Philippe Jaffeux, L’OISEAU et autres poèmes

2024-07-07T13:36:49+02:00

L’air et l’oiseau se confondent
tou­jours à l’unisson
Ils aban­don­nent le monde
avec une chanson

Un vagabond du firmament
quitte son royaume
Il se pose au bon moment
à l’en­droit optimum
L’ar­bre sait com­ment accueillir
ce par­fait passager
L’oiseau pour­ra tou­jours partir
Sans jamais le blesser
A l’aide du crépuscule
l’en­volée se suspend
L’at­ter­ris­sage bascule
Dans un rêve planant

L’air et l’oiseau se confondent
tou­jours à l’unisson
Ils aban­don­nent le monde
avec une chanson

Ce migra­teur invincible
a vu tous les soleils
L’aube est imprévisible
à l’in­stant du réveil
La même chaleur anime
la terre et l’oiseau
Ils don­nent cha­cun la rime
Sur la cime d’une branche
un cœur s’émerveille
L’éter­nel rêveur se penche 
au-dessus du sommeil

L’air et l’oiseau se confondent
tou­jours à l’unisson
Ils aban­don­nent le monde
avec une chanson

L’oiseau libre trou­ve la clef
de l’éveil immense
Il s’ou­vre au chant spontané
des mots du silence
De son bec la grâce jaillit
ornée d’un panache
Ce pré­cieux élixir de vie
coule sans relâche
Une force inhumaine
pénètre l’animal
Sa per­for­mance sereine
révèle l’art astral

L’air et l’oiseau se confondent
tou­jours à l’unisson
Ils aban­don­nent le monde
avec une chanson

Un chantre donne le conseil
utile au bonheur
Le regard tourné vers le ciel
il attend son heure
Ce noble passeur écoute
l’ap­pel de l’infini
L’oiseau dis­sipe le doute
Pour suiv­re son envi
Il s’en­v­ole vers l’inconnu
finir son récital
Sa chan­son sera bienvenue
dans un lieu d’escale

Le silence vit à l’ombre
d’une soif d’harmonie
Il organ­ise les nombres
d’un rythme infini

Un nomade pend la fuite
du séden­taire bruit
Dans l’e­space sans limite
le silence fleurit
Sa fra­grance enivre l’air
imbu d’élégance
L’ab­sence de commentaire
fonde sa puissance
Le soli­taire distile
l’oc­ca­sion attrapée
Ce repère immobile
guide son échappée

Le silence vit à l’ombre
d’une soif d’harmonie
Il organ­ise les nombres
d’un rythme infini

Dans la ren­con­tre totale
le cœur est enchanté
Un rythme muet s’installe
dans la vie habitée
Selon ce chant inutile
la volon­té se tait
Le fugi­tif immobile
entend sa liberté
Aucun objet ne sépare
le dedans du dehors
Le silence comble l’écart
de la vie à la mort

Le silence vit à l’ombre
d’une soif d’harmonie
Il organ­ise les nombres
d’un rythme infini

La couleur du ciel attire
le par­fum de la mer
L’hori­zon en paix respire
une sage guerre
Un cri ouvre le délire
enfer­mé dans les nerfs
Ce son par­le sans rien dire
sous un masque de fer
Un fou entend le silence 
à l’é­tat magique
Son corps for­mule la danse
d’une loi rythmique

Le silence vit à l’ombre
d’une soif d’harmonie
Il organ­ise les nombres
d’un rythme infini

L’im­age garde le secret
du silen­cieux sage
Il trace les mys­térieux traits
de son seul langage
Sa pra­tique anonyme
des­sine des miroirs
Le silence légitime
un intime savoir
Aux yeux de ce mot limpide
ma chan­son est en trop
Seul ton sourire placide
dira le dernier mot

Au début la vie prononce
les notes du hasard
La main donne sa réponse
sur une guitare

Quand la corde pincée fleurit
le temps se transforme
Un musi­cien crée l’harmonie
l’oc­tave se forme
La main glisse vers la source
au som­met du dedans
L’ex­péri­ence fait la course
avec un innocent
Pour l’in­ter­prète lucide
l’in­stant est possible
Sa vie s’at­tache au vide
d’un fil invisible

Au début la vie prononce
les notes du hasard
La main donne sa réponse
sur une guitare

Le rythme trans­porte l’action
au cen­tre de l’humain
Dans un monde en mutation
résonne le refrain
Le pub­lic répond en écho
à l’onde subtile
Le musi­cien joue en duo
avec chaque style
L’artiste obéit à l’air
Il crée un mirage
Sans aucun commentaire 
est né un langage

Au début la vie prononce
les notes du hasard
La main donne sa réponse
sur une guitare

Le musi­cien joue sa chance
sur l’éter­nel départ
Il s’ac­corde au silence
pour oubli­er son art
Au cœur des cordes magiques
la cible résonne
L’u­nivers suit la musique
l’in­spi­ra­tion sonne
Les audi­teurs en osmose
parta­gent ce réveil
Des planètes se composent
à l’om­bre d’un soleil

Au début la vie prononce
les notes du hasard
La main donne sa réponse
sur une guitare

Les sons vien­nent sur mesure
l’in­con­nu s’élève
La mélodie se fracture
un musi­cien rêve
Le souf­fle du hasard ouvre
la voie idéale
L’im­pro­vi­sa­tion découvre
la fuite totale
Sur le sort de l’art mis à nu
le con­cert se finit
Mais le silence continue 
à chanter l’infini

Le cœur fidèle retrouve
les états de la mer
L’e­sprit éclairé découvre
le sel de la terre

Un laboureur téméraire
entrevoir un trésor
Les longs sil­lons arbitraires
inon­dent son décor
La mul­ti­tude des tranchées
abreuve la houle
L’a­gricul­teur est attaché
à sa terre soûle
Dans ce pays de cocagne
la mer prend son essor
Le souf­fle de la campagne
arrive à bon port

Le cœur fidèle retrouve
les états de la mer
L’e­sprit éclairé découvre
le sel de la terre

La tem­pête sert à boire
à la vie champêtre
Les pois­sons chantent victoire
l’eau fonde l’ancêtre
Le cam­pag­nard émerveillé
retrou­ve sa source
La vieille mer a réveillé
l’éter­nelle course
Ce fer­mi­er est le jardinier
de la couleur des cieux
L’océan a peint en premier
la planète en bleu

Le cœur fidèle retrouve
les états de la mer
L’e­sprit éclairé découvre
le sel de la terre

Au-dessus de la nature
la mer est au niveau
Une vague immature
préserve le chaos
Sur sa char­rue aquatique
un marin laboure
L’imag­i­na­tion indique
le point de non-retour
Un des­tin se cristallise
dans un corps ébahi
Le grain de sel dépayse
un paysan conquis

Le cœur fidèle retrouve
les états de la mer
L’e­sprit éclairé découvre
le sel de la terre

Debout sur son champ retourné
un témoin prospère
L’océan est déraciné
sa mémoire prolifère
L’e­sprit des vagues pénètre
une chair propice
Un va-et-vient de bien-être
berce un novice
Sur la terre régénérée
un homme s’oriente
Le mys­tère est démontré
la mer est vivante

La danse enflamme le vent
des gestes irréels
Le silence en mouvement
sculpte un modèle

Sur une plaine infinie
un corps vit en suspend
Il attend d’être recueilli
par la force du vent
Ses mus­cles nagent sur terre
ver­sés dans la masse
Cor­rigée par l’éphémère
la pen­sée s’efface
Le ciel alors s’épanouit
les prévi­sions cessent
Un nuage s’évanouit
le danseur se dresse

La danse enflamme le vent
des gestes irréels
Le silence en mouvement
sculpte un modèle

Un marcheur s’a­juste à l’air
le pre­mier pas est dit
Pour s’en­v­ol­er dans la sphère
une danse suffit
Le courant d’air inspirateur
rythme l’inattendu
La nature chante en cœur 
le tra­jet imprévu
Un acro­bate virevolte
à l’om­bre du vide
Avec son corps désinvolte
il lâche la bride

La danse enflamme le vent
des gestes irréels
Le silence en mouvement
sculpte un modèle

La vibra­tion est accrochée
un danseur circule
La mar­i­on­nette est lâchée
le cœur s’articule
Un bal­let de chastes ondes
chante l’impossible
La vie et l’air se confondent
dans l’un invisible
La gestuelle palette
réu­nit tous les arts
Musi­ciens pein­tres poètes
dansent en fanfare

La danse enflamme le vent
des gestes irréels
Le silence en mouvement
sculpte un modèle

Après l’ex­ta­tique fête
l’e­uphorie s’impose
Dans la plaine satisfaite
le calme explose
L’homme aux gestes captivants
a livré son charme
Avec la retraite du vent
son art rend les armes
Le grand fris­son de l’univers
pétri­fie le danseur
Dans son corps il a découvert
la pierre du bonheur

Présentation de l’auteur

Philippe Jaffeux

Philippe Jaf­feux habite Toulon. L’Ate­lier de l’Agneau édi­teur a édité la let­tre O L’AN / ain­si que courants blancs et autres courants.

Les édi­tions Pas­sage d’encres ont pub­lié N L’E N IEMeALPHABET de A à M et Ecrit par­lé. Les édi­tions Lan­sk­ine ont pub­lié Entre et Glisse­mentsDeux a été édité par les édi­tions Tin­bad et 26 Tours par les édi­tions Plaine Page. Nom­breuses pub­li­ca­tions en revues et en ligne .

Philippe Jaffeux

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