Quantique de l’insoumise 7/7

 

MER


Des mois entiers de marche
à dissiper le printemps

Les campagnes fleurissaient
du marais de nos deuils

Nous nous arrêterons disions-nous
nous nous arrêterons

Aux dernières pierres
du dernier sommet

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La vallée disparaissait
dans les nuages en contrebas

Il ne resta bientôt à gravir
qu’une roche humide et grise

L’air se chargeait d’embruns
ceux pensions-nous

Des soirs de renoncement

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Au sommet  
l’horizon

Et dans nos gorges
et dans nos larmes

La mer le bleu
le bleu immense

Nous détachâmes nos cheveux

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Elle pardonna l’hiver
elle pardonna les morts

Leurs noms solitaires
abîmés de néant

Elle pardonna la colère
étouffée de nos pleurs

L’écume sur ses mains
formait un banc de cyprès

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La mer prit nos corps
jusqu'au soir

L’été flottait
dans nos têtes

Nous l’accrochions
pour goûter

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Ici l’eau s’arrête
lorsque les pierres crient

Elles claquent dans
un lit d’orage

Pour ces jours d’avant
qu’on ne reverra plus

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L’as-tu jamais entendue
la voix de cette mer qui danse

L’as-tu jamais écoutée
sous mes mains de corail

Sur ce corps salé sur ce nu
que j’arrache aux grands fonds

Il faudrait s’asseoir là seuls
pendant que le mauvais bruit s’éloigne

Cette marée que l’on connait
n’est pas ce que tu crois

Le rivage s’habille
d’une nouvelle couleur

À chaque lever de mer

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ELLE DIT


Elle peint
dans le vent du large

Toiles offertes
au chant ramuré de la vague

Couchée dans un essaim
de baies rouges elle dit 

Les voici
les couleurs

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Porte-moi
face au soleil

Vers cet autre rivage
où l’océan perd ses vagues 

Dansons sur l’été
de mon corps

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Sur l’ébauche
tamisée du seuil

J’ai vu l’enfance
j’ai vu l’arbre

J’ai vu le ciel bleu
par-dessus les nuages

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Ce jardin
dans mon ventre

C’est elle
je le sais c’est elle

C’est le monde
qui cherche à naître

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Les arpèges d’avril

Je sens leur couleur
de matins frais

Courir sur
tes robes fleuries

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Ces robes retirées
sous une porte de verre

Un arbre
perd ses feuilles dans le noir

Je veux toucher
la tendresse de tes mots

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Combien faut-il d'hivers
de nuits lourdes
au bout de soi

Combien de sentiers
de rideaux effacées

Pour comprendre
pour voir
pour voir enfin

L’aurore commence toujours
par un demi-tour de terre

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Nous achevons la publication de Quantique de l’Insoumise, écrit en février 2015 à Rangoun.