ET MAINTENANT, J’ATTENDS
A Khojali, jeune soudanais rencontré à l’église de Vintimille
Et à Marc-Alexandre Oho Bambé
Je suis né dans un rouge paysage
Parfumé d’entrailles et de poussières
Où les balles se fondent dans les corps
Où les enfants jouent aux billes de plomb
Et maintenant j’attends
J’ai écrit dans mes mains le nom de ma mère
Juste sous mon pied le jour de ma naissance
Et j’ai marché sur les chemins d’espérance
Tenu les mots qui se perdent dans le vent
Et maintenant j’attends
J’ai quitté mon frère à la seconde où
Je suis parti sans le choix de rester
J’ai offert ma force au désert de sang
Pour chercher l’or au centre de la terre
Et maintenant j’attends
J’ai sauté par-dessus une frontière
Dans un éclat de rire j’ai crié
Me voici l’oiseau de la liberté
Mais déjà les ailes se dérobaient
Et maintenant j’attends
Le regard encerclé de barbe-lés
J’ai souffert les coups de l’extrémisme
Fait saigner mes mains pour qu’elles se souviennent
Moi qui suis parti sur les chemins
Et maintenant j’attends
Que s’effacent les souvenirs d’un trait
Que mon corps s’allège de mon histoire
Pour que la vague m’emmène loin loin
Juste de l’autre côté du miroir
Et maintenant j’attends
J’ai caché mon corps dans la blanche écume
Retenu des mains et des pieds sans tête
Mais ne pouvais secourir l’autre moi
La mort fauchait sans faille les plus faibles
Et maintenant j’attends
Dans un verre de lait
Crucifié dans la main
Enveloppé de fleurs imprimées
Les pieds fondus dans le bitume
Je grève la faim
Dans une assiette en carton
Je n’ai rien recherché
Sinon la liberté
Ou un souffle de vie
Ou d’être humain sur terre
Et maintenant j’attends
Dans une folle mêlée
Je frappe le ballon
Et je joue au pays
Qui percera ma cage
Je n’ai plus qu’un rêve
Qui annule les souvenirs
Et qui vit dans le va-et-vient
De la nuit et du jour
Je brûle d’attendre
Comme je brûle de partir
Je suis un Noir cramé
Au bord d’un pays libre
Où je ne suis pas né
Et maintenant j’attends
La liberté serait mathématique
Alors je retourne à mes études
Et j’observe la confusion de l’homme
Dans le microscope de la vie
Sous mon pied je tente d’effacer
L’empreinte matricule
Mais sur la carte aux trésors
Il n’est pas admis
Alors j’attends
Comme un Noir cramé
Dans un corps container
Au bord d’un pays
Qu’on appelle liberté
Arrêts sur image
Soudain
Soupirs courts
Petits pas reculons
***
A travers nuages
La vie m’éclabousse
Malgré elle
***
J’ai pris la main
D’un désir
Échappé du ciel
***
Auto dafe
Il n’y a plus de mots dans ma tête
Ils ont brûlé
J’avais laissé ma cigarette se consumer au bord de mes lèvres
***
J’ai placardé la solitude sous un toit
Avec vue sur le monde d’en face
***
Sens titre
Un caddy nomade chante sa solitude au balayeur de nuit
Le sens s’est endormi dans ses lettres
Et plus rien
Sauf peut-être
Le drap retient le dernier souffle
L’œuvre inachevée de l’employé du monde
Ramassant les rues dans ses couvertures
Foutu temps.
Les herbes sont folles.
La pluie les a rendues folles.
Et les pieds s’agitent dessus.
Mouillées elles rient follement.
Présidente
Président mon amour
Par ces mots adoucir
Toute la haine déversée
Sur les murs virtuels
Président mon chéri
Je te vois sous la pluie
Annoncer ton départ
Au pied d’un mur falaise
Président de ma France
Petit coeur République
A passé le temps dur
Va changer maintenant
Président mon amant
J’ai flirté politique
Et je crie à la craie
Les murmures d’une poésie
Bientôt Présidente.
Insomnie
Et le corps traversé de pluie
J’embrasse l’arbre orphelin
J’enterre quelques fleurs
Au pied d’un réverbère
Et j’avance sur l’avenue de lumière
Et je chante dans la nuit un air sauvage
Et je m’élance aux balcons éteints
En quelques mots remue ménages
La ville somnifère est lourde d’ennui
Et se berce de mes incantations à l’arche
Et je saute dans la flaque
A la croisée des feux de route
Des voitures feu follets
Et je lève les bras dans un cri de mouette
Qui me guide vers le port
Et je marche
Et j’avance
Et j’embrasse
Et je chante
Le coeur rouge dans la voix
Et je brume
Dans la ville
Sur un rythme végétal
Poème européen n°
Ich bin berlinerin
Walking en ballerine
Deposing my skin
Le long d’un mur
A court de rêve d’amour
Densité du squelette
Alles in ordnung
Pop corn
Bar at the corner
Populaire
Popul’art
Pop
Pipe
Piper dé hasard
Calme quiet
Couette miette seconde
Plume silhouette
Instant d’or
Corps mouvement
Sur la musique de la juke box
Ambiance
Errance
At midnight
Sièges flottants au bar
Bières titubant sur l’accoudoir
Populaire l’air de plaire à un gars
Regard lancé de côté
Comme une passe match
Essai raté
J’ai tourné la tête
Atterrissage dense chevelure
Notes emmêlées dans mes doigts stylo bic
Big bock à boire
Remplir l’âme au travail
Travailleurs, travailleuses
Du dimanche soir
Venus toutes et tous
Tous et toutes dire un au revoir
Signer un autographe à l’horloge
Demain est déjà là
Morgen matin déjà
Double sens en un seul point
Mot double trouble le
Trouble eye
Red pop corner
Red room
Murder pub
Killer de mots
La mâchoire se serre et la langue se tortille dans une bouche fermée
Pied congelé fixé dans la bottine
Accoudoir écorché vif
Âme vive de comptoir
Regard escape
Shape
Shame on me
Music juke box
Berceuse des temps modernes
Du temps que je vis ici
Pub Pub Pob Pubcorn
Pub de cul Cul de pub Cul de pute
Couille molle pendue au bar
Doigts glissant sur la joue de l’âme au travail
Pas de sujet
Pas de verbe
Complément d’objet
Complément d’instant
Une présence
Un être
Un dit
Un rien dit écrit
Un être cherchant midi à minuit
Bougie lumière d’une page qui se remplit et vide le glass full of Fassbier
Alles in ordnung
Keine Ahnung
Nung Jung Nouille Fluide Estomac Eye
I sleep in the bar comptoir
Et je dois payer ce temps passé
A écrire quelques mots ramassés
Dans mes tiroirs
Caisse
Cornes décorniquer dépop départ
Juke box repart
Moi dare dare je me barre
Y’en a marre de ces mots automatiques
Juke box tic
Tic tac music
Tic tac
Tic tac
Tic tac
Coup de feu
Start & go