Françoise Hàn, Premier continent

2018-02-27T09:32:41+01:00

 

Il n’y avait per­son­ne encore.

La Pangée sor­tait à peine de l’océan, des sacs de nuit pen­dus à ses flancs. Il ne se peut pas que nous en ayons sou­venir. Que nous retrou­vions l’éclat sur la pierre du pre­mier ray­on de soleil.

Nous le cher­chons pour­tant. Il nous manque cer­tains matins où, dans les remous de la mémoire, les anneaux des mon­des per­dus glis­sent les uns sur les autres. Nous prenons notre res­pi­ra­tion pro­fondé­ment, comme si à notre tour nous sor­tions des eaux. (Quelqu’un ricane : l’air en ce temps-là n’était pas respirable).

Nous nous écar­tons de nos ténèbres, de nos années révolues, de nos vies antérieures, nous ten­tons de remon­ter jusque là où il n’y avait pas de vie.

Pour­tant, il y eut émer­gence, il eut sépa­ra­tion. Il y eut rivage, il y eut tracé d’un dessin à la sur­face du globe.

Il y eut le jour et la nuit sur un con­ti­nent aveu­gle. Etait-il tra­pu, com­pact, ou déjà tra­ver­sé de failles ?

Et quand le pre­mier cail­lou s’est-il détaché ?

 

poème extrait de CAILLOUX
 

Présentation de l’auteur

Françoise Hàn

Poète et cri­tique lit­téraire, née à Paris en 1928. A tra­vail­lé longtemps dans l’édition sci­en­tifique. Col­lab­o­ra­trice de la revue Europe et des Let­tres Français­es. Une ving­taine d’ouvrages pub­liés depuis Cité des Hommes (Seghers) en 1956. Derniers titres : Un été sans fin (Jacques Bré­mond, édi­teur, 2008) ; Le dou­ble remon­té du puits ((Jacques Bré­mond, édi­teur, 2011). à paraître : Ce pli ouvert (Jacques Bré­mond, éditeur).

Françoise Hàn

© Ambre Nolen

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