MIGRATIONS


Froisse­ments au chemin
des pre­mières feuilles d’automne

Nous avan­cions
l’étoile ser­rée en cœur de poing

La terre tremblait
de ne pas être femme

 

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Assis­es sur la grève
nous entendîmes s’armer

Lisières arrachées
au print­emps des montagnes

Les présages suspendus
des octaves du fleuve

 

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Nous avons remon­té le fleuve

Chas­sé la glaise
et l’eau verte des brumes

Vidé les heures
bu aux cen­dres volées des berges froides

Nos mains jointes brûlaient
de l’œuvre du cri des lunes 

 

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Nous avons remon­té le fleuve

Dans les soirs escarpés
de nos chants d’espérance

Par les haut-plateaux
sous l’ombre des grands cierges

Nous accé­dions aux soleils
des hivers blancs du foehn

 

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Nous avons remon­té le fleuve

Arrimé aux épaves
l’ancre voilée des courants

Fendu les contours
des pro­ces­sions de nos rêves

La nuit cassée riait
de nos hanch­es étouf­fées sous les feuilles

 

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Nous avons remon­té le fleuve

Une espiè­gle tristesse
marel­lait nos sourires

Ver­sant aux épis
dévastés de la houle

Nos larmes répondaient
à l’insolence du hêtre

 

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Alors que sombraient
les pavés froids
de la ville

Miroirs enlisés
dans le visage
des foules

Iner­tie que scellait
l’ap­proche
de l’hiver

Dans un mirage
d’eau claire
on cria

Terre
 

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HIVER


Ruis­seaux effacés
chênes enc­los de l’automne

Écorces grif­fées
en fines plumes de forêt

Larmes con­cédées
à l’arbitrage du givre

Sur ce tapis de silence
la neige attend son heure

 

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Nous étions cendre
nous étions sève

Nous étions louves
au con­flu­ent de la meute

Charmilles feu­trées
ver­rières étour­dies de blancheur

Nous sac­ri­fi­ions nos empreintes
aux pré­faces nacrées des sous-bois


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Nous les avons suivis
nous avons appelé leurs noms

Désens­ablé leurs fontaines
taries de s’être égarées

Étreint de nos voix
leurs lan­gages glacés

Nos man­teaux entravaient
l’affleurement de leurs peines

Ils ne nous ont pas reconnues


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Était-ce l’encre
était-ce la source 

Était-ce le bleu
de l’esquisse des morts

Nous affron­tions seules
le juge­ment de la pierre

Branch­es lancées nues
aux sen­tences des brouillards 


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Sur les plis de la trace
nous arrê­tions la marche

Nos doigts gourds hésitaient
dans les restes de fins de jour

Arqués vers l’ombre des branches
enter­rées sous l’hiver

Nous allu­mions notre feu

 

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J’assemblais pour elles
des bracelets de glace

La nuit de nos yeux lourds
ambrait l’anneau des saisons

Nous fuyions dans le vent des braises
lianes diaprées sous ce des­tin de lumière

Et repar­tions au matin
l’âme vêtue de nos charmes de verre

Avant que l’hiver ne fonde


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Qu’avez-vous su
de ces lunes
de ces fleuves

De ces forêts écrites
de ces torrents
qu’avez-vous enten­du

Rien si ce n’est
la vis­ite
de l’é­cho

Si ce n’est
l’éraflure
de  l’éclat

Rien

 


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