Fados, je dormirai comme on dort alors que les avions bombardent
Et que l’air se déchire
Comme de la chair vive
Je rêverai donc de trahisons
Comme on rêve en dormant… alors que les avions bombardent
A midi, je me réveillerai pour interroger la radio — comme tout le monde :
Y a‑t-il une trêve ? Combien de morts ?
Mais la tragédie, Fados,
C’est qu’il y a deux catégories de personnes :
Celles qui jettent leurs souffrances et leurs péchés au milieu des chemins pour s’endormir
Et celles qui rassemblent leurs souffrances et leurs péchés en forme de croix qu’elles portent dans les rues de Babel, Gaza et Beyrouth
En criant : Encore !
Encore !
Il y a deux ans, j’étais dans les rues de la banlieue sud de Beyrouth à traîner une croix de la taille des immeubles
Mais aujourd’hui, qui soulage de sa croix un dos fatigué à Jérusalem ?
La terre : trois clous
Et la miséricorde : une matraque
Frappe, Dieu
Frappe avec les avions
Encore !
Extrait de Je me lèverai un jour, anthologie poétique
établie et traduite de l’arabe (Palestine) par Antoine Jockey