CONVERGENCES
L’atlas de nos pas
chargeait le lit des marées
Rameaux envolés
par d’infinis contraires
J’ai vu leurs visages
dans la naissance de l’appel
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Immuable cohorte
aux allures filées d’orient
Fondues dans l’altération
de nos sentiers baldaquins
Nous nous rassemblions
au large des grands estuaires
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Adossées le soir
à l’écharpe des steppes
Étoles teintes volantes
sous le regard des vêpres
Nous amendions le vide
dans le battement des récoltes
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Un merle sur la colline
siffla la fin de l’été
La mousson
dans ses vertiges de bruine
Chantait à main levée
la lente inflexion de l’exode
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Il glissait dans nos bouches
soulevait nos cheveux
Remous frémissant
à l’orbe de nos sens
On le vit cavalier
on le vit danse
On le vit murmure
au chevet de l’enfance
Le mouvement
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On attela la lumière
aux courroies des aînées
La poussière accueillait
nos dernières aquarelles
Levées en contre-jour
dans l’étirement des grands ciels
Nous étions prêtes
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Quittez vos faibles soleils
vos lampes enrouées de tristesse
vos nus striés de naufrages
Cinglez l’oxyde du printemps
cinglez fort ses pollens
rien ne restera de ses larmes
Laissez aux sillons aux leurres
aux fièvres de l’entrevent
vos harnais alourdis de matière
Ajournez le bât des vagues
le givre des voiles éteindra seul
le ventre tiède des marées
Ne conservez en bout de corps
de l’écorce fumée des bois
qu’un copeau de lave blanche
MIGRATIONS
Froissements au chemin
des premières feuilles d’automne
Nous avancions
l’étoile serrée en cœur de poing
La terre tremblait
de ne pas être femme
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Assises sur la grève
nous entendîmes s’armer
Lisières arrachées
au printemps des montagnes
Les présages suspendus
des octaves du fleuve
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Nous avons remonté le fleuve
Chassé la glaise
et l’eau verte des brumes
Vidé les heures
bu aux cendres volées des berges froides
Nos mains jointes brûlaient
de l’œuvre du cri des lunes
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Nous avons remonté le fleuve
Dans les soirs escarpés
de nos chants d’espérance
Par les haut-plateaux
sous l’ombre des grands cierges
Nous accédions aux soleils
des hivers blancs du foehn
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Nous avons remonté le fleuve
Arrimé aux épaves
l’ancre voilée des courants
Fendu les contours
des processions de nos rêves
La nuit cassée riait
de nos hanches étouffées sous les feuilles
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Nous avons remonté le fleuve
Une espiègle tristesse
marellait nos sourires
Versant aux épis
dévastés de la houle
Nos larmes répondaient
à l’insolence du hêtre
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Alors que sombraient
les pavés froids
de la ville
Miroirs enlisés
dans le visage
des foules
Inertie que scellait
l’approche
de l’hiver
Dans un mirage
d’eau claire
on cria
Terre