Sabatier (Robert)

Par |2023-01-07T06:55:04+01:00 29 décembre 2022|Catégories : Essais & Chroniques, Robert Sabatier|

Poète et romanci­er né à Paris en 1923, mort en 2012, con­nu prin­ci­pale­ment par le grand pub­lic pour la série des romans d’Olivier (Les Allumettes sué­dois­es, Trois sucettes à la men­the, Les Noisettes sauvages, Les Fil­lettes chan­tantes, David et Olivi­er, Olivi­er et ses amis, Olivi­er 1940, Les Trompettes guer­rières). Appren­ti dans l’imprimerie de son oncle puis employé aux Press­es uni­ver­si­taires de France, fon­da­teur d’une revue de poésie, directeur lit­téraire des édi­tions Albin Michel, il est élu à l’Académie Goncourt en 1971. 

Lorsqu’on pense à Robert Sabati­er, on pense d’abord aux Allumettes sué­dois­es, à l’enfant de Mont­martre et de Saugues, on pense à la rue Labat, lieu de sa nais­sance, à la rue Bachelet, à la place du Tertre, à ce livre auto­bi­ographique qui com­mence par ces mots : Éblouis­sante était ma rue. On pense à sa vie de Poul­bot dévalant les pentes de Mont­martre, aux bou­tiques et aux petits com­merces des années 1930, à l’animation du quarti­er, aux odeurs, aux marchands ambu­lants, aux col­por­teurs, à la musique et aux couleurs. On pense aus­si au décès de sa mère, la belle Vir­ginie (Marie), qui tenait une mer­cerie rue Labat, décou­verte morte dans son lit au petit matin, alors que le jeune Olivi­er (Robert) n’avait pas douze ans et dont il évo­quera le sou­venir dans son roman David et Olivi­er.

L’enfant touché par l’aile de la mort
Ne par­le plus. […]


À son côté, sa mère devient givre
Et lui, croy­ant à un sim­ple sommeil
Veille sur elle1.

 

Inter­view de Robert SABATIER, 6 octo­bre 1971, qui après avoir été refusé au prix Goncourt, vient d’être élu académi­cien de ce même prix . Images d’archive INA Insti­tut Nation­al de l’Audiovisuel.

On pense à cet orphe­lin qui a per­du ses par­ents un 1er mai, à qua­tre ans d’intervalle, et qui ne cessera, par la suite, d’adopter le dou­ble regard de l’enfant et de l’adulte, de se voir comme s’il était son pro­pre fils, regret­tant presque que la mort n’ait pas voulu de lui plus tôt. Il pen­sa à son père, à sa mère. Ils étaient morts et lui vivait. Était-ce juste2L’enfant sera moitié et dou­ble à la fois, por­tant sa mère en son corps comme une part de lui-même. J’allais vivre alors qu’un être était mort en moi, que j’étais son cer­cueil de bois mort3. La série des Olivi­er a été entourée par nom­bre d’autres réc­its : Dessin sur un trot­toir, Les Enfants de l’été, Les Années secrètes de la vie d’un homme, Le Cygne noir, Le Sourire aux lèvres, Le Cor­don­nier de la rue triste, etc. Le romanci­er à suc­cès a écrasé le poète auquel on pense moins, et c’est regret­table. Pour­tant, Robert Sabati­er est venu à la lit­téra­ture par la poésie. Il l’évoque d’ailleurs en ces ter­mes : Ce bal­ance­ment si frêle du poème / que je porte à la proue extrême de mon art4. Dans L’Oiseau de demain, il affirme même : La poésie est seule cer­ti­tude. Né au 75, rue Labat, féru de lec­ture, il appren­dra que Ver­laine habitait jadis Mont­martre, 14, rue Nico­let, juste der­rière chez lui. Pour lui, la poésie est l’expression la plus haute de la pen­sée humaine. […] Le poème doit créer dans les pre­miers vers le silence dans lequel on l’entendra5.

Robert Sabati­er, Le Cor­don­nier de la rue triste, Edi­tions Albin Michel, 20 décem­bre 2012.

Dans son roman Les Enfants de l’été, il ira jusqu’à inven­ter un monde imag­i­naire où tout se paie avec des bil­lets-poèmes. J’ai ren­con­tré Robert Sabati­er à trois repris­es. La pre­mière fois en 1995, à la Fnac de Cler­mont-Fer­rand où il présen­tait son dernier roman, puis lors d’un nou­veau forum dans cette même ville en 1997. Robert Sabati­er avait une prédilec­tion pour Cler­mont-Fer­rand, ayant effec­tué son ser­vice mil­i­taire à la caserne d’Assas, au 92e R.I. et fréquen­té assidû­ment, à cette époque, la librairie Combes, rue Saint-Hérem. Il revien­dra d’ailleurs à plusieurs repris­es dans cette librairie, dès qu’il sera con­nu du grand pub­lic. J’avais apporté l’un de ses recueils de poèmes que je souhaitais lui faire dédi­cac­er. Lorsqu’il a vu se gliss­er devant lui sa poésie, il a levé lente­ment les yeux vers moi, légère­ment inter­dit, mais ô com­bi­en ray­on­nant, et a mur­muré plus qu’il n’a pronon­cé ces mots : « Mes poèmes !… » J’imagine qu’on lui demandait rarement de se déplac­er pour dédi­cac­er ses recueils poé­tiques. Tout au plus se trou­vaient-ils, comme au Salon du livre de Brive où je le ren­con­trai une dernière fois en 2005, à côté de ses romans, légère­ment en retrait, accom­pa­g­nant des ouvrages à gros tirage. Et pour­tant ! Si Robert Sabati­er est incon­testable­ment un grand romanci­er, n’occultons pas sa plume de ver­sifi­ca­teur. Il est en effet l’auteur, entre autres, de plus de dix recueils de poèmes, ajoutés à une for­mi­da­ble His­toire de la poésie française en neuf vol­umes, d’un État princi­er (essai sur le lan­gage poé­tique), d’un Dic­tio­n­naire de la mort, d’un Livre de la dérai­son souri­ante (apho­rismes), et d’un Dio­gène philosophique inclass­able. Auteur enfin de mémoires posthumes, qui nous trans­portent dans son intim­ité et sa vie publique : Je vous quitte en vous embras­ant bien fort, chez Albin Michel. Robert Sabati­er à qui j’ai écrit à plusieurs repris­es, et qui m’a répon­du de son écri­t­ure fine, de celle qui inter­roge, qui m’a fait décou­vrir la poésie con­tem­po­raine, la poésie qui sort du corps, du cœur, la poésie répara­trice. Oui : Écrire moins pour laiss­er des traces que pour en retrou­ver6.

J’avoue m’être ennuyée à la lec­ture de romans tels que Le Cygne noir ou Le Sourire aux lèvres, alors que j’ai été cap­tivée par ses ouvrages auto­bi­ographiques (toute la série des Olivi­er). J’aurai la même impres­sion con­cer­nant les livres d’Amélie Nothomb, égale­ment éditée chez Albin Michel : on aime quand l’auteur se racon­te, on appré­cie moins quand il n’est pas véri­ta­ble­ment présent dans ses mots. J’ai ain­si été lit­térale­ment sub­juguée par ses poèmes, par­cou­rus pour la pre­mière fois lorsque j’étais étu­di­ante. Si ses romans sont ven­dus à des mil­lions d’exemplaires et sou­vent portés à l’écran, ils ne pos­sè­dent pas, cepen­dant, l’intensité de ses poèmes. Des déca­syl­labes en vers blancs, la plu­part du temps, qui osent tout boule­vers­er, même la mort :

Je n’écris pas, je traduis mon silence
pour me trahir et pour me délivrer
de l’âpre mort qui n’est pas l’autre monde7.

Au nom­bre de ceux-ci : Les Fêtes solaires, Dédi­cace d’un navire, Les Poi­sons délec­tables, Les Châteaux de mil­lions d’années, Icare, L’Oiseau de demain, Lec­ture, Écri­t­ure, Les Masques et le miroir. Plus de huit cents poèmes entière­ment repris dans ses Œuvres poé­tiques com­plètes, tou­jours chez Albin Michel, recueil que j’emporterais avec moi si je ne devais sauve­g­arder que quelques ouvrages pré­cieux de ma bib­lio­thèque. Robert Sabati­er n’affirme-t-il pas lui-même qu’ayant des dizaines de tra­duc­tions de ses romans, celles de ses vers valent pour lui plus que toutes les autres ? Robert Sabati­er, auteur à suc­cès, dont les poèmes ont été couron­nés par le Grand Prix de l’Académie française, le prix Antonin Artaud, le prix Guil­laume Apol­li­naire et le prix inter­na­tion­al Guille­vic, mais qui inter­roge pourtant :

Est-il un homme au monde
pour exis­ter sans tous les mots de l’autre8 ?

Ces mots qui seuls le com­pren­dront et à l’intérieur desquels il n’aura de cesse de trou­ver refuge :

Car je suis chair, et livre est la parure
Où je me cache. Et nul ne trouvera
Le seul secret que je cache en mes pages9.

Et qui affirme :

Depuis longtemps, pour retrou­ver mes traces,
j’écris, j’écris, je ne sais plus qu’écrire
et je me perds en me cher­chant toujours.

Je suis issu de tant de pages blanches
qu’il faut noir­cir pour défi­er le Temps,
cet encrier des plumes fugi­tives10.

Robert Sabati­er venu à l’écriture après avoir décou­vert la lec­ture auprès de son oncle et de sa tante : Comme les livres naguère, en un instant l’écriture m’appela11. Qui conçoit le mot comme une par­tu­ri­tion : Lui qui m’enfante et dont je me crois père12. Qui donne le la dans le titre de son pre­mier recueil, Les Fêtes solaires, paru en 1955 : l’ensemble de ses poèmes sera éter­nelle­ment placé sous le signe du soleil, le soleil écla­tant de l’enfance : Par­ler soleil. Je ne sais d’autre langue13. Lui-même n’est-il pas un bel enfant solaire ? Tous ses vers évo­queront l’enfance, les arbres et les oiseaux, des oiseaux qui, las de vol­er, devi­en­nent ses pro­pres paroles. Sa poésie célèbr­era les fêtes du soleil. Elle chantera, enfan­tera d’une lucid­ité nos­tal­gique. De figues et de grands bols de lait. Mais Robert Sabati­er, blessé d’enfance, un oiseau dans les mains14, habit­era tou­jours sa souf­france, une jeunesse meur­trie par la mort :

Mon cœur avait cessé de suiv­re le soleil
Et se cachait en moi peureux comme un oiseau […]


J’habitais ma blessure et dor­mais dans ses lèvres15.

Robert Sabati­er dont la majeure par­tie des poèmes est à la pre­mière per­son­ne du sin­guli­er. Qui par­le à sa vie, la tutoie, puis s’adresse à lui-même, regar­dant son reflet dans une psy­ché, affir­mant se con­fi­er au miroir, mais n’étant pas Nar­cisse pour autant. Qui per­son­ni­fie et déper­son­ni­fie une soli­tude mélan­col­ique dans laque­lle on ne fait que retrou­ver l’enfant solaire qu’il a été.

Je tra­verse ma vie 
Avec mon nom d’enfant16.

Robert Sabati­er qui répète éter­nelle­ment les mots soleil, écri­t­ure, arbres, escaliers, mère, mort, silence, orfèvre, para­phe, aède (Sois l’aède effaré du Pourquoi17), mais surtout le mot oiseau, un mot telle­ment puis­sant qu’il en fera même un verbe (Le verbe oiseau con­tient tant de voyelles18) et le titre de l’un de ses recueils : L’Oiseau de demain !

Robert Sabati­er racon­te son enfance à Mont­martre, 25 avril 1986, INA Culture.

C’est l’oiseau sym­bole de lib­erté, les mésanges ou les mar­tinets des Noisettes sauvages qu’il décou­vre à Saugues, dans le vil­lage de ses grands-par­ents pater­nels, les hiron­delles de sa mai­son de Saint-Geniès, dans le Vau­cluse, ex-Com­tat Venaissin, les « oiseaux-fruits » des Enfants de l’été, les « oiseaux-para­dox­es » semés un peu partout dans Dessin sur un trot­toir, les pigeons ramiers de sa ter­rasse du 68, boule­vard Exel­mans, plus tard. Ce sont les oiseaux dans la mytholo­gie, l’âme des dis­parus, l’oiseau com­pen­sa­tion des infir­mités. Ce sont des rêves récur­rents où par un seul bat­te­ment des mains dev­enues ailes, je m’élevais au-dessus de la terre19... Robert Sabati­er a lu les auteurs grecs et latins : Ovide et ses Méta­mor­phoses pla­nent sur tous ses textes. Il divinise la nature, dans une sorte de pan­théisme où il serait tous les élé­ments de la créa­tion, se méta­mor­phosant, glis­sant du minéral à la faune et à la flo­re, étant lui et l’autre, dans un dual­isme où la terre et les espèces ani­males se con­fondent, le tout dans une élégie fer­tile où le mot devient égale­ment arbre, ani­mal, comme dans un bes­ti­aire ou une fable. Sous sa plume, les ani­maux, les arbres, les fleurs pren­nent vie, adoptent des atti­tudes ou par­lent comme s’ils étaient des êtres humains. C’est Léda et la méta­mor­phose de Zeus en cygne. C’est aus­si la méta­mor­phose de sa peur de la mort. Si Robert Sabati­er use ain­si de mille pro­jec­tions anthro­po­mor­phiques, il cherche un lan­gage pour se traduire et rien ne sem­ble jamais y suf­fire. Ses zoolo­gies le fasci­nent : il s’imagine un corps à la fois faune et flo­re. Mais si le poème est psy­ché, il est surtout masque, celui que Robert (Alain dans Alain et le nègre, Olivi­er dans la série du roman d’Olivier, l’Escrivain dans Les Enfants de l’été, Julien dans Le Lit de la mer­veille) ne cesse de met­tre puis d’enlever, celui qui se reflète dans son recueil Les Masques et le Miroir. Il est le masque qui cache l’enfant qu’il fut, celui qu’il n’est plus. Je com­pris que je devais me dédou­bler, créer un per­son­nage, l’aimer comme si j’étais son père20. L’enfant qui con­tin­ue à porter l’adulte qui ne parvient pas à être, et qui lui prête sa plume : Nous sommes nés de la même écri­t­ure21. Qui marche sur ses pro­pres traces, assidû­ment, voyageur des mots à la recherche de lui-même, du temps qui passe. Auprès duquel il trou­ve refuge. Robert Sabati­er vu à tra­vers une vit­re : la vit­rauphanie de l’enfance. Qui sonde : Existe-t-il en nous un gêne de l’enfance, celui qui nous préserverait à tra­vers tous nos âges22 ? Qui souf­fre et inter­roge : Qu’attendez-vous d’un homme qui s’éveille / d’un jeune con­te où des enfants sont morts23 ?

Que dira-t-il quand il me reverra,
lui tou­jours jeune – un mort ne vieil­lit pas —
et moi si vieux ? Il me pren­dra la main.
Nous marcherons dans une aube blafarde,
mon jeune père et son si vieil enfant24.

Celle de Marie, sa mère, décédée qua­tre ans plus tard, et qu’il ne cessera de rechercher (Ollie, la mère et Allen, l’enfant dans La Mort du figu­ier). Sa mère partout présente. 

Je fus sans mère. Il pleu­vait de la boue.
La neige noire étouf­fait tous mes cris,
mais je rêvais d’aubes phénoménales.

J’ai trans­for­mé mon enfance en soleil,
mon écri­t­ure en nou­velle mémoire.
Je fus sans mère et j’en eus cent mille autres
par chaque mot qui la ressus­ci­tait25.

Mais égale­ment les cica­tri­ces d’une douloureuse sépa­ra­tion, celle de sa pre­mière femme et de son jeune fils, qui le con­duisit au bord du sui­cide et dont il souf­frira toute sa vie. Robert Sabati­er qui essaie de se libér­er d’une cer­taine fatalité :

Et je m’évade où je m’attends moi-même,
Por­tant les mots de l’enfant que je fus26.

Robert Sabati­er est tou­jours en quête de l’absent. La recherche romancée d’un père dis­paru, dans Le Cygne noir, se ter­mine par les retrou­vailles avec sa mère. Dans Icare, il amorce une chute, celle de l’oiseau qui a trop volé et qui se brûle les ailes. Beau­coup de références mythologiques et de ren­vois à des philosophes de l’Antiquité : Thalès, Hér­a­clite, Vir­gile… Com­ment ne pas penser à ce Dio­gène qui ver­ra le jour, quelques années plus tard ? Icare, fils de l’architecte athénien Dédale, pris­on­nier du labyrinthe qu’a con­stru­it à l’origine son père pour enfer­mer le Mino­tau­re, ten­tera de s’échapper au moyen des ailes en plumes et en cire fab­riquées par son père. Ivre de lib­erté, tel un oiseau, il s’approchera trop du soleil qui fera fon­dre ses ailes. Icare péri­ra pré­cip­ité dans la mer. C’est la chute, celle de l’oiseau dont les ailes de cire ont fon­du, celle de Babel, le lan­gage de l’enfance qui s’effondre :

Éloigne-toi. L’oiseau n’a plus de sol.
Icare dit ses grâces au soleil27.

La mort de l’enfance lui a enlevé ses oiseaux (Dites, que sont les oiseaux devenus28 ?). Une mort autode­struc­tion, vio­lente, qui a fait tant de dégâts en lui qu’elle en arrive même à tuer ces beaux oiseaux qui le per­son­ni­fient. Se remé­more-t-il le pigeon qu’il avait blessé avec sa fronde, lorsqu’il était enfant, et dont il racon­te l’histoire dans le pre­mier chapitre d’Olivi­er et ses amis ? Il est fatigué de souf­frir, de porter son enfance à bout de bras :

Je vous dirai le temps de l’agonie
Toute une enfance29.

Robert Sabati­er chan­tait par la voix de l’oiseau, par­lait en lui. Sans ses ailes, il devient infirme. Il n’a plus que la plume du poète pour vol­er, une plume exu­toire : On écrit pour extraire de soi l’enterré vif qui appelle à l’aide30. Il voudrait un corps délivré de l’absence. Il se résigne à vivre sans ailes : Les nids détru­its seront ma sépul­ture31. Le petit Olivi­er des Allumettes sué­dois­es a per­du sa lib­erté. Après le décès de sa mère, il est adop­té momen­tané­ment par son demi-frère, Édouard, de qua­torze ans son aîné, puis par un oncle et une tante qui l’emmènent dans leur apparte­ment cos­su de Paris. Que Mont­martre et la rue Labat lui sem­blent loin ! Per­dues, ses ailes de titi parisien dévalant les pentes du Sacré-Cœur, per­due, cette chère lib­erté à laque­lle il tenait tant ! Et tous ces amis qu’il ne rever­ra plus, auprès desquels il avait tant appris : Riri, Loulou, Capde­v­erre, Alber­tine, la belle Mado… Dans Trois sucettes à la men­the il va devoir réin­ven­ter toute son exis­tence, se remet­tre con­tin­uelle­ment en ques­tion. On voit ici l’oiseau, inter­mé­di­aire entre la terre et le ciel, l’oiseau élé­ment de l’air, sym­bole céleste de lib­erté. C’est l’esprit du rêveur : la notion d’indépendance tron­quée. Il est las d’être assail­li de remords, de ne pas trou­ver la sor­tie de son labyrinthe. Il n’est qu’enchevêtrement de pen­sées inex­tri­ca­bles qui ne lui appor­tent aucune sérénité. Le voici mains nues, mains vides, être écorché, por­tant son cru­ci­fix en son corps : Mon état est celui d’un con­va­les­cent. Je guéris de ma rue32. Mais Robert Sabati­er, qui se dit alors sans cica­tri­ces, toute plaie étant à jamais ouverte, est aus­si le phénix qui renaît per­pétuelle­ment de ses cen­dres. Il apprend à ressor­tir vivant de ses abîmes, lui-même épargné par le feu qu’il déclenche involon­taire­ment dans un cagibi, lorsqu’il a douze ans, avec des allumettes sué­dois­es. L’oiseau d’Icare n’est donc pas totale­ment mort :

L’oiseau de nuit, l’oiseau dont le plumage
Détru­it le feu se glisse con­tre moi33.

Il peut, dès lors, selon ses pro­pres phras­es, lui le poète fait du sel de ses larmes, faire de sa souf­france un palais pour mieux nous recevoir. Oui, cette enfance, ces morts qu’il por­tait sont devenus colombes, et il ouvre grand la cage. L’oiseau lui a apporté les mots : des heures passées dans les bib­lio­thèques ou dans son lit, lorsqu’il était petit, lisant à la lumière d’une lampe de poche. C’est l’heure d’autres métamorphoses.

L’oiseau : alchimie des méta­mor­phoses de l’âme. Son dou­ble est encore présent, dont il ne parvient tou­jours pas à décou­vrir l’identité. Est-il frère siamois, ami, sosie ? Est-il fan­tôme, adver­saire ? Robert ? Olivi­er ? Est-il la nymphe Écho, con­damnée à ne répéter que les derniers mots enten­dus et qui meurt de cha­grin après le décès de Nar­cisse ? Sont-ce des morts infil­trés dans sa vie, indésir­ables, mais aimés, qui exer­cent sur lui une sorte de fas­ci­na­tion ? La dif­fi­culté est d’accoucher un monde vivant d’un monde mort, de l’arracher à la con­ta­gion du cadavre34. Il est épuisé : Enfant, dis-moi : ce jeu de cache-cache fini­ra-t-il35 ? Il ne sait plus ce qu’il cherche, il sait seule­ment qu’il a appris à vivre avec cet autre lui, cet hôte incon­nu, et ne veut donc pas qu’on coupe le fil qui les relie :

Je lui par­donne – il est si difficile
de vivre à deux dans un seul corps mor­tel36.

L’oiseau lui a offert la lec­ture, l’écriture, deux ter­mes dont il fera les titres de nou­veaux recueils. Dans Écri­t­ure, il s’interroge sur l’acte d’écrire : pourquoi écrit-il et quel mes­sage a‑t-il réus­si à trans­met­tre ? Quel mot con­tient tous les autres ? Ne s’est-il pas con­tred­it ? Je n’aimerais pas qu’un poète ne se con­tredît jamais. Il oublierait néces­saire­ment d’exprimer une part de lui-même. Il resterait incom­plet. Il serait à l’image d’un jour qui nierait sa nuit, d’une nuit qui nierait son jour. Sans con­tra­dic­tions, pas d’unification, pas de réc­on­cil­i­a­tion de l’homme à l’homme. Les deux images qui se ressem­bleront le plus seront des images apparem­ment con­tra­dic­toires37. Ne trou­vant pas de répons­es à ses ques­tions, il demande qu’on l’efface. Les dés sont jetés : il a fait sem­blant de vivre. Dans Les Masques et le Miroir, paru en 1998, le temps a fui entre ses doigts, la vieil­lesse et la soli­tude se sont instal­lées, la plu­part de ses cama­rades ont dis­paru. On repense à toutes les per­son­nes qui ont parsemé sa route, à com­mencer par Gas­ton Bachelard, croisé quand il tra­vail­lait aux PUF, puis Jacques Prévert, à la ter­rasse du Café de Flo­re. À ses amis Georges Con­chon, Hervé Bazin, Mau­rice Fombeure, Charles Le Quin­trec, Alain Bosquet, Super­vielle, Luc Béri­mont, Miguel-Angel Asturias, Antoine Blondin, Ionesco, Bernard Piv­ot, René Char. À Lorand Gas­par, ce poète que j’affectionne aus­si tout par­ti­c­ulière­ment, et qu’il ren­con­tra en 1988 à la ter­rasse du Café des Nattes, à Sidi Bou Saïd (Tunisie), alors qu’il ter­mi­nait sa mon­u­men­tale His­toire de la poésie française. Sa sec­onde épouse, la pein­tre et auteur Chris­tiane Lesparre, est morte. Sa demeure de Saint-Geniès, dans le Com­tat Venaissin, est ven­due. Lui qui aimait tant s’installer aux ter­rass­es des cafés, déje­uner dans des petits bistrots ou des brasseries parisi­ennes, se retrou­ve seul dans son apparte­ment du boule­vard Exelmans. 

 

C’est le moment du doute. C’est l’ignorance de ce qui va arriv­er, de l’après. C’est l’heure du retour sur soi-même, du bilan : C’est lorsque l’on croit se fuir qu’on se précède38. Il avoue n’être jamais par­venu à guérir de son enfance :

Ne pas guérir, ne jamais guérir de son enfance est la seule guéri­son pos­si­ble au mal de l’homme39.

C’est l’heure de la quête de Dieu, ce Dieu-là qu’on ne lui a pas appris, mais qu’il a néan­moins décou­vert dans la Bible ou lors de vis­ites d’églises. L’idée de Dieu le trou­blait. Parce que son père ne l’avait pas voulu, il n’avait pas reçu l’éducation de l’Église40. Il revoit le chapelet de sa grand-mère, à Saugues, pense à la Vierge Marie, aux anges, à saint François d’Assise, à saint Jean de la Croix, à l’âme, au san­ton­nier des Enfants de l’été : Pour­tant je prie et ne sais qui je prie41. Il se nomme Un mécréant qui n’est pas assuré de l’être tout à fait42, se plaisant à racon­ter qu’il a été bap­tisé deux fois, la pre­mière fois par sa mère, en cachette de son père, la sec­onde pour son mariage, alors qu’il croy­ait ne jamais avoir été bap­tisé. Ce Dieu sur lequel il ne souhaite pas être inter­rogé, préférant répon­dre par un silence plutôt que par des expli­ca­tions dérisoires : Et si ma poésie, si peu religieuse, était une manière de prier43 ? Il pense alors à la poésie comme gage d’immortalité, sachant que seule le mort lui apportera la réponse qu’il n’a jamais obtenue :

Je trou­verai mon vis­age, le vrai
au seul moment de la touche finale44.

Com­ment exprimer ce que les mots de Robert Sabati­er ont accom­pli en moi ? Toute mon écri­t­ure a été trans­for­mée. Oui, il y a des ren­con­tres, des fusions lit­téraires qui s’opèrent imper­cep­ti­ble­ment, des boule­verse­ments intel­lectuels et affec­tifs. Il y a ces vers, qui restent éter­nelle­ment gravés en moi :

D’un être à l’autre il est long le chemin.
Déjà celui de par­venir à soi-même
Sup­pose un temps bien plus long que la vie45.

Ces inter­ro­ga­tions, ces doutes, ces souf­frances, et ces phras­es blessées, qui ne sont jamais qu’introspection, besoin de se con­naître pour arriv­er à l’autre.

Tout ce par­cours, ces ères, ces conquêtes
pour revenir à son point de départ
dans un chaos de mots à la dérive46.

Robert Sabati­er et son éter­nelle pipe au coin de la bouche, avenant, qui avoue aimer pro­fondé­ment les gens, qu’ils soient amis ou lecteurs. Qui inter­roge, tou­jours, qui se cherche dans une enfance brisée (Dis-moi qui tu fuis, je te dirai qui tu es47), dans la joie pour­tant du gamin de Paris ou de celui de Saugues, tra­vail­lant aux côtés de son grand-père auvergnat. Robert Sabati­er dont j’ai lu et relu les poèmes, inlass­able­ment. Avec qui j’ai aimé par­courir les rues de Mont­martre, avec le petit Olivi­er ou, plus tard, lorsqu’il han­tait les bouquin­istes et les librairies du Quarti­er Latin ! Dans ces mots qui se répè­tent, reviennent :

Je gravis­sais l’escalier de pierre
de livre en livre et je te rejoignais,
toi le plus pur, l’orfèvre de tes mots
sur ce som­met qui dom­i­nait le monde48.

Ces res­pi­ra­tions :

Je regar­dais marcher solen­nelle ma prose
Et j’enviais ses pas, je me voulais lumière
Et plus encore : au moins soleil ou griffe ou glose49.

Robert Sabati­er éter­nel, intem­porel, né dans cha­cun de ses mots. Qui croit s’écrire et qui n’est qu’écriture. Robert Sabati­er résilience. 

Des mots, des mots, voilà ce que je laisse.
Ils sont à vous, ils ne sont plus à moi50.

Notes 

[1] Robert SABATIER, Icare, édi­tions ALBIN MICHEL, 1976.

[2] Robert SABATIER, Trois sucettes à la men­the, édi­tions ALBIN MICHEL, 1972.

[3] Robert SABATIER, Le Lit de la mer­veille, édi­tions ALBIN Michel, 1997.

[4] Robert SABATIER, Dédi­cace d’un navire, édi­tions ALBIN MICHEL, 1959.

[5] Robert SABATIER, L’État princi­er, édi­tions ALBIN MICHEL, 1961.

[6] Robert SABATIER, Le Livre de la dérai­son souri­ante, édi­tions ALBIN MICHEL, 1991.

[7] Robert SABATIER, Lec­ture, édi­tions ALBIN MICHEL, 1987.

[8] Robert SABATIER, Écri­t­ure, édi­tions ALBIN MICHEL, 1993.

[9] Robert SABATIER, Les Poi­sons délec­tables, édi­tions ALBIN MICHEL, 1965.

[10] Robert SABATIER, Lec­ture, édi­tions ALBIN MICHEL, 1987.

[11] Robert SABATIER, Le Lit de la mer­veille, édi­tions ALBIN Michel, 1997.

[12] Robert SABATIER, Les Masques et le Miroir, édi­tions ALBIN MICHEL, 1998.

[13] Robert SABATIER, Icare, édi­tions ALBIN MICHEL, 1976.

[14] Robert SABATIER, Les Fêtes solaires, édi­tions ALBIN MICHEL, 1955.

[15] Robert SABATIER, Les Fêtes solaires, édi­tions ALBIN MICHEL, 1955.

[16] Robert SABATIER, L’Oiseau de demain, édi­tions ALBIN MICHEL, 1981.

[17] Robert SABATIER, Lec­ture, édi­tions ALBIN MICHEL, 1987.

[18] Robert SABATIER, Dédi­cace d’un navire, édi­tions ALBIN MICHEL, 1959.

[19] Robert SABATIER, L’État princi­er, édi­tions ALBIN MICHEL, 1961.

[20] Robert SABATIER, Je vous quitte en vous embras­sant bien fort, édi­tions ALBIN MICHEL, 2014.

[21] Robert SABATIER, Lec­ture, édi­tions ALBIN MICHEL, 1987.

[22] Robert SABATIER, Le Sourire aux lèvres, édi­tions ALBIN MICHEL, 2000.

[23] Robert SABATIER, Dédi­cace d’un navire, édi­tions ALBIN MICHEL, 1959.

[24] Robert SABATIER, Les Masques et le Miroir, édi­tions ALBIN MICHEL, 1998.

[25] Robert SABATIER, Écri­t­ure, édi­tions ALBIN MICHEL, 1993.

[26] Robert SABATIER, Les Châteaux de mil­lions d’années, édi­tions ALBIN MICHEL, 1969.

[27] Robert SABATIER, Icare, édi­tions ALBIN MICHEL, 1976.

[28] Robert SABATIER, Les Poi­sons délec­tables, édi­tions ALBIN MICHEL, 1965.

[29] Robert SABATIER, Les Poi­sons délec­tables, édi­tions ALBIN MICHEL, 1965.

[30] Robert SABATIER, Le Livre de la dérai­son souri­ante, édi­tions ALBIN MICHEL, 1991.

[31] Robert SABATIER, L’Oiseau de demain, édi­tions ALBIN MICHEL, 1981.

[32] Robert SABATIER, Je vous quitte en vous embras­sant bien fort, édi­tions ALBIN MICHEL, 2014.

[33] Robert SABATIER, Les Châteaux de mil­lions d’années, édi­tions ALBIN MICHEL, 1969.

[34] Robert SABATIER, Le Livre de la dérai­son souri­ante, édi­tions ALBIN MICHEL, 1991.

[35] Robert SABATIER, 14 poèmes inédits, in Œuvres poé­tiques com­plètes, édi­tions ALBIN MICHEL, 2005.

[36] Robert SABATIER, Les Masques et le Miroir, édi­tions ALBIN MICHEL, 1998.

[37] Robert SABATIER, L’État princi­er, édi­tions ALBIN MICHEL, 1961.

[38] Robert SABATIER, Le Livre de la dérai­son souri­ante, édi­tions ALBIN MICHEL, 1991.

[39] Robert SABATIER, L’État princi­er, édi­tions ALBIN MICHEL, 1961.

[40] Robert SABATIER, Les Trompettes guer­rières, édi­tions ALBIN MICHEL, 2007.

[41] Robert SABATIER, Les Masques et le Miroir, édi­tions ALBIN MICHEL, 1998.

[42] Robert SABATIER, Je vous quitte en vous embras­sant bien fort, édi­tions ALBIN MICHEL, 2014.

[43] Robert SABATIER, Je vous quitte en vous embras­sant bien fort, édi­tions ALBIN MICHEL, 2014.

[44] Robert SABATIER, Les Masques et le Miroir, édi­tions ALBIN MICHEL, 1998.

[45] Robert SABATIER, Icare, édi­tions ALBIN MICHEL, 1976.

[46] Robert SABATIER, Lec­ture, édi­tions ALBIN MICHEL, 1987.

[47] Robert SABATIER, Le Livre de la dérai­son souri­ante, édi­tions ALBIN MICHEL, 1991.

[48] Robert SABATIER, Écri­t­ure, édi­tions ALBIN MICHEL, 1993.

[49] Robert SABATIER, Les Châteaux de mil­lions d’années, édi­tions ALBIN MICHEL, 1969.

[50] Robert SABATIER, Les Masques et le Miroir, édi­tions ALBIN MICHEL, 1998.

Présentation de l’auteur

Robert Sabatier

Robert Sabati­er (17 août 1923 — 28 juin 2012) est un poète et écrivain français, auteur de nom­breux romans, essais et recueils d’apho­rismes et de poèmes. Il a été élu à l’A­cadémie Goncourt en 1971, ain­si qu’à l’A­cadémie Mal­lar­mé. Il est égale­ment l’au­teur de His­toire de la poésie française : La poésie du XVI­Ie siècle.

Par­mi ses œuvres nota­bles fig­ure la série auto­bi­ographique de romans “Roman d’O­livi­er”, qui racon­te son enfance dans les rues d’un quarti­er pau­vre de Paris dans les années 1930. Un titre de la série, Les Allumettes Sué­dois­es a été adap­té pour la télévi­sion française par Jacques Ertaud. 

En tant que poète, Robert Sabati­er a reçu le prix Guil­laume Apol­li­naire en 1955.

Bib­li­ogra­phie

Romans

Série Le roman d’Olivier

  • Les Allumettes sué­dois­es, Édi­tions Albin Michel, Paris (1969)
  • Trois sucettes à la men­the, Édi­tions Albin Michel, Paris (1972)
  • Les Noisettes sauvages, Édi­tion Albin Michel (1974)
  • Les Fil­lettes chan­tantes (1980)
  • David et Olivi­er (1986)
  • Olivi­er et ses amis (1993)
  • Olivi­er 1940 (2003)
  • Les Trompettes guer­rières (2007)

Autres romans

  • Alain et le Nègre (Édi­tions Albin Michel, 1953)
  • Le Marc­hand de sable (1954)
  • Le Goût de la cen­dre (1955)
  • Boule­vard (1956)
  • Canard au sang (1958)
  • La Sainte Farce 1960)
  • La Mort du figu­ier (1963) Prix Richelieu
  • Dessin sur un trot­toir (1964)
  • Le Chi­nois d’Afrique (1966)
  • Les Enfants de l’été (1978)
  • Les Années secrètes de la vie d’un homme (1984)
  • La Souris verte (1990)
  • Le Cygne noir (1995)
  • Le Lit de la Mer­veille (1997)
  • Le Sourire aux lèvres (2000)
  • Le Cor­don­nier de la rue triste (2009)

Poésie

  • Les Fêtes solaires (Prix Artaud 1952)
  • Dédi­cace d’un navire (1984)
  • Les Poi­sons délectables
  • Les Châteaux de mil­lions d’années
  • Icare et autres poèmes
  • L’Oiseau de demain
  • Lec­ture
  • Écri­t­ure
  • Les Masques et le Miroir
  • Les Feuilles volantes
  • Sahel
  • Lumière vivante
  • L’Enfant sauvage

Histoire littéraire

  • His­toire de la poésie française (9 vol­umes, 1975–1982)

Romans policiers sous le pseudonyme de Robert Vellerut

  • Pourquoi tuer un chien ?, Le Masque no 557, 1956
  • Le Por­trait dans la vit­rine, Le Masque no 656, 1956
  • Piste en zigzag, Le Masque no 915, 1966

Mémoires

Je vous quitte en vous embras­sant bien fort, pré­face de Jean-Claude Lamy, Albin Michel, 201410.

Adaptations au cinéma

  • Alain et le nègre a été adap­té au ciné­ma par Mau­rice Del­bez en 1964 sous le titre : Un gosse de la butte (Rue des Cas­cades).
  • Boule­vard a été adap­té au ciné­ma en 1960 par Julien Duvivier.

Poèmes choi­sis

Autres lec­tures

Sabatier (Robert)

Poète et romanci­er né à Paris en 1923, mort en 2012, con­nu prin­ci­pale­ment par le grand pub­lic pour la série des romans d’Olivier (Les Allumettes sué­dois­es, Trois sucettes à la men­the, Les Noisettes […]

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Isabelle Larpent-Chadeyron

Née en 1972, lau­réate de divers con­cours lit­téraires, Isabelle Lar­pent-Chadey­ron obtient le Prix Arthur Rim­baud, remis à Paris par la Mai­son de Poésie et le Min­istère de la Jeunesse et des Sports. De sa ren­con­tre avec Jacques Char­p­en­treau, respon­s­able de la col­lec­tion Fleurs d’Encre, chez Hachette, naîtront de nom­breuses col­lab­o­ra­tions à des antholo­gies poé­tiques, des pub­li­ca­tions en revues et des tra­duc­tions en albanais et en thaï. Elle fait paraître quelques années plus tard son pre­mier recueil de poèmes, aux édi­tions Ger­bert. Suiv­ront la dif­fu­sion en ligne de plusieurs ouvrages et la sor­tie, aux édi­tions Jérôme Do. Bentzinger, d’un album de textes et de pho­togra­phies réal­isé en col­lab­o­ra­tion avec une pho­tographe. Elle pour­suiv­ra par la pub­li­ca­tion d’un roman aux édi­tions Bran­don, d’un recueil de textes illus­trés de pho­togra­phies, aux édi­tions Ressou­ve­nances, ain­si que de plusieurs pub­li­ca­tions sur KDP. Licen­ciée en Droit, elle se partage aujourd’hui entre sa famille, son tra­vail, l’écriture et les voy­ages. https://www.isabelle-larpent-chadeyron.com

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