Regards sur la poésie française contemporaine des profondeurs (4) : Alain Santacreu
Alain Santacreu a reçu dans sa vie la charge d'un mot : Contrelittérature. Recevant ce mot comme une mission, il s'est appliqué en humble serviteur à le servir et à le comprendre. Contrelittérature : non pas une littérature contraire mais le contraire de la littérature. Ainsi défini, il fallut distinguer entre ce qui fait littérature et ce qui n'en est pas. Pensée après pensée, essai après essai, exégèse après exégèse, Alain Santacreu a produit toute sa vie une œuvre manifeste relevant totalement du Poème. Investi dans le théâtre, dont l'affaire l'occupa à haut niveau, engagé dans l'enseignement, là ou tout se joue et se déjoue, il fonda la revue Contrelittérature et marqua pour nos temps modernes une ligne de démarcation afin que l'œil puisse désormais voir clair et situer entre ce qui relève de la littérature, c'est à dire du Simulacre bourgeois occupant la quasi totalité de l'espace devenu superficiel, autrement dit la Prose, et ce qui relève du Poème, c'est à dire de l'essence fondamentale du vivant faisant se mouvoir et croitre tout ce qui existe sur la Terre.
Alain Santacreu appartient à la Poésie des profondeurs et cette profondeur n'est pas infinie comme le modèle astronomique actuel, elle n'est pas abyssale comme la psychologie récente. Cette profondeur est rassurante et enchanteresse car dissimulant dans ses plis sombres l'or de l'extase et de la joie. L'extase de la relation. La joie de vivre.
Si toute l'œuvre d'Alain Santacreu relève du Poème, depuis son Manifeste pour l'esprit jusqu'à ses romans contrelittéraires, en passant par les vingt-deux numéros de la revue Contrelittérature qu'il fonda en 2000 et mena à son terme jusqu'en 2012, il s'est appliqué toutefois à composer des poèmes, dont Recours au Poème propose ici un choix.
Contrelittérature ? Contre la lettre morte.