danse la pen­sée » (p. 14) car « on prend feu en prenant la parole » (p. 21) et « Le feu éclaire le réc­it / en hébreu / lumière veut dire secret » (p. 24). Pas­cal Boulanger nous donne lui-même, page 45, une courte déf­i­ni­tion du nihilisme aus­si brève qu’éclairante : « le nihilisme / un retrait du monde ».

La préémi­nence de la vie, du lien inhérent à l’existant sont chan­tés dès le pre­mier texte, mise en forme de courte de pré­face (p. 9), qui mérit­erait d’être repris en entier (comme tant de poèmes !) mais dont voici un extrait : « Pourquoi faudrait-il que la mort soit la reli­gion absolue ? / L’œil habil­lé d’une paupière n’est pas dans la tombe. / D’ailleurs, placé en ce lieu de parole qui fait parole, / rien ne meurt qui a commencé ». 

Pas­cal Boulanger, L’E­mo­tion l’émeute, 2003, 10 €.

De fait, « le monde s’occupe trop des morts » (p. 19) et dans ce que Niet­zsche nom­mait l’ivresse du devenir, Pas­cal Boulanger sem­ble lui faire écho en procla­mant : « jamais de remords / pas l’ombre d’une faute à confesser ».

Cette vie se fête aus­si par la beauté du réel dans un mag­nifique déploiement de joie : « Depuis que la lumière créa l’œil pour être vu / la rose a souci d’elle-même » (p. 13) et « La rose ensoleil­lée sera / en tout lieu / la poésie dans une autre » (p. 16). Le chant de la vie s’exalte aus­si dans le rap­port direct avec la beauté métaphorique du monde : « C’est encore la mer / le sou­venir de la mer / où se lan­cent des oiseaux de toutes sortes / impa­tients d’écrire, “la vie en tant que forme de l’être” / dans la lumière qui soudain / envahit la scène » (p. 18) ; « le présent seul / Un bleu très pur se noie dans un bou­quet de nuages / tout un vide accu­mulé de bleu / c’est une absence de monde / Je l’embrasse / je l’embrasse encore / je l’embrasse pour la pre­mière fois ».

Enfin, il sem­ble inévitable d’évoquer les poèmes en pros­es (et en italiques, comme le seraient des dis­cours directs adressés directe­ment aux lecteurs), phras­es sans ponc­tu­a­tion et lancées d’un même élan, lumineuses paroles prenant la vie à sa source. Je lim­it­erai ici la cita­tion à un seul de ces poèmes – invi­tant par là même les lecteurs à les tra­vers­er tous d’un même élan – situé à la page 34 du recueil : « Les anges de lumière qui tombent frap­pés à genoux ils dis­ent dieu s’est retiré du monde la main s’efface on n’entend plus que le faible mur­mure d’une fontaine brûlée de soleil impos­si­ble de réveiller ceux qui dor­ment une sorte d’impatience amoureuse unanime les guide vers la mort pour­tant les matins sont comme des oiseaux arrachés l’ombre ne pèse plus sur le mur le temps s’écoule le feu monte une bouche ébran­le le tem­ple chaque couleur inonde les toits le cœur dérive par­mi les bêtes qui tra­versent lente­ment le jardin à chaque sec­onde acqui­escer veut dire jouir »

Har­monie poé­tique où la beauté et le com­bat ne font qu’un !

Tacite fut pub­lié seule­ment un an avant L’émotion l’émeute, et bien que l’atmosphère sem­ble s’opposer en tout point aux deux autres recueils évo­qués précédem­ment, la par­en­té d’esprit, pour peu qu’on en appro­fondisse le sens, appa­raî­tra bien vite.

La lucid­ité sup­pose d’avoir l’œil ouvert, ain­si que le courage de la vérité et de l’authenticité à l’égard de ce que le réel nous enseigne. Ce dernier peut être tout aus­si bien notre envi­ron­nement que notre sub­jec­tiv­ité. Dès lors, l’énergie néces­saire au com­bat con­tre le ressen­ti­ment et le nihilisme sup­pose d’en affron­ter – par­fois téméraire­ment – la fas­ci­na­tion de notre moder­nité pour la mort.

À cet égard, Tacite est exem­plaire car il mêle à la descrip­tion des hor­reurs absolues de l’histoire romaine – peu dif­férentes de l’histoire récente, si ce n’est pour celle-ci l’apport du « pro­grès » tech­nique – des sen­tences intem­porelles que le génie du clas­si­cisme français n’eût pas reniées. Ce faisant, Pas­cal Boulanger met en lumière le mal à sa source, à savoir ancré dans l’esprit même de l’être humain, là où la pul­sion de mort fleu­rit depuis toujours.

L’emprisonnement est avant tout spir­ituel. Dès le début, le texte nous le dit : « L’aménagement de la ter­reur : / doré­na­vant le mur est dans toutes les têtes » (p. 9) avant de le con­firmer quelques pages plus tard : « Pris­on­niers, / au milieu de la plus libre, / la plus ouverte des routes » (p. 15). Mais l’emprisonnement n’est jamais l’objet d’une prise de con­science, car pareil à cette volon­té absurde et sans cause décrite par Schopen­hauer, les humains sont agis, si l’on me per­met cette expres­sion, ils le sont pas­sive­ment, en tant que purs objets dans l’ensemble du réel, et ain­si inca­pables de con­science réflex­ive vis-à-vis du désas­tre qui se pro­longe : « épo­ques fécon­des en cat­a­stro­phes, ensanglan­tées de com­bats, déchirées par les sédi­tions, cru­elles même pen­dant la paix. / Pareils aux bêtes de labeur, aban­don­nées au ver­tige de leur fab­ri­ca­tion, qui se déchirent elles-mêmes, se déchirent dans la nul­lité du néant » (p. 16). La folie meur­trière ne se révèle finale­ment « rien qu’une ivresse vide » (p. 32), une « boîte du néant » (p. 35), menant au bout du compte au pire de l’absurde, à cette inver­sion du sac­ri­fice d’Abraham que racon­te Pas­cal Boulanger (p. 108).

On le voit. L’œuvre de ce poète est une longue médi­ta­tion en même temps qu’un vaste com­bat, où l’exaltation de la vie, l’affirmation d’une volon­té sans faille en faveur de la vital­ité, n’hésite pas à plonger dans le mal absolu, à en affron­ter les peurs et la douleur, pour mieux les con­jur­er et les méta­mor­phoser en lumière.

∗∗∗

 

Notes

  1. Les trois recueils qui font l’objet de cet arti­cle sont les suiv­ants : TACITE, pub­lié en 2001 aux Édi­tion Flam­mar­i­on ; L’ÉMOTION L’ÉMEUTE, en novem­bre 2002 aux Édi­tions Tara­buste et Un ciel ouvert en toute sai­son, en 2010 aux Édi­tions Le Cor­ri­dor Bleu.
  2. Un ciel ouvert en toute sai­son, p. 50
  3. P. 14

Présentation de l’auteur

Pascal Boulanger

Pas­cal Boulanger, poète et cri­tique lit­téraire né en 1957, père de deux filles, vit près de Com­bourg, en Ile et Vilaine depuis son départ à la retraite. Il a été bib­lio­thé­caire en ban­lieue parisi­enne, d’abord à Bezons (Val d’Oise) puis à Mon­treuil (Seine Saint Denis). Il a mené des ate­liers d’écriture et a été à l’initiative de nom­breuses actions cul­turelles dans le cadre de ses fonc­tions pro­fes­sion­nelles. Il a pub­lié des arti­cles et des chroniques dans des revues, par­mi lesquelles « Action poé­tique », « art­press », « Europe »,  « Triages », « Poési­bao », « Sitaud­is », « Recours au poème »…

Depuis 1991, date de la paru­tion de son pre­mier livre « Sep­tem­bre, déjà » (Europe-Poésie), il a pub­lié des recueils poé­tiques (chez Flam­mar­i­on, Tara­buste, Cor­levour…) des antholo­gies cri­tiques et des car­nets. En 2018, Guil­laume Basquin des édi­tions Tin­bad, pub­lie une copieuse antholo­gie de ses poèmes, sous le titre : « Trame : antholo­gie 1991–2018, suiv­ie de L’amour là ». En 2020 et 2022, les édi­tons du Cygne pub­lient ses recueils « L’intime dense » et « Si la poésie doit tout dire… ». Il est l’auteur, avec Solveig Con­rad-Bouch­er, d’une étude sur Chateaubriand (Edi­tions Arfuyen). En 2023, les édi­tons Tin­bad pub­lient le troisième vol­ume de ses car­nets : « En bleu adorable ».

Bibliographie 

  • Sep­tem­bre, déjà, éd. Mes­si­dor, 1991
  • Mar­tin­gale, éd. Flam­mar­i­on, 1995.
  • Une action poé­tiquede 1950 à aujourd’hui, éd. Flam­mar­i­on, 1998.
  • Le bel aujourd’hui, éd. Tara­buste, 1999.
  • Tacite, éd. Flam­mar­i­on, 2001
  • Le corps cer­tain, éd. Com­p’Act, 2001.
  • L’émotion l’émeute, éd. Tara­buste, 2003Jon­gleur, éd. Com­p’Act, 2005.
  • Jon­gleur, éd. Comp’act, 2005
  • Sus­pendu au réc­it… la ques­tion du nihilisme, éd. Com­p’Act, 2006.
  • Fusées et pap­er­olesL’Act Mem, 2008.
  • Jamais ne dorsle cor­ri­dor bleu, 2008.
  • Cher­chant ce que je sais déjàÉdi­tions de l’Amandier], 2009.
  • L’échappée belle, Wig­wam, 2009.
  • Un ciel ouvert en toute sai­sonLe cor­ri­dor bleu, 2010.
  • Le lierre la foudre, éd. de Cor­levour, 2011.
  • Faire la vie : entre­tien avec Jacques Hen­ric, éd. de Cor­levour, 2013.
  • Au com­mence­ment des douleurs, éd. de Cor­levour, 2013.
  • Dans les fleurs du souci, éd. du Petit Flou, 2014
  • Essai, éd. Tit­uli, mars 2015
  • Guerre per­due, éd. Pas­sage d’en­cre, coll. “Trait court”, 2015.
  • Mourir ne me suf­fit pas, pré­face de Jean-Pierre Lemaire, éd. de Cor­levour,  2016.
  • Trame : antholo­gie, 1991–2018, suivi de L’amour là, Tin­bad, 2018.
  • Jusqu’à présent, je suis en chemin — Car­nets : 2016–2018, éd. Tit­uli, 2019
  • L’intime dense, éd. du Cygne, 2021
  • Si la poésie doit tout dire, éd. du Cygne, 2022
  • Ain­si par­lait Chateaubriand, avec Solveig Con­rad Bouch­er (Arfuyen), 2023
  • En bleu adorable, Tin­bad, 2023

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Jean-Yves Guigot

Enseignant le français et la philoso­phie, âgé de 52 ans, l’ac­tiv­ité à laque­lle je m’adonne sur le plan exis­ten­tiel est la quête de l’u­nité. L’écri­t­ure poé­tique est le lieu expéri­men­tal où se mêlent la vie et l’œuvre à naître, et les recueils, ain­si que ce vers quoi je tends, sont tournés vers cette quête. Le site lenchassement.com par­ticipe de cette expéri­ence à tra­vers tous les arts et les modes d’écriture.

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