Quantique de l’insoumise 5/7

 

TEMPÊTE

 

Comment pouvions-nous voir
dans le chant de l’alouette

Dans le versant des tilleuls
dans l’invitation des plaines

Dans le pacte secret des abeilles
comment pouvions-nous croire

Que se chargeaient au loin
les crues sauvages du lierre

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Ses filles impatientes
encerclaient la vallée

Le ciel dispersait
les pluies noires du sursis

Nous l’aperçûmes enfin
dans la réflexion de l’alliage

Elle lançait depuis l’aube
des sillons affamés de désert

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Elle était masque          
elle était pesanteur

Elle était arche
sous le sable des terres

Elle était colline
dans le cri des loups

Elle était tempête
elle dansait sa violence

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Assoiffée de matière
déchirée de nuages

Accusant l’horizon
de l’avoir soudain fait chair

Elle enseignait aux êtres
la dissidence du vide

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Nous avons laissé aux courants
nos charges de lumière

Tournant en grappes déliées
dans le cadran des roches

Nous invoquions l’aigle
aux serres fermées du jour

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La tempête au dehors
emportait nos alliées

Prostrées sous une vire amie
à l’ombre des disparues

Nous attendions le silence

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La route était lourde
jonchée d’arbres couchés

Morts et avec eux
nos sœurs

Comme une soie
brumeuse

De tristesse

 

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DÉSERT


À leurs visages
à leurs voix révoquées

À leurs mains vides
à leurs corps évadés

Qu’opposer
que répondre qu’élever

Sinon l’étoile
acharnée de la marche

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Nous n’avons pas vu
sous la menace des saules

Dans le repli des fougères
ni même aux jonctions

Des terres ocres et brunes
qu'au premier olivier

Qu’à la première dune
nous nous enfoncions dans le désert

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D’autres sont parties
vingt peut-être trente

Elles ont laissé vides
leurs foulards leurs tentes

Leurs habits nus
alignés sous l’auvent

Nous ne les avons pas suivies
nous ne les avons pas cherchées

Le mouvement des sables
recouvrait leur trace

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Combien étions-nous
solitudes brûlées

Peintures sèches
racines orpaillées de soif

Étendues dans l’ombre
des cartes oubliées

Nous l’appelions
nous l’appelions encore

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La main chaude
de l’absence

M’appela au rebord
des plaintes des falaises

J’ai jeté au vent
les carnets de la marche

Sans la nommer

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On l’ouvrait pour sentir
le bruit de la nuit

On lui volait
son silence

Elle le reprit
et finit d’exister

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Tout ce temps passé
à ne regarder que l’aube

Temps d’érosions sourdes
et de colères entredites

Orages adossés à nos
arbres éventrés de prières

Nous nous retrouverons
au banc des insoumises

Dans le refrain des mers
à l’avenir du monde