Sébastien Coccoz, Écrivant chemin

L'un à l'autre
où que tu sois
apostrophé
sur des chemins
de terre
où les ombres
se couchent
à force d'inventions

L'un à l'autre
en ces lieux
d'une fois
qui nous tissent
et nous lient
par des anneaux
imaginés

L'un à l'autre
par le toucher
des multiples
regards
qui patientent
au seuil
de nos paupières

L'un à l'autre
par nos paroles
offertes
comme des secours
établis
qui jalonneront
nos solitudes

L'un à l'autre
sans rien
qui nous délivre
des aubes
de nos rencontres

L'un à l'autre
enlaçant
l'heure dernière

L'un à l'autre
menant
jusqu'à nos noms

L'un à l'autre
survivant

∗∗

Ici s'invite
en mon absence
la vie introuvée

dans le partage d'une ombre et d'une lumière
où la vie et la mort s'entrouvrent avec la même évidence

Présences qu'aucun crible ne conserve

Vibrato de cordes et de hautbois jamais entendu

Imagine un arbre qui se délesterait
d'une branche morte

ou un mur qui s'effrite
dans les longues journées de son abandon

C'est une lutte des feuilles et du vent
pour recueillir tout le silence
présent dans les heures quelconques

Je comprends cet humble secret qu'une ronce murmure

Je le tairai 
C'est loyal 

On ne trahit pas la parole des eaux vives et des mousses 

Sait-on si elles cessaient 
ce que nous conserverions de notre propre mystère

Forêt conforme à mon amour 
réalité où j'appuie le front de mes vouloirs 

 

∗∗

Quoi qu'il arrive
la vision de l'existence tient dans un mot
de la taille d'une offrande

par tes yeux bleus ou noirs

Comme une maison pour attendre
que toute vie devienne

Je maintiendrai cet éveil en moi
par des insomnies répétées

Espoir qui restera à la fenêtre
guette un combattant qui revient de la bataille

Car il n'a pas de tombeau il faut qu'il vive

O volontaire
O météore

Sous tes pas ce sont nos bouches qui te nomment
à seule fin de dissiper un malentendu

∗∗

 

Notre propre chemin est une parole 
suivie d'un acte 

Bien sûr c'est l'assurance de n'arriver nulle part 
qu'au sommet de notre force invisible 

Voici donc un monde qui n'existe que dans le contour de notre regard 

J'écris pour en raconter les possibles au-delà 
sans jamais m'éloigner de mon intuition qui me sert de boussole 

La seule incertitude est le lieu où enterrer le retour 

 

∗∗

Entre ciel et terre est l'horizon 

Entre toi et moi aussi 

C'est la raison pour laquelle 
nous n'emportons jamais rien
quand nous partons 

Tout est dans le regard que tu maintiens posé 
sur les territoires que j'invente 

Et où je vais est ton visage