Richard Roos-Weil, Intérieurs (extraits)
Notes oubliées
Même si le vert est par endroits plus sombre
À cause du tapis d’algues
Du courant qui de ce côté-ci s’amenuise
Nous n’oublions pas l’eau celle du fleuve
Du linge que l’on lave
Qui sèche sur la pierre
∗∗∗
À deux peut être
On ne peut passer à plusieurs
Le ciel ne tient pas lieu de cordage
Tu balaies des débris des éclats de voix
Ne veux avoir maille avec la terre noueuse
Répète appelle
Écho ! écho !
Comme des enfants qui apprennent l’a le b d’un alphabet
Pour ne perdre le fil
∗∗∗
Passé le pont
Nos mains autour de nos lèvres quémandent
Le panneau nous avertit
Ne pas se pencher ainsi
Surtout ne pas crier ne pas appeler
Souffler sur les feuilles des arbres
Et attendre que nos paupières nos lèvres battent à leur rythme
∗∗∗
Jeune fille
L’air dans la maison caverneuse nous rassemble
Ta voix grelottait tremblait
Ne voulait garder la tête coincer en haut vers la gorge
Nous séduisait que ta robe s’évase
S’écoute se récite en complaintes amoureuses
Tu regardais de coté
Essayais gauchement :
Impossible que cet intérieur sombre me ressemble
Que ce nuage soit une barque
Ne pas partir aussitôt
Ne pas laisser la nappe en boule
∗∗∗
Un désordre d’aube et de feu *
Même si tu t’inquiètes de ton emportement
Ose un coup de poing sur la table
Au souvenir
D’une fontaine qui murmure dans la paume de tes mains *
Ne meurt
À l’angle d’une rue sombre
Le soleil sa pelote de laine
Sa ficelle son ruban
Ces ballots de mots et de foins
*Deborah Heissler
Chiaroscuro (aencrages &co)