Philippe Jaffeux, LA DANSE
La danse enflamme le vent
des gestes irréels
Le silence en mouvement
sculpte un modèle
Sur une plaine infinie
un corps vit en suspend
Il attend d'être recueilli
par la force du vent
Ses muscles nagent sur terre
versés dans la masse
Corrigée par l'éphémère
la pensée s'efface
Le ciel alors s'épanouit
les prévisions cessent
Un nuage s'évanouit
le danseur se dresse
La danse enflamme le vent
des gestes irréels
Le silence en mouvement
sculpte un modèle
Un marcheur s'ajuste à l'air
le premier pas est dit
Pour s'envoler dans la sphère
une danse suffit
Le courant d'air inspirateur
rythme l'inattendu
La nature chante en cœur
le trajet imprévu
Un acrobate virevolte
à l'ombre du vide
Avec son corps désinvolte
il lâche la bride
La danse enflamme le vent
des gestes irréels
Le silence en mouvement
sculpte un modèle
La vibration est accrochée
un danseur circule
La marionnette est lâchée
le cœur s'articule
Un ballet de chastes ondes
chante l'impossible
La vie et l'air se confondent
dans l'un invisible
La gestuelle palette
réunit tous les arts
Musiciens peintres poètes
dansent en fanfare
La danse enflamme le vent
des gestes irréels
Le silence en mouvement
sculpte un modèle
Après l'extatique fête
l'euphorie s'impose
Dans la plaine satisfaite
le calme explose
L'homme aux gestes captivants
a livré son charme
Avec la retraite du vent
son art rend les armes
Le grand frisson de l'univers
pétrifie le danseur
Dans son corps il a découvert
la pierre du bonheur