Nietzsche parle de ce « chaos qui doit devenir forme », de la prise de possession de l’esprit par la fureur, et Heidegger de cette parole qui vient à nous, dans laquelle il nous faut demeurer, pour déployer le poème. Tous deux – la liste est très loin d’être exhaustive, cela s’entend – ont mis en mots l’expérience de l’écriture.
Est-ce que la philosophie sous-tend ton écriture poétique ?
Je parlerais plutôt d’un climat, d’un rythme propre qui, émanant de certains philosophes, peut venir nourrir le poème. Je pense notamment à Denys l’Aréopagite, ou encore à René Char qui, tous deux atteignent des sommets poétiques tout en nous ouvrant à une spiritualité lumineuse. C’est en cela que la philosophie sous-tend moins qu’elle ne participe à ce mouvement intérieur d’affranchissement, de libération, d’ouverture de l’âme à l’énigme.
Tu animes un site, L’Enchâssement. Est-ce un site littéraire, philosophique, ou bien un lieu qui tente de dépasser ces catégorisations, en alliant ces disciplines ? Pourquoi ce lieu ?
Tu as raison de parler d’alliance des disciplines. Le projet de L’Enchâssement est né d’une volonté de rassembler, dans tous les domaines de l’esprit, ce qui peut tendre vers la source qui, en nous, nous ouvre à l’unité. Il m’arrive souvent, dans les poèmes, quand il m’advient de devoir nommer cette source qui, en nous, nous relie à l’universel, de l’appeler « Cela ». Toutes les formes créatives s’en nourrissent. L’interroger est le projet de L’Enchâssement. C’est un projet qui se perçoit lui-même comme infiniment recommencé.
Quels sont tes projets, en philosophie, et/ou en poésie ?
Les deux recueils « Les Veines du Réel » et « La Traversée du Silence » seront complétés par un troisième, toujours en travail de mûrissement et d’essais. Il lui faudra encore quelques mois avant d’aboutir.