Philippe Leuckx, Lumière nomade (extraits)

Par |2021-07-06T18:26:40+02:00 3 juillet 2021|Catégories : Philippe Leuckx, Poèmes|

Un ensem­ble de poèmes parus en mai 2014.

 

1

Avec le soir, avec l’air et les par­fums du soir, sur les collines, dans les parcs, on sent le poids des choses, de cette journée qui a cueil­li juste un peu de vent au milieu même de la chaleur.
On est là, la ville sous les yeux, les rumeurs qui montent.
On ne sait presque plus le bon­heur d’être au plus près des autres.
La fatigue vient comme l’om­bre, nous occupe jusqu’à la fraîcheur.
Rome est sous la paume, proche comme un corps.

 

 

2

Vers le soir, vers les ombres, quand le bleu se défait sous les pre­mières lam­pes et que la lumière recule encore aux lisières, quand nous nous ter­rons sous le grand arbre de la cour, dans une attente comme une prière d’é­paules, avec la grande nappe de ciel som­bre qui nous sonde, avec un cœur qui com­mence à s’é­panch­er dans le noir sur­venu, ce soir des con­fi­dences avec les astres, ce soir à compter les grains éclairés au-dessus, sans espér­er rien d’autre que le sable et le sommeil.

 

 

3

Les briques sont encore chaudes. Tout dort. Entre les bar­res, des espaces noirs. Beau­coup promè­nent leur soli­tude der­rière des vit­res som­bres. Sinon, des soirs habituels, avec des rec­tan­gles jaunes, éparpil­lés, des lueurs, des ombres. Que savons-nous des sil­hou­ettes qui se dépla­cent comme des cal­ligra­phies. On imag­ine seule­ment des repas qui se pro­lon­gent, des fins de journée et la fatigue avec.
Par­fois, les bruits sont de larges soupçons qui guet­tent dans le noir et font sursauter.
Parfois.
En pas­sant la main sur le corps des choses, la vie bouge. Remue.

 

 

4

Les immeubles pren­nent l’om­bre et d’im­pos­si­bles enfants con­tin­u­ent de mar­quer dans la pous­sière les nœuds de leur vie.
Par­fois, un chat les déroute ou une moto trop vite lancée vers le soir.
Mais peu savent les secrets dans le sable. Peu savent cette lumière d’en­tre, qui fête la fin du jour et dans laque­lle nous dis­parais­sons sans laiss­er d’autre sable que la semelle tail­lée dans le vif des jours.

 

 

5

Nous nous retrou­vons adossés au soleil qui décline, lourds d’une journée qui fut d’été et d’é­clats, nous avons promené nos car­cass­es efflanquées
au flux des rues et des ruelles, hap­pant les ombres, marau­dant plus qu’il n’en faut , mor­dant la lumière à pleine bouche, sûrs que le jour est notre
source.
Dans la nuit qui vient à plus de den­sité, nous n’avons plus que du silence
en poche et le ciel peut barat­ter le noir infiniment.
 

Présentation de l’auteur

Philippe Leuckx

Philippe Leuckx est écrivain et cri­tique. Après des études de let­tres et de philoso­phie, il con­sacre son mémoire de licence à Mar­cel Proust avant d’en­seign­er au Col­lège Saint-Vin­­cent à Soignies.

Poète, cri­tique, il col­la­bore à de nom­breuses revues lit­téraires fran­coph­o­nes (Bel­gique, France, Suisse, Lux­em­bourg) et italiennes. 

Bibliographie

Poésie

a) livres, plaquettes

  • Une ombreuse soli­tude, 1994, L’ar­bre à paroles.
  • Poèmes d’en­tre-nuits, 1995, Le Milieu du jour (F).
  • Comme une épaule d’om­bres, 1996, L’ar­bre à paroles.
  • Le fraudeur de poèmes, 1996, Tétras Lyre.
  • Et déjà mon regard remue la cen­dre, 1996, Clapàs. Pré­face de Philippe Mathy(F).
  • Une san­gle froide au cœur, 1997, L’ar­bre à paroles.
  • Une espèce de tour­ment ?, 1998, L’ar­bre à paroles.
  • Nous aurons, 1998, Clapàs. Pré­face de Mar­cel Hen­nart (F).
  • Puisque Lis­bonne s’écrit en mots de sang, 1998, Encres Vives (F).
  • Un obscur remue­ment, 1999, La Bar­tavelle (F).
  • Un bref séjour à Nad Privozem, 2000, Encres Vives (F).
  • La main compte ses larmes, 2000, Clapàs. Pré­face de Frédéric Kiesel (F).
  • Le fleuve et le cha­grin, 2000, Tétras Lyre.
  • Poèmes de la quié­tude et du désœu­vre­ment, 2000, L’ar­bre à paroles.
  • La ville enfouie, 2001, Encres Vives (F).
  • Celui qui souf­fre, 2001, Clapàs. Pré­face de Georges Catha­lo (F).
  • Poèmes pour, 2001, La Porte (F).
  • Touché cœur, 2002, L’ar­bre à paroles.
  • Sans l’ar­mure des larmes, 2003, Tétras Lyre.
  • Faubourg d’herbes flot­tantes, 2003, La Porte (F).
  • Te voilà revenu, 2004, Les Pier­res. Pré­face de Pierre Dailly.
  • Rome cœur con­tinu, 2004, La Porte (F).
  • Errances dans un Brux­elles étrange, 2004, Encres Vives (F).
  • La rue pavée, 2006, Le Coudri­er. Présen­ta­tion de Jean-Michel Aubevert.
  • En écoutant Pao­lo Schet­ti­ni, 2006, Encres Vives (F).
  • Réso­nances (en col­lab­o­ra­tion), 2006, Memor.
  • Pho­toman­cies (en col­lab­o­ra­tion), 2006, Le Coudrier.
  • L’aile du matin, 2007, La Porte (F).
  • Un dé de fatigue, 2007, Tétras Lyre.
  • Éty­molo­gie du cœur, 2008, Encres Vives (F).
  • Rome rumeurs nomades, 2008, Le Coudri­er. Post­face de Wal­ter Geerts.
  • Résis­tances aux guer­res (en col­lab­o­ra­tion), 2008, CGAL.
  • Périphéries, 2008, Encres Vives (F).
  • Terre com­mune (en col­lab­o­ra­tion), 2009, L’ar­bre à paroles.
  • Le cœur se hausse jusqu’au fruit, suivi de Intérieurs, 2010, Les Déje­uners sur l’herbe.
  • Le beau livre des vis­ages, 2010, Book­leg no 67, Maelström.
  • Selon le fleuve et la lumière, 2010, Le Coudrier.
  • Pas­sages,(en col­lab­o­ra­tion), 2010, L’ar­bre à paroles.
  • Piqués des vers, 2010, Espace Nord no 300.
  • Rome à la place de ton nom, 2011, Bleu d’encre.
  • De l’autre côté, (en col­lab­o­ra­tion), 2011, L’ar­bre à paroles.
  • Dans la mai­son wien, 2011, Encre Vives (F).
  • D’en­fances, 2012, Le Coudrier.
  • Métis­sage, (en col­lab­o­ra­tion), 2012, L’ar­bre à paroles.
  • Un pié­ton à Barcelone, 2012, Encres Vives (F).
  • Au plus près, 2012, Ed. du Cygne (F).
  • Déam­bu­la­tions romaines,(en col­lab­o­ra­tion), 2012, Ed. Didi­er Devillez.
  • Quelques mains de poèmes, 2012, L’ar­bre à paroles.
  • Dix frag­ments de terre com­mune, 2013, La Porte (F).
  • Momen­to nudo, (en col­lab­o­ra­tion), 2013, L’ar­bre à paroles.
  • D’où le poème sur­git, 2014, La Porte (F).
  • Lumière nomade, 2014, Ed. M.E.O.
  • Car­nets de Ranggen , 2015, Le Coudrier.
  • L’im­par­fait nous mène, 2015, Bleu d’encre.
  • Etranger, ose con­tem­pler, 2015, Encres Vives, coll. Lieu (F).
  • Les ruelles mon­tent vers la nuit, 2016, Ed. Hen­ry, coll. La main aux poètes (F).
  • D’ob­scures rumeurs, 2017, Ed. Petra, coll. Pier­res écrites/ L’oiseau des runes (F).
  • Ce long sil­lage du coeur, 2018, Ed. la tête à l’en­vers (F).
  • Une chèvre lig­ure à Ischia, 2018, Encres Vives, coll. Lieu (F).
  • Maisons habitées, 2018, Bleu d’encre.
  • Le men­di­ant sans tain, 2019, Le Coudrier.
  • Doigts tachés d’om­bre, 2020, Edi­tions du Cygne (F).
  • Poèmes du cha­grin, 2020, Le Coudrier.
  • Soli­tude d’une sente, 2020, Les Chants de Jane n°24.
  • Nuit close , 2021, Bleu d’encre.
  • Pren­dre mot, 2021, Dancot-Pinchart
  • Rien n’est per­du Tout est per­du, 2021, Les Lieux Dits (F).
  • Le rouge-gorge, 2021, Ed. Hen­ry, coll. La main aux poètes (F).
  • Frères de mots, 2022, Le Coudri­er, en col­lab­o­ra­tion avec Philippe Colmant.

b) en revues

  • Paume tournée vers le temps, , Arpa n°56 (F).
  • Heure de fronde lente, 1997, Estu­aires n°31 (L).
  • Heure de fronde lente, print­emps 1998, Ecri­t­ure n°51 (S).
  • Heure de fronde lente, été 1998, Courant d’om­bres n°5 (F).
  • Le ramasseur d’om­bres, 1998, Mul­ti­ples n°55 (F).
  • Quelques grelots de fête, , Sources n°22.
  • Une paix trop fri­able, 2001, Pollen d’azur n°13.
  • Dans l’am­pleur heureuse, 2002, Pollen d’azur n°17.
  • Une ombreuse soli­tude, fram­men­ti, nov-déc. 2002, Issi­mo n°34 (Paler­mo), tra­duc­tion en ital­ien par Bruno Rombi.
  • Nos demeures et nos mains, 2003, Pollen d’azur n°21.
  • Poèmes, été 2004, Le Fram n°11.
  • Les 16 élé­gies de ruine, 2004, Mul­ti­ples n°64 (F).
  • La ville enfouie, fram­men­ti, mars-, Issi­mo no 42, tra­duc­tion en ital­ien par Bruno Rombi.
  • Elégie du nomade, 2006, Bleu d’en­cre n°16.
  • Heure proche, 2007, Bleu d’en­cre n°17.
  • Rome nuit close, automne 2007, Tra­ver­sées no 48.
  • Un cœur nomade, extraits, , Autre Sud no 46.
  • Pié­ton de Rome, fram­men­ti, , Issi­mo no 67, tra­duc­tion en ital­ien par Bruno Rombi.

Critique

  • Jacques Van­den­schrick,1998, Ser­vice du Livre Luxembourgeois.
  • Mimy Kinet, 2000, Ser­vice du Livre Luxembourgeois.
  • Michel Lam­biotte, 2001, Ser­vice du Livre Luxembourgeois.
  • Claude Don­nay, 2002, Ser­vice du Livre Luxembourgeois.
  • Sal­lenave : une mémo­ri­al­iste des vies ordi­naires, , Fran­coph­o­nie Vivante n°4.
  • André Romus, 2003, Ser­vice du Livre Luxembourgeois.
  • Paul Roland, 2003, Ser­vice du Livre Luxembourgeois.
  • Retour à Léau­taud?, extraits de Jour­nal de dilec­tion, , Fran­coph­o­nie Vivante n°3.
  • Anne Bon­homme, 2004, Ser­vice du Livre Luxembourgeois.
  • Frédéric Kiesel : La recherche du mot juste, , La Revue Générale n°6–7.
  • Ecrire est égal au sang qui manque in Dominique Grand­mont, , Autre Sud n°30 (F).
  • Echelle I de Dominique Grand­mont, , Fran­coph­o­nie Vivante n°1.
  • Relire Curvers : Tem­po di Roma, , Fran­coph­o­nie Vivante n°2.
  • Philippe Besson chez nous, , Fran­coph­o­nie Vivante n°3.
  • Hubert Min­garel­li ou le traité de ten­dresse, , Fran­coph­o­nie Vivante n°1.
  • Bertrand Vis­age et l’at­mo­sphère du Sud, mars-, Reflets Wallonie-Bruxelles.
  • Rose-Marie François et ses Car­nets de voy­age, , Fran­coph­o­nie Vivante n°3.
  • Annie Ernaux. Les Années”, , La Revue générale n°10.
  • Petit abécé­daire. De Belam­ri à Zri­ka : huit auteurs entre langue et fil­i­a­tion. Assia Dje­bar, Tahar Ben Jel­loun, Mohamed Choukri, Abdel­lah Taia, Was­sy­la Tamza­li, Rabah Belam­ri, Rachid Mimouni, Abdal­lah Zri­ka, , Fran­coph­o­nie Vivante n°4.
  • Pavese ou le méti­er de lire le monde-poème, , Rumeurs n°4.
  • Le cœur même des vic­times, étude sur Simenon, Cahiers Simenon n°31, , pp.50–56.
  • Les entre­lus de Philippe Leuckx, Aux hautes marges, Le Coudri­er, 2021.

Narration

  • Céli­na D, 1er trimestre 2004, Le Span­tole no 335.
  • Pros­es romaines, 2005, Pollen d’azur n°25.
  • Vari­a­tions oulip­i­ennes sur les trois glo­rieuses, 2007, Français 2000.
  • Ren­dez-vous en Sar­daigne, hiv­er 2007, Bleu d’en­cre n°18.
  • Dif­fi­cile de quit­ter Rome, 2e trimestre 2008, Le Span­tole n°352.

Prix et bourses

  •  Bourse d’écri­t­ure 1994 de la Com­mu­nauté française
  • Prix Pyra­mide 2000 de la Province de Liège
  • Bourse de rési­dence d’écrivain à l’A­cad­e­mia Bel­gi­ca de Rome en 2003, 2005, 2007
  • Prix Emma-Mar­tin 2011 de poésie pour Selon le fleuve et la lumière, décerné par l’As­so­ci­a­tion des écrivains belges de langue française.
  • Prix Gros Sel 2012 — Prix du jury pour Au plus près.
  • Prix Robert Gof­fin 2014 pour Lumière nomade (Ed. M.E.O).
  • Prix Mau­rice et Gisèle Gauchez-Philip­pot 2015 pour Lumière nomade (Ed. M.E.O).
  • Prix Charles Plis­nier 2018 pour L’im­par­fait nous mène (Ed. Bleu d’encre).

Autres lec­tures

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