Béatrice Machet et Recours au poème remercient Denise Lajimodiere pour son autorisation à traduire et reproduire les poèmes.
À l’occasion de la nomination de Denise Lajimodiere au rang de « poet laureate » de l’état du Dakota du nord, la première Indienne à être nommée à ce poste dans cet état, et ce pour deux ans, permettez-moi de vous présenter cette citoyenne de la nation Anishinaabe, et plus précisément membre de la communauté Chippewa de Turtle Mountain.
Elle a été enseignante pendant 44 ans, elle est désormais à la retraite, son dernier poste était celui de professeur d’encadrement pédagogique à l’université d’état du Dakota du nord. Autrice de quatre livres de poésie, elle est aussi connue pour avoir écrit un livre universitaire très remarqué en 2019, à savoir Stringing Rosaries, (enfiler des chapelets) qui parle des pensionnats pour enfants Indiens.
Elle a remis à l’honneur le « Birch Bark biting art », une activité traditionnelle de sa culture totalement tombée en désuétude. Il s’agit de sélectionner de minces pièces flexibles d’écorce de bouleau.
Le livre de Denise Lajimodiere, Stringing Rosaries, approfondit la question de la déportation des Indiens d’Amérique.
On utilise les canines soit pour percer la pièce d’écorce et en faire une dentelle ou bien simplement pour faire pression et rendre l’écorce quasi transparente. Si la pièce est pliée elle peut servir à former des dessins symétriques, ces dessins ont une valeur symbolique ou spirituelle propre à la culture Anishinaabe. Pour illustrer ces propos voici un poème de Denise Lajimodiere qui explique cette pratique.
BIRCH BARK BITING
I study the spring peeled
bark, gathered when leaves
unfolded.
Thunderbirds, wings spread
wide, gaze back at me.
I peel the amber bark
into thin layers, careful
not to tear claw marks.
I place the folded bark in my
mouth, biting down with eye
teeth, closed eyes see designs,
I unflod a flower, turtle,
or dragonfly, hold
it to the light, feathery bite
marks glow through
transparent wings.
MORDRE L’ÉCORCE DE BOULEAU
J’examine l’écorce de printemps
pelée, récoltée quand les feuilles
se déplient.
Des Oiseaux-Tonnerres, ailes largement
déployées, me fixent à leur tour.
Je pèle l’écorce ambrée
en de fines couches, attentive
à ne pas laisser des traces de serres.
Je place l’écorce pliée dans ma
bouche, je mords dedans avec mes
canines, les yeux fermés voient les motifs,
je déplie une fleur, une tortue,
ou une libellule, je la présente
à la lumière, des marques de morsures
comme plumes luisent au travers
des ailes transparentes.
Denise Lajimodiere participe aux Pow-wows en tant que « jingle-dress dancer », c’est-à-dire qu’elle porte une robe où se trouvent des clochettes qui sonnent à chaque mouvement. Elle se relaxe en pratiquant l’aquarelle. Elle vit sur la réserve, au bord d’un lac, dans les « Turtle Mountains », un plateau culminant à 600m au-dessus du niveau de la mer situé à la fois dans le Dakota du Nord, le Minnesota, et le Manitoba au Canada).
Elle dit volontiers que sa nation, sa communauté, sa culture, sont les sources de son inspiration, en tant qu’artiste comme en tant que citoyenne. Sa nomination est une bénédiction qui a un impact à double effet. Premièrement de représentation : les jeunes Indiens et Indiennes sur les réserves dans des situations difficiles peuvent rêver d’une carrière comme celle vécue par Denise Lajimodiere, cela peut leur inspirer le désir de faire des études, de se projeter dans un rôle au service de leur communauté, de leur histoire, de leur culture. Cela leur montre que les autochtones peuvent accéder et mériter les honneurs en dehors de leur nation Indienne. D’où plus de confiance, avec le sentiment d’avoir une légitimité et une valeur en tant qu’Indien, d’où une estime de soi renforcée, cela donne un espoir, car le cercle vicieux de l’injustice sociale peut être rompu, ils peuvent se mettre à rêver d’un futur meilleur.
Cette nomination permet aussi à tous les habitants du Dakota du nord d’avoir l’opportunité de réviser leurs stéréotypes vis-à-vis des populations Indiennes, de connaître depuis le point de vue Indien tout un pan de l’histoire, toute une façon de penser et de vivre. Cette potentialité de contact pour faire reculer l’ignorance, l’indifférence voir l’hostilité vis-à-vis des Indiens ne peut être que bénéfique. Denise Lajimodiere lit de la poésie depuis ses dix ans et a commencé à prendre des cours d’écriture pendant ses années de Lycée. Elle dit dans un entretien qu’à l’époque (1964) aucun auteur amérindien ne s’était encore fait connaître, elle n’avait pas de modèle à suivre et elle pensait que les Indiens n’écrivaient pas, ne pouvaient pas devenir écrivains. Ce n’est qu’en 1984 qu’elle découvre un livre, Love Medecine (de Louise Erdrich, elle aussi Anishinaabe) et aussitôt elle cherche à participer aux ateliers d’écriture que Louise Erdrich et sa sœur Heid conduisaient. C’est ainsi que lui est confirmée sa capacité à écrire de la poésie et que soutenue par le regard de ses deux écrivaines autochtones, elle a commencé à oser publier sa poésie, oser se penser poète.
Les répercussions psychologiques de cette politique des pensionnats se fait encore sentir aujourd’hui, alors qu’éclatent les scandales liés à ces pratiques au Canada comme aux États-Unis. On peut sans crainte dire que du 18ième siècle jusqu’aux années 1960, ce réseau de pensionnats pour enfants Indiens institutionnalisait le kidnapping légal, l’abus et l’assimilation culturelle forcée des jeunes amérindiens en Amérique du nord et voici un témoignage de la terreur qu’on subissait dans ces pensionnats, puisque Denise s’est basée sur ces témoignages et entretiens avec les victimes de ces pensionnats pour écrire ses poèmes.
Redacted
I was detailed to the post office.
A kid came in and I handed him
a letter from home.
The priest hollered that the letter
needed to be read first and redacted,
then he took his fist and busted me in
I came to on the floor, alone.
Censuré
J’ai été détaché à la poste.
Un gosse est entré et je lui ai remis
une lettre venant de chez lui.
Le prêtre a braillé que la lettre
devait être d’abord lue et censurée,
puis il m’a fait exploser avec son poing
je suis tombé au sol, seul.
Dans un recueil paru en 2016 intitulé Bitter Tears, « larmes amères », Denise Lajimodière écrit : “Sap seeps down a fir tree’s trunk like bitter tears.… I brace against the tree and weep for the children, for the parents left behind, for my father who lived, for those who didn’t,” (La sève s’écoule du tronc d’un sapin comme des larmes amères … Je me serre contre l’arbre et je pleure pour les enfants, pour les parents restés, pour mon père qui a survécu, pour ceux qui n’ont pas vécu).
Denise Lajimodiere a également fait des recherches sur le leadership des amérindiennes et sur la violence auxquelles les femmes se trouvent confrontées. Elle se fait la voix, jamais larmoyante, de diverses femmes, jeunes-filles et petites filles amérindiennes et ce faisant nous ouvre les portes d’un monde où courage et dignité sont des qualités absolument requises pour supporter les tensions entre autochtones et blancs. Voici un poème qui se trouve dans le recueil DRAGONFLY DANCE (danse de la libellule) paru en 2010 aux presses universitaires du Michigan.
Out Steppin’
I ask my mom where she’s going.
Out steppin’ she says, a black patent
leather purse draped over her arm.
She outlines her lips in red
without a mirror, drops the case
into her bag, and closes the tortoiseshell
latch with a snap that tells him
let’s go.
I wrap my arms around a leg
And beg her not to leave
Us, my sister and I wail
And slap the door as it slams shut.
Our brother grabs us by our braids
And drags us down the hall,
Ties the mamma cat up in a paper
Bag and throws her down the stairs,
Over and over we scream. He rips the head
Off our favorite doll, then pins
Me down first, lays heaving
On top, brown, stinking hand
Over my mouth. Later he strangles
A kitten in front of us and says he’ll kill
the rest if we tell.
In the morning tiny, pink, plastic babies
In our shoes, a race car in his.
DE SORTIE
Je demande à ma mère où elle va.
De sortie dit-elle, un sac à main
vernis noir couvrant son bras.
Sans miroir elle souligne ses lèvres
de rouge, lâche l’étui
dans son sac, et fait claquer le fermoir
en écaille de tortue qui signifie
allons‑y.
De mes bras j’entoure une jambe
et la supplie de ne pas nous
abandonner, ma sœur et moi pleurnichons
et je frappe la porte alors qu’elle se ferme en claquant.
Notre frère nous attrape par nos tresses
et nous traîne dans le couloir,
il ligote la maman chat dans un sac
en papier et la jette en bas de l’escalier,
nous hurlons encore et encore. Il arrache la tête
de notre poupée préférée, puis il m’épingle
en premier, me pose sa main
brune collante sur la bouche. Plus tard il étrangle
un chaton devant nous et dit qu’il
tuera les autres si nous le dénonçons.
Le matin, des petits bébés en plastique rose
dans nos chaussures,
une voiture de course dans les siennes.
Dans un poème intitulé “The Necklace,” (le collier) la narratrice montre comment sa mère avait réparé son collier préféré, un ouvrage perlé comme on les fait dans certaines cultures amérindiennes, “her arthritic fingers patiently / threading beads / on the long thin needle, weaving / night after night.” (ses doigts arthritiques patiemment / enfilaient des perles / sur la longue aiguille, ils tissaient / nuit après nuit.)
Quand le collier est enfin réparé, la petite fille le met à son cou et part pour l’école, là :
At recess a White boy À la récréation un garçon blanc
ran by, yanked courut vers moi, l’arracha
it off my neck and threw it. de mon cou et le jeta.
I watched as it ascended Je le regardais s’élever
high above the blacktop, au-dessus du bitume,
the beads glittered, scattering their light, les perles étincelaient, diffusaient leur lumière,
a rainbow against gray skies. un arc-en-ciel contre le ciel gris.
Le style de Denise Lajimodiere est dépouillé, direct, il peut aussi être cru. Les mots des poèmes se fraient un chemin dans nos imaginations et nous permettent, un tant soit peu, de faire l’expérience d’être amérindien, de mieux comprendre, en profondeur, ce que vivre en étant amérindien signifie, ce que cela implique en terme de racisme, de contraste culturel, et cette connaissance est nécessaire à partager. Car pour les amérindiens la vie n’est pas aisée sur la réserve, elle n’est pas facile en dehors non plus, pourtant et comme beaucoup de ses pairs, Denise Lajimodiere ne tombe pas dans le piège de la victimisation. Elle fait œuvre de mémoire, et des souffrances passées elle entend faire surgir des chants de guérison. Voici un poème publié en 2021 sur le site de l’académie des poètes américains, dans la rubrique poem-a-day.
Tawkwaymenahnah
I walk around the small tribal
welfare cabin Kookum
had lived in, searching
for her grinding stones.
On hot August days
we would sit for hours grinding
chokecherries, pits and all.
She would hum or sing
softly in Cree, put the mash
into small patties on cookie sheets,
cover them with screens
to keep the birds out,
set them on the cabin’s low roof
to dry in the hot North Dakota sun.
In the dead of winter, she would soak
the dried patties overnight,
then fry them in bacon grease,
add flour and sugar,
the small shack filling with a tangy
sweet scent, and summer
flooded my every pore.
I take my grandkids berry picking,
they complain of heat, mosquitoes, ticks,
twigs catching their braids.
I wear my apron, make a pouch
to pick the low hanging berries
with one hand and toss them in
like Kookum did.
Kneeling before the flat rock,
braids tied back,
smaller rock clasped in hand,
I pound the fresh berries
pits and all.
Grandkids want to try,
and soon the rock is singing
my grandmother’s songs.
Tawkwaymenahnah
Je fais le tour de la petite
cabane tribale où Kookum*
a vécu, en marchant je cherche
ses pierres de meulage.
En août les jours chauds
nous restions assises pendant des heures
à moudre des cerises à grappe, les noyaux avec.
Elle fredonnait ou chantait
doucement en Cree, de la pâte faisait des petites galettes
qu’elle déposait sur des plaques à biscuits,
les couvrait de claies
pour tenir les oiseaux éloignés,
les plaçait à sécher au chaud soleil du Dakota du nord
sur le toit peu élevé de la cabane.
À la fin de l’hiver, elle laissait tremper les galettes
séchées toute la nuit,
puis les faisait frire dans la graisse de bacon,
ajoutait farine et sucre,
la petite cahute s’emplissait d’une douce
odeur acidulée, alors l’été
inondait tous mes pores.
J’emmène mes petits-enfants cueillir des baies,
ils se plaignent de la chaleur, des moustiques, des tiques,
des branchettes accrochent leurs tresses.
J’ai mon tablier sur moi, j’en fais une poche,
d’une main je ramasse les baies basses
et je les jette dedans
comme Kookum le faisait.
Agenouillée devant la pierre plate,
tresses attachées dans le dos,
une pierre plus petite en main,
je martèle les baies fraiches
et les noyaux avec.
Les petits-enfants veulent essayer,
et bientôt la pierre chante
les chants de ma grand-mère.
*kookum signifie grand-mère en langue Cree. (N.d.T.)
Les auteurs amérindiens font souvent preuve d’un humour mordant, qu’on pourrait parfois qualifier de « noir », et Denise Lajimodiere ne fait pas exception. Elle retrace des épisodes de l’histoire familiale, celle qui avec d’autres constituent l’histoire d’une communauté, d’un peuple, et qui s’est trouvée effacée de l’Histoire, celle que raconte les « vainqueurs ». Voici un court poème, inclus dans le recueil Dragonfly Dance, qui humblement témoigne mais qui fait mouche en laissant un sourire aux lèvres :
BAG BALM
All hail the chartreuse can of lanolin
Good for all tits whether attached to
The four legged or the two.
Good for itches, bad for the cavalry
Who killed all my grandmother’s cows
chickens and pigs on their way
to find Little Shell, they never found
the chipped china hidden
in the well or the berry money,
wrapped in plastic, safein square Bag Balm cans
buried under the birch wood pile.
Bag Balm*
Louée soit la boîte verdâtre de lanoline
bonne pour tous les tétons qu’ils soient attachés
aux quadrupèdes ou aux bipèdes.
Bonne pour les démangeaisons, mauvaise pour la cavalerie
qui a tué toutes les vaches de ma grand-mère
poulets et cochons, en route pour
Little Shell**, ils n’ont jamais trouvé
la porcelaine chinoise ébréchée cachée
dans le puits ni l’argent des baies,
enveloppé dans du plastique, en sécurité
dans les boîtes carrées Bag Balm
enterrées sous la pile de bois de bouleau.
*Bag Balm est la marque déposée d’un produit hydratant pour la peau, mains et corps, pour les peaux sèches. (N .d.T.)
** Little Shell est le nom d’une tribu Chippewa ayant une existence légale dans l’état du Montana mais qui n’est pas reconnue comme telle au niveau fédéral, à qui donc on n’a pas octroyé de terres. Cette communauté n’a donc pas de réserve allouée et se trouve dispersée dans tout l’état du Montana et les états voisins, jusqu’au Canada. Forte d’une population de 6500 personnes, elle continue de lutter pour faire valoir ses droits auprès du gouvernement et du bureau aux affaires Indiennes. Little Shell est aussi le nom du chef de cette communauté, qui il y a 125 ans , réclama plus de 400 hectares de terre pour sa bande de Chippewas. (N .d.T.)
Très attachée à transmettre l’histoire de son peuple, sa culture et ses traditions, Denise Lajimodiere se fait, au long de ses écrits, le relais des valeurs et des principes amérindiens dont la notion de passé, présent et futur n’est pas le plus facile à saisir pour les occidentaux. La connexion entre les générations est essentielle, est vitale, est désirée et cultivée :
WE CARRY THE LAST CENTURY
My father’s mother died
in the flu pandemic of 1918.
I know little about her,
as a child she survived
Indian wars, treaties, starvation,
forced to live on a newly
formed reservation.
Now, a hundred years later,
I tell my grandchildren
my grandmother died
in the flu epidemic.
I wonder if I will survive
this new pandemic.
I think of Kokum,
tewnty-three years old
with two children under four.
Did she wear a mask ?
I wear one made
of dragonfly print,
the dragonfly a protector
during wars, a symbol
of rebirth, hope, renewal.
Was she afraid
as death closed in ?
Did she suffer, lungs filling,
unable to breathe ?
Will my grandchildren say
My grandmother died during
the 2020 Covid pandemic ?
I wear my mask
and breathe.
NOUS EMPORTONS LE SIÈCLE DERNIER
La mère de mon père mourut
pendant l’épidémie de grippe en 1918.
Je sais peu de choses d’elle,
enfant elle a survécu
aux guerres indiennes, aux traités, à la famine,
forcée de vivre sur une réserve
nouvellement constituée.
Maintenant, une centaine d’années plus tard,
je dis à mes petits-enfants
ma grand-mère est morte
pendant l’épidémie de grippe.
Je me demande si je vais survivre
à cette nouvelle pandémie.
Je pense à Kookum,
vingt-trois ans
et deux enfants en bas âge.
Portait-elle un masque ?
J’en porte un
taillé dans un imprimé libellule,
la libellule protège
durant les guerres, un symbole
de renaissance, d’espoir, de recommencement.
Était-elle effrayée
alors que la mort l’enserrait?
Souffrait-elle, poumons remplis,
incapable de respirer ?
Mes petits-enfants diront-ils
ma grand-mère est morte pendant
la pandémie 2020 de covid ?
Je porte mon masque
et je respire.
Pour transmettre, pour expliquer, pour enseigner, Denise Lajimodière n’hésite pas à s’adresser aux enfants, j’en veux pour preuve son livre, intitulé Josie Dances, qui raconte l’histoire d’une petite fille qui veut danser au prochain pow-wow, et qui pour cela, doit aussi bien préparer sa tenue que s’entraîner à exécuter les pas et les danses. Il faut aussi découvrir quel serait son nom spirituel et c’est précisément le nom que rêve l’une de ses grands-mères. Entourée de son environnement familial Ojibwa, la petite fille soutenue et encouragée, Josie comprend en quoi il est important d’honorer ses ancêtres, eux à qui l’on doit de pouvoir encore danser, eux par qui passent le lien et la force d’une culture de générations passées en générations à venir.
Le quatrième recueil de poésie écrit par Denise Lajimodiere et paru en 2020 aux presses universitaires du Dakota du nord, constitue une critique de la culture coloniale, de la société construite par les colons en Amérique. Le titre est venu d’une observation d’une statue représentant un guerrier Indien à cheval, faite de matériels et d’outils soudés ensemble, trouvés dans les fermes. Il souligne combien les stéréotypes sont tenaces et combien ils enferment les amérindiens dans des images loin de leur être réel, loin de leur identité réelle, et combien cela leur nuit, eux qui ont presque à s’excuser de n’être pas comme les blancs les rêvent, eux à qui l’existence est de ce fait encore et toujours niée, reléguée dans les marges et les déchets produits par la société dominante. La critique bien qu’ouvertement exprimée, est subtile, ancrée dans la philosophie et le savoir traditionnel des Indiens Chippewa (encore nommés Ojibwa, tous appartenant à la grande nation Anishinaabe).
Grâce à tous ses livres, grâce à son implication et son sens de l’éducation, grâce à son nouveau rôle de « poet Laureate », gageons que la parole de Denise Lajimodiere, elle qui incarne si bien les valeurs amérindiennes, elle qui tient tellement bien son rôle de femme amérindienne, sera entendue au-delà des limites de sa réserve jusqu’à nos oreilles occidentales, afin que la transmission se poursuive et gagne les esprits, afin que les beautés de ces cultures amérindiennes inspirent nos pensées et nos comportements.
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