ROUGE SUR ROUGE
Vertiges lointains
sous nos pas
la terre bouge comme séisme
Corps-action
en hauteur de vue
des points d'éblouissement
D'autres ailleurs
vers ailleurs ici
plus loin que blessure
Pensées et mots d'entrechoquent
passage au noir
liberté baïllonnée
comme le refus global
Entrer dans le maquis des langues
rendre à la réalité crue
désordres et tempêtes
nuits sans trêve
sans bord sans limite
Le souffle sur la tempe éclate
des passants perdent leur visage
leurs yeux se vident de leur mémoire
Avec un bout de rien
rejouer son théâtre
l'abîme est dessous
tous les mots sont piégés
La main cherche à tâtons
quelque chose qui a disparu
perdu dans la rumeur basse
Les murs craquent les toits aussi
bruits de casserole tintamarres
le « je » le « tu » pluriel
les cendres encore chaudes
L'agitation dans la rue
recharge le sens de l'univers
et des images qui roulent à flots
dans la voix du peuple
la langue soudain soulève les mots
frôle les précipices
le poème goutte à goutte
se dilue dans le magma
comme l'utopie
Rouge sur rouge
déferlantes
sont les énigmes
du printemps de notre histoire
Autant de vertiges
de loin en loin
qui se rapprochent
de terre Québec