Malpe­lo, c’est tout un sym­bole. Si L’undicesima copia (le onz­ième exem­plaire) – nom de la mai­son d’édition – se réfère à Kaf­ka1, le nom de la revue, quant à lui, est un clin d’œil à la nou­velle de Gio­van­ni Ver­ga2, his­toire d’un enfant mal­traité à cause de la couleur de ses cheveux, sorte de loin­tain cousin de notre Poil de carotte.

Mais pourquoi avoir choisi ce nom : Malpe­lo ? L’enseignant, doc­u­men­tal­iste et cri­tique de ciné­ma Demetrio Salvi, son fon­da­teur, s’en explique dans le numéro un de la revue. Malpe­lo, donc, parce que le vérisme de Ver­ga, c’est aus­si « l’attention à l’autre, par­tic­i­pa­tion, regard poli­tique, engage­ment cul­turel, civ­il et social. Une instinc­tive révolte con­tre ce qui ne nous plaît pas, le plaisir de met­tre à mal les incon­tourn­ables impli­ca­tions logiques, l’envie de se diver­tir et de bous­culer, si néces­saire, ce qui s’oppose à notre plaisir : ce sont les élé­ments déclencheurs qui nous ont con­va­in­cus de bap­tis­er de cette manière irrévéren­cieuse une revue que nous voulons vivante, vitale, vive, à con­tre-courant quand cela a du sens d’être à con­tre-courant, curieuse et prête à rechercher le plaisir où qu’il soit ».

Ain­si est née Malpe­lo, jeune revue lit­téraire bimen­su­elle, à Naples, en sep­tem­bre 2021. Elle est ouverte à la prose mais aus­si à la poésie, secteur con­fié à Bernar­do Rossi. Thé­ma­tique, la revue se présente sous forme d’un agréable livre de plus de deux cents pages, illus­tré par un(e) artiste qui dif­fère à chaque numéro. On peut y lire une trentaine de textes d’au­teurs con­nus ou moins con­nus, sou­vent napoli­tains et romains mais du fait de son audi­ence nationale elle accueille volon­tiers les auteurs de toutes les régions d’I­tal­ie. Et pas seule­ment. En effet, Malpe­lo est aus­si ouverte à l’international (les textes reçus doivent toute­fois être écrits ou traduits en langue italienne). 

Revue Malpe­lo n°4, mars 2022, Édi­tions L’Undicesima copia, 200 pages, 10 euros.

Ce numéro 4 inti­t­ulé Fiabe, rac­con­ti e sto­rie (fables, con­tes et his­toires) offre à la lec­ture, entre autres, des textes d’Elio Pec­o­ra, Anto­nio Spag­n­uo­lo, Enri­co Fag­nano, Wan­da Maras­co, Francesco Papal­lo, Ciro Tremo­later­ra, Demetrio Salvi, Bernar­do Rossi et me fait une nou­velle fois l’honneur de pub­li­er plusieurs de mes poèmes. Les illus­tra­tions, en noir et blanc, sont de Rosa D’Avino, plas­ti­ci­enne qui aime con­juguer tra­di­tion et formes con­tem­po­raines, réal­ité fasci­nante du passé et pos­si­bles évo­lu­tions du présent et surtout racon­ter la vie à tra­vers ses créa­tions quel qu’en soit le genre, quelle qu’en soit la matière.

Malpe­lo ? Une revue de créa­tion de qual­ité, inter­ac­tive, respectueuse des auteurs aus­si bien que des lecteurs… un « espace qui fait place, aus­si, à ceux qui sont en dehors d’une dynamique com­mer­ciale de l’écriture »3.

Notes 

  1.  « André a ven­du onze livres. J’en ai acheté dix. Je voudrais vrai­ment savoir qui a le onz­ième » Franz Kaf­ka. Phrase inscrite en bas de chaque som­maire de Malpe­lo.

     2. Rosso Malpe­lo, paru pour la pre­mière fois en 1878. 

     3. Demetrio Salvi, Malpe­lo  n.1 page 10
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Irène Duboeuf

Irène Duboeuf, née à Saint-Eti­enne, vit depuis 2022 dans la Drôme, près de Valence. Elle est l’auteure des recueils Le pas de l’ombre, Encres vives, 2008, La trace silen­cieuse, Voix d’encre, 2010 (prix Marie Noël, Georges Riguet et Amélie Murat 2011), Trip­tyque de l’aube, Voix d’encre, 2013 (Grand prix de poésie de la ville de Béziers), Roma, Encres vives, 2015, Cen­dre lis­sée de vent, Unic­ité, 2017 (final­iste du prix des Trou­vères), Bor­ds de Loire, livre pau­vre col­lec­tion Daniel Leuw­ers 2019, Efface­ment des seuils, Unic­ité, 2019, Vol­can, livre pau­vre col­lec­tion Daniel Leuw­ers, 2019, Un rivage qui embrase le jour, édi­tions du Cygne, 2021, Pal­pa­ble en un bais­er, édi­tions du Cygne, 2023. En tant que tra­duc­trice, elle a pub­lié Neige pen­sée, d’Amedeo Anel­li, Libre­ria Ticinum edi­tore, 2020, L’Alphabet du monde d’Amedeo Anel­li, Édi­tion du Cygne, 2020, Kranken­haus suivi de Car­net hol­landais et autres inédits, de Lui­gi Carotenu­to, Édi­tions du Cygne 2021, Hiver­nales et autres tem­péra­tures, d’Amedeo Anel­li, bilingue italien/français, Libre­ria Ticinum Edi­tore, 2022, Quatuors, d’Amedeo Anel­li, Libre­ria Ticinum Edi­tore, 2023, Des voix entourées de silence, Le Cygne, 2023. Ses tra­duc­tions de sept autres poètes ital­iens sont parues dans Babel, sta­ti di alter­azione, antholo­gie mul­ti­lingue d’Enzo Campi, Bertoni Edi­tore, 2022. Ses pro­pres poèmes sont traduits en ital­ien, espag­nol, arabe et chi­nois clas­sique. Site de l’auteure : https://irene-duboeuf.jimdofree.com