1
étirant les heures
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sur la corde
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l’ombre de l’amour
s’allonge comme
un rideau
de fer
je suis une trace
dans le sable
qui attend
la mer
2
encore un ciel à zigzaguer
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pour être dans le vent
il vaut mieux être nuage
encore une pluie
à réciter
encore un rêve
à tricoter
encore un jour
à démembrer
j’ai rayé
tant de ciels
sur le mur
de ma prison lexicale
que les galaxies
ne respectent plus
le sens giratoire
ni les nébuleuses
l’amour consenti
ni les minutes
la clepsydre
avec laquelle je couche
tous les soirs
sans protection
pour qu’elle accouche
d’un petit batteur
d’un bébé phoque
ou d’une poésette
qui ressemble
à une bacchante
3
se payer la tête du pôle monétaire
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il est encore temps
de tout prendre en dérision
les hommes et les gouttes de pluie
les femmes et les flocons de neige
il est sain de rire des étoiles du marché
des plans à trois des astres du Top 50
des solos de guitare de la lune
des plans d’épargne de l’arc-en-ciel
on peut même prendre en ballon le globe
les ambitions du soleil
et les sourires niais de l’univers
tant qu’on y est
mais il ne faut jamais
se moquer des nuages
des nuages
qui nous habitent
4
un os dans la noce
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il y a du soleil
pour tout le monde
mais certains n’ont droit
qu’au lever
le tiers-monde
rêve d’être accepté
pour quelques instants
dans le deuxième
il ne s’agit même pas d’imaginer
de porter les plats au premier
ce serait un crime
de lèse-majesté
et ces mondes parallèles
tournent sans pudeur
comme dieu
chez les naturistes
(ta morphologie
maître
est parfois plus triste
que l’agonie
d’une fiancée)
5
aux environs des émotions
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le monde marche
sur des allumettes
prêtes à prendre feu
nous donnons
un paracétamol
à l’amour
nous arrosons
la pelouse
de l’intranquillité
nous collons
un sparadrap
sur le chagrin
et de temps en temps
nous appelons
les pompiers
pour qu’ils nous donnent
un verre
d’eau
6
métempsychose
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à partir d’un certain âge
le jour vient comme un adage
le temps te prend tout
— même la chair des rêves —
mais ne peut rien
contre ta grimace
elle seule
te survivra
comme un pied de nez
interplanétaire
quand les astres
seront suspendus
dans la palissade
du bonheur
7
le goût salé de la pluie
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il y a des jours
où l’on serre les minutes dans la paume
pour pouvoir les traverser
il y a des nuits
où l’on fait des réserves de lune
pour les dépasser
il y a des amours
où l’on fait des provisions de pluie
pour pouvoir les panser
8
vanity fair
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autant de parvenus
que de secondes
ils achètent tout :
diplômes
amours de fonction
consciences
(qu’ils accrochent sur les murs du salon
comme des trophées de chasse)
jeunesse
(qu’ils entachent de graisse)
années et cercueils
dans un fauteuil
mais ils ont beau acheter
la dignité
des titres de noblesse :
seulement le ciel
a le sang
bleu
9
mon parcours professionnel
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dit avec des fleurs
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candidature spontanée pour l’ailleurs
loin des casemates
des carpates
j’ai travaillé
comme acrobate
sur un poste
de coq en pâte
j’ai mis le holà
au tralala
du jeune âge
pour arracher
des stages
dans l’au-delà
j’ai recensé les mirages
et les nuages
rebelles
et je suis diplômé
d’un monde
parallèle
ma biographie
est grevée
de bonheurs
du bras de fleurs
au doigt
d’honneur
Présentation de l’auteur
Radu Bata
Radu Bata est l’inventeur des poésettes (poèmes sans prise de tête), espèce du genre lyrique bricolée pour réconcilier la jeunesse avec la poésie (car ses étudiants ne voulaient pas de «séquence poésie» telle qu’elle est pratiquée dans les manuels et observée dans les rayons des librairies). Cette nouvelle espèce a été saluée et reconnue par de grands spécialistes de la littérature comme Mircea Cartarescu (le plus traduit des écrivains roumains) et Jean-Pierre Longre (universitaire, auteur, fin observateur de la littérature roumaine. Il a beaucoup œuvré pour la francophonie : professeur de français en Roumanie jusqu’en 1990, il a été officiellement félicité par le lecteur français de Bucarest en 1986 «pour l’enthousiasme et l’ingéniosité déployés au service de la langue et la culture française», ce qui, à l’époque de Ceausescu, ne lui rendait pas service. À partir de 1990, Radu Bata a enseigné en France le français et le journalisme, et a été animateur d’Ateliers d’écriture, activités reconnues par plusieurs prix nationaux.
Radu Bata a publié des poèmes dans les revues Levure Littéraire (Allemagne-France), Paysages (France), Microbe (Belgique), Respiro (États-Unis), Seine et Danube (France-Roumanie), etc. Quelques-uns ont été traduits en espagnol, anglais, italien et japonais. Il a aussi fait beaucoup de traductions du roumain en français ; les plus récentes ont paru dans Le Persil, journal littéraire suisse et la dernière a été récompensée en mai 2017 par le Prix du Public au Salon du Livre des Balkans, à Paris.
Six livres figurent dans son compte littéraire (les 2 premiers édités sous pseudonyme) : aux éditions ProMots, un « hétéroman », et un conte uchronique, Le Rêve d’étain (nominé, par les lecteurs de la FNAC Grenoble, parmi les 100 plus beaux contes de tous les temps à côté du Petit Prince, d’Alice au pays des merveilles, etc.) ; aux éditions Galimatias, un puzzle travesti en journal, Mine de petits riens sur un lit à baldaquin, et un recueil de poésettes — Le Philtre des nuages et autres ivresses (éd. Galimatias) ; deux autres recueils ont suivi en roumain (Tracus Arte, Bucarest, 2015), et Descheiat la (paru fin 2016) aux éditions Brumar (Tracus Arte et Brumar sont des maisons d’édition de poésie renommées en Roumanie).
Les poésettes de Radu Bata ont déjà rencontré un certain succès : le recueil Le Philtre des nuages et autres ivresses est lauréat du prix du Salon du Livre des Balkans (Paris, 2015), tirage de 500 exemplaires épuisé, invitations dans les milieux étudiants, au mythique Club des Poètes et à «On vous sert un vers» à Paris.
Au printemps 2018, paraîtront deux volumes griffés Radu Bata : le recueil Survivre malgré le bonheur et L’imperceptible déclic du miroir, 78 poèmes qu’il a traduits du roumain, de Paul Vinicius. D’ici là, il apportera sa pierre à l’édifice d’une «Anthologie de poètes roumains» et à un livre d’art, «Impressions satiriques» de Doru Florian Crihana.
Fausse couche d’ozone (ProMots)
Le Rêve d’étain (ProMots)
Mine de petits riens sur un lit à baldaquin (Galimatias)
Le Philtre des nuages et autres ivresses (Galimatias)
Cod galben cu pestisori rosii (Tracus Arte)
Descheiat la vise (Brumar)
Survivre malgré le bonheur (Jacques André Éditeur)
French kiss (Creator)
Le Blues roumain 1 (Unicité)
Le Blues roumain 2 (Unicité)
Le Blues roumain 3 (Unicité)
Les Enfants des nuages (Libris)
Le Fou rire de la pluie (Unicité)
Et 2 autres sont en chemin…
Poèmes choisis
Radu Bata, Le Blues Roumain, Anthologie implausible de poésies
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Entretien avec Radu Bata, par Cristina Hermeziu
« Nous sommes tous mots : ils nous disent, nous habillent, […]
Radu Bata, poèmes
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