Regard sur la poésie native américaine : Sammie Bordeaux-Seeger : du poème au quilt, un seul fil.

Par |2023-07-06T11:35:01+02:00 6 juillet 2023|Catégories : Essais & Chroniques, Sammie Bordeaux-Seeger |

Sam­mie Bor­deaux-Seegerest mem­bre de la grande nation Sioux, et plus pré­cisé­ment Lako­ta Sican­gu (Brûlé).

Elle a enseigné plus de 15 ans l’anglais à l’université Sin­té Glesh­ka (Spot­ted Tail ou queue tachetée, d’après le nom d’un leader bien con­nu s’étant opposé à l’avancée des colons en ter­ri­toire Sioux) sur la réserve de Rose­bud dans l’état du Dako­ta du sud et désor­mais elle se con­sacre à la fab­ri­ca­tion de « quilts » Indi­ens (de la courte­pointe tra­di­tion­nelle à la créa­tion d’art plas­tique) et à l’écriture. Elle a obtenu un mas­ter d’écriture créa­tive de l’institut des arts amérin­di­ens de San­ta Fé, étab­lisse­ment qui forme tant de jeunes tal­ents Indi­ens à divers­es dis­ci­plines artis­tiques et dont sont issus de nou­velles généra­tions d’artistes Indi­ens depuis quelques décen­nies. Rose­bud en tant que ter­ri­toire Indi­en sou­verain pos­sède sa pro­pre uni­ver­sité comme d’autres réserves Indi­ennes en pos­sè­dent aus­si. Cela fait par­tie de la déter­mi­na­tion Indi­enne à con­serv­er langues et cul­tures, à édu­quer selon les principes Indi­ens tournés vers le col­lec­tif au con­traire du tout com­péti­tif et de l’individualisme pra­tiqués dans les uni­ver­sités américaines.

La façon dont Sam­mie explique com­ment enseign­er l’anglais, langue de l’envahisseur et du colon, aux étu­di­ants Indi­ens est très touchante. Il est en effet para­dox­al pour un Indi­en d’enseigner la langue de l’oppresseur ! Mais dans un tel con­texte, et pour ren­dre ser­vice à la com­mu­nauté trib­ale, mieux vaut con­naître la langue des colons plutôt qu’être à la mer­ci de paroles et de promess­es jamais tenues. Aus­si Sam­mie a‑t-elle com­mencé par faire lire les traités signés avec l’armée et le gou­verne­ment améri­cain au 19ième siè­cle qui restent effec­tifs et tou­jours en vigueur aujourd’hui. Ces traités de Fort Laramie (1851 et 1868) furent signés afin de per­me­t­tre l’accès aux blancs au bassin de la riv­ière White Pow­der dans le Wyoming et le Mon­tana. Per­mis­sion de sim­ple pas­sage donc, en échange de soins médi­caux, d’écoles, de « loy­ers » pour le ter­ri­toire emprun­té, sans que les droits à la terre et à l’eau ne soient inter­dits aux Indi­ens « aus­si longtemps que l’herbe pousserait ». Ceci pour encour­ager les étu­di­ants à for­muler des phras­es cor­rectes et pré­cis­es, à les organ­is­er en essais avec tran­si­tions, thès­es accom­pa­g­nées de preuves. Sachant faire cela ils devi­en­nent com­pé­tents et com­pren­nent le procédé d’écriture comme de lec­ture cri­tique, qual­ités qui sont ensuite mis­es au ser­vice de leur com­mu­nauté tribale. 
Sam­mie Bor­deaux s’inscrit dans ce mou­ve­ment de « sto­ry telling ». Racon­ter une ou des his­toires comme on le fait tra­di­tion­nelle­ment dans les cul­tures Indi­ennes. Les his­toires con­ti­en­nent tout ce qu’il faut savoir et appren­dre. Et chez les Indi­ens, pour les racon­ter ou les chanter, il faut par­fois plusieurs jours. Ces his­toires n’ont pas le car­ac­tère linéaire qu’on leur con­naît dans la tra­di­tion occi­den­tale. Elles obéis­sent à la cir­cu­lar­ité, à la logique des cycles. Ce type de nar­ra­tion per­met la répéti­tion, les diver­sions, des sauts dans le temps ce qui crée des élans, des rythmes, des éner­gies et une cer­taine intim­ité que les struc­tures occi­den­tales ne con­nais­sent pas. Mais au sein de la nar­ra­tion à l’Indienne, il existe aus­si des mou­ve­ments linéaires qui autorisent une approche plus émotionnelle.

Il me sem­blait impor­tant de présen­ter et com­menter un poème de Sam­mie Bor­deaux qui, comme dans cer­tains textes de Joy Har­jo ou de Louise Erdrich par exem­ple, brouille les cal­en­dri­ers et con­fond passé, présent et futur. Le nar­ra­teur est dans un cimetière qui appar­tient à un « blanc » mais pour­rait être acheté par l’acteur Johny Depp. Des sacs plas­tique volè­tent au-dessus de tombes de femmes et d’enfants Sioux Lako­ta mas­sacrés par l’armée améri­caine. L’une de ces tombes est celle d’un par­ent du nar­ra­teur. Le temps appa­raît ici comme un nœud fait de ce qui est arrivé, arrive et pour­rait arriv­er, le tout pris entre tra­di­tion et « moder­nité », entre mémoire et futur, entre ancêtres et con­tem­po­rains, mais c’est exacte­ment la façon dont il en a tou­jours été dans les sociétés Indi­ennes. Le but ici n’est pas de tir­er les larmes au lecteur sub­mergé par la cru­auté des faits his­toriques et la nos­tal­gie d’un « par­adis ter­restre » comme par­fois l’univers amérin­di­en avant Colomb est décrit. Ce poème n’a pas le pou­voir mag­ique de guéri­son facile et rapi­de, mais il invite chaque lecteur-trice à faire face à sa pro­pre vie, ses sou­venirs, ses com­porte­ments et les com­plic­ités établies avec telle ou telle per­son­ne. De façon peut-être à se recon­naître une iden­tité, et par là savoir qui il-elle est afin de savoir com­ment vivre « bien dans sa peau ». 
Ce poème met aus­si en évi­dence le rap­port, le con­traste, entre Indi­an­ité et « blan­chi­tude ». Il met aus­si en évi­dence la bois­son amère du deuil, du trau­ma­tisme (le café siroté) édul­coré avec la cen­dre de ce qui est brulé pour accom­pa­g­n­er prières et médi­ta­tions (sauge, sweet­grass, tabac). Mais dans un endroit aus­si chargé que Wound­ed Knee, mal­gré l’automne et sa froidure, il est impos­si­ble d’avoir plaisir à boire cette bois­son chaude, aus­si elle est ver­sée sur le sol. Peut-être s’agit-il d’une offrande aux morts.

Mais le poème ne s’appesantit pas sur cet état d’âme, aus­sitôt l’humour mor­dant nous réveille avec l’absurde : John­ny Depp acquéreur d’un ter­rain far­ci de cadavres. Humour tein­té de rage et de douleur bien enten­du, John­ny Depp arrive trop tard pour sauver les femmes et les enfants de leur vivant, et leurs fan­tômes ne sont pas à ven­dre ain­si que les Black Hills et tous les sites sacrés pour les Sioux, qui à ce jour refusent tou­jours l’argent pro­posé par le gou­verne­ment améri­cain depuis des siè­cles afin de les indem­nis­er de la perte des lieux con­sid­érés comme l’origine et le berceau du peu­ple Sioux. « One doesn’t sell the earth the peo­ple walk upon » (on ne vend pas la terre sur laque­lle le peu­ple marche) dis­ait Tashun­ka Wik­to (Crazy Horse). Con­clu­sion : la terre leur a été volée, pas besoin de déguis­er la réal­ité avec une somme d’argent qui n’est que cache-honte ou manip­u­la­tion afin de se don­ner un sem­blant de légalité. 

The Report from Cankpe Opi Wak­pala (Wound­ed Knee, Octo­ber 18, 2014)

We tell sto­ries of peo­ple who end­ed up here.
Black Elk’s wag­on went by two days later.
Charles East­man was asked to come here.
Joe Marshall’s grand­pa came by a week later.
Big Foot’s wife, shot sev­en times, survived,
escaped from here. She made it to Rosebud.

I find the one grave that holds a rel­a­tive of mine.
His name in Lako­ta would be Cikala.
Sip my cof­fee and it tastes like greasy soup, wahumpi.
It tastes like all the food at the end
of the night. It tastes like dead animals
and braid­ed grass and ashy leaves
and tobac­co smoke.

I pour it out slow­ly, let­ting the ground absorb it.
It’s the Moon of Leaves Falling and the ‘Knee is fading.
Grass that was green a week ago is dying.
Plas­tic gro­cery bags filled with emp­ty water bottles,
used toi­let paper, can­dy bar wrappers,
blow around this grave.

Oglalas come up from the hous­ing area
ask us where we’re from.
I tell them, “Rose­bud,” and they move on.
Faint­ly I hear them tell the tourists stories
of mas­sacre and occupation.

Three good roads con­verge below this hill.
This is one of those places where peo­ple end up.
They’re lost in Oglala land and end up here.
Sur­vivors end up here, in a val­ley between these hills,
near water.

 

Stand­ing on this grave read­ing Lako­ta names
writ­ten on white con­crete plinth, in English,
think­ing we still have class­rooms half-full of people
whose names are carved into this concrete.
All the white peo­ple begin to cry.
Four dry-eyed Natives just stare at them.

John­ny Depp wants to buy this place,
the white own­er wants to sell it.
Two mil­lion dol­lars to pur­chase a hill full of bodies,
and only half those who didn’t survive.
Can you own the dead?

Does he know the women and children
are final­ly hid­den and safe?
Some­one has to tell John­ny Depp
you can’t buy ghosts.

With­out them it is only
a fence made of prayers,
some stones,
a long sto­ry on a map,
a place where humans and spir­its converge,
where water still tastes tainted.

“She came back and she was all STD’d up,”
Joe, the impromp­tu tour guide tells us,
point­ing at Lost Bird’s grave stone.
She died in California,
anoth­er one who end­ed up here.

We would wrap them in hides, rest­ed on scaffolds.
Years would pass while their bod­ies broke down.
Each bier lean­ing crooked­ly as, one by one,
the legs rot­ted, fell.

Their remains would last to this century,
longer than any­one could remem­ber their faces.
But their faces would still be on the heads
of the rel­a­tives who came to vis­it them.
Their bod­ies would still be lying
scat­tered on the ground.

Tiny, baby-sized bun­dles of bones
rat­tling inside rain-hard­ened deer hides.

 

Reportage depuis Cankpe Opi Wak­pala (Wound­ed Knee*, 18 Octo­bre 2014)

Nous racon­tons des his­toires de gens qui finirent ici.
Le char­i­ot de Black Elk* pas­sa deux jours plus tard.
On deman­da à Charles East­man* de venir ici.
Le grand-père de Joe Mar­shall* pas­sa une semaine plus tard.
La femme de Big Foot*, atteinte de sept balles, survécut,
s’échappa d’ici. Elle réus­sit à attein­dre Rosebud*.

Je trou­ve une tombe qui enferme un mem­bre de ma famille.
Son nom en Lako­ta serait Cikala*.
Je sirote mon café qui a le goût de soupe grasse, wahumpi.
Il a le goût de toutes les nour­ri­t­ures à la fin
de la nuit. Il a le goût d’animaux morts,
d’herbe tressé, de feuilles en cendre
et de fumée de tabac.

Je le verse lente­ment, laisse le temps à la terre de l’absorber.
C’est la Lune des Feuilles qui Tombent* et le ‘knee’ s’évanouit.
L’herbe qui était verte une semaine aupar­a­vant est en train de mourir.
Des sacs plas­tique rem­plis de bouteilles d’eau vides,
du papi­er toi­lette usagé, des embal­lages de bar­res de céréales,
s’envolent autour de cette tombe.

Des Oglalas venus de la zone des logements
nous deman­dent d’où nous sommes.
Je leur dis : Rose­bud, et ils s’en vont.
Je les entends faible­ment racon­ter aux touristes des histoires
de mas­sacre et d’occupation.
Trois routes con­ven­ables con­ver­gent sous ces collines.
C’est un des endroits où les gens finissent.
Ils sont per­dus en terre Oglala et finis­sent ici.
Les sur­vivants finis­sent ici, dans une val­lée entre ces collines,
près de l’eau.

Debout sur cette tombe, à lire des noms Lakota
écrits sur un socle de béton blanc, en anglais,
je pense que nous avons encore des salles de classe rem­plies pour une moitié
de gens dont les noms sont gravés dans ce béton.
Tous les blancs com­men­cent à pleurer.
Qua­tre Indi­ens aux yeux secs les fix­ent du regard.

John­ny Depp veut acheter cet endroit,
le pro­prié­taire blanc veut le vendre.
Deux mil­lions de dol­lars pour acheter une colline pleine de corps,
et seule­ment la moitié d’entre eux qui n’ont pas survécu.
Peut-on pos­séder les morts ? 

Sait-il que femmes et enfants
sont finale­ment cachés et en sécurité ?
Quelqu’un doit dire à John­ny Depp
tu ne peux pas acheter des fantômes.

Sans eux il s’agit seulement
d’une bar­rière faire de prières,
quelques pierres,
une longue his­toire sur une carte,
un endroit où humains et esprits convergent,
où l’eau a encore un sale goût. 

« Elle est rev­enue com­plète­ment MST-isée »,
nous dit Joe, le guide impromptu.
Elle est morte en Californie,
une autre qui a fini ici. 

Nous les envelop­pi­ons dans des peaux, les dépo­sions sur des plate­formes funéraires.
Des années pas­saient pen­dant lesquelles leurs corps se cassaient.
Chaque civière de tra­vers, penchée jusqu’à ce que, une par une,
les jambes pour­ries, tombent.

Par­venus jusqu’à ce siè­cle, leurs restes ont duré,
plus longtemps que ce que quiconque pou­vait se sou­venir de leurs visages.
Mais leurs vis­ages étaient encore sur les têtes
des mem­bres de la famille qui venaient leur ren­dre visite.
Leurs corps sont encore allongés
éparpil­lés sur le sol. 
Minus­cules, les bal­lots d’os de la taille d’un bébé
cliquè­tent dans les peaux de daims dur­cies par la pluie.1

 

 

Ce poème est qui sait le résul­tat plus de l’art du quilt que de tech­niques d’écriture, ou bien pour le dire autrement, poésie et art du quilt se rejoignent et sont la mar­que de Sam­mie Bor­deaux, tant dans ce poème elle sait agencer les couleurs, les formes, les ombres et la lumière, afin de façon­ner un motif har­monieux dans son ouvrage. Mais avant la courte­pointe, il faut du fil, et pour s’en pro­cur­er, il faut aller en ville, hors de la réserve : 

Buy­ing Thread

The white lady at the cash register
does not know whether to watch you, fol­low you, ignore you.
It’s been this way in every store in Rapid City—Racist City.
You don’t know whether to continue
to browse, to buy the thread you came here to buy.

Oth­er peo­ple come in behind you,
white ladies who are greet­ed, welcome.
Maybe they are reg­u­lar customers,
or strangers? You don’t know. White greets white.

You don’t know whether to spend your mon­ey here
or walk out.
Maybe they have fol­lowed oth­er Indi­ans through the store
watch­ing a spool of thread dis­ap­pear in a pocket.
You con­sid­er leav­ing the store,
think­ing of your stu­dents and if they were here
would they con­sid­er the stolen thread an act of resistance?

Do you set an exam­ple by calm­ly find­ing the thread and buy­ing it?
Do you set an exam­ple by steal­ing the thread?
Do you set an exam­ple by turn­ing around,
walk­ing out, going to an Indi­an-friend­ly store?
How do you proceed?
How much do you want the thread?

 

 

 

Acheter du fil 

La dame blanche à la caisse
ne sait pas elle doit vous sur­veiller, vous suiv­re, vous ignorer.
Il en a été ain­si dans chaque bou­tique de Rapid City : Racist City.
Vous ne savez pas si vous devez continuer
à chercher, à acheter le fil que vous êtes venue ici acheter.

D’autres per­son­nes entrent der­rière vous,
des femmes blanch­es à qui l’on souhaite la bienvenue.
Peut-être sont-elles des clientes habituelles,
ou des étrangères ? Vous ne savez pas. Les blancs salu­ent les blancs.

Vous ne savez pas si vous devez dépenser votre argent ici
ou sortir.
Peut-être ont-elles suivi d’autres Indi­ennes dans le magasin
et vu une bobine de fil dis­paraître dans une poche.
Vous envis­ager quit­ter la boutique,
pen­sant à vos étu­di­ants et s’ils étaient ici
con­sid­ér­eraient-ils le vol du fil comme un acte de résistance ?

Donne-t-on l’exemple en trou­vant calme­ment le fil et en l’achetant ? 
Donne-t-on l’exemple en volant le fil ?
Donne-t-on l’exemple en faisant demi-tour,
en sor­tant, en allant dans un mag­a­sin Indi­en ami ?
Com­ment procéder ?
Jusqu’à quel point veut-on le fil ?

 

 

 

A quel point veut-on faire par­tie d’une société, d’un pays raciste comme l’est les Etats Unis ? A quel point veut-on garder son iden­tité, per­pétuer ses tra­di­tions tout en vivant au 21ième siè­cle, à quel point est-on fier ou hon­teux d’être Indi­en. A quel point et jusqu’où trou­ve-t-on la force de faire face aux prob­lèmes économiques sur une réserve sans som­br­er dans le dés­espoir. A quel point et jusqu’où on se donne, on offre ses forces pour le bien de la com­mu­nauté trib­ale sou­veraine afin que la cul­ture et la langue des ancêtres soit trans­mise et que leurs luttes, leur résis­tance n’aient pas été vaines. Jusqu’à quel point l’écriture est l’arme d’aujourd’hui pour affirmer la beauté et la survie de ces peu­ples résilients au-delà de toute mesure humaine. A quel point ? La réponse ne veut venir que de per­son­nes comme Sam­mie Bor­deaux, exer­cés à la cou­ture, à la broderie, à la courte­pointe et à l’écriture !

 

Note

 

1. En hom­mage à ceux qui sont morts à Wound­ed Knee le 29 décem­bre 1890, une chevauchée de la mémoire est organ­isée chaque année qui se ter­mine par une céré­monie au mémo­r­i­al de Wound­ed Knee (sur la réserve de Pine Ridge, état du Dako­ta du sud). La nation Sioux est for­mé de trois branch­es : Les Nako­tas, les Dako­tas et les Lako­tas. Les Lako­tas sont les Sioux de l’ouest, des plaines, et sont organ­isés en sept « foy­ers », Les Sičháŋǧu (Brulé), les Oglàla (sig­nifi­ant les dis­per­sés), les Hunkpa­pha (sig­nifi­ant extrémité du campe­ment), les Sihas­apa (Black­foot, pieds noirs) — ces qua­tre étant des ban­des avec des sociétés guer­rières – plus trois ban­des sans voca­tion guer­rière et plutôt « agricul­teurs » : les Itazip­cho (sans arc), les Oohe­nun­pa (deux mar­mites), et les Mini­con­jou (ils plantent près de l’eau).

Wound­ed Knee creek : riv­ière » Genou Blessé », lit­térale­ment, qui a don­né son nom au lieu de mas­sacre per­pé­tué non loin de ses rives en 1890. 

Black Elk (Heȟá­ka Sápa), petit cousin de Crazy Horse, né en 1863 et mort en 1950, fut blessé à Wound­ed Knee le jour du mas­sacre. Il devint un homme-médecine, un wičháša wakȟáŋ. Son livre écrit avec John Nein­hardt, Elan noir par­le, est un best­seller des années 70. 

Charles East­man, 1858 –1939, (né Hakadah et plus tard nom­mé Ohíye S’a) était un écrivain et médecin Sioux San­tee (Dako­ta) venu soign­er les blessés à Wound­ed Knee après le massacre. 

Joe (Joseph) Mar­shall (Lako­ta Sican­ju-brûlé) est un écrivain sioux auteur du roman inti­t­ulé l’hiver du feu sacré

Big Foot (Si Tan­ka), 1826–1890, était un « chef » de la tribu Lako­ta des Mini­con­jous par­ti avec Sit­ting Bull se réfugi­er au Cana­da. Mais les con­di­tions de vie ne per­me­t­taient pas aux mem­bres de la tribu de se nour­rir cor­recte­ment et beau­coup mour­raient aus­si fut prise la déci­sion qu’il mèn­erait 350 per­son­nes de sa tribu vers Pine Ridge plus au sud(bien que souf­frant de pneu­monie), la réserve de Red Cloud, le guer­ri­er Oglala dont les mem­bres étaient des adeptes de la danse fan­tôme. Cette danse était inter­dite par les autorités du gou­verne­ment et c’est à ce titre que la troupe de Big Foot fut inter­cep­tée par l’armée puis massacrée. 

Rose­bud : Réserve des Sioux Lako­ta Sican­ju (Brûlés) dans le Dako­ta du nord, non loin à l’est de la réserve des Sioux Lako­ta Oglalas de Pine Ridge. 

Cikala : petit ou petite en langue Lakota 

Lune des feuilles qui tombent (grosso modo octo­bre) : les Indi­ens ne divi­saient pas l’année en 12 mois mais en 13 lunes, cha­cune por­tant le nom de ce que la nature mon­trait à cette époque de l’année.

 

Présentation de l’auteur

Sammie Bordeaux-Seeger 

Sam­mie Bor­deaux-Seeger is a Sican­gu Lako­ta from Rose­bud, South Dako­ta. She writes and teach­es at Sinte Gles­ka Uni­ver­si­ty on the Rose­bud Reservation. 
Sam­mie Bor­deaux-Seeger appar­tient au peu­ple Sican­gu Lako­ta de Rose­bud, dans le Dako­ta du Sud. Elle écrit et enseigne à l’U­ni­ver­sité Sinte Gles­ka sur la réserve Rosebud. 

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Béatrice Machet

Vit entre le sud de la France et les Etats Unis. Auteure de dix recueils de poésie en français et deux en Anglais, tra­duc­trice des auteurs Indi­ens d’Amérique du nord. Per­forme, donne des réc­i­tals poé­tiques en col­lab­o­ra­tion avec des danseurs, com­pos­i­teurs et musi­ciens. Pub­liée entre autres chez l’Amourier (Muer), VOIX (DER de DRE), pour les ouvrages bilingues ASM Press (For Uni­ty, 2015) Pour les tra­duc­tions : L’Attente(cartographie Chero­kee), ASM Press (Trick­ster Clan, antholo­gie, 24 poètes Indi­ens)… Elle est mem­bre du col­lec­tif de poètes sonores et per­for­mat­ifs Ecrits — Stu­dio. Par ailleurs elle réalise et ani­me chaque deux­ième mer­cre­di du mois à par­tir de 19h une émis­sion de 55 min­utes con­sacrée à la poésie con­tem­po­raine sur les ondes de radio Ago­ra à Grasse. En 2019, elle pub­lie Tirage(s) de Tête(s) aux édi­tions Les lieux dits, Plough­ing a Self of One’s Own, paru en 2021 aux édi­tions Danc­ing Girl Press, (Chica­go), et TOURNER, petit pré­cis de rota­tion paru chez Tar­mac en octo­bre 2022, RAFALES chez Lan­sk­ine en 2024. 

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