Regards sur la poésie française contemporaine des profondeurs (5) Gérard Bocholier
La profondeur de la voix de Gérard Bocholier procède de son regard contemplatif, scrutateur de ce qui se meut au-delà du visible, de ce qui se cache derrière les ombres, de ce que révèle le visage du vent. Poète de l'imperceptible et de la nuance, lorsque cet imperceptible joue la capacité de la grâce en tout être, et la nuance l'enrichissement salvifique de la conscience, Bocholier aime, dans son long cours d'homme de parole, rapprocher les éléments contraires, marier la mer et le feu, la glace et le soleil. Dans les apparences à priori contradictoires réside une unité que le poète, à l'œuvre, cherche à concilier.
L'attention à la nature, aux petites choses qu'à peine on entrevoit dans notre monde suréclairé vont attirer le regard de Bocholier et mettre sa voix en mouvement. Ces petites choses, révélées par la connaissance du poème dont Bocholier a l'art, tissent une tension sans laquelle tout s'effondrerait, entre le monde ordinaire et le temps sacré. C'est cette profondeur que Bocholier révèle poème après poème. Profondeur qui est verticale, permettant de monter les yeux vers les clartés célestes et dans le même mouvement de les baisser en deçà des racines. Seul le Poème des profondeurs peut ce déplacement simultané, abolissant la loi de continuité imposée à nos vies terrestres. La poésie de Gérard Bocholier permet, depuis ici et maintenant, de percevoir cet au-delà du terrestre.