Salah Oudahar, Les témoins du temps & Autres traces
Qui sont les témoins du temps et que nous disent leurs traces ? Salah Oudahar se met à l’écoute du silence pour déchiffrer le récit du monde, celui des pierres, d’une maison et d’un pays. À travers eux, il rejoint l’histoire d’un temps fracassé, la sienne et celle de tout un peuple.
Salah Oudahar, Les témoins du temps & Autres traces, Les cahiers de poésie, Editions A plus d’un titre, 110 p., 15 euros.
Au-delà de la perte et des désillusions, le poète choisit de garder vivant ce qui fait sens pour lui, cette mémoire vive du sillon qui continue de nous habiter et qui nous garantira peut-être notre part d’humanité future. Salah Oudahar a cherché très loin dans le passé ce qu’il appelle la pierre native, remontant la succession tragique des soubresauts de l’histoire de son pays, celui des hommes libres. Il appartient à chacun de poursuivre, toujours porté par le même élan, tel le grain de sable qui demeure et traverse le temps, si minuscule soit-il. Le noir et le blanc des photographies célèbrent les reflets de l’ombre et de la lumière. Saisissantes, elles captent le muet chatoiement des choses, cette infinie mouvance où tout se fait et se défait. C’est sans doute en leur nom que le poète affirme qu’il faut : Continuer malgré tout à vivre. /.../ À faire l’éloge du jour. De la venue du jour. / L’éloge du multiple / De la multiplicité complexe et lumineuse du vivant. La silhouette debout face à la mer qui accompagne le dernier poème du livre souligne si bien la détermination à ne rien laisser ni de nos rêves ni du vertige que procurent la vie et le vivant. Un très beau livre, profondément émouvant.