Salah Stétié, Le mendiant aux mains de neige
De quoi nous parle Salah Stétié ?
De tout, oserai-je dire, de l'amour, la mort, la naissance, le monde, les blessures, la poésie, les anges, la musique, le fixe et le fluide... Peut-être faut-il lire d'abord le poème « La clé est dans le vent », pour comprendre « les cordes de nerf » et le « chercheur de scarabées perdu dans la forêt des palmes et des rêves ». Il relie les aspects du monde et les situations de la vie, no attentes, nos désirs et nos rêves avec la réalité.
Salah Stétié, Le mendiant aux mains de neige, Fata Morgana, Septembre 2018
Quelles est la place de l'être humain ?
Des cendres vives jaillissent des mots multicolores.
Parfois il revient à la source, quand l'adn remonte feuille à feuille, quand la lenteur est un vertige, quand l'esprit est enraciné dans le désir.
Et, à partir de ces origines, il nous projette au fond des galaxies aveugles où les mots sont lumière, où la nuit éclaire nos interrogations et nos doutes. L'imagination est alors toujours présente, qui va chercher la huitième couleur de l'arc-en-ciel, côtoyant les princesses qui ont vendu leurs ombres avec un cœur plein d'eau claire.
Sur ce parcours, cette quête du tout, la violence n'est pas exclue, portée par un élan poétique qui garde la « sauvagerie des nids », l'univers ayant brisé ses miroirs, l'ange est en sang et l'insecte habite « la splendide mort ».
Pour tenter de comprendre l'être et son environnement, la nature est omniprésente, jusqu'au bout des branches, avec les mains qui fleurissent, les montagnes revêtues d'immortalité qui tremblent encore, dans cet air impalpable et indispensable où rêvent tant d'ailés, papillons dépeuplés, colombe absentée, chant d'abeilles, et la terre qui saigne, et les rivières qui remontent leur cours, et les forêts en cortège...sous l’orgueil des nuages.
Et lui, immobile, cheminant à l'infini dans le labyrinthe de la vie, avec dans la bouche le goût du feu.
« Comme si le texte en était une vaste draperie couverte d'images peintes mais dans un vent qui le fait bouger... », nous dit de lui Yves Bonnefoy.
Et ce vent va mélanger les images, les télescoper, les transfigurer, les faire briller, les enlacer, les perdre, mouvements de la phrase, des syllabes et des allitérations qui animent les sens et les idées dans une unité disparate et foisonnante qui ressemble tant à la vie.