Philippe Tancelin, Frangments, extraits
UN RÊVE ?
Au-dedans de soi
au-dehors de moi
ni ne commence ni ne s’achève…
IL N’EST QU’UN RÊVE
Une balle dans la gueule grande ouverte
du reptile que rien ne distingue
de la minime histoire de chacun
arrêté à la béatitude de l’autre…
LE RÊVE D’AIMER ?
A chaque instant il serait fait un pas
vers le rivage
un pas de dérobade
sur le sable endormi
sous la divagation des vagues
Au pied
sur la terre
commence ma langue que ne dessine rien
quand je n’aurais été que craie blanche
échappée de la nuit
LE RÊVE !
S’est effacé à mi-chemin d’un autre monde
disant la lune insuffisante pour le clair d’aimer
où se croisent les voies de différentes couleurs
UN RÊVE A BLANC !...
Cet irrregard de l’eau
en proie au silence
Le cerf à ma rencontre
Plus droit encore
et plus que lui
il va
par cette lenteur qui le fait paraître
immobile
De tous côtés qu’on le croit cerné
toujours de soi il s’échappe
et nous croyons en nous
être attendu de lui
Il ne nous leurre pas
Nous ne sommes rien pour lui
qui mériterait sa course
pour témoigner de nous
Il traverse la forêt
bénissant de ses bois chaque arbre
qui l’aborde en jalousie
Tout tient de tout en lui
les bois dans ses bois
le sursaut dans le saut
le silence dans la meute
la puissance dans l’être-là fragile
Le ciel dévolu à son brâme
son regard dans le temps mort du fusil
il dément le final de qui l’obligerait
disparaît au couchant
dans son souffle-linceul
Nous nous répandions
sur les murs
en mots à blanc
Ils nous accueillaient par rafales de braise
sur chaque carrefour d’histoires in-dites
qui renversaient l’encre
sur nos cahiers d’écolier
Le présent en indivis
avec les jeunes lunes
apprivoisait notre impatience
d’amoureux
Nous parlions d’autres âges
d’éternité rebelle
voguant sur l’éphémère
Nous changions de saison
aux quatre coins du ciel
Nous courions de vaisseaux à vaisseaux
vers la mer en détresse
C’était par d’autres temps du monde…
Une planète révélée…
Un chemin secret à chaque pas dépassé…
Une pierre assourdie entre envol et achoppement…
Un voyage en lieu-dit…
Ce risque du vivant
à travers l’usure des destinées
∗∗∗
Elle
est la nuit
antérieure à une nuit
Elle murmure l’engagement
de nos sangs calligraphes
∗∗∗
Le soir descend
bercer le livre vierge des flammes
où page notre enfance des choses
∗∗∗
Le poème dispense son exception
au cri qui le précède
interroge ce qu’il eut été
si l’avait emporté le souffle sur la flamme
renouvelle son parfum aux fleurs brisées
Fragments, extraits de A contre-jour le jour, à paraître.