Revue ARPA, n°110–111
Un double ARPA, copieux de 208 hautes pages sur le thème NATURE(S). Neuf photos d’André Hébrard. Quarante-huit auteurs convoqués dont le maître d’œuvre, Gérard Bocholier. La couverture comporte un beau calligramme d’arbre poétique. Dix-neuf pages de lectures et préférences, par C. Minois, G. Bocholier…
Du « maquis me gagne » d’Henri Perrier Gustin au fragment du poète roumain Alexandru Miran, qui énonce « Le poète a sa racine en terre », des poèmes qui honorent la « présence » au monde, dans la « ferveur du chant » (Janine Modlinger).
Citons, parmi les talents ici proposés : l’ode aux « petites feuilles mourantes » de Nicolas Dieterlé, son « soleil dans la poitrine », « dense et ample » ; l’invite « marcher sur le pollen neigeux des peupliers » de Michel Jourdan ; le lyrisme du maître de céans, nourri de « grandes coulées de neige », de la « ramure noire du noyer » pour qui « le ciel s’éclaire d’une franche touche d’or pâle » (G.B.) ; les proses très raffinées d’un Alain Eludut (« Bientôt, le monde va prendre vie de la manière la plus effrontée qui soit » ; ce quatrain magnifique tiré de « Mère-la-Nuit » du Frère Grégoire Laurent-Huyghues-Beaufond : « Il est tard déjà/ dit Mère-la-Nuit/ allons, viens petit/ prends ton bain d’effroi » ; l’allitération donne vie à « Ton nom » de Christiane Keller : « D’où la tiendrais-je/ cette mélodie d’arômes émus/ qui remue jusque dans les choses muettes, / les épis mûrs, le pain, la table/ et la pentecôte de sel/ sur la soupe des siens ? » ; Guillaume Decourt, quant à lui, ordonne dans ses proses des blasons convaincants : « Cueillette des citrons par la fenêtre du jardin » ou « Errer de bon matin sur les quais de Cannaregio ».
Un bien beau numéro, duquel, forcément, on ne peut tout citer, que je vous recommande vivement pour sa diversité, sa richesse de voix et de rythmes.
Bravo à l’équipe d’ARPA : C. Minois, G.Bocholier, P. Maubé, C. Moncelet, C. Keller, J.P. Farines…