Regards sur la poésie française contemporaine des profondeurs (1)
Michel Cazenave est un enfant des montagnes. Il grandit dans les fougères, les arbres et les prairies, dont il sent qu'elles sont l'expression verticale de la vie. Dans la contemplation de la nature et la communion avec elle, il pressent très tôt l'importance de l'ombre permettant de jouir de la lumière, et la dimension maternelle de la Nature. Dans ces prédispositions naturelles, c'est à l'adolescence qu'il découvre par hasard l'œuvre pionnière de Carl Gustav Jung, à laquelle il vouera une fidélité sans faille, avouant que le grand psychologue lui avait sauvé la vie. Attentif aux pouvoirs de la raison, mais aussi doué du sens des rêves, Michel Cazenave a construit une œuvre où la poésie, dont l'étymologie renvoie à la capacité de créer, de fabriquer, pourvoie aux nécessités premières et vitales de l'homme égaré dans la modernité, comme elle le fit de l'homme de tous les temps. Doué dans de multiples domaines – homme de radio, éditeur, romancier, œuvrant pour la transdisciplinarité – c’est d’abord en tant que poète que Michel Cazenave pose son regard sur le monde et sur toute chose vivante. Ce regard de poète, il finit par l’incarner littéralement par des œuvres poétiques discrètes, cherchant dans le Verbe ce que Jung avait formalisé sa vie durant à travers la psychologie : le dialogue avec la profondeur. Ses recueils ont trouvé leur place dans les catalogues des éditions Arma Artis et des éditions Rafael de Surtis. La chute vertigineuse ; L’amour, la Vie ; La Bouche ou l’Antre des Nymphes ; Les Cheveux ou le Secret révélé ; Eclats de la lumière ; Primavera viva ou la vie absolue ; Primavera ou le triomphe de l’amour ; Méridiens de la Nuit, La naissance de l'aurore, L'Oeuvre d'or, Mélancholia, les titres égrenés forment un chemin initiatique s‘enfonçant dans la forêt de la vraie vie, où l’obscurité révèle les forces de lumières, où les regards des présences compagnes, tapis dans l’ombre et scrutant le meilleur des possibilités humaines, étoilent de leur éclat les espérances d’amour. Là où il y a la vie, il y a langage. Là ou il y a langage, il y a la Mère Nature enfantant et croissant. Cette Mère Nature qui est l’un des multiples noms de la poésie. C’est cette vision de cosmos qu’incarne le poète Michel Cazenave.
Les extraits de Prières suivi de Direlle paraîtront en volume au Nouvel Athanor en 2014, sous le titre de Laisser les mots venir.