Un ensemble de poèmes parus en mai 2014.
1
Avec le soir, avec l’air et les parfums du soir, sur les collines, dans les parcs, on sent le poids des choses, de cette journée qui a cueilli juste un peu de vent au milieu même de la chaleur.
On est là, la ville sous les yeux, les rumeurs qui montent.
On ne sait presque plus le bonheur d’être au plus près des autres.
La fatigue vient comme l’ombre, nous occupe jusqu’à la fraîcheur.
Rome est sous la paume, proche comme un corps.
2
Vers le soir, vers les ombres, quand le bleu se défait sous les premières lampes et que la lumière recule encore aux lisières, quand nous nous terrons sous le grand arbre de la cour, dans une attente comme une prière d’épaules, avec la grande nappe de ciel sombre qui nous sonde, avec un cœur qui commence à s’épancher dans le noir survenu, ce soir des confidences avec les astres, ce soir à compter les grains éclairés au-dessus, sans espérer rien d’autre que le sable et le sommeil.
3
Les briques sont encore chaudes. Tout dort. Entre les barres, des espaces noirs. Beaucoup promènent leur solitude derrière des vitres sombres. Sinon, des soirs habituels, avec des rectangles jaunes, éparpillés, des lueurs, des ombres. Que savons-nous des silhouettes qui se déplacent comme des calligraphies. On imagine seulement des repas qui se prolongent, des fins de journée et la fatigue avec.
Parfois, les bruits sont de larges soupçons qui guettent dans le noir et font sursauter.
Parfois.
En passant la main sur le corps des choses, la vie bouge. Remue.
4
Les immeubles prennent l’ombre et d’impossibles enfants continuent de marquer dans la poussière les nœuds de leur vie.
Parfois, un chat les déroute ou une moto trop vite lancée vers le soir.
Mais peu savent les secrets dans le sable. Peu savent cette lumière d’entre, qui fête la fin du jour et dans laquelle nous disparaissons sans laisser d’autre sable que la semelle taillée dans le vif des jours.
5
Nous nous retrouvons adossés au soleil qui décline, lourds d’une journée qui fut d’été et d’éclats, nous avons promené nos carcasses efflanquées
au flux des rues et des ruelles, happant les ombres, maraudant plus qu’il n’en faut , mordant la lumière à pleine bouche, sûrs que le jour est notre
source.
Dans la nuit qui vient à plus de densité, nous n’avons plus que du silence
en poche et le ciel peut baratter le noir infiniment.