Romain La Sala, Chants du quotidien de Vito, extraits

Par |2024-01-06T15:37:01+01:00 6 janvier 2024|Catégories : Poèmes, Romain La Sala|

Extrait 1

Ma vie est un long chemin tra­ver­sé de soleils et de nuits.

Et je n’ai rien appris

******

Un jour

je me suis age­nouil­lé sur la plage de l’aube, l’attente du soir vibrait dans les vagues comme un

vin capricieux

Le temps rêvait

Les fleuves avaient sus­pendu leur course dans la mer vaste et claire

Et j’écoutais des silences

 

******

Sur la rive, un enfant et une femme jouaient avec une rivière

 

L’enfant ne dis­ait mot. On eut dit ses lèvres scellées

Son vis­age, un regard

 

Sur sa bouche souri­ait un silence

La femme filait la riv­ière entre ses doigts effilés

Elle tirait de la mer de longs fils, tressés de brise et d’argent. Et une riv­ière nais­sait dans la mort

des vagues et la cadence de leur halètement

Et une riv­ière se lev­ait à la nais­sance des vagues et des hanch­es océanes

La femme filait et chan­tait avec son vis­age et ses doigts

Alors les riv­ières glis­saient sur le sable, les dunes, la terre,

dans les vals et les villages,

sur les con­ti­nents, le ciel et ses venelles ardentes,

sur les franges idéales

au bord des étoiles

dans la pous­sière des vagues

Les riv­ières bru­laient, des forêts bruissaient

Et je me souvenais

Vito, Chants du quo­ti­di­en, Chant I, Naissances

Extrait 2

Les enfants ne rêvent pas. Les enfants ne mentent pas.

Ils entremê­lent leurs doigts et un oiseau s’élève

Ils ramassent une pierre et la pierre devient pierre

Les enfants pleurent et leurs larmes sont le sel de leur tristesse

Ils rient de la mer qui est pleine de larmes

et la con­so­lent en s’y baignant

Ils ne dor­ment pas. Ils veillent

et leurs doigts sur le sable tracent

les chemins immo­biles de nos vies

Vito, Chants du quo­ti­di­en, Chant I, Naissances

 

Extrait 3

Indif­férence

 

Chaque aurore, chaque couchant est une indif­férence. La lumière naît, la lumière meurt, 
et je demeure dans ma cham­bre, seul, rêvant d’un train qui part.

Le matin trace un chemin dans l’espoir du ciel, et le soir vient sur les chants fatigués du 
jour. Et ni le soir, ni le matin, ne me par­lent. Ils meurent et vivent sans me dire un mot. Et je 
pleure un peu puisque je suis heureux.

Ils ne m’attendent pas puisque je suis là. Ils ne m’entendent pas puisque je chante, seul 
dans ma cham­bre, la plainte d’un train sur les chemins heureux, qui vient comme un espoir et 
s’éteint en son soir.

Ils sont l’indifférence qui me ressem­ble. La paix qui m’apaise. Un feu qui n’attend ni 
mon regard, ni ma joie, et ignore toutes mes peines. Un feu qui brûle sans moi et puis qui 
dis­parait dans l’étang clair du soleil.

Ils sont le silence de la cam­pagne qui s’éveille au bruit des cierges et des églises 
soli­taires. Ils sont les paupières qui se lèvent et s’abaissent dans le bois qui brille. Ils sont le gris 
du ciel qui recou­vre la terre. Ils sont la terre qui respire et sur laque­lle je me couche, con­tre son 
sein qui se soulève et me berce.

Ils sont la com­pagne qui me laisse vivre, et mourir. Puisque le matin vient et que le soir 
s’éteint. Puisque je vais et que je m’en vais, là où les chemins retour­nent à leur fin.

Puisqu’ils sont l’aurore et le couchant, et qu’ils me lais­sent en paix.

Et dans l’indifférence de leur silence, je chante l’évidence de leur amour, de la lumière 
qui croît et s’évanouit près de moi, pour que je vive et meurs,

près de leurs grands yeux de patience et qui m’aiment en silence.

Vito, Chants du quo­ti­di­en, Chant I, Naissances

 

Extrait 4

 

Con­fes­sion en prose d’un cer­tain Vito

Je tra­ver­sais la ville

Comme on décou­vre une femme

Sur l’asphalte

La nul­lité des fleurs

Un bat­te­ment d’ailes rompait le soleil

Les ruelles bat­tant sa peau

De nou­velles ardeurs

Vierge et naissante

Parée de bruit et de pierre

Elle me dérobait l’ingénue

De ses rets gris et modernes

L’indécise extase du vent

Les trem­ble­ments boisés de l’ombre

La mûre à mes lèvres

Les visions de l’air, l’horizon

L’éclat des fris­sons de l’hiver

Toutes les fièvres et les sources

Tout cela volé ravi pillé

Enc­los entre ses reins gris

D’asphalte

Pour­tant

Je me souviens

Per­du dans l’immense hori­zon de mes vies

Un homme de pous­sière et de ciel qui allait

Sur la terre qui n’oublie pas

Les mains bras­sant des soleils

Et sachant toutes les langues

Vagabond sans or

Souri­ant comme un fruit mur d’été

Ses yeux volés aux oliviers

Ses cheveux brûlés d’amour

Sans cesse assoif­fé et jamais ne pleurant

Ivre de ses pas et des vignes qu’il saig­nait en riant

Il allait

Et seul le vent savait son errance

Je lui ai pris son nom et la ville a ri

Alors dans ma soli­tude, toutes les langues en moi

J’ai inven­té ses soleils

J’ai déployé sur les avenues ses errances bor­dées d’impatience

J’ai semé dans les rues les vignes et les oliviers de ses yeux

J’ai con­ver­ti les larmes à sa reli­gion de feu pour exal­ter toutes les soifs

Je n’ai retenu de lui que l’amour

Et comme je lui devais un lan­gage et un corps

Une vérité où mor­dre et vivre

De cet amour dont ne savait que faire mon âme

Du monde j’ai fait une femme

Mon inso­lence

Aus­si

A chaque heure mon aimée,

Monde qui tournoie

Dans le songe de mon nom,

Ma sou­veraine, ma demeure,

L’impudeur et l’extase

Le sac­ri­fice

Des vagues levées

Au mir­a­cle de tes iris

A chaque heure la chair et l’amour

Au grand jour mouil­lé de ton ombre

A chaque heure une gloire

Dans l’averse de tes paupières

Dans l’espoir du matin et des souf­fles incertains

A chaque heure un feu

Et dans l’instant de ce poème

Mon bais­er à ta bouche donné

La folie d’un nom

La vie oubliée et ressurgie

A toi et tes lèvres ton corps et ton âme

mon incon­quise

Et je tra­verse la ville

Comme on aime une femme

Aux seins rêvés

Enfin acquise

Vito, Chants du quo­ti­di­en, Chant II, Can­tique de l’amour

 

Extrait 5 

Memen­to amo

« Il y a quelque chose de fon­da­men­tal dans l’homme. Il ne change pas avec le temps. »

Aharon Appelfeld

 

 

 

Cela sera un peu long

mais le temps est une chimère

bien plus réel est

le songe d’une rivière

Ecoutez

La haine est exacte

Elle est exacte aujourd’hui

Elle est exacte hier

Elle est exacte demain

Elle ne change pas

Je ne racon­terai pas son histoire

Elle n’a pas d’histoire puisqu’elle est exacte

Elle décompte les corps

Voyez dans les camps

cheveux jambes yeux dents ongles

nom­bres

matricules numéros

Tout cela est exact

décomp­té

Sou­vent les hommes content

Je les ai entendus

Je les ai lus dans les livres

Ils ont con­té bien avant moi

Ils con­teront bien après

Au bord de l’été

j’ai embrassé une femme

je lui con­tais son corps

Et ses yeux étaient pleins d’histoires

je l’ai écrit le vent le sait

Mais là-bas

qui devien­dra aujourd’hui

demain hier

la haine décompte les corps

avec exac­ti­tude

C’est le fait de la haine

J’ai enten­du ceci

Dans un train, en direc­tion des nombres

et du vide

ce mes­sage glis­sé sous la porte

” Soyez tran­quille les enfants, maman et moi nous par­tons ensem­ble. Papa. Vivez et espérez”

Dans l’exactitude de la haine, cette his­toire. Une nuance

papa et maman sont par­tis ensemble

Là où on décompte les corps

Ecoutez-moi encore

 

L’amour ne meurt pas, même dans les cathé­drales de colère, même dans la foule désenchantée, 
même dans l’erreur et la méprise, même dans mes yeux fer­més comme deux poings con­tre le 
jour

Car l’amour est aus­si évi­dent que la mort. Et elle dit « Epouse-moi »

Même dans la ter­reur et la folie. Elle dit « Vis et espère »

Même dans la nuit d’un train, elle se glisse sous la porte

 

Deux mains qui se tien­nent et se sou­vi­en­nent. Des reflets dans le ciel, de l’eau qui dort et des 
yeux qui battent

     encore

 

Sou­viens-toi de cette loi

Sous tes pas un baiser

Et dans les cathédrales

Sous la haine et sa joie

Aime

Vito, Chants du quo­ti­di­en, Chant II, Can­tique de l’amour

 

Extrait 6

  Je suis

     le reflet du monde

     et l’eau mon visage

     Regarde ce paysage

     celui-là

     celui-ci et celui là-bas

     Compte-les aime-les

     Prends-les et

     Vois

     L’orage et la poussière

     Les villes les précipices

     Les fleurs les charniers

     Les chairs ténébreuses des bois

     L’épée des lacs

     L’herbe flam­boy­ante

     L’arc des collines

     La terre des tombes

     et les églises

     qui douce­ment transper­cent le ciel

     et douce­ment disparaissent

     avec les cimes et les poignards de l’espoir

     Vois

     Ils sont mon reflet

     et tu le sais

Vito, Chants du quo­ti­di­en, Chant III, L’âme

 

Extrait 7

— Sou­vent tu te tais, et encore tu par­les. Ain­si écoutes-tu mon silence. Ain­si tu m’entends

La rue ruis­se­lait d’elle

et une forêt s’élevait dans les robes des femmes

entre leurs cuiss­es, son rire flam­boy­ait comme un secret

 

Vito, Chants du quo­ti­di­en, Chant III, L’âme

Extrait 8

Orai­son

J’ai cueil­li l’araignée

Dans le jardin abandonné

Corps villeux

Comme une mûre

Parée d’yeux

J’ai cueil­li l’araignée

Et l’aube est morte

Comme le temps

Et les soleils couchants

Elle gar­dait le seuil

Des jardins endeuillés

Et des fleurs aux noms oubliés

Vigie velue

Elle était blanche au matin

L’amour l’a teinte

De rouge comme la mûre

Du sang des amants

Au soir elle était noire

Comme un songe mort

Et des mys­tères voguaient

Dans les vagues de sa toi­son sombre

Alors je l’ai cueillie

La soli­taire

En sa tanière étoilée

De tombes

Je l’ai cueillie

Ma main en sa fourrure

Impure d’amour et de temps

Comme une piqure pleine de chants

Je l’ai cueillie

En sa demeure de toile et de deuil

Près de ma peur et la soie des meurtres

Entre mes doigts si doux

Qu’un désir y naissait

Comme on sème le sang

Main­tenant je sais

Le nom des fleurs oubliées

Dans le matin des jardins

Ter­ri­bles et retrouvés

Je sais leurs noms

De sang et de mystère

Plus ten­dres que la chair

Et ses vio­lences amères

Ils sont comme le vent caressant

La toi­son de l’araignée

Invis­i­bles et vibrants de désir

Vivants si vivants

Qu’il faut mourir

Pour les entendre

Et enfin

Les aimer

Vito, Chants du quo­ti­di­en, Chant III, L’âme

 

Extrait 9

Nau­si­caa

 

L’ÂME

  • Sous l’olivier tu rêvais

Un lit de feuilles était ta demeure

Une branche volait

Dans la terre des fruits

Et des foins sauvages

Une autre touchait le ciel

Des cités humaines et sages

Quel silence en ces feuilles !

On aurait dit une pen­sée de cendre

Sur ton corps posée

Un berceau de neige

Pro­fond et calme

Comme une tombe

Loin du monde

Et des bru­tales raisons

Un lit d’été

Où luit alanguit

Le soleil étale

Dans l’eau des étangs

Et le val des bois verts

Que rêvais-tu ?

Caché

Telle une braise qui songe

Dans les bras des feuillages

En quel pays voyageais-tu ?

Bercé

Par les chants de silence

De la neige

Et des ombres amantes

Tu dors

Et dans les veines de l’olivier

Bruit une rivière

Qui t’adore

Mon beau sommeillant

Aux yeux noyés d’azur

******

VITO

  • Et elles vin­rent au matin

Du sen­tier indistinct

Poudré des cyprès

Et des verg­ers féconds

Elles vin­rent

Près de l’homme indolent

Sous l’olivier aux branch­es d’été

Sans ennui et rêvant

En son asile navires et cités

Leurs beaux bras blancs

Jetaient sur l’herbe

Des reflets de neige

Et leurs bouch­es vermeilles

Un sourire de sang et de cerise

Au sen­tier levant

Un fris­son de nuages

Cares­sait leurs cuisses

Pleines et déliées de soleil

De piété et des sour­des attentes

Ô belles lavandières !

Au vent de vos pas

Douce­ment se soulèvent

Les voiles de vos appas

Et dans le lit de la rivière

Rit votre reine

Vierge sauvage et fière

Des cités altières

Et dans le lit de la rivière

Sourit votre servante

Aux beaux bras blancs

Parsemés d’argent

D’eau et de lumière

L’ÂME

  • Il est midi

Au seuil des citronniers

Leur chair pal­pite d’un désir de rivière

Sous l’olivier

Un linceul de feuilles

Berce et bénit

Mon beau sommeillant

Tu n’entends pas

Les vagues de l’onde

A leurs pieds dénudés

Foulant les linges

Noir­cis et souillés

Tu ne vois pas

Les corolles de ténèbres

S’évanouissant dans l’eau

Fraiche et dorée

Tu dors

Près de leur sourire

Saigné de lumière

Tu dors et je veille

Sur tes paupières d’aurore

Sur ta bouche d’encore

Et sur ton corps

Enténébré et seul

Près de mes sœurs

Qui se baig­nent et s’ébattent

Tu dors et déjà

Entre mes mains de feuilles

Ô mon ensoleillé

Tu t’éveilles

Une reine rit dans la rivière

Par­mi le chant des jeunes filles

Le linge est blanc et leurs bras

Un champ sans semence

Dans le pâle matin des réjouissances

Entends mon amant

Un rire t’appelle

Et dans les veines de l’olivier

Te con­fie un chemin

Plus clair que les linges éclatants

Plus bleu que leurs attentes

Lavé de tes glorieuses

Défaites d’antan

Entends-le

Ce rire de lavande

Ouvre les yeux

En l’heure latente

L’insoumise te sourit

En son lit interdit

Et ain­si tu es libre

 

******

L’ÂME

  • Enfin

Voici l’heure solitaire

Tu es nu

Elle est vierge

Un rameau dit

Ta verge élancée

En ses feuilles cachée

Et les sages impatientes

Dans le feuil­lage des souhaits

T’épient

Leurs yeux d’épines

Rivés à ta peau

VITO

 

  • Voici l’heure des lisières

Et des éveils de la chair

Le rire s’est enfui

je l’entends encore

dans le ves­tige des îles

et en son blanc visage

soudain plus grand

qu’un silence

Elle me regarde

L’ÂME

  • Et ses chevilles brisent l’eau

En caress­es

Et bateaux solaires

la vrille des vignes

ensor­celle une ardeur d’été

Son corps

D’un peu de lumière

Dore tes lèvres

La riv­ière

D’un peu d’or

Eclaire ses lèvres

Tu la regardes

VITO

  • Et des extases qui s’élèvent

De ma verge

Je donne à la belle vierge bouclée

Ailes et rêves

Le chant de l’olivier

Paré de ses astres violets

Souf­france Joie

quelques semences du ciel

égarées

Et la chair en moi retenue

Et la chair en elle déliée

dans la paix des embrasements

de nos corps séparés

L’ÂME

  • C’est l’heure dit-elle

Soli­taire et heureuse

Des adieux et des chemins

C’est l’heure dis-tu

Du rêveur qui s’éveille

Et des chemins futurs

S’émerveille

La chair est un refrain

De nuages et de voyages

Ain­si est venue

L’heure des lavandières

Et de la reine solitaire

Un sourire bat à la poupe de ses reins

Etince­lant comme un souvenir

Bril­lant comme l’à venir

Et te dit

« Va ! »

******

L’ÂME

  • Près de l’olivier et de la robe défaite

Passe le navire

Les seins gon­flés d’azur et de nuages

Au faîte de la rivière

Dans la cale tu veilles

Un rameau posé con­tre ta cuisse

Comme un feu endormi

Et jetant dans les ténèbres

Une pluie d’étincelles

Et d’îles nouvelles

Vito, Chants du quo­ti­di­en, Chant III, L’âme

 

Extrait 10

Sur la berge désertée, un enfant veille

Nul n’a enten­du ses pas dans l’herbe sèche. Nul n’a vu son ombre claire, et fauve, se 
dessin­er sur le sen­tier, et venir s’agenouiller

sur la berge haute comme un soleil d’eau

Nul ne l’attendait, puisqu’il était déjà là

Bien avant l’olivier, le som­meil, les rêves et l’éveil

Alors qu’une vierge riait sur les paupières d’un homme

Hier, des îles chan­taient le désir

Aujourd’hui, un navire invente nos patries

Et l’enfant veille sur la riv­ière qui brûle

Vito, Chants du quo­ti­di­en, Chant III, L’âme

Présentation de l’auteur

Romain La Sala

Romain La Sala, pro­fesseur de Let­tres, est né à Paris le 14 juil­let 1974. De mère française et de père sicilien, il pos­sède la dou­ble nation­al­ité. Son état civ­il dit ain­si un peu de sa vie, une iden­tité plurielle, à la con­flu­ence de deux cul­tures, celle de la lib­erté et des Lumières, et celle du soleil méditerranéen.

En 2022, il pub­lie sur les réseaux soci­aux, sous le nom de plume Vito, des poèmes écrits au jour le jour. Peu à peu se forme un réc­it poé­tique : les Chants du quo­ti­di­en, œuvre qui inter­roge le temps, le sou­venir et la mul­ti­plic­ité de l’individu. S’inspirant de la pen­sée jungi­en­ne, l’auteur, dans le dernier chant, donne la parole à l’âme, « ani­ma » médi­atrice entre le poète et le monde.

A présent, il écrit sous le nom de Solal, ami, com­pagnon de route et cri­tique scep­tique du poète Vito.

Bib­li­ogra­phie (sup­primer si inutile)

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